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Lavrenti Beria : l’architecte machiavélique de la terreur stalinienne

Lavrenti Beria, figure emblématique et controversée de l'Union soviétique, incarne à lui seul les paradoxes d'un régime totalitaire. Né le 29 mars 1899 en Géorgie, Il a gravi les échelons du pouvoir au sein du NKVD, la police secrète soviétique, pour devenir l'un des hommes les plus redoutés de l'ère stalinienne. Son ascension fulgurante, marquée par des actes de répression brutale, a été suivie d'une chute tout aussi spectaculaire après la mort de Joseph Staline en 1953.

 

Les débuts d'un homme de pouvoir brutal

Lavrenti Beria est issu d'un milieu modeste. Après des études en ingénierie, il rejoint le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS) en 1917. Sa carrière prend un tournant décisif lorsqu'il devient le chef de la Tchéka, la première police politique bolchévique, en Géorgie dans les années 1920. Il se distingue rapidement par sa loyauté envers Staline et sa capacité à orchestrer des purges. En 1938, il est nommé à la tête du NKVD à Moscou, ce qui lui permet de superviser les Grandes Purges staliniennes. Sous sa direction, des dizaines de milliers de personnes sont arrêtées, torturées et exécutées.

 

Azərbaycan Cümhuriyyətinin maaşlı casusu – Beriya...

 

Lavrenti Beria est une figure centrale dans la mise en place et le perfectionnement de l'appareil de répression soviétique. Il joue un rôle déterminant dans la modernisation des méthodes d'interrogatoire, introduisant des techniques de torture toujours plus sophistiquées pour obtenir des aveux. Sous sa direction, le réseau des camps de travail forcé, le Goulag, s'étend considérablement, transformant des millions de personnes en esclaves de l'État. Il est également à l'origine de nombreuses purges et déportations, visant tant les opposants politiques que les minorités nationales. Son efficacité redoutable et sa cruauté sans bornes lui valent la confiance aveugle de Staline, qui le considère comme un outil indispensable pour maintenir le pouvoir et terroriser la population. Il incarne ainsi l'un des visages les plus sombres du stalinisme.

L'architecte de la terreur

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Lavrenti Beria joue un rôle clé dans la répression des dissidents et des minorités ethniques. Il est responsable de la déportation de plusieurs groupes, dont les Tchétchènes et les Tatars de Crimée, accusés de collaboration avec l'ennemi. De plus, il est directement impliqué dans l'un des crimes les plus atroces du régime stalinien : le massacre de Katyń. Il supervise l'exécution extrajudiciaire de milliers d'officiers polonais prisonniers de guerre, un événement qui a profondément marqué les relations entre l'URSS et la Pologne. Sa réputation de tortionnaire et de manipulateur le précède, mais il parvient à maintenir son influence au sein du gouvernement soviétique.

 

 

Après la guerre, Lavrenti Beria est chargé de superviser le programme nucléaire soviétique. Fort de son expérience à la tête du NKVD et de ses réseaux d'espionnage, il mobilise d'importantes ressources humaines et matérielles pour accélérer la mise au point de la bombe atomique. Grâce à ses efforts, l'Union soviétique parvient à développer sa propre arme nucléaire bien plus rapidement que prévu, renforçant considérablement son influence sur la scène internationale. Ce succès renforce son statut au sein du régime, mais suscite également des jalousies et des rivalités au sein du Parti communiste. Certains de ses collègues voient en lui une menace potentielle pour leur propre pouvoir et craignent qu'il ne cherche à s'emparer des rênes du pays

 

Casillic on X: "RDS-1 Soviet 1st atomic bomb casing has some very  interesting features! Any one on Nuclear Twitter have any details or docs  on their function? #nukes #soviet #atomic #nuclear #weapons #

 

La mort de Staline et la lutte pour le pouvoir

La mort de Staline, le 5 mars 1953, marque un tournant décisif dans la carrière de Beria. En tant que chef du NKVD, il est l'un des hommes les plus puissants du régime et compte parmi les principaux bénéficiaires du testament politique de Staline. Il espère ainsi consolider son pouvoir et mettre en œuvre une politique plus modérée. Cependant, il se retrouve rapidement confronté à une intense lutte de succession au sein du Politburo. Nikita Khrouchtchev, secrétaire général du Parti communiste, et Gueorgui Malenkov, président du Conseil des ministres, sont ses principaux rivaux. Ces derniers voient en Beria une sérieuse menace pour leurs propre ambitions et craignent ses méthodes brutales et impulsives.

 

How Did Stalin Die? Inside The Soviet Dictator's Death And Its Aftermath

 

Contre toute attente, Beria tente de se présenter comme un réformateur éclairé, en contraste avec l'héritage stalinien. Il promet une détente des tensions internationales, une amélioration des conditions de vie de la population et une certaine libéralisation du régime. Il propose notamment d'amnistier une partie des prisonniers politiques et de réduire le pouvoir de la police secrète. Ces mesures séduisent une partie de l'intelligentsia, lassées par les longues années de terreur stalinienne.

 

 

Toutefois, les réformes de Lavrenti Beria sont perçues avec beaucoup de méfiance par une grande partie de l'appareil d'État, qui craint de perdre ses privilèges. De plus, ses méthodes de travail, marquées par l'impulsivité et la méfiance, suscitent de vives critiques. Ses nombreux opposants au sein du Politburo exploitent ces divisions pour le discréditer et le présenter comme un danger pour la stabilité du régime et l'existence même de la nation.

 

Lavrenty Pavlovich Beria – Wikipedia tiếng Việt

 

Finalement, la lutte pour le pouvoir tourne à l'avantage de Nikita Khrouchtchev, qui parvient à s'allier avec d'autres membres du Politburo pour isoler Beria. Accusé de conspiration et de vouloir s'emparer du pouvoir, il est arrêté en juin 1953 et maintenu en détention jusqu'à son procès, quelques mois plus tard.

 

Nikita Khrouchtchev — Wikipédia

 


Le procès de Beria : une farce judiciaire

Le procès de Beria, qui se déroule en secret, est une véritable parodie de justice. Les accusations portées contre lui sont grotesques et largement exagérées, allant de l'espionnage au nationalisme bourgeois. Elles sont en réalité un prétexte pour éliminer un adversaire politique devenu encombrant. Les témoignages à charge sont obtenus sous la torture, et les avocats de la défense n'ont aucune possibilité de défendre leur client. Le 23 décembre 1953, Lavrenti Beria est condamné à mort et fusillé. Son exécution, expéditive et secrète, met fin à la vie d'un des hommes les plus puissants et les plus redoutés de l'histoire de l'Union soviétique.

La mort de Beria marque la fin d'une époque. Elle symbolise la volonté des nouveaux dirigeants soviétiques de se distancier du stalinisme tout en préservant l'essentiel du système. En l'éliminant, ils cherchent à apaiser les tensions internes et à restaurer une certaine légitimité au régime. Cependant, l'héritage de Beria continue de peser sur l'URSS. Ses méthodes brutales et son rôle de premier plan dans les purges staliennes ont laissé des traces indélébiles dans la mémoire collective.
 


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15 réactions à cet article    


  • V_Parlier V_Parlier 19 décembre 2024 19:42

    Les exécutions de Katyn présentées comme « un des crimes les plus atroces », c’est un peu fort de café. C’est presque une insulte aux vrais milliers d’innocents torturés et exécutés pour un rien. On perd souvent la mesure avec les comparaisons de crimes...

    Enfin, Kroutchev, lorsqu’il était encore en Ukraine (étant du cru local, je précise), a commis au moins autant de crimes que Beria. Et il a ensuite utilisé la même méthode pour se disculper : C’est Staline qui a tout fait, moi j’étais un petit lapin blanc, et je suis un réformateur. Les Russes aujourd’hui ont décidement plus de recul sur leur histoire qu’on ne le prétend à l’Ouest. Ils sont conscients de toutes ces nuances, ce qui leur vaut d’être accusés de « rétablir Staline ».


    • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe di Bella di Santa Sofia 19 décembre 2024 20:09

      @V_Parlier

      D’un point de vue occidental, tuer des milliers d’officier étrangers d’une balle dans la nuque, c’est un crime atroce. De plus, ce n’est seulement qu’en 1990 que l’Union soviétique a assumé ses responsabilités.

      Au sein du Politburo, il n’y avait aucun responsable politique avec les mains propres, y compris Nikita khrouchtchev. Même Malenkov, personnage influençable et falot, avait la mort de plus de 150 000 personnes sur la conscience. 


    • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe di Bella di Santa Sofia 19 décembre 2024 20:13

      Correction : « tuer des milliers d’officiers étrangers ».


    • La Bête du Gévaudan 20 décembre 2024 19:56

      @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

      il est vrai qu’outre la lâcheté, Katyn rappelle aussi la complicité des communistes avec le Reich nazi...

      En effet, l’armée communiste avait attaqué la Pologne dans le dos afin d’aider l’armée nazie à occuper et supplicier le peuple polonais... sans l’aide des communistes, l’armée nazie n’aurait sans doute pas pu couvrir le continent et y semer son idéologie païenne, raciste, sanguinaire et nihiliste.

      Les communistes ont également aidé l’industrie de guerre nazie afin d’attaquer la France et l’Angleterre, et d’essayer d’établir l’empire nazi sur notre peuple.

      Katyn, outre son horreur intrinsèque, rappelle à chacun que les communistes furent les pires complices des nazis... ils représentent les deux ailes (athée et païenne, classiste et raciste) de la même abomination socialiste. Le fait que ces deux hydres se soient ensuite entredévorées ne fait pas oublier les tendances communes qui les unissent.

      On raconte d’ailleurs que Staline présenta Béria à Ribbentrop en ces mots : « il est le chef de notre Gestapo »... ce qui serait assez dans le goût grinçant et sinistre du leader marxiste.


    • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe di Bella di Santa Sofia 20 décembre 2024 20:27

      @La Bête du Gévaudan

      Vous avez raison de rappeler, à juste titre, que nazisme et communisme sont les deux faces d’une même pièce. Le nazime a disparu mais il reste encore des socialo-communistes nostalgiques des nombreuses atrocités commises en Union soviétique. Ce sont eux qui reprochent à l’Etat d’Israël de se défendre contre le terrorisme islamiste..

      Effectivement, Staline a bien présenté Beria à Ribbentrop de cette manière, lors de la signature du Pacte germo-soviétique en 1939. Lors de
      la conférence de Yalta, en 1945, Roosevelt avait demandé à Staline qui était Beria. Le dirigeant soviétique lui avait répondu : “C’est notre Himmler à nous”


    • La Bête du Gévaudan 22 décembre 2024 18:38

      @Giuseppe di Bella di Santa Sofia

      oui, les milieux « pro-palestiniens » regroupent essentiellement les amateurs du nazisme, du communisme et de l’islamisme... trois idéologies collectivistes sanguinaires et sophistiques... et leur haine commune des Juifs, des Chrétiens et des Libéraux.

      Il faut voir comment le sénateur millionnaire Mélenchon (qui vit dans un appartement de luxe à Paris), entre deux odes aux einsatzgruppen islamistes, chante les gloires de Robespierre et Trotsky... tout cela avec l’indolente complaisance des mass-médias et de l’intelligentsia bourgeoise.

      Et tout ce beau monde se retrouve à la Fête de l’Huma (le journal communiste subventionné complice de Staline et Béria), pour y acclamer en hurlant et en dressant le poing, des groupes de rap aux noms évocateurs tels Section d’Assaut ou Médine... tout un programme.

      On peut songer aussi au pamphlétaire marxiste Edwy Plénel (encore un grand bourgeois) qui se présente le sourire en coin « trotskyste culturel » (pourquoi pas himmlériste culturel tant qu’il y est ?!). Dans sa jeunesse il se faisait appeler Joseph Krasny (joseph le rouge) en référence au sanguinaire despote marxiste pervers Staline... pourquoi pas Adolf Totenkopf, tant qu’il y est ?! Ensuite, il a travaillé sans vergogne au journal Le Monde qui faisait à son époque la promotion de Pol-Pot, Khomeiny, Faurisson et la pédophilie... Evidemment, encore un pro-palestinien enragé.


    • Mozart Mozart 20 décembre 2024 10:51

      N’oublions pas que ce charmant Beria était aussi pédophile, hanta les rues de Moscou dans une automobile à la recherche de jeunes proies.

      Sur terre il y aura toujours des ordures et il faut avouer que celle-ci est d’une puanteur remarquable.


      • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe di Bella di Santa Sofia 20 décembre 2024 11:04

        @Mozart

        Beria était un être sadique et cruel. Il n’avait pas une once d’humanité, c’était un véritable monstre. Comme vous l’avez si justement souligné, il était aussi pédophile mais également violeur de femmes. Staline fermait les yeux sur les actes de dépravation de son bras droit, qui se déroulaient souvent à la Loubianka, immeuble de sinistre réputation où toutes les polices secrètes de l’URSS (puis de la Russie) ont eu leur siège.


      • V_Parlier V_Parlier 20 décembre 2024 19:12

        @Giuseppe di Bella di Santa Sofia
        Justement, d’où ma remarque sur cette exécution d’officiers que l’Occident avance toujours comme le plus grand crime de l’URSS, comme si l’exécution de prisonniers de guerre (quasiment autorisé aujourd’hui par le « camp du bien » en Ukraine) dépassait de loin toutes ces horreurs. Oui, l’Occident a vraiment perdu le sens de la mesure.


      • La Bête du Gévaudan 20 décembre 2024 19:57

        @Mozart

        il faut dire que la gauche a essayé de légaliser la pédophilie...


      • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe di Bella di Santa Sofia 21 décembre 2024 10:45

        @La Bête du Gévaudan

        Merci pour cette piqûre de rappel. De nombreux intellectuels de gauche se sont mobiliés, dans les années 1970, pour la dépénalisation de ce crime odieux. Aujourd’hui, ils se défendent maladroitement en affirmant qu’ils ont été « mal compris » ou qu’il s’agissait d’une « connerie »... Ces gens-là n’ont aucun honneur, aucune dignité !


      • Giuseppe di Bella di Santa Sofia Giuseppe di Bella di Santa Sofia 20 décembre 2024 11:19

        Je ne fais jamais attention aux « moinssages » ou au « plussages » des articles ou des commentaires. Ceux qui se livrent à cet exercice puéril ont vraiment du temps à perdre... Mais je ne suis absolument plus surpris par l’abyssale bêtise humaine ! 


        • La Bête du Gévaudan 20 décembre 2024 19:46

          l’horreur socialo-marxiste, une des tâches innombrables sur le drapeau de la gauche rouge du sang de ses victimes... une véritable abomination...

          Aujourd’hui encore, entre deux toast aux assassins obscurantistes du HAMAS, les gauchistes célèbrent l’abominable système de Béria...

          Personne n’oublie que la prétendue intelligentsia humaniste, universitaire, artistique et syndicale a soutenu les crimes sanguinaires de Béria... Aujourd’hui, ils s’excitent avec la même lubricité morbide à chaque exaction des islamistes du HAMAS.

          Il est bon de rappeler à chaque instant à la gauche sa responsabilité directe dans les innombrables génocides commis par ses séides. Marx, Rousseau, Sartre etc. ont armé le bras des assassins génocidaire en justifiant par leurs préceptes les crimes qui se commettaient. Et quand on pense que ces sophistes à deux sous sont encore enseignés dans nos écoles comme si on enseignait les pensées profondes de Goebels ou la philosophie de Rosenberg.

          Ensuite ils se réunissent à la Fête de l’Huma pour y écouter les concerts de Section d’Assaut et Médine, leurs groupes de rap préférés aux noms qui se passent de commentaire. Et dans la fosse ils dressent le bras revêtu d’un gant de cuir en hurlant « siam tutti antifascisti »... ils ajoutent le sinistre au grotesque.


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