• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Accueil du site > Tribune Libre > La Vie qu’on efface

La Vie qu’on efface

Une nouvelle loi belge, adoptée à une faible majorité, menace les bases même de la bioéthique européenne. Je veux la dénoncer avant qu’elle ne fasse tache d’huile et que de tels « progrès » ne voient le jour sur toute l’Europe.

Le parlement belge vient d’adopter un texte de loi sur la « procréation médicalement assistée ». Ce texte, loin de représenter un « exemple de progrès pour l’Europe » comme le voudraient certains des lobbies initiateurs, constitue sans doute la pire des régressions que nous ayons connues à ce jour en matière de bioéthique.

Pire que l’avortement et l’euthanasie qui reposent, eux, sur la prise en considération de la détresse des personnes, ici il ne s’agit que de satisfaire un désir, légitime peut-être, parfois, mais rien d’autre qu’un désir.

Dans ce texte, en effet, on organise la procréation médicale avec le souci constant du « désir d’enfant » des candidats, mais pas un moment en fonction de l’enfant à naître (dont il n’est, pour ainsi dire, jamais question).

C’est ainsi que cette loi va promouvoir les mères porteuses, les « projets parentaux » de personnes seules, de couples non mariés ou homosexuels, alors qu’en aucun chapitre l’intérêt, pourtant prioritaire, de l’enfant à naître, n’est pris en considération. Tous les psys raisonnables affirment pourtant ce qui devrait être une évidence aux yeux des législateurs : ce qui donne les meilleures chances pour l’éducation d’un enfant et donc son bonheur futur et celui de ses propres enfants, c’est d’avoir un Papa et une Maman, de les connaître, et qu’ils constituent, tout au long de sa vie, une cellule affective la plus stable possible. Or cette loi qui interdit de révéler l’identité des parents biologiques, n’exige aucune garantie de pérennité de la part des porteurs du « projet parental ». Ils ne doivent être ni mariés, ni même de sexes différents. Ainsi un homosexuel pourra, en toute légalité, s’offrir les services d’une mère porteuse qui lui livrera un enfant à sa guise, enfant qui ne connaîtra jamais sa mère. Que cet enfant parte dans la vie avec un handicap affectif plus que certain, ne semble pas perturber nos législateurs. Il faut d’abord satisfaire le désir du « père » homosexuel. (Evidemment les enfants à naître ne disposent pas, eux, des services d’un lobby puissant qui fait faire tout et n’importe quoi aux égarés, sans ligne morale, qui constituent les majorités de nos multiples parlements).

Le texte ne s’arrête pas là. Il permet aussi à des parents de se choisir un « bébé médicament ». C’est-à-dire un enfant dont l’embryon promet d’être le plus compatible possible et qui permettra donc des prélèvements qui aideront à soigner un grand frère ou une grande sœur malade.

Personne ne tient compte ici, aussi monstrueux que ça paraisse, de la réaction psychologique de l’enfant, le jour où il réalisera que sa conception même a été décidée, non pour lui seul, mais en fonction du fait que ses organes conviendraient le mieux pour soigner son aîné.

Par ailleurs, tout semble construit dans ce texte de loi pour éviter les tentations de commercialisation, d’une part, et d’eugénisme d’autre part. Tout ? Pas vraiment, car il ne faudrait pas que le désir d’enfant soit gâché le jour de la naissance où les parents découvriraient un enfant aux aspects non voulus. Pour éviter ce désagrément, le législateur semble trouver tout naturel que l’embryon soit choisi. Choisi non seulement parmi ceux qui semblent parfaitement sains, mais aussi dont les caractéristiques physiques ne soient pas trop dissemblables de celles des « porteurs du projet parental ». En d’autres mots plus francs et plus crus : il ne faudrait pas que ce couple de lesbiennes blondes se retrouve avec un bébé aux cheveux et à la peau trop foncés. C’est ce qu’ils appellent curieusement « l’appariement », de ce vieux mot choisi, sans doute, pour que ce dérapage manifeste ne soit pas trop clair aux yeux de tous.

Je passerai sur les banques d’embryons, comme sur les autorisations d’implantations après la mort du père, pour en venir au vice premier contenu dans ce texte monstrueux : sa définition de l’embryon. Une définition mensongère qui fausse tout mais sur laquelle il base toute sa logique.

Selon notre législateur l’embryon serait « une cellule ou ensemble organique de cellules susceptibles, en se développant, de donner un être humain ».

Et ceci est évidemment faux. L’embryon n’est pas « susceptible de donner » un être humain après un temps de développement. L’embryon est un être humain dès son apparition. En effet, aucun scientifique ne niera que, pour avoir un embryon, il faut et il suffit d’un ovule fécondé par un spermatozoïde. Avant la fécondation pas d’embryon, dès la fécondation une nouvelle vie apparaît. C’est indubitable. Or s’agissant d’embryon humain, il y a bien vie humaine, et donc « être » humain.

Les matérialistes devraient avoir le courage, au lieu d’effacer la vie humaine dans un texte mensonger, de regarder en face la réalité de ce qu’ils veulent.

Ils veulent pouvoir légalement manipuler la vie humaine afin de la faire correspondre aux désirs de l’hédonisme contemporain. C’est leur droit, mais c’est aussi mon droit et celui de tous les hommes de bonne conscience, d’en avoir honte pour eux, de considérer comme monstrueuse une telle loi et de la dénoncer comme appartenant à des régimes qu’on espérait révolus.


Moyenne des avis sur cet article :  3.32/5   (57 votes)




Réagissez à l'article

8 réactions à cet article    


  • aquad69 (---.---.33.228) 28 mars 2007 13:56

    Bonjour Godefroy,

    qui donc voyait la Belgique comme un petit pays sympathique et accueillant, un peu endormi et patrie des célèbres « histoires » ?

    Aujourd’hui vous êtes à la pointe du progrès !

    Le roman de Mr Truong (Jean-Michel, je crois), « Reproduction interdite » paraissait délirant il y a encore quelques années, mais on y vient, on y vient...

    Il y a malheureusement derrière tout ça des lobbies d’envergures non seulement européennes, mais mondiales, et l’adoption de ce genre de loi dans un des pays d’Europe n’est qu’une étape, une faille qu’ils vont bien sûr s’employer à élargir aux autres.

    Il y a du soucis à se faire...

    Merci de le dénoncer haut et fort, en tout cas, car la recherche de la discrétion est en général de mise chez ces gens dans ces cas là !

    Cordialement Thierry


    • en passant (---.---.234.241) 28 mars 2007 14:20

      > « Pire que l’avortement et l’euthanasie »

      J’en déduis donc que vous n’êtes pas favorable non plus à l’avortement et à l’euthanasie, c’est juste qu’ici, c’est encore « pire » pour vous. Si je fais cette constation, c’est parce que je trouve cela en contradiction flagrande avec votre auto-présentation : « inquiet de l’évolution de l’Europe qui perd ses libertés par peur de la morale et refus des valeurs universelles. ».

      > « Tous les psys raisonnables [...] c’est d’avoir un Papa et une Maman, de les connaître, et qu’ils constituent, tout au long de sa vie, une cellule affective la plus stable possible. Or cette loi qui interdit de révéler l’identité des parents biologiques [...] ».

      Faiblesse d’écriture ou volonté de votre part, mais dans tous les cas vous liez à tort deux choses : le fait de connaître ses origines biologiques, et le fait d’être élevés par deux hommes ou deux femmes. Dans le premier cas, il semblerait qu’effectivement un concensus grandissant se lève pour dire que la connaissance des origines est importante (d’ailleurs, l’APGL [1] a toujours demandé à ce que les enfants connaissent leurs parents biologique). Dans le deuxième cas, le consensus est pour dire qu’avoir des parents sociaux de même sexe n’est en rien un problème (si ce n’est encore le regard d’une certaine partie de la population).

      > « Il permet aussi à des parents de se choisir un « bébé médicament » »

      Tiens donc, je croyais que les médecins devaient s’assurer qu’il y avait un projet parental préalable, nous n’avons pas du lire le même texte de loi. À la limite, vous auriez pu parler des dérives possibles (car effectivement comment s’assurer qu’il y a bien projet préalable), mais cette présentation de mauvaise foi décrédibilise enocre plus votre écrit.

      > « L’embryon est un être humain dès son apparition »

      Vous posez ça comme une évidence, alors que si on pose à brûle-pour-point la question « qu’est-ce qui fait qu’on est homme et pas animal ? », les gens vous répondent du tac au tac (vous pouvez essayer, ça marche presque à tous les coups) la raison et la conscience. Or, cela fait bien longtemps que nous savons que la conscience ne se développe que bien plus tard, et qu’en tous les cas elle n’y est pas quand il n’y a qu’une cellule.

      [1]http://www.apgl.asso.fr/


      • Voltaire Voltaire 28 mars 2007 16:26

        J’abonde tout à fait dans le sens du commentaire précédent.

        Les postulats que vous posez sont sans doute d’inspiration religieuse, mais absolument pas scientifiques. Que ce projet de loi pose problème à certains croyants, cela peut se concervoir, mais ils sont libre de ne pas en utiliser les possibilités. En revanche, il est aussi important de permettre à ceux dont la philosophie diffère de penser et d’agir de façon différente. L’important est, en effet, le bien de l’enfant. Or, aucune étude ne démontre la supériorité pour l’enfant d’un modèle plus qu’un autre. C’est donc bien la qualité du projet parental qui doit toujours primer, peut importe les croyances.


      • (---.---.192.224) 30 mars 2007 17:00

        @Voltaire : je crois que l’important , c’est le bien être des individus dans une société. Si l’on fait intervenir la loi du plus fort ,ceci n’est plus possible puisque des individus se trouveront mal (les plus faibles) . Dans notre société actuelle, les faibles,les non-conformes,les veuves,les orphelins ,les enfants de certains divorces difficiles sont plus que rabaissés. Je ne parle pas des avortements pour erreur de date /aux congés...Les individus en souffrent,et l’état de notre société suit. Je suis témoin de réflexion du genre de la part d’enfants « tu crois pas que je travaillerai pour toi plus tard, tu ne fous rien actuellement (pour moi ?) » ; les personnes étaient sans travail rémunérés. Avec votre pseudo, vous devriez interpréter ceci afin de nous faire connaitre notre devenir.


      • nephilim (---.---.59.105) 29 mars 2007 09:49

        BEURRRRRKKKKKK voila ce que degage votre texte des relents d’une idéologie dangereuse et fort heureusement en declin :) votre combat n’est pas le mien et bien au contraire a l’opposé vous faites partie des gens dont les idées font assassiner, agresser des medecins qui pratiquent l’avortement vous etes des fanatiques qui au meme titre que les integriste islamiste detruise la vie au nom de dieu,vous ne meritez rien ha si .............si dieu existait (bon j’extrapole vraiment) vous iriez croupir en enfer pour l’eternitéeeeeeeeeeeeeeeeee. je ne vous salut pas « GODE »..........froid


        • Bill Bill 30 mars 2007 11:12

          Bonjour godefroid,

          Et surtout merci ! Car des articles comme le votre sont bien trop rare, et il n’est pas étonnant qu’il soit si peu commenté ! Mais il n’est pas passé inaperçu pour autant, en voici la preuve :

          "ZF07032908

          2007-03-29

          Belgique : « Une loi monstrueuse... »

          ROME, Jeudi 29 mars 2007 (ZENIT.org) - Alors que le parlement Belge vient d’adopter une nouvelle loi sur la procréation médicalement assistée (PMA) (cf. revue de presse du 16/03/07), un « bloggeur » dénonce sur Agora Vox « la pire des régressions que nous ayons connues en ce jour en matière de bioéthique », annonce la synthèse de presse de la Fondation Jérôme Lejeune (genethique.org)."...

          Vous pouvez lire la suite sur http://zenit.org/french/ à la date du 29 mars.

          Je quitte tout doucement agoravox ! Mais je suis heureux de vous y avoir lu, un peu tard, malheureusement.

          N’hésitez pas à me contacter, si vous ne trouvez pas cet article que j’évoque plus haut.

          Bien cordialement

          Bill


          • idaelvira (---.---.32.13) 30 mars 2007 14:03

            merci, grâce a généthique.org j’ai su de votre prise de position et je l’ai publiée sur notre blog. idaelvira


            • Liberté planétaire (---.---.72.122) 31 mars 2007 10:10

              En avant-première, ce samedi 31 mars 2007, nous apprenons que le Gouvernement Princier de Monaco a décidé d’« avorter » la proposition de loi sur l’avortement thérapeutique, confirmant ainsi que notre pauvre pays vit toujours au Moyen-Âge.

              Rappelons brièvement que :
              - premièrement, l’avortement (quelle qu’en soit la raison, même en cas de viol) est actuellement interdit et puni par la loi en Principauté de Monaco.
              - deuxièmement, toute femme coupable d’avortement perd ses droits parentaux en cas de divorce, l’avortement étant d’ailleurs considéré comme une raison légitime de divorcer.
              - troisièmement, le projet de loi ne visait pas à libéraliser l’avortement, mais à dépénaliser l’interruption thérapeutique de grossesse en cas de viol, de malformation ou d’anomalie avérée du foetus et en cas de danger pour la santé de la mère.

              Ainsi les femmes désireuses de mettre un terme à une grossesse non désirée, celles qui auront contracté une grossesse à la suite d’un viol et celles pour lesquelles une grossesse à risque aura été diagnostiquée, continueront d’aller discrètement avorter en France.

              Combien d’années encore les femmes monégasques devront-elles attendre pour que la Principauté de Monaco entre dans le XXIe siècle ? (Il faut dire, par certains aspects de la loi, qu’on n’est même pas encore entré dans le XXe, on n’est d’ailleurs pas sorti de la féodalité).

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON






Les thématiques de l'article


Palmarès