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La tyrannie des marchés

Le Traité européen vient d'être adopté par l'Assemblée nationale. Le camp de l'austérité et de la tyrannie des marchés a gagné face au camp de la démocratie et du droit des peuples à l'autodétermination, y compris en matière budgétaire.

Nos dirigeants politiques ne sont pas responsables de cette situation. Ils sont les victimes consentantes de la tyrannie des marchés et du discours de ces marchés qu'ils ont adopté.

Adopter ce discours, c'est trouver normal que les marchés échappent à tout contrôle public, à toute taxation malgré les risques démesurés qu'ils prennent et les catastrophes qu'ils produisent pour notre société.

A poursuivre un objectif qui n'est plus celui de produire des richesses mais d'en accumuler le plus possible, les marchés ont sacrifié l'emploi, la recherche, l'innovation… sur l'autel du profit illimité.

Comment cela est-il arrivé ?

Après avoir remplacé l'économie par la chrématistique, les marchés ont trouvé des dirigeants politiques assez corrompus idéologiquement pour qu'ils scient la branche sur laquelle ils sont assis : l'État se retrouve alors amputé de son pouvoir et le peu d'autorité qu'il lui reste doit être employée pour mettre en œuvre les directives d'organisations non élues. Il lui devient normal d'être noté par des puissances financières et de devoir travailler à leur convenance. On se moque de la popularité du gouvernement, il faut "rassurer les marchés" plutôt que les peuples.

Nous ne sommes plus en démocratie. Le gouvernement est toujours celui du peuple, par le peuple, mais il n'agit plus dans les intérêts du peuple ! Le pouvoir agit pour les marchés ; il fait voter des traités qui ne portent qu'une promesse : celle de toujours plus d'austérité pour satisfaire la cupidité de quelques investisseurs. Pourtant, il suffit de regarder les pays dans lesquels ces recettes ont été mises en œuvre pour se rendre compte que cela va aggraver la situation. La droite l'avait dit pendant la dernière campagne présidentielle : à voter à gauche, nous aurions l'Espagne ou la Grèce. Elle veut avoir raison et va voter pour avoir raison : nous nous dirigeons à grande vitesse vers une austérité toujours plus importante. Les services publics seront sacrifiés, ils ne restera rien de la protection sociale, il y aura toujours plus de travailleurs sans travail et l'État aura toujours moins de moyens d'action pour remédier à la crise.

La meilleure forteresse des tyrans, c'est l'inertie des peuples

 Même si les tyrans ont changé, Machiavel n'a rien perdu de son actualité. La question demeure : resterons-nous sans rien faire ? Accepterons-nous le monde tel qu'il est ou défendrons-nous une autre conception de la société dans laquelle le pouvoir serait exercé dans l'intérêt du peuple ?

En juin 1940, alors que tout semblait perdu, des hommes et des femmes libres se sont élevés contre un ordre du monde qu'ils jugeaient illégitime et néfaste. Ils n'étaient pas nombreux mais ils ont réussi à faire triompher leurs idéaux. Aujourd'hui, il faut reprendre leur combat, affirmer l'illégitimité du pouvoir des marchés, effacer les dettes qui pèsent sur nous comme l'ont fait certains et ainsi retrouver le pouvoir.

Ensuite, il faudra reprendre le contrôle sur les marchés et reconstruire ce que les marchés nous avaient obligé à déconstruire. C'est seulement à ce moment-là que nous vivrons en démocratie en étant libres et indépendants.


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11 réactions à cet article    


  • Marc Chinal Marc Chinal 11 octobre 2012 17:22

    Ce qui a tué la démocratie, ce sont les médias qui vivent grâce à la pub et qui ne veulent pas entendre le mot « décroissance », ces médias qui censure systématiquement tous discours qui ne servent pas leurs intérêts.
    Achetez-vous la presse qui ne se vend pas à la pub ?


    • Eric Dizquierda Eric Dizquierda 11 octobre 2012 18:30

      Les médias ont également une part de responsabilité mais ils sont aussi sous l’influence des marchés. Les grands médias de masse, qu’ils s’agissent de la télévision, de la radio ou de la presse sont dirigés par des groupes qui ont intérêt à la diffusion de l’idéologie libérale. De par les directives de leurs propriétaires, ils n’ont pas le choix.

      D’ailleurs, les médias indépendants financièrement (AgoraVox, Mediapart, Le Monde diplomatique, La Décroissance...) sont souvent en première ligne quand il s’agit de défendre les idées qui sortent de l’orthodoxie médiatique. Ils peuvent choisir la politique éditoriale en-dehors de toute contrainte.
      Ainsi, je ne pense pas que ce soient les médias qui censurent mais bien leurs propriétaires ; les journalistes ne font que suivre le mouvement et passer d’une rédaction à l’autre au rythme de leur carrière. Cette idée est bien développée dans le film « Les nouveaux chiens de garde ». Peu de cinémas l’ont passé mais à chaque fois, il attirait beaucoup de monde.


    • Marc Chinal Marc Chinal 11 octobre 2012 19:35

      Mais le « marché » c’est aussi les citoyens.
      Qui contrôle l’achat de la presse ?
      Comment agir face à la presse gratuite ?
      Sinon je suis d’accord avec votre réponse, mais je crois que vous êtes trop soumis à la doctrine « les gros enfoirés sont les financiers ». (y’en a marre de chaque fois avec des analyse de « qui est le mouton noir ? ».)
      Les financiers, on les réduit en poudre si on n’utilise plus de monnaie.
      Avez-vous seulement réfléchi à la possibilité d’une civilisation sans monnaie, sans troc et sans retour à l’âge de pierre où nous emmène le monde actuel ?


    • Eric Dizquierda Eric Dizquierda 12 octobre 2012 08:14

      Non, mais je vais essayer de m’informer sur le sujet. Vous n’êtes pas le premier à me parler d’un tel système. Si je peux réunir assez d’information, je ferai sans doute un article sur le sujet.


    • Peretz1 Peretz1 11 octobre 2012 18:16

      Les dirigeants politiques sont au contraire parfaitement responsables de cette situation. C’est la peur qui leur fait adopter la situation actuelle et la prolonger. Il serait parfaitement possible d’envoyer paître les marchés. 


      • Eric Dizquierda Eric Dizquierda 11 octobre 2012 18:36

        Il ne serait pas difficile de se libérer de l’emprise des marchés mais je ne crois pas que nos dirigeants actuels soient responsables. Ceux d’hier, oui, à commencer par Georges Pompidou et Valéry Giscard d’Estaing votant la loi de 1973 qui empêche la Banque centrale de financer directement les projets gouvernementaux. Les hommes politiques d’aujourd’hui n’ont fait que suivre ceux d’hier et de répéter bêtement les idées qu’on leur a enseigné (et ils sortent tous des mêmes écoles). L’Europe qui est venue apporter son grain de sel n’a fait qu’enfoncer le clou mais la situation était déjà mauvaise avant Maastricht !


      • noodles 12 octobre 2012 06:39

        > Peretz 

        oui, les députés sont responsables , manoeuvrables et lobbyables (1) à merci : 
        ils sont habités par cette peur de se mettre « mal en cour », d’avoir des brimades dans sa circonscription, ne pas faire partie des prochains investis du Parti. Perdre sa bonne place, sa bonne tranquillité en somme. Au lieu de rester bien sagement aligné et en recueillir plein d’avantages. Peu ont résisté dans le dernier vote.
         J’aimerais être une « fine mouche » pour assister aux conciliabules entre le ministre délégué au Parlement, le président du groupe PS à l’Assemblée et les députés qui se sont manifestés contre le TSCG : les arguments déployés m’intéressent. On pourrait enfin affirmer :« oui, ils sont pourris de bas en haut et de haut en bas ». Le doute m’obsède depuis longtemps. smiley
        Amicalement 
        noodles

        (1) lobbyables : c’est cuistrerie ou néologisme, c’est vous qui voyez smiley

      • thierry3468 11 octobre 2012 18:31

        Les politiques ne font que confirmer leur collusion avec les élites financières pour dépouiller le peuple .La comparaison avec 1940 est douteuse quand on connait les réelles motivations des États Unis pour entrer en guerre .Le peuple doit se soulever ou se soumettre ,c’est aussi simple que cela .....Les élites financières n’auront que le pouvoir que par démission du peuple .Le mouton accepte de se faire tondre ou chasse le loup de la bergerie .....


        • Eric Dizquierda Eric Dizquierda 11 octobre 2012 18:40

          Quand je parle de 1940, je pensais plus à la Résistance qu’à l’entrée en guerre des États-Unis.

          Pour le reste, c’est exactement le sens de la citation de Machiavel : « La meilleure forteresse des tyrans, c’est l’inertie des peuples. »

        • noodles 12 octobre 2012 06:23
          >@ izquierda
          « Résistance »
          oui, qui voyez-vous pour la conduire ? Oh, je ne dis pas cela pour 
          vous embarrasser : j’aime beaucoup votre analyse.
          « La meilleure forteresse des tyrans, c’est l’inertie des peuples. » 
          La connaissance de cette inertie aide bien nos tyrans d’aujourd’hui. 
          Quand le peuple s’éveille il y a toujours ces moments d’euphorie, ces 
          élans de probité collective...puis survient la traîtrise, le détournement 
          de cette générosité populaire, c’est une classe dominante qui tire les 
          marrons du feu. Toutes les révolutions, y compris la pantomime de 1968 
          ont tourné au profit de la classe dominante.
          C’et si vrai que nous pourrions passer en revue des pays comme l’ex URRSS, 
          etc...
          Merci et bien cordialement
          noodles

          • Eric Dizquierda Eric Dizquierda 12 octobre 2012 08:12

            C’est difficile de trouver un dirigeant à la « Résistance » actuelle tant il est difficile de fédérer les mouvements de la gauche anti-libérale. J’aime bien l’idée du Front de Gauche mais il n’est pas encore assez représentatif de tous les partis. Il faudrait que des petits partis comme Lutte Ouvrière ou le NPA rejoignent le FdG pour apporter leur pierre à l’édifice. Seulement, puisqu’ils ne sont pas tout à fait d’accord avec les partis qui y sont actuellement et ils préfèrent jouer la carte du cavalier solitaire.

            Ensuite, il est clair qu’une révolution n’est pas la solution. Nos idées sont encore minoritaires et nous ne tiendrions par le coup. Comme vous le dîtes très bien, toutes les révolutions ont fini à l’avantage des plus puissants (y compris celle d’octobre 1917).

            Non, je crois plus à une évolution qu’à une révolution. La vraie démocratie peut s’instaurer avec une évolution des consciences, c’est pourquoi je ne désespère pas de voir nos idées progresser. Après tout, la première démocratie du monde a vu le jour il y a 2600 ans suite à des réformes menées face à une crise politique et économique. Et à l’époque, on avait commencé par annuler les dettes ! Aujourd’hui plus que jamais, il faut nous inspirer de cet exemple.

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