Lang - Montebourg : halte à la gifle ou la fessée ! halte à la maltraitance !

Tout est dans la claque. Même quand il a passé sa vie à l'organiser, l'homme politique en redemande ou promet d'en donner, quand dans le même temps, les électeurs ont la leur. Le pli se prend très tôt.

S'il le croisait, Jack Lang donnerait une « bonne paire de gifles » à Arnaud Montebourg. Banal en soi, d'une dangerosité limitée quand on a pris soin d'enlever ses bagues et posé son sac à mains, le geste soulève pourtant de sérieux problèmes. Si, à supposer qu'il se départisse du fait que cela aura fait jaser, Jack Lang avait promis une fessée à Montebourg on n'aurait pas échappé à la mise au jour de pratiques qui viennent de loin.

Il faut dire que souvent, les hommes politiques, dont le métier est d'en donner à l'adversaire, ont été des enfants battus. Alors, à leur tour ils battent. Comme la plupart du temps l'homme politique répugne à se battre tout seul, il le fait faire par d'autres ou avec eux, par gifles interposées successives, en sous-main. C'est un travail de longue haleine qui le conduit souvent à se faire battre, la plupart du temps, à cause du non respect des promesses électives ou programmatiques. L'électeur n'aime pas trop se faire mener par le bout du nez, surtout quand il s'aperçoit que la corde avec laquelle on l'a attaché au pieu est trop courte.

Mais giffles et fessées sont-elles des pratiques politiquement correctes ?

En politique comme dans la vraie vie, d'aucuns pensent qu'une petite fessée n'a jamais fait de mal à personne. Mais ce n'est pas vrai.

La claque de l'homme politique – dès après son élection - aux espoirs qu'il a suscité, fait très peur à l'électeur, qui s'attendait à recevoir le meilleur de la part de son élu. Alors que l'électeur (bêtement) lui faisait confiance, la gifle des promesses non tenues génère chez lui un sentiment d'insécurité. Pire encore, la gifle reçue peut donner à l'électeur l'idée que la violence peut être une solution alternative à la violence ordinaire. Au delà du fait qu'il ne sait pas que ce n'est pas obligatoirement pas la bonne solution, l'électeur va se fragiliser : il va chercher à éviter les coups politiques, mais sans apprendre pourquoi on essaie de lui faire prendre des vessies de droite pour des lanternes de gauche. Ou vice versa.

Des chercheurs comme Chris Esquerre ont mis au jour une pratique vieille comme le monde de « claques préventives pour anticiper les bêtises » à venir. C'est là qu'on en revient encore à Jacques Lang qui, à 72 ans, n'a plus de leçons de claquettes à recevoir.

Ainsi, quand il affirme au Monde « Montebourg est complètement frappé. Le chevalier blanc n'est pas si blanc : il voudrait servir Sarkozy qu'il ne s'y prendrait pas autrement. » il sait de quoi il parle, étant frappé lui-même de cécité sur ce qu'il ne faut pas faire en politique :

«  Depuis l'élection présidentielle de 2007

Lors des élections législatives de 2007, Jack Lang est réélu député de la sixième circonscription du Pas-de-Calais, obtenant 54,72 % des voix au second tour.

A partir de cette élection, il prend ses distances avec les instances de son parti, et accepte des missions proposées par le Président de la République Nicolas Sarkozy, tout en se défendant de vouloir entrer dans un gouvernement d'ouverture à l'instar des anciens socialistes Bernard Kouchner et Éric Besson.

Il rejoint, à titre personnel, le Comité de réflexion sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions en juillet 2007, ce qui entraîne les critiques de Jean-Marc Ayrault et François Hollande et l'amène à quitter le bureau national du Parti socialiste le 11 juillet 2007. Selon Rémi Lefebvre, professeur de sciences politiques à l'Université de Reims, cette nomination permet à Nicolas Sarkozy de déstabiliser le PS, et à Jack Lang, populaire mais sans courant organisé, de sortir de son isolement hors du parti.

Dans le cadre de cette commission, il préconise la suppression du poste de Premier ministre et la limitation à deux du nombre des mandats présidentiels. Un an plus tard, il est le seul parlementaire socialiste à voter la réforme lors du congrès du Parlement français du 21 juillet 2008 réuni en vue de modifier la Constitution française dans le sens proposé par le comité de réflexion. Le vote, obtenu par deux voix d'écart, entraîne la formulation de nombreuses critiques à son encontre de la part du Parti socialiste.

Dans le même temps, il fait des déclarations bienveillantes envers le gouvernement, jugeant par exemple « plutôt positive » la politique internationale du gouvernement, tout en émettant de virulentes critiques des actions de son successeur à l'Éducation nationale, Xavier Darcos.

Lors du congrès de Reims du 14 novembre 2008, il prend position en faveur de Martine Aubry, qui sera élue premier secrétaire.

Le 25 février 2009, il se rend à Cuba en qualité d'« émissaire spécial du Président de la République » pour relancer le dialogue franco-cubain, cette fois sans critique de la part de la direction de son parti.

Au printemps 2009, il apporte son soutien au projet de loi Hadopi, en désaccord avec les députés de son groupe présents lors des débats. Malgré cette prise de position, il ne participa pas aux débats à l'Assemblée nationale. Le 11 mars, son collègue socialiste Christian Paul affirme par ailleurs dans l'hémicycle que Jack Lang n'aurait pas lu le texte. Le 12 mai, lors du vote solennel à l'Assemblée, Jack Lang est le seul membre du groupe PS à se prononcer pour.

Le 1er octobre 2009, Jack Lang se rend en Corée du Nord en tant qu'« émissaire spécial du Président de la République » afin notamment d'explorer une éventuelle reprise des relations diplomatiques entre Paris et Pyongyang.

Pressenti un moment pour le poste d'ambassadeur de France à l'ONU, il est nommé conseiller spécial pour les questions juridiques liées à la piraterie au large de la Somalie auprès du secrétaire général de l'ONU l'année suivante, le 26 août 2010.

En 2010, il prend la défense de Roman Polanski, poursuivi pour crime sexuel sur une mineure de 13 ans.

En octobre 2010, il s'affiche aux meetings de campagne électorale de son ami Laurent Gbagbo, dont il avait d'ailleurs par le passé tenté de réhabiliter l'image auprès des socialistes français. Le 3 décembre 2010, il critique à mots couverts la victoire d'Alassane Ouattara. Quelques jours plus tard, il invite finalement Laurent Gbagbo à reconnaître les résultats.

Il apporte dans un premier temps son soutien à la candidature de Dominique Strauss-Kahn à la primaire présidentielle socialiste de 2011. Celui-ci étant accusé d'agression sexuelle à New-York, Jack Lang annonce, peu avant le premier tour de la primaire, son soutien à François Hollande.

En décembre 2011, alors qu'il avait refusé de se présenter au vote des militants socialistes dans la sixième circonscription du Pas-de-Calais, dont il est le député sortant, il n'est pas investi par le Parti socialiste dans cette circonscription. »

A la lecture de ces quelques lignes sur son passé politique récent, et en raison de son exemplarité, nous devrions pouvoir convaincre Jack Lang qu'en aucune façon le fait de donner une gifle ou une fessée à Arnaud Montebourg lui permettront de comprendre son erreur et ne pas recommencer. En plus, en cas d'apparition de sang, leurs beaux costumes pourrait être tachés, et Arnaurd Montebourg pourrait devenir un frappeur.

Bien entendu, le candidat socialiste, lui, entend rester soigneusement à l'écart et ne souhaite pas s'exprimer sur cette affaire. Comme d'habitude et sur tout. Il ne voit rien, n'est pas au courant, quand il n'a pas d'avis. Il est conditionnel. Il est au dessus des parties.

http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2011/12/10/au-ps-les-accusations-de-corruption-dans-le-pas-de-calais-sement-le-trouble_1617019_1471069.html