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La taxe Tobin, une vulgaire aspirine discutée par les thérapeutes du G-20

L’année 2009 est marquée par une crise financière alors que l’économie semble repartir et file tout droit vers un marasme chronique engendrant des désordres sociaux conséquents mais dont on ne verra pas grand-chose, à part du lait déversé dans les champs, quelques salariés bloquant des usines ou des routes, des producteurs déversant des fruits devant les préfectures, bref, rien de bien nouveau. La réunion du G20 ne changera rien. On se demande même s’il y a une volonté de changer l’état actuel de la finance et s’il existe des moyens conséquents. La taxe Tobin a fait son apparition une nouvelle fois. Son usage sera détourné de sa destination première. C’est assez amusant de voir une sorte de médicament financier préconisé pour régler une pathologie utilisé pour d’autres maux. L’économiste Tobin craignait un désordre des monnaies suite à la libre circulation de chaque devise échangée sur les marchés financiers comme une simple marchandise. Ce principe aurait dû instaurer une démocratie monétaire et réguler les devises en fonction de l’économie réelle et les potentiels de chaque zone à créer des richesses, les exporter. Mais ce ne fut pas le cas et c’était prévisible. La taxe Tobin a été suggérée en 1972 pour éviter la spéculation effrénée sur les échanges de monnaie et lorsque les altermondialistes se sont emparés de cette idée, Tobin s’est désolidarisé de cette utilisation détourné de sa finalité, en s’offusquant que son nom soit ainsi utilisé dans une œuvre qu’il ne voulait pas cautionner de sa signature.

En 2009, on reparle de cette taxe Tobin à l’occasion de la crise et du G-20 organisé à Pittsburgh. Cette fois ce ne sont pas les altermondialistes mais les gouvernants qui s’emparent de cette idée, laissant accroire à un usage légitime sans en préciser les modalités. On sait notamment que des mouvements spéculatifs se produisent, les investisseurs jouant sur les taux d’intérêts variables, achetant des monnaies à faibles taux pour les échanger contre des devises à taux plus intéressants. C’est par ce biais que la monnaie européenne s’apprécie plus que de raison paraît-il. Mais reconnaissons que d’autres facteurs jouent et surtout que si les jeux spéculatifs sont possibles, c’est la faute aux « gouvernements monétaires » qui faussent la concurrence libérale et jouent pour leur propre compte national sur les taux d’intérêts. Après, ils peuvent bien nous proposer cette taxe Tobin, à l’instar d’un médecin qui rend ses patients malades et leur propose un remède. Evoquer un médicament à propos de la taxe Tobin est une évidence. C’est en effet le principe de cette taxe qui devait soigner un mal et qui a été détournée à deux reprises pour soigner d’autres maux économiques. Cela rappelle l’histoire du viagra, cette molécule dont on a découvert qu’elle pouvait redonner forme à un corps que la vie a rendu impuissant. Du coup, la commercialisation a eu lieu et ce fut le succès pour cette substance très tendance utilisée par des seniors pour se taper des jeunettes et ou honorer leur épouse et redonner un peu de peps à une vie conjugale usée par la routine. Le viagra ça marche ! Par contre, la taxe Tobin ne redonnera aucun dynamisme à l’économie, ni ne soignera les maux de la finance avec des coupables désignés, les banquiers il y a un an et maintenant les traders.

Utiliser la taxe Tobin contre les maux de l’économie, cela revient à prendre de l’aspirine pour soigner un cancer du pancréas métastasé. Le fait que les gouvernants comme Sarkozy, Merkel et même Brown songent à utiliser cette taxe s’explique par la nécessité de faire croire que les désordres du monde économiques sont pris en charge par les capitaines des nations et leur équipe médicales capables de mettre en œuvre une série de remède. La finalité étant de calmer l’opinion publique. Une banale tactique de propagande bien ordinaire et une taxe à finalité psychotrope. Qui du reste s’inscrit dans un élan de gouvernance mondiale qui n’est pas si libérale qu’on ne le pense et qui, de la taxe carbone à la taxe Tobin, emprunte le sillage des « tyrannies bureaucratiques citoyennes » que sont ces différents mouvements, de Attac pour l’économie à WWF et la fondation Hulot pour le climat. Les gouvernants sont gagnés par la tentation bureaucratique et le pire, c’est qu’ils ont des connivences avec ces grandes associations censées défendre les citoyens. La bureaucratie, on le sait, fonctionne de pair avec le système capitaliste, accentuant les inégalités et les maux de ce monde voué à la technologie et à la satisfaction de désirs et besoins artificiels. Comme faire la guerre à un banal virus grippal. La crise n’est pas tant économique et bureaucratique qu’anthropologique. C’est l’homme qui est malade ! Avec l’appui des publicité commerciale et des Savonarole de plateau télé que sont tous ces opportunistes dans les ONG et les confréries altermondialistes. A bas le capitalisme, à bas la bureaucratie, à bas la tyrannie, vive la liberté éclairée par la raison, "mort" aux parasites !


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10 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 23 septembre 2009 12:13

    à l’auteur

    "C’est en effet le principe de cette taxe [Tobin] qui devait soigner un mal et qui a été détournée à deux reprises pour soigner d’autres maux économiques".

    Pouvez-vous me rappeler en quelles circonstances le principe de la taxe Tobin a été détourné deux fois ? Merci.


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 23 septembre 2009 12:17

      au commentateur,

      il suffit de lire le billet

      une fois par Attac
      une seconde fois par les thérapeutes du G-20 pour calmer l’opinion


    • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 23 septembre 2009 12:26

      à l’auteur

      Effectivement, vous dites :
      "La taxe Tobin a été suggérée en 1972 pour éviter la spéculation effrénée sur les échanges de monnaie et lorsque les altermondialistes se sont emparés de cette idée, Tobin s’est désolidarisé de cette utilisation détourné de sa finalité, en s’offusquant que son nom soit ainsi utilisé dans une œuvre qu’il ne voulait pas cautionner de sa signature".
      Mais, vous n’expliquez pas clairement en quoi Attac a détourné l’esprit de la taxe Tobin. Tobin voulait éviter la spéculation effrénée sur les échanges de monnaie. Et Attac ?


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 23 septembre 2009 12:31

      Relisez le billet,

      je crois avoir précisé que Tobin voulait éviter le désordre dans les fluctuations de monnaie, et sa taxe était un outil purement technique

      elle est devenue politique, déviée dans un sens de punition et moralisation du capitalisme par Attac, faisant de Tobin l’abbé Pierre de la finance, ce qu’il a refusé d’être
      quant à Sarko and co, ils vont vers cette taxe en reniant leurs convivctions libérales pour mieux enfumer les populations et laisser croire qu’ils sont dans le camp des victimes de la crise.


    • sisyphe sisyphe 23 septembre 2009 20:08

      . Qui du reste s’inscrit dans un élan de gouvernance mondiale qui n’est pas si libérale qu’on ne le pense et qui, de la taxe carbone à la taxe Tobin, emprunte le sillage des « tyrannies bureaucratiques citoyennes » que sont ces différents mouvements, de Attac pour l’économie à WWF et la fondation Hulot pour le climat. Les gouvernants sont gagnés par la tentation bureaucratique et le pire, c’est qu’ils ont des connivences avec ces grandes associations censées défendre les citoyens. La bureaucratie, on le sait, fonctionne de pair avec le système capitaliste, accentuant les inégalités et les maux de ce monde voué à la technologie et à la satisfaction de désirs et besoins artificiels. Comme faire la guerre à un banal virus grippal. La crise n’est pas tant économique et bureaucratique qu’anthropologique. C’est l’homme qui est malade ! Avec l’appui des publicité commerciale et des Savonarole de plateau télé que sont tous ces opportunistes dans les ONG et les confréries altermondialistes.

      Rien à faire ; monsieur Dugué ne peut s’empêcher de lâcher son petit couplet contre les mouvements citoyens, les ONG, les mouvements écolos, les « confréries altermondialistes »...

      « Tyrannie bureaucratique citoyenne » pour parler d’Attac ; trop fort !
      On serait reconnaissant à monsieur Dugué de nous expliquer comment s’exerce sa tyrannie, et sa bureaucratie, pour les citoyens ; merci de nous éclairer...

      Et quand on lui demande en quoi Attac aurait « détourné la taxe Tobin », il renvoie à son billet, qui ne fait que l’affirmer, sans y apporter aucun élément tangible.

      Bref, monsieur Dugué, comme à son habitude, se goberge de sa propre pensée ; réactionnaire (surtout), creuse et confuse, et de sa personne : du même tonneau...

      De l’égocentrisme confusionniste, amalgameur, et inutile...


    • Gabriel Gabriel 23 septembre 2009 12:37

      Si je comprends bien vos propos la taxe Tobin ne sert à rien et le seul fait d’en parler semble vous mettre mal à l’aise. Avec un tel langage le capitalisme sauvage à de beaux  jour devant lui. Cette taxe doit être mise en place, elle est nécessaire pour réguler la spéculation et bien appliquée elle n’aura pas l’effet d’un aspirine, ne vous en déplaise ! La teneur de votre article doit réjouir les boursiers.


      • sisyphe sisyphe 23 septembre 2009 21:28

        Monsieur Dugué est, effectivement, le parfait petit agent des boursiers, banquiers, semenciers industriels et autres dépeceurs de la planète...


      • Jordi Grau J. GRAU 23 septembre 2009 19:33

        J’ai été membre d’ATTAC durant des années. On peut reprocher pas mal de choses à cette association, mais je suis surpris que Bernard Dugué la range parmi les « tyrannies bureaucratiques citoyennes ». Pour que cette association soit une tyrannie il faudrait qu’elle ait du pouvoir, or elle en a justement fort peu. Et c’est d’ailleurs une des choses qu’on peut lui reprocher : de ne pas avoir su devenir un mouvement populaire qui puisse vraiment avoir de l’influence en politique ou dans les mouvements sociaux.

        Par ailleurs, je crois que l’immense majorité des adhérents d’Attac (ou du ce qu’il en reste, car l’association a pas mal périclité ces quatre dernières années) est très attachée à la démocratie. Ce que ces adhérents reprochent aux politiques économiques menées en Europe et ailleurs, ce n’est pas seulement d’être trop libérales et anti-sociales : c’est qu’elles sont antidémocratiques. ATTAC n’a pas été la dernière à dénoncer les manoeuvres indignes imaginées par les gouvernements français et irlandais pour refourguer un traité constitutionnel dont les citoyens ne voulaient pas. 

        Enfin, je crois qu’il ne faut pas confondre ATTAC et les récupérations politiques dont ses idées font parfois l’objet. Si ATTAC était un lobby puissant, ses idées seraient réellement reprises par les politiciens. En réalité, ce qui est repris, ce sont surtout des mots et des slogans. C’est notamment le cas en ce qui concerne la taxe Tobin. On peut estimer inutile ou irréaliste la proposition d’ATTAC, mais elle est en tout cas bien différente, et bien plus exigeante que celle des « thérapeutes du G-20 ». Pour saisir la différence, cliquez sur ce lien.


        • AIRVELO 24 septembre 2009 10:59

          Nullement dans l’intention de prendre la défense de Bernard DUGUE, je suis invité à réagir aux propos de J.GRAU, qui vante les principes d’ATTAC, si vertueux semble-t-il.
          En matière de démocratie ?! J’ai quitté ATTAC parce qu’à la suite de fraudes électorales en A.G. , voilà 5 ans passés, je crois, il n’a pas été envisagé de dissoudre ATTAC.
          A la suite je regrette que des femmes et des hommes de grandes qualités continuent de s’y user et de s’y consummer, au détriment des listes d’effectifs et de ressources pour des partis anticapitalistes ! 
          L’action d’ATTAC ne se traduit pas bien. « Politiser ses inquiétudes » mérite un engagement plus fort, ou plus courageux.
          A forciori aujourd’hui où il est urgent de décomplexer ses opinions et sa sensibilité.
           


          • décurion 24 septembre 2009 11:54

            La fiscalité, est un mal nécessaire. Partant de là, Il serait judicieux de fermer le robinet du mal, dès que la nécessité n’est plus avérée.
            Si les droits doivent être les mêmes pour chaque citoyen évoluant dans un espace régit par les mêmes lois, il en va différemment pour l’imposition, qui ne peut être supérieure à la capacité de chacun à assumer cette charge.
            Contrairement, aux affirmations d’un célèbre imbécile, l’impôt, n’est pas un outil de justice sociale, c’en est même le contraire.
            Dès l’instant ou une taxe est attachée, non à l’action visée, mais au produit de l’action, elle suit le produit jusqu’au consommateur, qui paiera pour une action qui n’est pas de son initiative. Qu’il s’agisse de taxe Tobin, Carbone ou autres, la taxe est une enculerie, et le principe du pollueur / payeur, une fumisterie.
            Le premier gramme de bon sens suffit pour comprendre que la taxe, n’est pas la main de Dieu. Elle ne guérit pas les écrouelles, et n’a pas le pouvoir de transformer une saloperie en cadeau de Noël.
            Sachant qu’une taxe est une « enculerie », indépendamment de l’emballage dont on l’affuble, on ne sait pas trop comment elle pourrait être détournée d’un but qu’ elle atteint parfaitement.
            Pour qu’une taxe, atteigne le but qu’on lui prête, il faudrait qu’elle touche les entreprises et professions concernées, sur leurs bénéfices nets, ainsi, les consommateurs seraient épargnés.Dans ce cas seulement, la taxe punition pourrait être efficace, sans pour autant gagner en moralité, eut égard aux victimes, des actions taxées.
            Pourrait on imaginer, qu’un fond de développement pour les pays pauvres, soit financé par une taxe de 10 € sur chaque mort victime de la mondialisation, payé par les entreprises atteignant ou dépassant un chiffre de X ?
            C’est pourtant le principe de toutes les taxes créée depuis que le public est préoccupé par les enjeux majeurs de notre société.
            Il est visible, que nous n’avons jamais autant été pris pour des cons, que depuis que nous nous croyons intelligents.
            Jusqu’à quand, le « vaudrons » nous ?

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