Lâchez-le, Sarkozy !
Je vais commencer par parler d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. A cette époque, un ancien chanteur s’était converti dans les affaires et avait eu très vite des affaires au cul. Entre ces deux moments, il avait rencontré sur un plateau télé le regretté Pierre Desproges. Persuadé que deux grands esprits se recontraient, l’ancien chanteur exposa à l’ancien journaliste sa façon de vivre, sa façon de voir les choses, sa vision du monde, sa Weltanschauung, Achtung !
« Il faut, dit-il, plonger, puis réussir ».
Et l’ancien journaliste de lui répliquer, prémonitoire : « Réussir, puis plonger ».
Depuis l’ancien chanteur a beaucoup plongé et s’est toujours montré comme la victime des jaloux, des hypocrites, de « l’établissement ». Ses partisans le répétaient sur tous les tons : « Lâchez-le, Tapie ! » Mais il bouge encore. Récemment encore il a été victime d’un complot. Comme l’écrit Challenges :
« Bernard Tapie, mis en examen pour escroquerie en bande organisée, a jugé lundi 1er juillet sur France 2 que c'était l'ancien chef de l'État Nicolas Sarkozy qui était visé par l'enquête sur l'arbitrage dont l'homme d'affaires a bénéficié à propos de la vente d'Adidas.
"On a essayé de l'accrocher. C'est lui qu'on visait dans les faits", a affirmé Bernard Tapie, qui s'est dit victime d'un "acharnement médiatique". »
L’ancien chanteur, c’est Bernard Tapie. Et Nicolas Sarkozy, c’est l’ancien président dont on voudrait nous faire croire que les Français attendent le retour, comme les Français de 1814 attendaient le retour de l’Aigle de l’île d’Elbe.
Bernard Tapie et Nicolas Sarkozy ont beaucoup de choses en commun : l’ambition, le culot, le dynamisme, la grande gueule, le goût de l’argent et le goût du pouvoir, et Jacques Séguéla. Leur façon de se donner en spectacle enchante leurs partisans, mais fait aussi qu’ils se prêtent facilement à la caricature. Les Guignols de l’Info s’en sont donné à cœur joie. Avec le premier d’abord, quand il a été recruté par Mitterrand comme ministre de la Ville et de la campagne contre Michel Rocard. Le deuxième quand il a entamé « une traversée du désert » après l’humiliation de son cador Édouard Balladur. Mais Nicolas a beaucoup souffert étant enfant et ne supporte pas de n’être pas le premier depuis qu’il est grand. Il a eu donc droit pendant son règne, non seulement aux hommages quotidiens des Guignols de l’Info et du Petit Journal, mais aussi aux savoureuses Chroniques de Patrick Rambaud.
Bien sûr, les deux bonshommes affirment préférer l’excès de caricature à la censure. Mais il ne faut pas les chercher, nom de dieu ! Le premier est toujours prêt à mordre à septante ans. Et le second a toujours une meute de chiens prêts à mourir pour lui. Depuis qu’ils n’ont plus la faveur des médias, ils n’ont cessé de dénoncer les « complots » et l’ « acharnement médiatique » dont ils sont « victimes ».
J’aurai d’abord une pensée pour Julien Coupat, victime d’un acharnement sous le règne précédent. Puis, entendant l’un et l’autre affirmer qu’on veut les empêcher de revenir (mais pourquoi sont-ils partis ?), et en attendant les décisions judiciaires, je ferai remarquer que, dans la dernière affaire en date, la décision du Conseil Constitutionnel concernant les comptes de campagne, je me demanderai qui est vraiment désireux de vouloir l’empêcher de revenir[1].
Les Frères Courtisans dénoncent évidemment un complot de la gauche socialiste molle et décadente. François Hollande, ce pleutre, aurait une peur bleue d’affronter le héros de la droite décomplexée dans une revanche à armes égales.[2] Cependant, vu la composition du Conseil qui a puni Sarkozy, on est en droit de penser qu’il s’agit d’une querelle au sein de la droite. Le conseil de famille a pu vouloir venger quelques humiliations et trahisons[3] en tournant la page Sarkozy, lui reprochant un petit dépassement de quelques milliers d’euros.
Mais celui qui naguère terrassa Ségolène Royal ne s’en laisse pas conter. On lui a toujours reproché le port de talonnettes. Il n’en a cure. Il s’asseoit dessus et organise sa défense avec ses seconds couteaux et ses portes flingues. Son meilleur ennemi, Jean François Copé organise une grande souscription nationale. Elle aurait déjà rapporté plus de deux millions d’euros. La moyenne des dons « oscille autour de 100 € [4] ». Et l’ancien souverain aurait lui-même fait un don de 7500 euros, « maximum légal qui lui permettra de profiter d’une réduction d’impôt de 2 550 euros ».[5]
Parmi les choses que partagent Nicolas Sarkozy et Bernard Tapie, j’avais oublié tout à l’heure le talent de l’optimisation fiscale.
[1] François Fillon attend son tour. Alain Juppé reprend espoir. Jean François Copé table sur une réelection de François Hollande afin de passer pour un homme neuf en 2022… Et Henri Gaino ne voit pas qui, en dehors de Sarkozy, pourrait lui contester le leadership naturel.
[2] Par Frères Courtisans, il faut entendre aussi les sœurs évidemment : les Morano, Rosso, etc…qui ne sont pas impressionnées plus que ça par les Estrosi, Balkany…
[3] En faire le détail serait délectable, malheureusement je ne peux (pas la place). Et c’est regrettable, ça nous aurait fait rire un peu.
[4] La moyenne des dons étant de 100 €, on imagine aisément la part des classes populaires dans cette souscription.
[5] « L’appel à une « grande souscription nationale » lancé par Jean-François Copé le 4 juillet dernier, a semble-t-il été entendu.
Hier matin en effet, la trésorière de l’UMP a affirmé que 2,1 millions d’euros avaient déjà été récoltés grâce à des dons en ligne. Lors de la Fête de la Violette, organisée samedi dernier par la droite Forte dans le Doubs, en présence de Jean-François Copé, 17 000 euros ont été glanés. En moyenne, le montant des dons oscille autour de 100 euros.
Après avoir fait « perdre » à l’UMP onze millions d’euros de remboursement par l’État de frais de campagne, Nicolas Sarkozy a lui-même, selon son entourage, fait un don de 7 500 euros. Le maximum légal qui lui permettra de profiter d’une réduction d’impôt de 2 550 euros.
Pour le moment, seuls les versements par carte bancaire effectués via le site internet de l’UMP sont comptabilisés. Les chèques envoyés par les militants et les grands donateurs n’ont pas encore été enregistrés.
L’UMP espère parvenir à rassembler les 11 millions d’euros nécessaires avant le 31 juillet prochain, date à laquelle il doit rembourser un prêt contracté auprès de la Société générale pour financer la campagne de l’ex-chef de l’État.
Un coup dur de plus pour les caisses d’un parti dont le financement public a été ramené de 35 à 19,8 millions après les législatives et qui avait dû, pour se remettre à flot, emprunter à un pool bancaire 55 millions en juin 2012, qui devront être remboursés en 2017 à raison de 11 millions par an.
Les militants et les cadres du parti sont, évidemment, sollicités. « Si les 315 000 adhérents de l’UMP versent au parti 35 euros chacun, a estimé la trésorière, les 11 millions seront réunis ». Si l’UMP n’arrive pas à réunir la somme à la date fatidique, il devra négocier avec la banque pour demander à étaler ou reporter le remboursement. Il reste seulement trois semaines. »
La Dépêche
http://www.ladepeche.fr/article/2013/07/09/1667305-sarkothon-plus-de-2-me-recoltes.html
9 réactions à cet article
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Faut se rappeler que l’UMP est une création récente (l’enterrement du RPR) et que après une grosse dizaine d’années d’existence, et avant la décision du conseil constitutionnel (dont fait partie Sarkosy) il était endetté de 44 millions d’euros (si ma mémoire est bonne) malgré les aides de l’Etat. Et ce sont ces gestionnaires là qui nous donnent des leçons et qui nous ’enjoignent de cesser de compter sur l’Etat providence. Arf !
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Pourvu que Bouyges ait eu le temps de construire de nouvelles prisons plus confortables
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Et dire que moi je peine à trouver 50000 euros pour créer des emplois....
Pauvre France !
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Un complot ?
Ou une association fructueuse qui fait long feu ?-
L’U M P agit comme si ce parti était indispensable. Les français ont bien vécu sans ce parti, ils survivront sans problème quand il aura disparu.
Au nom de la Démocratie, le « Petit » agit comme un seigneur à qui tout le monde lui doit tout. Son égo continue à le faire détester de la majorité des français et pas une voix ne s’élève contre ça à l’ U M P !
Le « Petit » est anti républicain, il a gouverné comme si le peuple n’existait pas. Les gens fortunés étaient ravi d’avoir un tel défenseur à la tête de l’ état.
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Nous avons été inspiré par la même actualité, jeune homme, mais vous avez su donner à votre article un ton publicitaire, un peu provocateur et même un peu tapageur.
« LACHEZ-LE, SARKOZY », c’est beaucoup plus vendeur que « DES DECISIONS QUI FACHENT ». Et que dire d’un titre comme « LA LECTURE PEU CONVENABLE ET DANGEREUSE DU FIGARO » qui n’a même pas convaincu les modérateurs.
Revenons à nos sujets. Messieurs Sarkozy et Tapie envahissent les médias depuis une semaine. Le premier envoie ses sbires. Le second vient lui-même. Et une meute de « journalistes »qui sont déçus par Hollande dressent des couronnes aux deux bateleurs. En substance, ils disent seulement : « Quels professionnels, Tapie et Sarko ! Mais Hollande, quel amateur ! »-
J’ai une pensée pour Nicolas, première victime politique du pouvoir socialiste.
J’ai une pensée aussi pour les 1000 gardes vue comptabilisées à ce jour dans le cadre de la manif pour tous et victimes de la répression socialiste..
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Moi je dirais « lâchez nous avec SARKO, nous en avons plein les bottes ».
C’est lui qui fout l’UMP dans le pétrin et personne d’autre.Parlez nous de choses intéressantes. -
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