Le 11 septembre 1973
Les Etats-Unis commémorent aujourd'hui la tragédie du 11 septembre 2001 qui a coûté la vie à 3000 victimes innocentes. Joe Biden va se rendre sur les trois lieux emblématiques des attaques terroristes survenues il y a vingt ans. Les médias du monde entier vont célébrer cet événement à la fois historique et médiatique. Des émissions spéciales, des reportages, des interviews, des témoignages vont alors se succéder tout au long de la journée et de la nuit. Mais ces mêmes médias vont passer sous silence ou presque un autre événement tout aussi historique et dramatique comme si les américains avaient le monopole et l'exclusivité de cette date. Il s'agit du 11 septembre 1973. S'il faut bien évidemment parler du 11 septembre 2001 et dénoncer le massacre des innocents, il faut aussi parler du 11 septembre 1973 et pointer du doigt le rôle décisif des américains dans le coup d'Etat du général Pinochet qui a installé l'une des plus féroces et des plus cruelles dictature au monde.
Mais on ne peut parler de la dictature de Pinochet sans évoquer le socialisme à la chilienne de Salvador Allende. Les deux hommes symbolisent deux modèles de société diamétralement opposés.
Allende était un révolutionnaire particulier. Il voulait réaliser le socialisme non pas par une révolution violente, mais d'une manière pacifique, par les urnes.
Le 3 novembre 1970, il gagne les élections et devient président de la République du Chili. Mais Salvador Allende n'est resté au pouvoir que trois ans. Il n'a pas pu réaliser "la voie chilienne vers le socialisme". En effet, le 11 septembre 1973, le général Augusto Pinochet, avec l'aide des Etats-Unis, met un terme par la violence à cette expérience du passage pacifique au socialisme. Le rêve "d'el compañero presidente" est écrasé par la force brutale de la junte militaire.
Le général Pinochet prend le pouvoir. La dictature militaire remplace le socialisme démocratique. Assassinats, exécutions sans sommation, torture ... sont devenus des paratiques quotidiennes. Les prisons et les commissariats sont débordés. Le Stade national de Santiago est transformé en centre de détention de masse. On y entasse des hommes et des femmes amenés des quartiers populaires par des bus et des camions militaires des semaines durant. C'est dans ce stade également que les militaires ont fait taire définitivement le chanteur Victor Jara : "Criblé de balles, les mains non pas tranchées mais broyées" écrivait sa femme dans "Victor Jara, un chant inachevé". La dictature a laissé derrière elle des milliers de morts, de disparus, d'exilés et de torturés.
Sur le plan économique, aidée par les "Chicago boys" disciples de Milton Friedman, la dictature a imposé une marchandisation de toutes les dimensions de la vie : la santé, l'éducation, l'électricité, l'eau, la mer, les communications etc. sont livrées au libre jeu du marché dominé par les multinationales américaines. Dictature, marché et capitalisme vont de pair.
Fidèle à ses convictions, Allende a préféré mourir dignement que de se rendre à la junte militaire. Dans ses derniers moments, il s'adresse à son peuple : "Je paierai de ma vie la défense des principes qui sont chers à cette patrie (...) L’Histoire est à nous, c’est le Peuple qui la fait".
Le général Pinochet est mort paisiblement sur son lit d'hôpital militaire protégé par les Etats-Unis qui célèbrent aujourd'hui le 11 septembre...2001.
Mohamed Belaali
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