La survie des banques passe par la transition énergétique
Par delà les slogans, la matière brute de la transition énergétique est prosaïque, presque cruelle : l’argent ! Faute d’une généreuse manne, la baisse programmée de la consommation connaîtra un mol élan.
Pourtant, les banques ne manifestent guère l’appétit que leur suggèrent des opérations immatérielles. Précautionneuses, avançant à pas comptés, nullement déploient-elles un effort d’imagination comparable à celui qui inspirait naguère les institutions financières lors de la révolution industrielle ou à l’occasion des trente glorieuses.
Sans doute s’effraient-elles des caractéristiques propres de la transition énergétique : complexité des projets, rendements volatiles, déflation supposée des coûts, etc.
Tel un horizon fini où chacun doit assumer à son niveau une part de responsabilité, entre autres, son engagement contre le réchauffement climatique.
Cependant, alors que ce secteur est par excellence celui de l’avenir, nulle attention particulière n’est réservée aux entreprises innovantes.
De surcroît, alors que les fournisseurs d’énergie se voient imposer des pénalités s’ils n’atteignent pas leur quote-part de réduction énergétique, nulles injonctions n’encombrent les banques.
A ce jeu, sont-elles seulement gagnantes ?
A rester dans un monde clos, elles laissent filer les nouveaux gisements de croissance et donc de profits ! Mais qu'elles se rassurent, d'autres guettent leur frilosité pour mieux en profiter.
D’un côté, les années « volage » ont vécu. Les spéculations outrancières susceptibles de nourrir leur tiroir caisse s’accommodent mal d’une législation chaque fois plus contraignante.
De l’autre, l’organisation bancaire est anachronique par rapport à l’inexorable avancée des nouvelles technologies. Avec l’accroissement des banques en ligne ; des services de paiement accessible à des acteurs non bancaires ; des applications mobiles, les banques chancellent. Sureffectif ; surnombre des agences, la Banque de papa s’effiloche. Pour pallier cette situation, certaines délocalisent des segments de leurs activités alors qu’elles devraient repenser leur métier.
La transition énergétique s’impose naturellement comme un espace de survie.
Plutôt que de voir leurs agences désertées, mieux vaut en réorienter l’emploi. Compte tenu de la complexité des projets dans ce domaine, le rôle des conseillers bancaires est bienvenu. A condition qu’ils bénéficient d'une solide formation, ils sauront apporter un vrai service en associant les collectivités territoriales, les fournisseurs d’énergie, les équipementiers et les particuliers, le tout sur fond de rentabilité. De même, longtemps parent pauvre de leur déploiement, le financement des PME innovantes devrait retrouver une nouvelle jouvence, notamment, en favorisant l’épargne vers ce secteur.
Restaurées dans leur rôle historique d’accompagnement du changement, les banques concourront alors à la redensification industrielle de la France ; à la création de richesse et d’emploi, toutes choses allant de pair avec la reconversion énergétique.
Ecrit en collaboration avec Hakim Chalane, chargé d'enseignement (Paris Est - Marne la Vallée).
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