La Tour Triangle

Le projet est porté par la société UNIBAIL promoteur immobilier, qui a la gérance de deux parcs d'expositions, l'un à Villepinte, l'autre à Paris (15° arrt) à la Porte de Versailles. C'est sur ce dernier emplacement que la tour Triangle devrait être édifiée à la place d'un hall réservé aux expositions.

Cette tour, baptisée "TRIANGLE", répond aux caractéristiques d'une pyramide, mais ce nom étant déjà attribué, il fallait en trouver un autre .

Cette précision n'est pas anodine car la pyramide est aussi l'emblème de la domination du dollar, donc de l'argent en général tel qu'il figure sur le billet de banque américain de 1 dollar. Peut-on y voir, dans ce projet, le rappel, le symbole de la domination de l'argent sur le monde, c'est-à-dire du capitalisme ? Ce serait assez cocasse pour une étude qui a le soutien de la Municipalité de gauche de Paris. 

En effet, Anne Hidalgo, Première-Adjointe au Maire de Paris, Bertrand Delanoë, affirme à tous vents : "De toute façon, elle se fera". Le Maire du XV° arrt, de Paris, Philippe Goujon, est également parrain de cette opération. Cette alliance de deux adversaires politiques irréductibles serait digne de Clochemerle si la construction de cet édifice n'était pas une source future d'énormes inconvénients pour la population dont on s'aperçoit qu'elle est laissée pour compte

Pour évaluer l'impact de cette tour sur la vie quotidienne , il est nécessaire d'en connaître les caractéristiques et ses nuisances. 

D'une hauteur de 180 mètres, sa superficie au sol couvrira 3 600 M2, mais son emprise sur le sol sera, en réalité, au moins du double, compte tenu de l'obligation de prévoir un vaste espace autour d'une tour. Cet espace qui devrait être utilisé pour la réalisation d'un parc paysager,donc à proximité des parcs Brassens et Citroën. À la charge des Parisiens ? 

La superficie développée sera de 88 400 m2 réservée dans sa presque totalité à l'usage de bureaux, qui sont pléthore à Paris, répartie en surfaces utilisables de 900 à 4 000M2. Il est prévu 2 800 M2 d'espaces publics et 1 500 m2 de commerces sur rue. 

Le coût de cet édifice est évalué, au départ, à 500 millions d'euros, en apports privés.

Côté nuisances, notons tout d'abord que cette tour n'offre, pratiquement aucun avantage pour la population, ce qui n'a pas empêché les Pouvoirs Publics (qui, en réalité ?) d'avoir classé cette opération "d'intérêt général" afin d'obtenir une dérogation au P.L.U. (Plan Local d'Urbanisme) qui ne permet pas de telles réalisations. Finalement, le Conseil de Paris n'aurait pas entériné cette modification.

Il convient de souligner que la procédure de consultation publique , d'une discrétion de violette, n'a été portée à la connaissance du public que par la voie de quelques affiches mobiles et qu'un seul registre était ouvert uniquement à la Mairie du XV° arrt , seulement pendant 28 jours. Cette tour va pourtant avoir un impact sur la vie des parisiens, sur toute l'harmonie de Paris, protégée jusqu'alors, et va en modifier son image pluri-séculaire qui attire les touristes du monde entier. 

De plus, l'annonce de cette consultation a été occultée pour ne pas attirer trop l'attention. En effet, seule la mention "opération Triangle" paraissait, opération prise comme d'autres de réhabilitation ou requalification (Opérations Grenelle, Necker, Boucicaut..), la mention "tour" n'y figure pas.

Contrairement aux dires des promoteurs, la tour "Triangle" va nuire au Parc des Expositions universellement connu, en le coupant en deux. En supprimant un hall, on réduit encore la superficie générale d'expositions reconnue comme étant déjà trop petite. Ne doit-on y voir la volonté sous-jacente de tout regrouper à Villepinte ? Opération qui pourrait nuire à Paris, seule capitale au monde à avoir un Parc d'expositions à ses portes. 

La belle affaire d'un immense terrain devenu libre, non pour y construire des logements dont la pénurie, à Paris, est affligeante, mais un Palais des Congrès, avec hôtels et restaurants de luxe, piscine, etc. Quelle opération juteuse, à la barbe des Parisiens !

On notera que le Conseil de Paris, dans un sursaut de sagesse, s'orienterait vers une modernisation du Parc des Expos, mais le projet de tour n'étant pas enterré.

Et ce n'est pas tout.

Il y a tromperie sur les conséquences écologiques de cette tour, dévoreuse d'énergies et qui ne respecte pas le "Grenelle II" de l'environnement.

Il y a tromperie sur les conséquences épouvantables de la vie au quotidien. Certains immeubles seront privés de soleil à tout jamais. D'autres ne pourront pas recevoir certaines émissions télé, la Tour interceptant les faisceaux hertziens émis de la Tour Eiffel.

Le cocorico revient à la fréquentation qui va en résulter. On doit comprendre que cette tour de bureaux devrait attirer 5 500 personnes qui viendront s'ajouter aux quelques milliers d'autres qui fréquenteront le nouveau Ministère de la Défense, édifié quelques 300 mètres plus loin. Sans oublier ceux qui viendront travailler dans les deux nouveaux immeubles de bureaux, à proximité, à usage privé. Soit en tout, quelques dix mille personnes qui, tous les jours, transiteront dans cet espace limité.

Peut-on imaginer l'encombrement routier qui va en résulter et le sort de ces milliers de travailleurs qui, comme les habitants du quartier et les visiteurs des expositions, n'auront pour se déplacer, en dehors du T3, qu'une seule ligne de métro, pour rejoindre le centre de Paris et trois lignes d'autobus ? Ce sera L'ENFER. Aucune possibilité de doublement de lignes n'est possible, en dépit des élucubrations fumeuses d'un représentant du STIF, lors de la réunion du 1er septembre 2012, proposant d'améliorer les cadences...

Plus encore, une passerelle se met en place pour suppléer la suppression du passage entre les deux parties du parc. Des bruits courent que le hall en question serait voué prochainement à la pioche des démolisseurs, en dépit des expositions et des très nombreux recours déposés. Tant que le Conseil de Paris n'a pas dit son dernier mot, la vigilance s'impose car, malgré tous les inconvénients rapportés ci-dessus, certains édiles font progresser le projet comme si de rien n'était.

Bernard Larguèze

Un collectif accueille tous ceux qui, conscients des méfaits de ce néfaste projet, veulent réagir : [email protected] - site www.monts14.fr