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La valeur attribue le talent ! Dis-moi ce que tu cotes et je te dirai qui tu es...

Le marché, l'art et l'artiste, où est la sortie ?

"Regard" d.jouvin 1980
Je suis un artiste contemporain, peintre photographe, ancien courtier en art. Je travaille sur des matières relativement conventionnelles (huile, glycérophtalique, vinylique, acrylique, brou de noix, pour l'essentiel), et j'exprime ma vision de l'abstrait, plus dans la composition que dans les matériaux employés, bien que la glycérophtalique ne soit pas tellement utilisée. J'ai eu également la chance, en tant que courtier, de côtoyer des grands peintres contemporains, dont certains sont devenus des références dans l'art du XXe et XXIe siècle. Donc sans vouloir passer pour un ancien combattant de l'art ou un redresseur de tort, je suis obligé, pour être en accord avec ma pensée profonde, de dire qu'aujourd'hui, où tout est rebaptisé "Art" et où on peut tout faire avec n'importe quoi et prétendre que c'est de l'art ! Nous devons faire une approche prudente mais critique, pour pouvoir différencier et extraire l'art de l'artiste de l'art du marché. Comment discerner le talent ? Le vrai, dans tout ce fatras de formes, de matières et de couleurs. 

Bien sûr, je suis pour la liberté totale d'expression, qu'elles qu'en soient les dérives et les conséquences. J'ai conscience encore plus que d'autres, de par mon état d'artiste, combien il est difficile d'être juste et équitable dans un jugement sur l'art, quelle que soit la discipline. De plus, il faut bien dissocier, les "Essais" de l'oeuvre achevée. Mais je m'insurgerai toujours contre les opportunistes et profiteurs de tout poil, et dieu sait qu'il y a pléthore aujourd'hui, dans tous les domaines où chacun est le prédateur de l'autre et où dans l'art et le marché de l'art, chacun se nourrit du talent de l'autre. Que les choses soient bien posées, cette réflexion n'a pas pour vocation de juger ou de discréditer tel ou tel, mais au contraire de montrer la fragilité du système et de l'artiste, face à la tentation du marché de monopoliser le droit de définir ce qui est une oeuvre d'art et dans donner la valeur. Cela concerne et englobe tout le "Marché" de l'art (artistes, critiques, experts, commissaires-priseurs, collectionneurs et spéculateurs qui sont souvent les mêmes). En effet, je m'explique, même si cela peut déplaire, car la mode n'est pas à la vrai critique, mais plutôt à la complaisance et à la démolition courtoise de l'autre, alors qu'une critique doit être le résultat d'une analyse objective sans l'influence du marché, est par essence constructive. Voilà pourquoi, Je suis toujours un peu sceptique et très réservé sur la sincérité et l'honnêteté intellectuelle de ces démarches qui cautionnent nombre d’œuvres (dites artistiques) à grand renfort de discours, de références et d'affirmations philosophiques, sans les discours qui vont avec... Peu d’œuvres actuelles seraient reçues à l'examen de passage et trouveraient acquéreur en galerie ou en vente publique, je plains les collectionneurs dans quelques années ! D'ailleurs, il y a une preuve simple, si vous voulez tester la valeur de ce que vous venez d'acquérir, c'est de repasser votre achat le lendemain dans une autre vente et là, bien sûr c'est plus délicat ! Heureusement pour les commissaires-priseurs, qu'il y a tous ces discours grandiloquents, ces grandes envolés lyriques de circonstance... Sinon comment arriver à vendre et à justifier le prix pour un talent supposé ou pour une imposture évidente ! Le tout repris en cœur et de connivence par des experts convenus qui assistent des commissaires-priseurs en mal de côte et par des soit-disant critiques qui font étalage permanent de leur ignorance, car actuellement dans le monde de l'art, le plus grand rôle de ces experts acculturés et critiques-courtisans du système, est surtout d'être dans la mouvance, (quel qu'en soit le prix) et d'avoir l'air de comprendre. D'expliquer et de justifier tout, même le pire (et je reste courtois), par de grandes phrases creuses, gonflées voir boursouflées de mots à la mode, face à leur méconnaissance complète des œuvres et surtout de l'acte créatif, leur seule référence étant le "Marché". Mais il faut bien le reconnaître, à leur décharge, qu'ils sont souvent en grande difficulté face au vide abyssal de la plupart des œuvres qui leurs sont présentées aujourd'hui, car n'ayant pas le courage de dire la vérité, il sont obligés par lâcheté intellectuelle de trouver tout "Intéressant", mot terrible qui vous situe entre le chef-d’œuvre et la merde. Pardonnez-moi cet excès de langage, mais c'est tellement affligeant et navrant, voir même frustrant par moments, que finalement, on en vient à se demander, est-ce qu'il faut être à la mode lorsqu'on crée ! est-ce que leur avis a une importance ? Est-ce que le prix est un gage de talent ? Est-ce qu'il faut être d'avant-garde ? Et qu'est-ce que l'avant garde, sinon vouloir être à la mode et dans le vent à tout prix ! Pour ma part, je pense qu'il n'y a ni avant-garde ni arrière-garde, mais acte de création ou pas. Et puis, qu'est-ce vraiment qu'un expert en art ? Sinon, à quelques exceptions près, un justificateur cautionneur de valeurs éphémères, appelées cotes, qui font surtout l'affaire du marché, qui lui n'a pas d'état d'âme. De fait, qui peut, de toute sa grandeur analytique, s'arroger le droit de juger une œuvre (donc le résultat d'une démarche artistique), s'il n'a pas lui-même connu l'état psychologique et physique dans lequel se trouve un artiste face à ce besoin impérieux de créer .

En art, comme en toutes choses, ce n’est pas toujours ce que l’on voit qui compte, mais plutôt ce qu’il y a derrière. Aujourd’hui, on ne sait voir que ce qui paraît et rien d’autre. Et de toutes façons, les critiques ou les experts ou les commissaires-priseurs, quoi qu’ils fassent, arriveront toujours après l'œuvre et l’artiste, car sans ces créateurs visionnaires et leur "Folie", tout s’arrête, ce beau système s’écroule. Heureusement, toutes les gesticulations intellectuelles de ces intervenants frustrés par leur absence de talent (car au fond eux aussi aimeraient bien être artiste), n’ont pour seul et unique objectif, que de justifier le prix de leur intervention (et là nous revenons à l’argent) et d’essayer de s’approprier par prédation intellectuelle une partie du talent de ceux qui créent et qui "Eux" en ont (du talent), afin de conforter leur regard sur eux-mêmes et de se trouver intéressants et très en phase avec le monde des marchands (les "Loups" ne se mangent pas entre eux), réaction très primaire et surtout illusoire motivée par leur ego disproportionné. Mais, justice immanente ou revanche de l’histoire (au choix), personne n’a pu encore anticiper avec justesse sur le futur des œuvres (talent ou valeur) et pour être franc, c’est assez rassurant et bien mieux comme ça, car à la limite, pour un artiste (un vrai), en ce qui concerne sa démarche, il vaut mieux ne pas être compris, car être compris de ses contemporains, montre, s’il en était besoin et dans la plupart des cas, que l’artiste n’avait pas vraiment grand-chose à dire... Et puis, est-ce vraiment important d'avoir quelque chose à dire ? Ne faudrait-il pas relativiser, nous aussi, les artistes, l'importance de notre démarche ! (mais cela est un autre sujet). En ce qui concerne la reconnaissance ou la non reconnaissance du talent ou du génie d'un artiste, l’histoire de l’art est là pour confirmer, à quelques exceptions près, la terrible réalité de mon propos. Je pense également qu’une œuvre doit se suffire à elle-même et qu'elle n’a pas besoin d’explications légitimistes ou de grandes théories pour exister, seul le talent et l’émotion qu’elle génère la font vivre, pas les discours. C’est plutôt rassurant et ça laisse de belles perspectives aux artistes, qui eux , sont indispensables.

J’espère avoir allumé quelques lumières, même si mon propos a fortement déplu à bon nombre de personnes composant ce "Juteux" marché de l’art, qui rapporte tant aux "Spéculateurs" et si peu aux véritables artistes. Et peut-être qu’un jour on considérera vraiment les artistes (et non pas le marché) comme la valeur la plus sûre et de toutes façons, indissociable de l'œuvre d’art. Le marché, lui, ne voit que l'œuvre et la valeur qu’il peut lui faire atteindre ! Et l’artiste dans tout ça ? Ne jamais oublier que sans lui il n’y aurait pas d'œuvre et donc plus d’art, donc plus de spéculation et plus de marché. Une société qui ignore ou néglige ses vrais artistes, c’est comme un univers qui s’appauvrit en oxygène, peu à peu elle meurt intellectuellement, car sans création, que serait la vie... Nous existons en grande partie, par ce qui nous entoure.

Si il y a une morale à tirer de cette réflexion personnelle, c'est de toujours avoir présent à l'esprit, que lorsqu'on acquiert une œuvre d'un artiste contemporain, on permet, avant toutes considérations spéculatives, à cet artiste d'exister par son art. C'est peut-être moins tendance, mais c'est sûrement plus légitime, car cela permet à l'artiste d'en vivre, plutôt que d'enrichir le marché, qui n'a pour fonction principale que de spéculer, toujours spéculer et encore spéculer... La puissance attractive du marché, par la cote des oeuvres, éloigne l'artiste de sa motivation principale, qui est de créer pour communiquer, dire ce qu'il a à dire et pouvoir ainsi partager, ses idées, sa vision, sa sensibilité, avec le monde extérieur. Or, pour la plupart des acheteurs, ils connaissent l'oeuvre, le nom de l'artiste, mais rarement l'artiste. Donc, on passe peut-être à côté de l'essentiel !

maosaittout


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2 réactions à cet article    


  • La mouche du coche La mouche du coche 14 juillet 2012 08:17

    Cet article sur l’art semble être lui-même passé à coté de l’essentiel. Au lieu d’art, il ne nous parle que d’argent. smiley


    • latortue latortue 14 juillet 2012 09:28

      Si vous voulez acheter une toile faite le, mais seulement a l’artiste lui même court-circuitez cette engeance de profiteurs qui souvent d’ailleurs font signer a l’artiste une exclusivité de vente et profite de son talent si il en a et si il n’en a pas le mette en avant en le faisant coter rien de plus facile .la force de ces gens là c’est de posséder des galeries et d’avoir un carnet d’adresse mais qui ne profite qu’a eux pas aux artistes .pour les artistes on peut louer une galerie inutile de passer par cette engeance et un carnet d’adresse ça se construit en se groupant .
      je connais nombre de petit malin ,vendeur de leur état appelé pompeusement ’’courtier’’qui achètent des queues d’atelier ou fond d’atelier, de peintre décédé , a la famille qui après s’être servie ne sais plus que faire des dizaines souvent centaine de toiles,les marchands font coter les toiles en les mettant en salle des ventes et en les rachetant eux même cela ne leurs coutent que les frais de vente , souvent bien moins élevé que les vôtres, parce que en compte avec le commissaires priseur ,une fois côté la valeur des toiles seulement 5 ou 6 pour ne pas saturer le marché est établie et ces messieurs arnaquent le gogo avec cette côte artificielle qui s’écroule totalement quand la source est tarie .Voila la magouille fonctionne depuis des années et je suis heureux de la dénoncer ici .
      Quand on achète une peinture une toile d’un artiste c’est qu’elle nous plais ,on ne l’achète pas a cause de sa côte mais de son propre gout ,les snobinards et les vantards sont souvent punis pour avoir cédé a tenter un investissement sur une toile chez ces fameux courtiers en art qui ne sont que des profiteurs qui vivent au crochet des artistes .
      achetez a l’artiste et achetez une toile parce qu’elle vous plais, pas a cause de sa cote car cette côte est plus qu’aléatoire surtout pour la peinture contemporaine .Vous aiderez l’artiste car peindre coute chère en peinture toiles et pinceaux ,de plus souvent ces artistes ne vendent pas très chère et sont tres sympathique en plus cela leur permet d’exister .
      merci

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