Le 115 ne répond plus !

« Pour toutes demandes de prise en charge, vous pouvez joindre la plateforme de coordination au numéro unique : 115, quel que soit le lieu d’habitation. Chaque département organise sa plateforme d’accueil. »
C'est le côté pile, c'est à dire l'existence d'un service avec un numéro unique dans chaque département .
Le côté face, c'est un téléphone qui ne décroche pas, tout de suite et bien souvent après de nombreux appels et un service d'urgence souvent saturé par manque de places et de moyens.
Et pourtant sa nécessité sociale et vitale n'est pas à démontrer.
Il y a une semaine, un jeune de 18 ans chassé de l'ASE ( Aide sociale à l'enfance) le jour de son anniversaire a demandé une aide à l'association familiale laïque de Melun.
Le premier geste, en urgence fut de lui trouver un lieu d'accueil et d'hébergement pour le week end.
Muni d'une aide financière apportée par un bénévole, ce jeune homme a pu se poser et dès le lundi matin, il a suivi notre conseil et a téléphoné au 115.
En contactant la responsable départementale du 115, j'ai reçu une réponse similaire à la sienne :
« Monsieur n'est pas prioritaire, il n'a pas d'enfant »
Nous commencions pourtant la période hivernale.
Nous avons suivi cet homme et lui avons trouvé un lieu d'accueil : « urgence grand froid » :
Il devait se présenter à 21H30 pour dormir dans un gymnase et partir le lendemain matin.
Sa valise, cachée dans un buisson car le règlement ne permettait pas aux SDF de venir avec, a été retrouvée le lendemain complètement trempée.
Quant aux habits, ils étaient tous mouillés.
Je n'ai pas besoin de décrire l'état de désespérance de ce jeune homme que nous avons décidé d'accompagner et d'aider.
Les personnels du 115 sont de bon professionnels qui font le maximum, c'est une réalité indéniable.
Malheureusement, le manque de lieux d'hébergement et la limitation des moyens financiers ne permettent pas à cette « institution » de remplir au mieux sa mission de service public.
Depuis que nous sommes en relation avec le 115, nous avons appris les codes de fonctionnement qui sont les siens, codes qui devraient être présentés et expliqués aux demandeurs :
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Quand une personne ou une famille est prise en charge et qu'elle se trouve dans un hôtel, il lui faut au bout d'une pérode donnée, re-téléphoner au 115 pour se voir renouveler son affectation ou s'en voir délivrer une autre.
Gare à celui ou à celle qui ne respecte pas ses obligations !
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Toute affectation doit être acceptée, même si elle se situe à 30 km de la ville où les enfants sont scolarisés. Tout refus est pénalisé .
Il y a quelques mois, un couple et ses quatre enfants hébergés dans des hôtels successifs se sont retrouvés à la rue parce que le mari en accord avec sa femme n'a pas voulu une affectation l'envoyant des écoles fréquentées par ses enfants.
Il a fallu que j'interpelle a Préfète pour que le 115 revoit sa copie.
L'histoire s'est bien terminée.
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Une personne hébergée qui découche sans prévenir peut être considérée comme renonçant à l'hébergement. Cela arrive assez souvent notamment parce que sans moyens financier leur permettant de se nourrir, des personnes quittent très provisoirement leur hôtel pour demander de l'aide à leurs amis.
Aujourd'hui, à chaque fois que nous rencontrons une famille hébergée par le 115 nous lui donnons des conseils et lui demandons de les respecter et de nous contacter en cas de difficultés .
Lorsque quelqu'un est mis à l'abri, il reçoit quelques jours ou quelques semaines après sa prise en charge la visite d'un travailleur social chargé d'établir une évaluation sociale.
C'est à mettre à l'actif du 115.
C'est ainsi que des familles ont pu être orientées vers une structure mieux adaptée ou même se retrouver avec un solibail, une intermédiation locative avant l'obtention d'un vrai logement.
C'est l'idéal mais il y a beaucoup de temps d'attente et si un suivi n'est pas apporté par une tierce personne, un militant associatif appartenant à une association de solidarité par exemple, la famille lasse d'attendre risque de désespérer.
Il y aurait beaucoup à dire sur les hôtels qui servent de lieux d'hébergement au 115, ils sont situés bien souvent à la périphérie des villes dans un « non man's land » où les moyens de transport collectif sont peu nombreux et l'état des chambres laissent à désirer.
Il m'est arrivé de conseiller à une famille qui nous a alertés, de prévenir le 115 que les chambres et communs étaient envahis de cafards.
Une intervention rapide a permis de parer au plus pressé mais cette famille a été dans le colimateur du gérant de l'hôtel.
Le 115 et les services d'hébergement d'urgence sont des acquis sociaux à préserver et à rénover, les associations de solidarité qui sont sur le terrain demandent aux autorités d'être consultés et associés aux réflexions indispensables permettant de mieux répondre à la demande sociale.
Seront-elles entendues ?
Jean-François Chalot
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