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La vie en 11 leçons

La vie en 11 leçons.

On trouvera ci-dessous les 11 leçons (1) de vie à l’usage des jeunes gens de bonne famille qui sont indécis sur leur avenir. Ceux qui feront le bon choix, trouveront dans ces leçons (inter-, trans- et pluridisciplinaires) un avant goût de ce qu’ils auront à faire. On trouvera à ces fins quelques tutoriels.

Les leçons (qui pourront être lues au premier ou au deuxième degrés) sont conclues par des formules inspirées des vieux préceptes d’instruction civique (mais plus modernes que ces derniers), dont les jeunes d’aujourd’hui ne doivent pas être privés.

Pour éviter les aléas attachés aux abstractions, nous avons limité nos conseils à la reprise de techniques et de méthodes qui ont été utilisées (et continuent à l’être) et dont l’efficacité est attestée par les résultats. (2)

Leçon 1. Leçon de métaphysique

On trouve dans les déclarations de droits, des principes du genre : « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits … ».

Cette trouvaille des bourgeois de la fin du 18° siècle avait pour objet de justifier les changements dont ils avaient, eux, besoin. Mais l’égalité et la liberté se limitaient à eux : ils ont veillé à ce que leurs salariés marchent droit : ne se syndiquent pas, ne fassent pas grève et ne votent pas. Pour cela, ils ont créé d’autres concepts (comme la souveraineté « nationale » et l’électorat « fonction ». Et ont fait voter par leurs mandataires, des lois adaptées à leurs intérêts (décret d’Allarde, Loi le Chapelier, …) Quant aux plus pauvres, ils avaient intérêt à se tenir tranquilles, puisque leur situation tombait souvent sous le coup de la loi pénale.

La réalité, c’est que l’on ne nait pas égaux. Et qu’on le demeure encore moins. 

-  ni juridiquement ( le bébé né esclave, ou né fils de roi n’ont pas le même statut juridique ; plus tard, quand un homme politique de premier plan ou qu’un petit entrepreneur mettent les doigts dans la confiture, le régime pénal auxquels sont soumis ces deux hommes n’est pas le même, etc… etc…),

-  ni économiquement ( le fils de chômeur n’est pas dans la même situation que le fils du banquier, du médecin de renom ou du haut fonctionnaire), 

-  ni physiquement ( exemple du bébé aveugle) , 

-  ni psychologiquement : on ne peut que constater l’existence de gens intelligents, travailleurs, fainéants profiteurs, idiots, altruistes, égoïstes, dominateurs, soumis, etc… bien que tous soient nés de la même manière. Différences qui s’analysent en des inégalités ou les perpétuent en les aggravant.

Et, tous ces facteurs se combinant, « on » ne nait nullement « égaux ». On ne le demeure pas plus.

Ce qu’il faut retenir : Puisqu’on n’est pas égaux, mieux vaut être du bon côté.

Remarque importante : le « bon côté » est actuellement celui du 10 % de la population qui détient les 90 % de la richesse. Dans les leçons qui suivent on ne distinguera pas selon que le 10 % est, à tel moment, à tel endroit ou dans tel secteur, à direction nationale ou étrangère. Un indice sur la nationalité en question est donné par la nature des textes qui favorisent les intérêts du 10 %. Des lois locales pour le 10 % national ; des traités pour le 10 % étranger. Un autre indice se trouve dans la nationalité des chefs militaires d’une coalition, ou des troupes d’occupation.

Leçon 2. Leçon d’histoire (et de logique).

Depuis toujours et partout, sauf exceptions, les sociétés ont fonctionné selon un modèle simple : une minorité capte l’essentiel des richesses. Et, selon une règle élémentaire, le fort ne se fait jamais commander par le faible (3).

Pour les individus, le choix de vie est en conséquence : ou bien on est dans le camp du 10 % (ou on essaie d’en faire partie), ou bien on se contente d’être en dehors et de vivre moins bien ou franchement mal … si le 10 % en décide ainsi. (NB. aspect caché de la théorie du ruissellement, évoquée dans la leçon 11, point d). Surtout que le 10% ne peut prospérer que si les autres, soit travaillent pour lui, soit lui achètent quelque chose, soit lui empruntent de l’argent.

Les laissés pour compte, que cette situation engendre, ne doivent alors rien coûter à la minorité. Faire du caritatif, du social, être attentif à l’intérêt général, veiller au bien être de son voisin (et lui demander s’il est content), protéger ou prolonger la vie des autres… coûte de l’argent (payer des impôts, diminution des marges, payer la dépollution de ses propres activités…). Donc est contraire avec l’objectif ci-dessus.

Quand on veut faire de l’argent, il y a des techniques à utiliser. Qui n’ont à être jugées que par rapport à leur efficacité au regard de l’objectif.

Ce qu’il faut retenir : Quand on surveille son porte monnaie, on ne regarde pas ce qu’il y a dans les assiettes des autres.

Leçon 3. Leçon de criminologie

Dans toute société il n’y a peut-être pas des criminels nés (v. Cesare Lombroso). Mais il y a des ennemis nés ou à naître, beaucoup plus nombreux et dont il faut également de protéger. Qui sont :

1/ la masse des individus qui est lasse d’être obligée de donner son argent à la minorité, et ceux qui souffrent cruellement du système.

2/ Ceux des dirigeants politiques qui ont réussi à s’installer aux commandes de l’Etat, ne sont pas achetables, et qui se sont mis en tête de supprimer la création de la monnaie par le système de prêt, et de travailler à l’intérêt général.

3/ les amis du moment qui, d’un côté ont des intérêts communs à défendre le système (inégalitaire), mais qui, d’un autre côté, ont des intérêts divergents à un autre moment ou dans d’autres domaines, ou qui veulent tout simplement prendre votre place pour augmenter d’autant leur part.

Ce qu’il faut retenir (s’agissant de ce qu’il faut faire, v. le détail dans les leçons qui suivent) : Ce qui fait mal dans la vie ce n’est pas ce qu’on fait, c’est ce qu’on subit.

Leçon 4. Leçon de ressources humaines

Si l’on veut arriver à être et à demeurer dans les 10%, il faut des alliés et des hommes de main. Qui sont :

1a/ les dirigeants politiques dont la tâche est d’utiliser leurs compétences décisionnelles, pour imposer aux citoyens les intérêts du 10 %. Qui inscriront dans les textes (traités, lois, décrets) des règles et des techniques qui permettront au 10 % de gagner, conserver et accroitre son argent (leçon 9). Et qui signeront (ou feront signer) les contrats favorables au 10% (et à eux : v. la leçon 10 sur les commissions / rétro commissions).

1b/ dirigeants politiques qui déclencheront, si besoin est, des opérations militaires ou des guerres (acquérir ou con trôler le territoire d’autres Etats, protéger des marchés, éviter la prise de pouvoir par des régulateurs de l’économie). Opérations guerrières qui permettront accessoirement de se débarrasser des laissés pour compte et contestataires en les envoyant sur les champs de bataille. Opérations qui seront source de divers profits (prêts bancaires et vente d’armes aux belligérants ; prêts et chantiers de reconstruction). Guerre, enfin, pouvant servir d’exécutoire à une situation devenue inextricable et pouvant éviter la prise du pouvoir par des personnes hostiles aux intérêts du 10 % , à ses pratiques et aux techniques qu’il utilise.

Important. Mettre la main sur le chef de l’Etat ou le Premier Ministre est essentiel : a) certaines des décisions attendues (v. ci-dessus) ne peuvent être prises que par ces derniers ; b) ils dominent les appareils des partis dont les parlementaires sont issus et tributaires ; c) ils ont l’un ou l’autre, l’initiative des lois, et peuvent prendre certaines décisions eux-mêmes ; ils signent les traités. d) ils ont un pouvoir de commandement sur l’ensemble de la fonction publique.

Précisions : dans un pays donné, le vivier des alliés et hommes de main ne comprend pas que des individus d’un même parti. Les alliés et hommes de main sont et doivent être recrutés partout (la règle « how much ? » étant d’application transpartisane). Au sein d’une même organisation, il peut y avoir compétition entre plusieurs « poulains », « young (ou old) leaders », pour l’accession au même poste. Ce n’est pas grave. Au contraire. Si l’un échoue, un clone est prêt à prendre la place. Dans certains cas, il peut aussi être opportun de fabriquer et de lancer un candidat qui ait les apparences du « neuf » lorsque ceux qui se lancent sont en perte de vitesse ou se sont démonétisés.

Par ailleurs, il est utile 

-  d’œuvrer à la multiplication des candidats contestataires (qui ne donneront aucune chance à la contestation) et 

-  de favoriser l’abstention : l’abstention au moment des votations, c’est comme l’abstention dans la motion de censure : elle profite aux gens en place, donc par voie de conséquence, au 10 %.

2/ les autres convertissables (syndicalistes, hauts fonctionnaires, etc…) qui participent, chacun en ce qui le concerne, au fonctionnement et à la transformation éventuelle du système.

3/ divers groupes ou forces qui, à un moment donné, peuvent affaiblir l’adversaire de l’intérieur ( v. leçon 10)

4/ les manipulateurs dont le rôle est d’anesthésier la majorité de la population (surtout les couches les plus défavorisées qui sont potentiellement les plus couteuses). Et dont l’une des tâches est de convaincre les victimes du système de le supporter, voire de l’accepter. Par exemple en les faisant voter pour les mandataires du 10 %. ( leçon 11).

5/ les religieux qui, d’un côté, « politiseront » leurs ouailles, mais juste pour les ranger du côté du 10 %. Et qui, d’un autre côté les « dépolitiseront » en donnant un dérivatif métaphysique (bonheur renvoyé dans l’au-delà) et un traitement facultatif et d’ordre caritatif (bonnes œuvres), aux conséquences négatives (sociales et humaines) de la sauvegarde des intérêts du 10 %. NB. Dans la même logique, ont la même utilité les organisations nationales ou internationales spécialisées dans le pansement d’une petite partie des dommages collatéraux engendrés par les mêmes politiques.

6/ des délinquants et autres voyous auxquels sera confiée l’exécution de tâches nécessaires, mais à risque : transporter l’argent sale et le remettre (commissions, rétro commission, financements de partis ou d’individus) aux décideurs actuels ou potentiels.

Remarque à l’usage des jeunes : le 10 % peut offrir ces activités bien rémunérées à des personnes ne sortant pas d’une grande école. Les jeunes auto-entrepreneurs autodidactes intéressés prendront connaissance des techniques à utiliser pour y parvenir. En étudiant le CV de quelques personnes connues ( v . internet et lire ouvrages qui sont consacrés au parcours de certains individus, ou qui ont traité des « affaires » célèbres jugées ou en cours de longue instruction).

Ce qu’il faut retenir : Dans la réalité, Il faut toujours dissocier la respectabilité de l’efficacité.

Leçon 5. Leçon d’économie politique.

Liste des opérations à faire réaliser par les politiciens amis ou acquis.

1/ Leur faire émettre la monnaie par les banquiers privés. C’est la première chose à leur faire faire (quand ce n’est pas déjà fait) :

Les avantages sont immédiats : l’opération ne coûte rien aux banquiers qui prêtent à l’Etat de l’argent qu’ils n’ont pas, et qui n’existe pas au delà d’un simple jeu d’écritures. Mais ça leur rapporte puisque les contribuables paient les intérêts sous forme d’impôts. Les reconnaissances de dette de l’Etat sont revendues. Ce qui contraint l’Etat, en cas d’abus des banquiers, à utiliser l’argent des contribuables pour sauver les économies des petits épargnants qui se sont fait « avoir » Ce qui fait que les banquiers peuvent continuer...

Sur l’enjeu de principe, se rappeler : « donnez-moi le droit d’émettre et de contrôler la monnaie d’une nation, et alors, peu m’importe qui fait les lois » (Mayer Amschel Rotschild, qui a réussi, ainsi que des descendants, dans la profession).

a) Le système d’émission de la monnaie sous forme de prêts permet aux banquiers de faire le « chantage » suivant (qui va leur permettre de contrôler la politique) : si vous ne faites pas ce que je veux, je monte le taux d’intérêt. Et si les politiques s’avisaient de ne pas le faire, les banquiers mettraient leur menace à exécution. Puisque toute l’économie fonctionne avec les prêts, des entreprises seraient en difficulté et licencieraient. Une crise sociale (voire économique et financière) s’ensuivrait qui se terminerait par le départ des dirigeants réfractaires aux intérêts des banquiers.

b) Le système de financement de l’Etat par les prêts engendre une dette. Laquelle limite les possibilités de financement de l’Etat. Ce qui incite mécaniquement à la privatisation des activités de service public (ou à leur suppression s’ils ne rapportent pas assez aux entrepreneurs privés).

L’incitation peut être transformée en obligation : par des traités, ou par des « plans d’ajustement structurel » selon les cas.

c) S’agissant de monnaie, une deuxième chose peut être demandée aux politiques. C’est qu’ils choisissent une monnaie (créée évidemment sous forme de prêts), comme monnaie pour les échanges internationaux Car les banquiers émetteurs peuvent ensuite contrôler les Etats étrangers, un peu à la manière dont ils contrôlent l’Etat dans laquelle ils sont les émetteurs de la monnaie. Les politiciens locaux se mettront alors nécessairement au service du 10 % … étranger.

2/ Leur faire transformer les « services publics » en activités commerciales.

Explication. Les services publics sont des activités qu’il a été jugé nécessaire, à une certaine époque, de confier aux personnes publiques. Soit pour que ces dernières les gèrent elles-mêmes, soit pour qu’elles les encadrent de près. 

-  Parce ces prestations étaient jugées nécessaires à la vie ou à la dignité des citoyens (santé, enseignement, transports en commun, eau, téléphone, courrier etc…). Et parce que l’initiative privée s’en désintéressait, ou ne pouvait faire les investissements nécessaires, ou la faisait payer trop chère pour que tout le monde y ait accès. 

-  Ou parce qu’on considérait que seul l’Etat devait s’en occuper (police, justice).

Beaucoup de ces activités étaient ou sont devenues potentiellement très lucratives. D’où l’intérêt qui s’attache à ce que les politiques aident les financiers et les entrepreneurs privés à les recueillir. (Et que les citoyens soient préparés à ne pas voir ce qu’ils vont perdre à terme).

a) Les politiques transforment petit à petit le statut des « services publics » ( service ou établissement public administratif, puis service public industriel et commercial, puis société anonyme d’économie mixte, puis les parts de la puissance publique sont vendues)

b) Les politiques concèdent des activités régaliennes à des opérateurs privés. En jouant si besoin sur les théories juridiques avec la bienveillance des juges pour contourner un principe par un autre (comme la police à des sociétés privées de gardiennage, fouille des bagages aux aéroports, ramassage des –anciens- PV de stationnement, etc. etc.)

c) Les politiques acceptent que la compétence des juges recule au profit d’arbitres désignés par les parties pour faciliter la mise sous tutelle de l’Etat par le 10 %

3/ Les politiques liquident le patrimoine de l’Etat (id avec celui des collectivités territoriales) Et ils transforment l’Etat en locataire de ses bâtiments.

a) L’Etat étant endetté du fait de ce que les politiques amis ont accepté d’organiser -voir a) ci-dessus- les politiques en question (ou leurs successeurs) pourront alors vendre les biens de l’Etat. A des prix intéressants pour les acquéreurs. Puisqu’il n’est pas possible (pour éponger la dette qui grimpe à l’infini), d’augmenter à l’infini les impôts surtout quand les politiques veillent à diminuer les impositions du 10 % .

b) Les politiques devront par ailleurs développer le système du « partenariat public-privé », qui consiste à faire des collectivités publiques des locataires (à prix d’or) des bâtiments dont elles ont besoin pour gérer les activités qu’il leur reste.

Ce qu’il faut retenir : Plus c’est gros, plus ça marche. Plus ça marche, plus ça rapporte gros.

Leçon 6. Leçon de droit administratif spécial

Tout pouvoir de décision dans le domaine économique et financier doit être enlevé à l’Etat (c’est à dire à l’entité abstraite constituée cependant d’individus, censée décider au nom de l’ensemble de la population, personnes modestes comprises). L’Etat doit devenir spectateur des décisions économiques et financières prises en dehors de lui.

1/ Le pouvoir des institutions nationales doit être distribué

a) à des trusts par branche qui sont, sur le modèle de la CECA, gérés par des organismes techniques agissant pour la profession et échappant au contrôle des institutions émanant de l’élection

b) à des autorités « administratives » indépendantes, et à des syndicats professionnels.

c) aux collectivités territoriales qui ne pourront pas s’opposer aux désirs des forces économiques et financières. La décentralisation permet en outre de faire supporter la charge des services publics résiduels par d’autres contribuables que les « gros » contribuables nationaux soumis à divers impôts qui les frappent trop lourdement à leur goût (- IS, IRPP-), même lorsqu’ils y échappent. NB. Le démembrement des Etats étrangers a, mutatis mutandis, le même objectif et le même effet.

2/ le lien direct entre les citoyens et l’Etat, doit être remplacé par l’organisation de la société en communautés, défendant chacune des intérêts particuliers et antagonistes.

3/ la loi est remplacée par une multitude d’accords dont l’un des contractant est le 10 %. Qui peut, puisqu’il est le plus fort, imposer ses conditions.

Ce qu’il faut retenir : Quand il n’y a plus d’Etat, ni de lois de l’Etat, il reste le 10 % et sa loi du plus fort.

Leçon 8. Leçon de finances publiques.

Les décideurs doivent diminuer les impôts du 10% et ne pas réprimer en droit ou en fait l’optimisation ou la fraude fiscales. Et doivent baisser les charges. Il doivent organiser la diminution des frais de main d’œuvre : - paiement par les contribuables d’une partie des salaires versés par les entreprises (primes diverses et allégements fiscaux) ; - provoquer de la baisse des salaires : suppression du droit du travail ; maintien d’un volant suffisant de chômage ; utilisation des étrangers (à l’extérieur ou à l’intérieur des frontières) à bas coût pour fabriquer les produits vendus sur le territoire national.

Ce qu’il faut retenir : Pour payer moins, il faut que les autres paient plus ; pour avoir plus, il faut que les autres aient moins.

Leçon 9. Leçon de droit constitutionnel

Dans tout groupe humain, les plus forts ont la tendance naturelle de ne pas se faire commander par les plus faibles. Le commandement doit être assuré par (ou pour) le 10%. Dans la logique de ses intérêts. Et dans la logique de l’ordre naturel des choses.

Il en résulte que les plus forts sont « obligés » de transformer en gens de maison, les personnes investies d’un pouvoir de décision dans l’Etat.

Certes « on » (les intéressés) fait bien en sorte de payer les membres de la sphère décisionnelle suffisamment pour qu’ils ne soient pas corrompus. Mais quand ils ont ce qu’il faut, certains ne peuvent s’empêcher d’avoir envie de plus. (Dans un contexte dans lequel on peut gagner plus sans travailler plus).

La méthode recommandée de gestion des personnels est simple.

1/ On les fait fréquenter le monde du 10 %.

En les faisant entrer, ainsi que le personnes ayant une potentialité intéressante, dans les réseaux du 10%. Réseaux au sein desquels sont discutés et arrêtés les objectifs à atteindre. Au sein desquels les titulaires des postes-clés de l’exécutif et du législatif, se rendent concrètement compte de l’étendue du maillage réalisé par le 10 % et de sa force. Et peuvent localiser le centre réel d’inspiration de l’action politique. En prenant conscience que ne pas être en communion de pensée avec le 10 % ne peut avoir que des effets négatifs sur leur gagne pain. Et en les comblant de cadeaux : vacances payées, invitations à fréquenter le « beau monde » et à prendre goût à son mode de vie et à partager ses valeurs et ses intérêts. Car lorsqu’on reçoit des cadeaux, on hésite à être ingrat.

2/ On les paie. Les personnes prétendant à des fonctions publiques sont vulnérables comme tout le monde. Il faut exploiter leurs faiblesses. Surtout que l’enjeu est de taille : postes enviés, honneurs, considération et des avantages financiers divers qui y sont liés. Sont particulièrement vulnérables les individus qui ont entrepris de gagner leur vie « dans la politique » sans avoir eu jamais de vrai métier, ou en ayant eu une activité professionnelle très courte. Très vulnérables, puisque s’ils sont privés de politique, ils ne sont, ni n’ont plus rien. D’autres personnes, ayant exercé une profession réelle, jouissent es qualité d’un bon profil pour entrer en politique. Par ex. l’avocat qui a mis au point des montages pour faire échapper de gros clients à l’impôt. Parce qu’installé dans des fonctions publiques, l’individu en question ne détricotera assurément pas les mécanismes frauduleux qui l’ont fait vivre et qui peuvent encore lui procurer des honoraires une fois revenu à la vie civile.

Les modalités du paiement :

a) Le paiement immédiat. Evidemment en passant à travers les interdictions qui s’ajoutent (vainement) les unes aux autres : 

-  financement du parti, dont les dirigeants veilleront en conséquence à l’orthodoxie de pensée et à la soumission de la troupe (dont les membres désintéressés, honnêtes et bardés de vertus sont englués dans cet état de fait au moment où il leur faut obtenir ou renouveler leur investiture), 

-  financement de la campagne électorale de certains, avec possibilité de prélèvements sur les fonds en question.

b) Le paiement différé : récompense de bons et loyaux services (comme parlementaire ou comme membre de l’exécutif) par des postes bien rémunérés à la sortie des fonctions. Poste dans tel conseil de surveillance ou de direction d’une entreprise, dossiers confiés à ceux qui se sont (ou étaient) inscrits au barreau, paiement d’expertises ou de rapports, de consultations, de conférences ... (dont la qualité et l’utilité peuvent être inversement proportionnels au montant des honoraires) Ce système de paiement différé est applicable aux hauts fonctionnaires qui sont utilisés par les politiques pour la réalisation de leurs tâches.

NB. Quant aux syndicalistes modérés ou complaisants, ils ne sont pas tellement exploitables dans les sociétés privées : on veillera à ce que les politiques les fassent nommer dans une institution nationale ou internationale dans laquelle ils augmenteront leurs fins de mois.

Ce qu’il faut retenir :

Le nerf de la guerre c’est l’argent, le nerf du fonctionnement opportun des pouvoirs publics constitutionnels aussi : « How much ? » (« combien tu veux ? »)

Leçon 10. Leçon de self-défense.

Explication : ceux qui poursuivent l’intérêt général ne peuvent le faire qu’avec un système de redistribution de l’argent de là où il est, vers là où il n’est pas. Ce qui, par voie de conséquence, coûte ou risque de coûter au 10 %. Ces mêmes veulent réguler l’économie, et respecter la souveraineté des Etats étrangers en s’interdisant d’intervenir dans leurs affaires intérieures. Ce qui est un non sens et contreproductif pour le 10%.

Il est donc nécessaire d’empêcher de nuire ceux qui poursuivent l’intérêt général). Il existe une panoplie de mesures, chacune étant adaptée aux circonstances de temps ou de lieu.

1/ Les tuer. Dans ce cas là, on utilise les services spéciaux. Lesquels peuvent accomplir eux-mêmes la tâche (accident, poison, suicide, mort non élucidée, … ) ou à la confier à un individu fragile, lequel sera éliminé après l’acte accompli.

2/ Les contraindre à laisser la place par les voies « démocratiques ». Par ex. en provoquant (hausse des taux d’intérêts, baisse du prix d’un produit exporté, hausse du prix d’un produit importé,…) une situation économique difficile pour une partie de la population (restrictions alimentaires, chômage, pénuries diverses, maladies non soignées). Difficultés qui susciteront le mécontentement et conduiront au changement du gouvernement lors des élections suivantes.

3/ Organiser un coup d’Etat militaire. Dont les auteurs mettront sous les barreaux ou devant les pelotons d’exécution les dirigeants renversés (qualifiés pour l’occasion de communistes, bolchéviques, dictateurs, bourreaux , corrompus, …)

4/ provoquer une guerre civile : il suffit de financer et d’armer des combattants, en les recrutant si besoin est (quand les opposants locaux ne sont pas assez déterminés à en découdre par la violence) à l’extérieur. Quand l’armée régulière est défaite, on peut alors s’entendre avec le nouveau pouvoir (que l’on met en place). On peut aussi tirer profit du chaos pour traiter (moyennant rétribution) avec les chefs des factions. Chaos qui peut être entretenu aux fins de justifier le maintien de quelques troupes d’occupation. NB. La guerre civile est recommandée : elle évite de déclencher à visage découvert une agression militaire (extrêmement onéreuse) contre un pays souverain, puis de devoir prendre en charge l’occupation du territoire. Occupation qui a l’inconvénient supplémentaire de finir par susciter des réactions des populations locales.

5/ La non agression n’empêche pas d’installer des bases militaires autour d’un pays représentant ou pouvant constituer à terme, seul ou en groupe, un danger pour la suprématie financière et économique du 10 %. La menace militaire peut en outre conduire les encerclés et menacés à consacrer pour leur défense, de l’argent qui manquera pour le maintien du niveau de vie de population. Laquelle se retournera à terme contre les dirigeants. D’autant plus facilement qu’elle y sera aidée de l’extérieur.

6/ dans l’ordre interne, on peut affaiblir un parti ou un syndicat « ennemis » en finançant une tendance ou un groupe au sein de ces organisations. Ce qui peut aboutir à une scission. Quand le travail est fait, on coupe les vivres et on se retourne contre la faction.

Ce qu’il faut retenir : Le plus fort n’a pas à se faire embêter par le plus faible (3).

Leçon 11. Leçon de psychologie

Pour que le fonctionnement de la société soit organisé dans et pour l’intérêt du 10 % sans que la population ne s’en rende compte il faut mettre en œuvre (et financer) diverses techniques de manipulation. Puisque les êtres humains sont manipulables, il suffit simplement d’utiliser la technique adaptée. Et d’avoir des manipulateurs de qualité à disposition. Qui sont :

1/ les politiques eux-mêmes. Il faut leur faire dire aux électeurs ce que ces derniers veulent entendre. Et, une fois élus, leur faire patienter les citoyens jusqu’à la prochaine échéance électorale. Par des mensonges ou des argumentaires spécieux s’il le faut, pourvu qu’un mot bien choisi ou une formule bien travaillée fasse vibrer la corde sensible ( gouverner par ordonnance facilite le dialogue (sic) ; les travailleurs détachés doivent être dans la même situation (sic) que les salariés français ; etc…)

2/ Les médias (ceux qui sont le plus suivis par l’électorat et qui déterminent le vote : télévision, radio, presse écrite). Il faut les contrôler en les faisant acheter par les membres du 10%. Lesquels médias recruteront des collaborateurs (journalistes, animateurs, et autres…) qui, moyennant une bonne rémunération, mettront leur liberté de penser et de parler au service des intérêts du 10 %. En diffusant le message qui doit être cru. En répandant de nouveaux concepts de civilisation (comme le dogme de « compétitivité » qui doit remplacer le concept « d’intérêt général »).

Voire, qui provoqueront chez le citoyen un réflexe d’hostilité à toute réflexion, de cécité aux informations, et de rejet d’office des argumentaires non conformes.

D’où la nécessité de programmes radio et télé, d’articles, suscitant la passivité des spectateurs ou du lecteur (bref la paralysie intellectuelle). Avec la panoplie habituelle des techniques connues : faits sélectionnés ou occultés, fausses informations, sondages truqués, répétés en boucle, faits remplacés par les opinions conformes émise par des journalistes, philosophes, spécialistes (dont les universitaires complices sont les meilleurs agents). Etc…

3/ réseaux : il faut

a) créer et contrôler les réseaux de formation de l’opinion (comme les associations de défense des droits de l’homme n’intervenant qu’en cas de mise en œuvre de régulations par une équipe gouvernementale),

b) organiser des colloques (pseudo) scientifiques sur la description du système présenté comme évident et inchangeable,

c) contrôler les institutions savantes par le placement en leur sein de « spécialistes » diffusant des thèses favorables aux 10 %. Par exemple : colonisation d’universités par des adeptes de la philosophie économique de Milton Friedman qui formeront les étudiants à l’idéologie et aux techniques de gestion des intérêts du 10 %.

4/ utiliser des connaissances de la psychologie humaine, pour obtenir des citoyens qu’il réagissent comme on le prévoit, et au bon moment. Parmi de nombreux exemples :

a) les tendances xénophobes sont exploitables pour faire oublier la cause réelle des difficultés et attribuer ces dernières aux étrangers. Ce qui a en outre pour effet bénéfique d’enlever des militants et des électeurs aux partis prônant la régulation de l’économie par l’Etat, et de les transférer vers des organisations de « droite » extrême. Dont les dirigeants, en cas de victoire électorale, combattront (comme les autres de la droite « républicaine ») les idées de régulation de l’économie. Et pourchasseront les syndicalistes et combattront leurs revendicatons.

b) les sentiments de honte de soi ou de l’autre : ex. : la honte de l’échec (scolaire) permet de faire admettre aux strates « inférieures » qu’elle n’accèdent pas aux études ou qu’elles en soient ( v. les statistiques) prématurément exclues. La honte d’avoir perdu son emploi, permet de transformer la victime en accusé (fainéant, profiteur, …). Désir présenté comme honteux, de vouloir conserver son salaire ou son statut protecteur, … après que le 10% a fait baisser les rémunérations des autres et a obtenu la précarisation de l’emploi.

c) l’exploitation des déficiences et défaillances de quelques individus pour justifier (par un raisonnement syllogistique osé, mais efficace) non, l’amélioration du fonctionnement d’un service public, mais sa suppression et son remplacement par un opérateur privé. Quelques illustrations : -, « Certains fonctionnaires font mal leur travail ? » - il faut privatiser. – « Certains allocataires d’aides sociales fraudent ? » - Il faut supprimer la sécurité sociale et mettre en piste les assureurs privés.

Dans cette logique, on ne saurait exclure de provoquer le mauvais fonctionnement des services publics, ne serait-ce qu’en leur coupant les vivres (entre autres exemples : les urgences des hôpitaux publics).

d) les sentiments naturellement favorables aux droits de l’homme, sont exploitables pour faire accepter une guerre d’agression (et faire admettre les tueries) contre des dirigeants étrangers qui s’opposent aux intérêts des 10 %.

e) les exemples enfantins et syllogismes puérils doivent être multipliés parce qu’ils « marchent bien ». Exemple : celui qui engage une femme de ménage ne le fait que pour autant qu’il y en a les moyens financiers. Il faut donc permettre à des gens de devenir riches et de le demeurer si l’on veut que les gens humbles puissent manger (théorie du ruissellement). Autres exemples : Au Moyen Âge les pauvres hères qui mourraient de froid au fond des bois, étaient dévorés par les loups ; aujourd’hui ils meurent de froid, mais en ville, et ne sont plus dévorés par les loups. Jadis on se tuait sauvagement ; aujourd’hui les guerres sont propres, puisqu’on se tue à distance. Donc : merci au système financier et économique auquel on doit ces progrès.

etc. … Ces quelques exemples seront avantageusement complétés par les techniques répertoriées dans les études des techniques de manipulation. Ainsi que par le recensement des techniques mises en œuvre pour faire taire les réfractaires impénitents, comme le déclenchement de procédures désagréables ou coûteuses pour ceux qui en sont l’objet (- procès en diffamation, - contrôles fiscaux …). Mêmes si les procédures sont vouées à l’échec.

5/ tourner en ridicule :

a) ceux qui, un peu à la manière des sociologues, analysent le fonctionnement du système (et en dévoilent les rouages) : les qualifier de « complotistes », surtout lorsqu’on n’a pas d’arguments à leur opposer.

b) ceux qui proposent des mesures d’intérêt général : trouver pour eux quelques qualificatifs musclés : « déconnectés des réalités » ; « ringards » … … qui veulent retourner au passé parce qu’ils refusent , comme s’ils étaient atteints d’une maladie mentale, de tenir la « mondialisation » ( telle qu’elle a été fabriquée) pour une évidence indiscutable, incontournable et définitive.

c) ceux qui souhaitent redonner aux citoyens (indirectement) et aux élus (directement) le droit de définir et de changer de politique : les traiter de « souverainistes » en ajoutant que s’ils prônent le respect de la souveraineté (qui appartient aux citoyens … jusqu’ici dans le cadre national) c’est qu’ils ont en tête de faire vivre les citoyens en autarcie. comme au Moyen Age ou dans la forêt amazonienne ( quand on était privé et où on ne profite pas de la qualité de vie due aux appareils électro-ménagers … qui sont importés ).

d) ceux qui, dans l’une de ces catégories, aiment cultiver leur ego en paraissant sur les plateaux de télévision. Les inviter à participer à des spectacles dans lesquels on s’amuse de ce que dit l’invité et de l’invité lui même. En mettant en œuvre les recettes habituelles adaptées à ces fins (parole coupée ; procès d’intention ; propos déformés et tournés en ridicule par les autres invités présentés comme de vrais et respectables « spécialistes »). Spectacles qu’on fait suivre les jours suivants de commentaires négatifs sur la personne.

Ce qu’il faut retenir : puisque les êtres humains sont manipulables, on peut leur laisser le droit de vote.

Marcel-M. MONIN M. de conf. hon. des Universités. Docteur d’Etat en droit

 

(1) Chaque leçon est courte, mais l’ensemble est long. Il est possible de faire une pose entre chaque leçon.

(2) Les lecteurs avertis pourront d’ailleurs mettre un fait ou un nom (souvent plusieurs) en marge de chaque ligne.

(3) C’est pour cela que les plus faibles, quand ils réussissent à gagner quelque chose, ne le conservent pas longtemps. Cette remarque en amène une autre : il est utile de rechercher quel a été, dans l’histoire, l’élément déclencheur d’un « progrès social » ou d’une « avancée démocratique » (donc du partage de l’argent et/ou du pouvoir de décision). Elément déclencheur et facteurs favorables qui ont amené la classe politique au pouvoir à satisfaire les revendications des plus faibles pour rester au pouvoir ; ou qui a porté au pouvoir un autre personnel politique. (En attendant le retour à la norme). L’identification de l’élément déclencheur (l’angoisse ? / la peur du pire ? la colère ? … selon des hypothèses à vérifier) doit permettre de prendre des mesures qui peuvent en éviter la survenance.


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4 réactions à cet article    


  • Ruut Ruut 27 février 2018 18:44

    Bon texte tristement d’actualité.


    • Nrico Nrico 27 février 2018 19:22

      Merci pour le texte ! Impressionnant  smiley
      Il ne manquerai pas la Leçon 7 par hasard ??


      • BContaux BContaux 23 avril 2018 08:02

        Oui, j’aimerais également avoir la leçon 7. Pour compléter cet édifiant tableau. Merci !



        • Francis, agnotologue JL 23 avril 2018 08:31

          Tout ça est bien joli, mais tendancieux : en effet, le problème n’est pas les10% mais les 1% , voire 0,1 ... 0,0001
           
          En 1998, les 10% les moins riches avaient un niveau de vie de 7100 euros par an et par personne.
           
          En 2008, hors inflation, ce chiffre avait augmenté de 13,7%, soit 970 euros de plus.
           
          Pour les 10% les plus riches, ce même indicateur a progressé de 27,3%  : ça fait 11 530 euros en plus. 
           
          Et chacun des 0,01% les plus riche a gagné 360 000 euros de plus  !
           
          Ça donne deux informations : la première, c’est que les écarts se creusent, et la seconde, que la moyenne n’a pas grand sens…

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