Le « tsunami bleu » des élections européennes a balayé en France l’humaniste Bayrou, et risque fort de submerger l’idéal des philosophes des Lumières qui s’était répandu dans toute l’Europe ; idéal qui plaçait les valeurs humaines au-dessus de tout : au-dessus de l’avoir et du paraître, au-dessus de Dieu, surtout. C’est dorénavant le « bling-bling » qui prévaudra ! Mais ce n’est pas le plus grave. Le plus grave, c’est l’infléchissement de l’Europe entière vers l’intolérance ; intolérance accompagnée de son inévitable corollaire : la haine de la « différence »... comme deux faces d’une même médaille.
Aussi, plus que jamais : Soyons singuliers, soyons subversifs !
A l’heure où un Nicolas Sarkozy voudrait créer une société de clones, un plaidoyer pour la singularité tel que celui-ci, s’avère hautement subversif...et salutaire !
Sous la férule de ce Janus des temps modernes, qui sait si bien dissimuler sa vraie personnalité sous les oripeaux de "l’ouverture" et de la "diversité", cultiver notre originalité devrait devenir une de nos priorités.
Derrière ces deux trompeuses expressions se cache le noir dessein d’affaiblir le parti socialiste, en pratiquant "l’ouverture à la diversité des félons".
"Coué-Sarkozy" a donc réussi le tour de force de faire passer d’ambitieux transfuges de gauche pour de nobles individualités au-dessus des clivages politiques ! Quant aux autres, ceux qui ont su résister au chant des sirènes, leur loyauté envers leur camp ne serait en comparaison qu’un attachement excessif et dérisoire à une "idéologie" (terme à connotation péjorative, asséné comme une suggestion hypnotique) étriquée et dépassée. Belle inversion des valeurs, en vérité !
"Merlin le Désenchanteur" a fait ainsi d’une pierre deux coups : parer des traîtres de vertus imaginaires, tout en dénigrant insidieusement des personnes droites et intègres !
Si nous les laissions continuer sur leur lancée sans dénoncer leur perfidie, notre "apprenti-gourou" et ses serviles adeptes finiraient par atteindre leur objectif caché : l’émergence d’une phalange politique élitiste et sectaire, aussi unique qu’inique !
Aussi devrions-nous brandir notre "différence", quelle qu’elle soit, comme une arme contre tous ces "politichiens enragés" qui rêvent de nous transformer en troupeaux de ruminants, broutant leurs idées "au ras des paquerettes" !
Et faisons dégringoler de leur piédestal, par l’exercice de notre insolente sagacité, ces idoles de plâtre et de néant qui nous gouvernent : leur ego maladif et boursoufflé, taraudé par la peur de la liberté de l’autre, les pousse à vouloir nous imposer leurs conceptions archaïques et nauséabondes.
Oui, apprenons à mépriser ces ridicules marionnettes qui croient tirer les ficelles, et battons-nous contre toutes les idéologies, d’où qu’elles viennent, quand elles se font coercitives et intrusives ; luttons pour une véritable ouverture d’esprit, comme celle que l’on devine en filigrane derrière cette réflexion de Paul Valéry : "Je trouve indigne de vouloir que les autres soient de notre avis. Le prosélytisme m’étonne."
Quel plus bel éloge de la singularité que celui-ci ?