Lapsus : à quoi pensent les ministres ?
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Il n’y a pas si longtemps, en plein scandale Bettancourt, Eric Woerth s’exclamait à la télévision : « j’ai lancé toutes les procédures pour renforcer la fraude fiscale ». En conséquence, télé matin le qualifiait d’ « ancien ministre ». Tous les lapsus ne se valent pas. Celui du président Sarkozy, qui donne raison à ceux des français qui pensent « qu’il fait une politique pour quelques uns et pas pour tous » et déclare « en tirer les conséquences », mime, de manière tonitruante, le « je vous ai compris » gaullien. En effet, « comprendre » ou « donner raison » ne signifie pas pour autant qu’on s’exécute. Bien au contraire : Vous êtes le peuple, je vous l’accorde. Mais moi, je suis le président. Cela se décline aussi vis-à-vis des juges : J’ai confiance à eux, mais Villepin est « coupable ». Le lapsus dans ces cas indique que la volonté présidentielle l’emporte dans tous les cas de figure. En connaissance de cause mais sans regrets.
Il existe des lapsus collectifs, résultat des fameux « éléments de langage », qui indiquent que les membres du gouvernement ne prennent pas la peine de jeter un œil au petit Larousse : la fameuse décélération indique une croissance moins rapide. Mot se voulant savant, qui remplace à leurs yeux le trivial « essoufflement ». Cependant, le mot le plus « intense » reste la fameuse « accélération ». A la quelle on pense. Toujours d’après Sigmund : « le trouble peut être occasionné par des éléments qu’on n’a nullement l’intention d’énoncer et dont l’action se manifeste à la conscience par le trouble lui-même ».
Les fameuses « variations érotiques » de François Bayrou, procèdent d’une dérive contraire. Le mot, trop savant, erratique (désordonné) est remplacé par le premier venu, le plus trivial possible, le plus communément partagé et nié pourtant. Saine réaction, d’un corps sain bridé par un esprit (trop) bridé. Toujours selon Freud : « les images flottantes ou nomades jouent dans les substitutions un rôle important ». Comme quoi, « chassez le naturel, il revient au galop ».
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