Lancieux (Côtes d’Armor) : des pur-sang sur la plage
Dimanche 20 août à 14 h 30 aura lieu une réunion hippique dans les Côtes d’Armor. Rien d’étonnant à cela, il en est organisé tous les jours dans diverses régions de notre beau pays. À cette différence près que celle-ci se tiendra, non sur un hippodrome traditionnel doté de toutes les infrastructures dédiées à la pratique turfiste, mais sur une piste éphémère et insolite, le temps d’une marée...
L’été à Lancieux, sur la plage de Saint-Sieu, l’on trouve principalement des baigneurs, des pêcheurs à pied, des coquillages, des crustacés et les algues de la laisse de mer. On y trouve même, une fois par an, des chevaux de course venus tout exprès en découdre sur le sable, montés par des jockeys ou, aux commandes de leurs sulkys, menés par des drivers dont les casaques et les toques apportent à ce décor naturel une touche bigarrée surprenante mais des plus seyantes.
Le cadre de cette étonnante réunion hippique : une plage familiale avec ses cabines en bois peint et son club de voile comme il en existe de très nombreuses en Bretagne. Longue d’un peu moins d’un kilomètre, elle fait face à la Manche entre, à l’ouest la presqu’île de Saint-Jacut prolongée par l’archipel des Ébihens, et à l’est les îles de Saint-Briac. Les courses se déroulent à marée descendante sur l’estran, dans un site très éloigné de celui, fonctionnel, des hippodromes de Longchamp et de Vincennes, et plus encore du prestigieux décor historique de celui de Chantilly, ou du chic assumé de celui de Deauville.
Insolites, ces courses disputées sur le sable de Saint-Sieu, le sont bel et bien. Mais contrairement à ce que croient nombre de curieux, elles ne sont pas, loin s’en faut, nées récemment d’une initiative marketing de l’Office du Tourisme local, en mal d’animation pour complalre aux estivants. La première édition de ces courses sur la plage date de... 1907. Lancieux n’a toutefois pas été pionnière en la matière. C’est en effet Plestin-les-Grèves (autre commune des Côtes d’Armor) qui a initié les réunions hippiques de ce type il y a près de... deux siècles, en 1828.
Cette année-là, un noble breton, le marquis Gonzague de Kergariou, lui-même éleveur de chevaux de course, a pris l’initiative, avec l’aide du Conseil général, d’organiser des épreuves sur la plage de Saint-Efflam à Plestin. Objectif : confronter sur une distance de 4000 m les galopeurs issus des meilleurs élevages de la région en vue de faire concourir ultérieurement les chevaux les plus performants lors des réunions hippiques royales.
Quelques années plus tard, les trotteurs ont été ajoutés aux galopeurs. Le temps a passé, et le succès ne s’est jamais démenti, bien au contraire. Il est vrai que nous sommes là dans une région où le cheval a toujours été roi, avec un effectif que l’on a estimé à plus de 200 000 têtes réparties entre les Côtes-du-Nord et le Finistère durant la Belle Époque et guère moins après la terrible épreuve de la Grande Guerre !
De nos jours, les courses de Plestin – la 195e édition s’est tenue le 25 juin dernier –, comme celles de Lancieux, figurent toujours, avec celles de Plouescat (Finistère), parmi les évènements les plus originaux et les plus spectaculaires de Bretagne. Dimanche 20 août, 7 courses de trot (6 attelées et une montée) seront au programme de la 118e édition des courses de Lancieux dans l’ambiance iodée et tonique de la plage de Saint-Sieu. Et cela sous le regard étonné des baigneurs, mais nettement moins surpris des mouettes et des goélands, depuis belle lurette habitués aux idées loufoques des humains.
Une sortie originale, tant pour les adultes que pour les petits, la Fête des courses offrant aux enfants de nombreuses distractions, bien loin de l’ambiance des hippodromes parisiens, trop souvent enfiévrée à l’excès, et parfois marquée par les comportements dégradants de certains joueurs compulsifs. À Lancieux, l’on vient avant tout pour le spectacle des chevaux sur l’hippodrome marin*. Et que l’on gagne ou que l’on perde les quelques euros joués pour pimenter les courses, on finira en commentant l’événement avec philosophie et en buvant comme il se doit une bolée de cidre pour accompagner l’incontournable galette-saucisse.
À voir : vidéo Ouest- France
* Il n’existe que 4 hippodromes marins en France, tous implantés sur des plages baignées par la Manche : Jullouville (50), Lancieux (22) Plestin-les-Grèves (22) et Plouescat (29).
16 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON