La vraie raison de l’utilisation de l’article 49.3, concernant la loi dite « Macron »
La loi dite Macron a été définitivement adoptée ne troisième lecture hier. Le gouvernement a utilisé l'article comme pour les deux premières lectures l'article 49.3.
Pourtant quelques années auparavant Monsieur Hollande avait qualifié l'utilisation de ce dernier en ces termes :
"Le 49.3 est une brutalité, le 49.3 est un déni de démocratie."
Voyons voir ce qui a bien pu pousser le gouvernement à agir dans l'urgence.
Manuel Valls devant l'assemblée explique :
Je ne pouvais pas prendre le moindre risque pour la loi Macron
Le risque ?
Dans un vrai système démocratique, le risque aurait été que cette loi, pour laquelle le président n'a pas été élu, soit adoptée et provoque une crise politique. Le seul risque connu pour un politique est celui de la sanction par ses électeurs.
Or le ministre nous explique qu'il ne pouvait pas prendre le risque, justement de faire adopter une loi dont ses électeurs ne veulent pas... C'est à n'y plus rien comprendre, non ?
Ce que notre ministre, nos médias et la plupart des politiques n'expliquent pas c'est que si la loi dite "Macron" n'était pas adoptée, la France aurait pu être condamnée à une amende de 4 milliards d'euros.
En ces temps de disette budgétaire, on comprend mieux que le premier ministre explique qu'il "ne pouvait prendre le moindre risque."
L'activation du 49.3 pour satisfaire aux exigences de Bruxelles.
Le 23 février 2015 un article du Point, nous apprenait que la commission européenne devait valider ou non le budget présenté par la France et décider d'une éventuelle sanction, en cas de manquement aux "obligations".
C'est ce qui, pour moi, explique l'empressement de notre gouvernement concernant l'adoption du texte en première lecture par l'article 49.3. Nous étions à une semaine de la validation du budget Français par la commission et ce passage en force au mépris de la démocratie etait pour moi un signal envoyé à aux institutions bruxelloises.
Pierre Moscovici, actuel commissaire européen des finances, n'a d'ailleurs pas relaché la pression :
"il ne peut pas y avoir de dérogation aux règles". "Si les réformes ne sont pas faites, si les déficits ne se réduisent pas, nous n'avons pas le choix par rapport à nos textes", a-t-il poursuivi tout en assimilant d'éventuelles sanctions à un "échec".
À propos de la loi Macron, adoptée la semaine dernière en première lecture à l'Assemblée par le biais du 49.3, il a estimé que "le fait que cette loi ait été adoptée dans des conditions difficiles montre que (Manuel) Valls a vraiment l'intention de réformer, qu'il ne s'arrête pas en chemin".
Le processus de dépossession du pouvoir économique en France
Un exemple pour comprendre :
En 2013, beaucoup de personnes se sont étonnées du fait que le président Hollande, après avoir soutenu mordicus qu'il n'augmenterait pas la TVA, avait finalement fait augmenter cette dernière.
On se rappelle alors du clip de campagne de François Hollande sur la "tva Sarkozy" qui, on va le voir, n'était pas plus la "tva Sarkozy" que ne l'est la loi dite "Macron".
La TVA "sociale", le coup de poker du candidat... par PartiSocialiste
J'avais expliqué à l'époque que dans le cadre du traité de stabilité signé entre les pays européens, le président Hollande n'avait d'autre choix que d'augmenter la TVA.
Ce texte bien que signé sous la présidence de son prédécesseur à quelques mois de la fin de son mandat, soumet les gouvernements aux recommandations de la commission européenne.
Elles sont envoyées chaque années aux différents pays, et tiennent lieu de feuille de route pour les gouvernements.
Ces feuilles de route (qui ne sont pas nouvelles), avant le traité de stabilité, n'étaient que des pistes données par l’institution aux différents gouvernement, sans véritable portée juridique.
Avec le traité de stabilité, ces "pistes de réflexion" deviennent donc des obligations, enjeux : une amende de 4 milliards d'euros !
A noter également que ce traité devait, si François Hollande était élu, être renégocié. Il s'était même engagé, en cas d'échec des négociations à consulter le peuple par référendum, archive :
Selon l'aveu même du premier ministre de l'époque, le traité européen n'avait pas été renégocié, et le peuple lui, n'a pas été consulté.
Il me semble important de rappeler ici, l'histoire de ce traité qui est une balafre de plus sur le visage de la démocratie déjà bien contusionnée.
La feuille de route ou la preuve que les gouvernements ne sont plus maîtres de leur politique.
Le document de la commission dans son intégralité est disponible ici.
- 1)Première mesure : l'ouverture à la concurrence des services publique de transport.
La loi dite "Macron" prévoit l'ouverture à la concurrence du marché des transports publics, étonnamment (ou pas) le document de la commission européenne recommande au gouvernement :
(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
- 2) La "fameuse" ouverture des magasins le dimanche, étonnement (ou pas), le document de la commission européenne fait le constat suivant :
(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
- 3)L'ouverture à la concurrence des professions réglementées (notaires, huissiers, taxis...ect), étonnamment (ou pas), le document de la commission européenne prévoit :
- (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
4) La limitation des procédures judiciaires en cas de licenciement, étonnamment (ou pas), le document de la commission européenne constate :
- (Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Autre volet abordé par les recommandations de la commission la fusion des collectivités locales, dont beaucoup de citoyens se demandent le "pourquoi" d'une telle réforme :
(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Avec ces quelques exemples, pensez-vous encore que le ministre Macron ou même le gouvernement sont les véritables initiateurs de ces réformes ?
Evidemment l'ensemble des mesures contenues dans ces recommandations ne seront pas retranscrites par le gouvernement français, ne serait-ce que par souci de ne pas faire grandir le sentiment de défiance de la population vis à vis d'un gouvernement qui ne respecte aucune des promesses pour lesquelles il a été élu.
Nos gouvernants alors essayent de composer avec la commission européenne et de faire des réformes qui contenteront suffisamment cette dernière afin de ne pas risquer d'être condamnés à une pénalité pouvant aller jusqu'à 4 milliards d'euros.
D'ailleurs comment a réagi la commission à l'annonce de ces mesures et du passage en force ?
On se serait étonné que l'institution européenne, qui pourtant garantit la démocratie dans sa charte fondamentale[sic.], fustige le gouvernement d'avoir recouru à une telle pratique.
La pénalité de 4 milliards
Pour les plus sceptiques de mes lecteurs, voici l'extrait d'un reportage ''les vrais coulisses de Bruxelles" expliquant les enjeux du pacte de stabilité et de l'amende que peut encourir la France en cas de non respect de ces recommandations.
Ces réformes qui risquent de voir le jour dans les prochaines années.
Comme je le disais plus haut l'ensemble des recommandations de Bruxelles ne sont pas suivies à la lettre. Elles sont mises en place progressivement, la plupart des réformes contenues dans la loi dite "Macron" étaient prescrites dans les recommandations des années précédentes. Voici un condensé de ce qui pourra nous arriver dans un avenir assez proche : La baisse du SMIC :
(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
L’allongement de la vie au travail :
(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Le relèvement d'une imposition sur la consommation :
(Cliquez sur l'image pour l'agrandir)
La liste est encore longue, je vous invite donc à prendre connaissance du document émis par la commission européenne.
Conclusion
Il est étonnant de la part de nos responsables politiques et médiatiques que personne ne dise mot sur les éléments apportés dans mon article, de l'extrême gauche à l'extrême droite, tous poussent des cris d'orfraies contre la loi dite "Macron" sans jamais expliquer aux français que le gouvernement n'est plus maître à bord. En conclusion si vous voulez connaitre la politique menée par nos futurs dirigeants, ne lisez pas les programmes, mais lisez les recommandations de la commission...
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