Laicité et critique des croyances : dialogue avec Henri Pena Ruiz
Laicité et critique des croyances
Dialogue avec Henri Pena Ruiz de retour de l'université d'été des Insoumis
M. Henri Péna Ruiz, vous êtes entré récemment dans le vif du débat médiatique en défendant le droit à l'islamophobie, puis vous avez admis que l'expression était inappropriée, mais vous continuez à dire que les croyances ne sont pas respectables et que vous avez le droit de les attaquer.
Permettez moi de vous dire que ce combat contre les religions nous tient à l'écart des nécessaires priorités du changement social et de l'émancipation.
Je ne vous suis pas lorsque vous dites que les religions s'enracinent d'abord dans des doctrines, ou dans un contrôle du corps et de l'esprit, je pense au contraire qu'elles s'enracinent davantage dans un mouvement intérieur, une intimité faite de joie, d'énergie, d'élévation, et d'ouverture à l’altérité
Nous autres, êtres humains, nous portons le sens de nos vies autour de visions et valeurs et qui se sont construites historiquement soit au sein de représentations sociales, soit au sein de l'intimité familiale et amicale
Laissez les croyants faire le ménage dans leurs croyances.
C'est leur responsabilité. Les attaques extérieures les enferment dans des replis identitaires dangereux au lieu de les ouvrir d'avantage à l'altérité, fondement de notre humanité réussie.
S'en prendre à l'intime de la personne c'est de plus exercer une violence symbolique.
Cela va bien au de la loi de 1905 qui se voulait une loi d’apaisement qui se contentait de séparer l’Église de l’État, mais garantissait, dans un même mouvement, la liberté de conscience de croyance et de culte, c'était une loi de liberté pour tous.
Es-ce un progrès de remplacer les croyances par des présupposés philosophiques ou des idéologies, par la déconstruction de toutes les représentations ?
Qu’est-ce que l'être humain quand il est privé du sens de sa vie, un être désespéré et non l'être émancipé que vous appelez de vos vœux.
Pensez-vous sérieusement que les sociétés sécularisées, et nous y sommes, sont plus émancipatrices que les sociétés restées attachées à la religion. Nous avons des exemples majeurs du contraire dans notre histoire récente.
Vous allez plus loin encore, vous portez ce débat dans une enceinte politique : l'université d'été des insoumis. Vous introduisez une deuxième déstabilisation parce que la question centrale posée à ce mouvement c’est de renouer avec les classes populaires qui sont en France largement musulmanes, pas de dresser un nouvel obstacle à une possible alliance
Vous vous réclamez du marxiste mais Marx ne faisait pas du combat contre la religion un objectif prioritaire c'est ce qu'a pu redire Alain Badiou dans ses conférences médiatisées.
Enfin vous revendiquez un présupposé, qui fait que tout être humain serait capable de se distancer de lui même.
Je déments catégoriquement, je n'observe pas cette mise a distance d'eux mêmes chez la plupart des occidentaux, pour vivre depuis 17 ans, chaque année quelque temps dans un pays du sud, non occidental de la planète, ni chez les publics précaires de notre pays , pour vivre au quotidien avec eux depuis 40 ans.
Acceptons de considérer que les religions ne se décryptent pas de façon binaires, Encourageons ce qui est émancipateur au sein même de ces croyances, de toute croyance, ciblons les vraies sources des injustices et de la misère économique sociale et culturelle, retenons que tout être humain porte en lui une dimension spirituelle émancipatrice et que les dangers auxquels sont exposées nos société sont bien plutôt les fermetures identitaires auxquelles sont exposés tous les courants de la pensée humaine.
17 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON