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Accueil du site > Tribune Libre > La tactique de la « divergence »

La tactique de la « divergence »

Il est assez fréquent de se gausser des « fausses notes » de l'orchestre PS pour ne pas rigoler quand les « couacs » viennent du barnum UMP.
Ainsi Valls vient de se faire retaper magistralement par Aubry avec sa réforme constitutionnelle et c’est au tour de Copé de prendre un coup de règle sur les doigts de la part de Fillon à l’occasion de sa sortie sur la TVA.

Pour faire bref, Copé propose de diminuer les cotisations sociales et d’augmenter la TVA ; les implications sont beaucoup moins simples que le strict énoncé. Il ajoute, à son habitude "aucun sujet n'est tabou". Fort du principe, le secrétaire général de l'UMP multiplie les propositions "clivantes" à droite et l’on peut penser qu'il ne fait que commencer. Immédiatement, comme tombant de l'escabeau, le Premier ministre François Fillon tente de clore le sujet d’un revers de main courroucé, mais en vain. Les sénateurs sont favorables à ce débat : "Nous ouvrons le débat et il est honnête de dire que nous ne savons pas exactement à quel moment il faut arrêter soit la CSG, soit les charges, soit la TVA " … Comprenne qui pourra !

Sur le fond, la question est très technique et, comme à chaque fois que la fiscalité est en cause, il n'est jamais certain d’atteindre l’objectif recherché, les paramètres à prendre en compte sont tellement nombreux et les effets des changements si imprévisibles sur les comportements. Tout en pensant distinguer les perdants et les gagnants dans cette affaire, en général toujours les mêmes, je ne me risquerais pas à une analyse plus profonde d’une proposition dont la nécessité m’échappe.
En revanche sur la forme, ces « couacs » répétitifs entre Copé et Fillon, s'ils ne surprennent pas, acquièrent un caractère tellement systématique qu’il semble logique d’imaginer une stratégie bizarre, mais une stratégie quand même : une répartition des rôles en quelque sorte, une machine à souffler du chaud et du froid.
Il fut à la mode de dauber sur la valse-hésitation du Président de la République lors du dernier remaniement ministériel : Borloo ... pas Borloo, exit Fillon ... Fillon, Copé à la place de Bertrand ? Bertrand aux médicaments ou à l’UMP ? Etc. Dans cette affaire le « chercheur sans tabous » Copé voulait à tout prix l’UMP … il a obtenu gain de cause et l'on croit comprendre pourquoi : faire entendre une musique différente.

En fait, pas du tout !

Ne voyons pas dans toutes ces contorsions, à l’UMP comme au PS, des négligences ou des maladresses. Ces gens ne sont pas des imbéciles ; Ils ont généralement réalisé les plus beaux parcours universitaires ou dans les grandes écoles et ils savent parfaitement brouiller les cartes et façonner une pseudo-diversité. Ils sont persuadés que le buz tue le buz, qu’au milieu de la cacophonie la mémoire s'effrite, qu’au bout de la course tout le monde aura dit tout et le contraire de tout et que chacun, le moment venu, y retrouvera ses petits.
C'est oublier simplement une chose : effectivement assommés par des dissonances suraigües, nos compatriotes se tourneront de plus en plus vers des raisonnements plus simples, des attitudes plus « tranchées » voir plus simplistes. A trop vouloir faire de la tactique, le piège va se refermer.

Ainsi Gérard Carreyrou peut écrire : "Le baromètre sur la confiance en politique met l'accent sur la lassitude et la morosité des Français qui font de moins en moins confiance aux hommes politiques pour résoudre les grands problèmes [...] Si l'on note (par ailleurs) que 59 % des gens pensaient en 2010 qu'il y a trop d'immigrés en France, soit 10 % de plus qu'en 2009, et que ce sentiment est majoritaire chez les jeunes et les diplômés.
Le spectre de 2002 plane désormais sur 2012, il faut sonner le tocsin ! "

La dévotion pour la "diversité" anarchique, ne fait qu'aggraver les choses.

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2 réactions à cet article    


  • Cocasse cocasse 3 février 2011 10:52

    Je ne suis absolument pas d’accord avec votre vision de « se tourner vers des choses plus simples ».
    Mener une politique réellement alternative n’aura rien de simple, et va demander un effort, nécessaire et libérateur.
    J’aperçois que ce discours est devenu la nouvelle rengaine des propagandes médiatiques, le coup du « attention si les partis traditionnels ne se reprennent pas, les gens vont se replier vers le simplisme, le populisme, l’extrémisme », etc...
    Les gens vont surtout se tourner vers des gens qui ont une analyse lucide de la situation, de vrais idées, et qui ne sont pas des traitres.

    Pendant ce temps, les tocards se relayant au pouvoir se vautrent dans la facilité, l’absence de solutions, balançant de ci de là une petite polémique n’ayant aucun impact sur la structure globale.
    Et quand c’est le cas, c’est pour mieux renforcer les chaines, tel la soumission des budgets nationaux à la commission européenne, ou la liquidation des services publics.
    Rien d’autres à faire que servir les intérêts de leurs amis financiers, faire un peu d’esbroufe dans les médias, et mentir très abondamment. Puis se retirer tranquillement, toucher de gras salaires dans le privé, ou une confortable retraite puisée dans nos poches.

    Ces gens ne se « reprendront pas en main », il ne sont pas là pour gouverner pour le peuple, mais contre le peuple.


    • lloreen 4 février 2011 09:44

      La vérité est simple.La tromperie est un « art » difficile.C’est d’ailleurs pourquoi les gouvernants ne comprennent rien à rien et le prouvent chaque jour.
      Quant à la constitution qu’il faut changer...bien sûr...
      Ils peuvent très bien ne rien chercher du tout cela, leur fera gagner un temps précieux pour la recherche de la vérité.La déclaration des droits de l’homme et du citoyen à laquelle il faudra d’ailleurs adjoindre les devoirs de l’homme et du citoyen serait un bon début.
      Quant à la fiscalité, qu’ils cherchent aussi en même temps une solution qui aura le mérite de sortir le pays de l’ignominie des banksters et de leurs vassaux (nos « chercheurs »).
      Lorsqu’ils auront fini de chercher et qu’ils auront trouvé ils pourront nous communiquer le fruit de leurs savantes recherches.
      Laissons les tourner en rond comme des lions en cage et cherchons de notre côté à faire en
      sorte qu’ils y restent.

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