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Accueil du site > Tribune Libre > Le bâton et plus beaucoup de carottes

Le bâton et plus beaucoup de carottes

Bruxelles, 7 juillet 2050. Petites impressions intimes de cette année-là. Nous avons dépassé la moitié du siècle et tellement de choses ont changé. Je me rappelle de ce que papa nous rappelait, il y a quelques années. Il nous a quittés, il y a huit ans à l’âge respectable de 95 ans. Il avait à peine dépassé l’âge moyen pour mettre un point final.

93c7acda956964849ec099190fc03882.jpgCe soir-là, je me trouvais un peu seul. Un peu de nostalgie me prenait à la gorge. Je suis monté au grenier, quatre à quatre. Cet endroit me permet, comme toujours, de réfléchir et il y en avait des sujets de préoccupation.

La chaleur perce malgré toute l’isolation de la maison. La lucarne du toit donne la clarté mais quelques tuiles laissent passer un peu trop de chaleur. Elle laisse passer la lumière mais elle est complètement opaque par une buée matinale tenace. Notre maison, toute verte à cause des plantes grimpantes est très jolie et se fond admirablement dans le paysage. Les plantes d’une cinquantaine de sortes ornent agréablement les quatre façades. Mais, elles n’apportent que peu de fraîcheur si ce n’est, un peu par instinct, à la vue des gouttelettes qui perlent encore pour humidifier ce jardin vertical. Je dis encore car, malheureusement, malgré mon respect vis-à-vis de l’écologie et le recyclage de l’eau qui avait été installé, cela ne suffit plus. Plusieurs fois, l’eau courante ne nous parvient plus de manière constante. Le puit ne comble pas le manque. Certaines plantes qui nécessitent plus d’eau n’ont pas survécu et il faut les remplacer par des plantes moins gourmandes.

83b36b33802459a4eae94e6d73b5a09c.jpgComme je le disais, mon épouse et moi, avons bien organisé notre maison pour vivre le plus possible en autarcie, sans énergie fournie par l’extérieur. Il n’a pas plu depuis 3 mois et cela commence à réellement se ressentir. Ailleurs, c’est pire encore. On peut être content de pouvoir se doucher deux fois par semaine sans beaucoup de problème. Je vais écouter la radio numérique ambiophonique pour prévoir les jours pendant lesquels je pourrai faire mon jogging le matin tôt. J’aime encore prendre une douche après mes exercices physiques.

11eb57305c17b4dca4e3650742aecdbd.jpgL’électricité, celle-là, on n’en manque pas. Les cellules photovoltaïques sur le toit absorbent à merveille les rayons du soleil. Et cela marche parfaitement. Mon compteur d’électricité marche à reculons le plus souvent et cela met un peu de beurre dans les épinards. La petite éolienne portable dans le jardin, elle, ne parvient pas à trouver le vent nécessaire à se mouvoir pour fournir de l’électricité. Une erreur d’investissement, très probablement. Le vendeur a été trop persuasif à l’époque. Bof. Ce n’est pas si grave. Plus tard ?

Les cellules photovoltaïques, les panneaux solaires, dernier cri, achetés l’année dernière, sont vraiment efficaces et suffisent amplement pour le chauffage et l’électricité. L’investissement a été très profitable.

Enfin, quand je dis chauffage, il faudrait plutôt parler de refroidissement. La molette dans le sens chaleur, on ne l’utilise plus beaucoup. En hiver, on fait de plus en plus des économies. Donc, nous nous en félicitons, nous avons bien calculé notre coup par rapport aux voisins qui n’ont pas été aussi perspicaces.

Le projet MITER est devenu mondial et il vient bien à propos en amenant artificiellement le soleil sur terre.

Les centrales nucléaires classiques ont, presque toutes, diminué leur production. Depuis la grande pollution que nous avons eu dans la région de Mourmansk, il y a une dizaine d’années, et qui a tué des millions de poissons dans le grand nord, les citoyens du monde ont forcé les autorités à changer leurs politiques. Le président Toupine a dû se défendre en personne devant l’ONU.

Nous vivons, comme je le disais, presque en autarcie énergétique.

Cette autarcie partielle nous réjouit et nous attriste à la fois, mon épouse et moi. Mondianet, le successeur d’internet de papa, ne nous offre plus les serrements de main et les contacts humains bien physiques que nous avions eu, il y a bien longtemps. On reste beaucoup plus à la maison qu’au temps de papa. Au moins, à la maison, l’air est conditionné. La télé avait déjà ouvert le chemin de la solitude du temps de papa.

Il y a bien mon voisin, Arthur, un peu plus proche, qui ont la même envie que nous de se rapprocher des autres. Ils sont venus samedi dernier. Ils nous ont raconté les déboires qu’ils avaient eu avec la pompe à eau qui leur servait pour récolter l’eau du puits. Il était tellement sec, que la pompe avait chauffé. Il était vraiment en colère en rappelant sa mésaventure pour la réparer. Avec la chaleur, travailler en plein air, il n’aime pas trop, non plus.

Je lui ai dit en souriant, qu’il devait faire tourner l’économie et faire appel à un technicien qualifié pour son puits. Ça l’a mit encore plus en colère. Il faut dire qu’ils sont plus jeunes que nous et que, vu sa nouvelle situation précaire, nouer les deux bouts est vraiment plus difficile.

Aujourd’hui, il a perdu son travail. Il a déposé son bilan depuis quelques mois. Il y a bien d’autres sociétés qui ont mis la clé sous le paillasson.

Pour nous, comme pour beaucoup de gens un peu aisés, je le reconnais sans honte, la maison est devenue le patrimoine familial par excellence. Mais, cela fait réfléchir.

Produire n’est plus vraiment un problème aujourd’hui. Les robots ont pris beaucoup de gallons. L’invention est restée seule à bord chez les humains. Heureusement, il y a eu les vases communicants qui marchent à plein pour les travailleurs moins prédisposés. La conception du travail a dû bien changer.

1d08565cdcf8c4aa407251bdddbaf744.jpgLes entreprises de l’automobile, grandes consommatrices de mains d’oeuvre, sont une véritable nécropole. J’enrage. La plupart d’entres elles n’ont pu réinvestir dans la recherche et n’ont pas trouvé les fonds suffisants pour le bouleversement des habitudes. Les bijoux de la vitesse ont complètement disparu. Il y a quelques années les pubs qui disaient que vouloir la vitesse était ringard, n’ont été que les prédécesseurs d’un revirement obligatoire pour la survie des derniers gallons de matière fossile. Les cellules photoélectriques sur le toit des voitures, encore une fois, permettent de se déplacer à petite vitesse raisonnable. Mais l’autonomie n’est pas encore des meilleures. Le vélo et la marche à pied restent les pédales du durable pour l’écologie et pour le corps. Tous les avantages. Comme le travail est devenu moins centralisé beaucoup travaillent de la maison. Le business centre ne donne plus qu’un faux semblant de travail en équipe.

Question carburant, l’eau de mer est maintenant le dernier projet à la mode que nos petites voitures boiront peut-être avec avidité dans un futur proche.

Pomper les mers ? Deux tiers des 92 éléments chimiques naturels se retrouvent dans l’eau de mer. Alors, pourquoi pas ? Des écologistes peu soucieux de réalisme en arrivent à se demander avec sérieux si les mers auront assez de ressources dans la continuité. Alors que les mers ont remonté leur niveau !

4ed84486be05bb949ad917dacbedd036.jpgHier, j’ai tenté de regagner le centre de la ville. Je dis ’tenter’ car j’ai dû rebrousser chemin à cause du brouillard épais qui planait sur la route. La pollution rend parfois le ciel rouge et brumeux bien avant le coucher transpirant du soleil. Il n’a pas tardé à me donner une description personnelle d’un accident dont il avait été témoin provoqué par cette calamité.

J’ai narré à Arthur notre dernière escapade à la mer. Une brise de mer continue encore là-bas. La mer est beaucoup plus proche de nous depuis les grandes marées qui ont engloutis une petite partie des polders.

ad9f4538483f8dd01ea7db21379c37df.jpgCet hiver, Bruges a tout de même eu aussi les pieds dans l’eau. La ville pouvait se targuer encore plus du surnom de « Venise du Nord ». La vraie Venise, elle, a beaucoup souffert. Une si belle ville ! Quel malheur. D’autres parties du monde sont encore plus mal loties, mais ont réagi avec perspicacité. Des digues surélevées ou leur barrière de corail ont été renforcée. Chez nous, certains ont même envisagé de créer une barrière de corail artificielle dans la mer du Nord pour faire obstacle à la progression de la mer. Je nous imagine déjà au bord d’un lagon bleu. Le tourisme exotique à nos portes !

Le côté positif à tous ces problèmes se retrouve dans la réapparition progressive des solidarités pour contrer la détérioration du climat et de ses conséquences. En effet, certains élans solidaires sont nés du Nord vers le Sud, plus éprouvé encore.

71e96c35037dd0c72f41df2d6161a831.jpgA Arthur, j’ai révélé nos projets d’aller en vacances au Groenland pour le mois de septembre. Mon épouse se réjouit déjà à l’avance d’avoir un air un peu plus frais pendant ces vacances. Et dire qu’elle aimait la chaleur et le soleil dans sa prime jeunesse. Les photos du catalogue sont tellement belles. L’île a vraiment retrouvé son nom d’origine. La neige ne tombe presque plus là-bas et les fins de saisons chaudes ressemblent tellement au paysage de la méditerranée d’antan. Je ne vais pas jusqu’à dire que l’océan à la fièvre, mais trottiner avec les pieds dans l’eau n’est plus une horreur pour demoiselles. Les Inuits, qui étaient des chasseurs, se sont lancés dans le tourisme. La banquise, là bas, on s’en rappelle à peine.

Il ne faut plus que 2 heures pour y arriver en avion « Surjet ». Le prix est vraiment intéressant. Les compagnies se sont tellement fait la compétition qu’il n’en reste plus que quelques unes en place. Je ne sais si le consommateur y a vraiment gagné. Il faut dire qu’il n’y a plus beaucoup de personnels à bord. Tout est automatique et une voix presque humaine nous indique les démarches à suivre. Le pilote et son copilote se baladent encore tour à tour dans l’avion pour s’assurer du bon fonctionnement et de la satisfaction des passagers. C’est pour la bonne forme. Le carburant, la « kerosite » est presque à 100% renouvelable. Mais, elle ne constitue pas la seule énergie pour faire fonctionner notre aile volante.

Le CO2 a toujours progressé. Après s’être emballé, on assiste à une retombée pour atteindre le pourcent d’augmentation. Ce n’est pas gagné pour autant. Il existe un véritable marché qui octroie des droits à la consommation par les taxes. Ce gaz n’est pas le seul. Il est même dépassé en efficacité néfaste par le méthane et son propre effet de serre.

L’aéroport fait partie intégrante de la ville. Heureusement que le bruit et la sécurité ont été améliorés car le trafic aérien a triplé depuis le temps de papa. On s’y habitue, depuis que les fenêtres ont été insonorisées et aussi, que vu la chaleur, cela devient rare d’aller dans le jardin. Le train, encore meilleur marché, a repris sa fonction de transport du plus grand nombre de voyageurs sur un même continent.

La montée des eaux a fait beaucoup de dégâts dans le monde. La rivière qui coule à Bruges se jette désormais dans la mer dès la sortie de la ville. Il n’y a pas un hiver sans que la cathédrale se retrouve les pieds dans l’eau. Elle a plutôt allure d’un îlot sacré. Les hivers ne sont pas froids mais très tempétueux. Je me rappelle que l’écran plat de ma TV murale rendait, très bien, avec le relief, les vagues qui frappaient fort sur les digues surélevées récemment. Heureusement que les autorités avaient augmenté de manière importante les budgets pour réaliser ces travaux en place forte contre la mer.

La tempête d’y a seulement trois ans est encore dans toutes les mémoires. Il y a eu beaucoup de morts et de dégâts. L’année suivante, nous avons ressenti les effets du côté portefeuille avec les assurances. Depuis huit ans, celles-ci ont toutes triplées. On commence à se demander si tout le monde parviendra encore à les payer. C’est insoutenable pour certains.

Tous les événements atmosphériques prennent des extrêmes inattendus. Les gens sont surpris de ce qu’il appelle la « vengeance » de la nature. La fréquence et l’intensité des catastrophes commencent heureusement à régresser suite aux réactions normales des populations riches, pour la plupart, du monde. Le Nord s’adapte mieux, c’est un fait, même si l’élévation du niveau des mers est plus importante. Le Sud subit de plein fouet les humeurs de notre climat et heureusement, un peu moins par la montée des eaux.

Ici, l’été est très chaud. Trop ! L’air conditionné fait son possible pour rafraîchir sans parvenir complètement à atteindre son maximum de confort. L’effet de serre, on en parle toujours parfois trop. Dans les conversations, c’est le leitmotiv. Ce n’est plus un effet, c’est devenu une réalité en cocotte minute dans les habitations qui n’ont pas trouvé les moyens d’y résister. Le temps a toujours été la tarte à la crème des gens qui font semblant de se connaître. Le mot « canicule » est devenu tellement commun que la population s’amuse à en faire des jeux de mots. La « Canne au cul » est un des derniers. Ailleurs, même les câbles électriques ne résistent plus soit au froid ou au chaud permutant trop rapidement.

Notre petite dernière, celle de ma fille, a depuis quelques temps, une forte allergie. Cette année, dès janvier, les quintes de toux ont recommencé et l’asthme a pris le relais. La pollution de l’air en est évidemment responsable. Papa subissait aussi cette maladie de notre siècle. Ses derniers moments pénibles sont en grande partie dus à cela. Cette fois, on est passé à une moyenne de près d’une personne sur deux à subir ces assauts allergiques.

Ma femme, il y a deux mois, a été piquée probablement par un moustique exotique ou par les chenilles processionnaires de plus en plus nombreux dès le mois de juin. Le médecin était assez étonné de l’ampleur de l’enflure. Il n’a pu dire avec exactitude le nom du moustique. Il y en a tellement de sortes. Au début du siècle, on parlait de chikungunya. J’espère que ce n’est pas de lui qu’il s’agit. Cela va d’ailleurs un peu mieux avec les antibiomoustiques bien connus.

En médicament, on est bien servi de nos jours. Heureusement. La production en a été accélérée très fortement dans une lutte contre le temps. Divers végétaux qui en étaient à la base disparaissaient à cause de leur sensibilité vis-à-vis des sautes d’humeur du climat.

Les raz de marées, les cyclones ont commencé à nos portes, depuis avril. Ils se termineront probablement en décembre. Pas de tsunami, ni de tremblements de terre, par ici. C’est déjà ça. Si la nature s’en mêlait avec cela en plus ? Il faut dire que les alertes oranges sont moins nombreuses, elles ont fait place aux alertes rouges.

Les 35 tonnes par an de déchets dues à la combustion ne sont pas si loin. Les protocoles et accords de Kyoto, de Brasília, de Bangkok et de Pékin sont arrivés enfin à faire tourner le gouvernail modestement au départ, plus énergiquement après. Les derniers pays récalcitrants se sont enfin rendus compte des nouveaux marchés qu’ils pouvaient en tirer. Mais, il faudra attendre encore de nombreuses années pour en ressentir les améliorations. Alors, on attend. Peut-être dans une ou deux générations.

Papa m’avait rappelé, avec sa voix tremblante, ses souvenirs au sujet d’un candidat malheureux à la présidence des États-Unis au début du siècle. Il l’avait beaucoup impressionné mais il ne parvenait plus à dire son nom ni du film qui dérangeait beaucoup à son époque. De nos jours, plus rien ne nous étonne vraiment. Il parlait aussi, vibrant, d’un certain "Roulotte", écologiste, (il n’était plus sûr du tout du nom et personnellement, j’ai aussi oublié) qui avait renoncé à sa candidature à la présidence de France.

Beaucoup d’habitants du sud de notre grande Europe sont remontés dans nos pays du nord car s’il n’y avait que la chaleur ce ne serait pas trop grave, mais la sécheresse est vraiment trop difficile à supporter. Neuf milliards d’êtres humains, ça fait du monde !

Malgré notre habitude à être très hospitaliers, l’immigration devient très difficile. Nous avons une moyenne de 500 habitants au kilomètre carré. C’est marrant quand on va en ville, on a une impression de vivre le monde entier après une promenade de moins d’un kilomètre. Une foule de langues rend les polyglottes presque honteux et ils y perdent leur latin. En parlant de latin, j’ai entendu que certains voudraient moderniser cette langue pour en faire une langue internationale après l’anglais et l’esperanto. Il y en a vraiment qui prennent les enfants du bon dieu pour des canards sauvages.

Cette promiscuité de toutes origines crée de plus en plus de bagarres. Le mot "terrorisme" est galvaudé par les médias. Personne n’est dupe. Dur, dur de confronter les idéologies même quand la volonté y est. Les idéologies ont été prises de vitesse par les réalités. Les maisons non occupées sont squattées aussi vite après leur abandon. Tout doucement, on se rend compte que l’homme est la seule espèce vivante à avoir investi le moindre espace sur terre et cela, même s’il n’était pas étudié "pour". Un instinct de survie a pris des allures de solidarité mieux comprises.

Le pire, c’est que l’extension des villes a été telle qu’elles se touchaient entre elles et que les espaces destinés à l’agriculture en étaient réduits drastiquement. La faim crée la transhumance. La transhumance, la promiscuité forcée. La promiscuité, le conflit. Cela est le plus grand danger pour notre genre humain.

Heureusement qu’il y a eu les biotechnologies et les OPPPG (Organisation publique et privée pour les plantes génétiques) pour compenser. La science a permis de préserver certains organismes de la disparition.

J’ai trouvé de beaux ananas au marché, il parait qu’ils proviennent de la Gaume dans le sud du pays. Par contre, je ne suis pas parvenu à trouver du poisson. Les rascasses ont remplacé les soles. Je n’aime pas trop. Trop d’arêtes. Le poisson est devenu tellement cher que les commerçants hésitent à en acheter. Les copains du week-end suivant devront se contenter de viande. C’est cher aussi, mais au moins on en trouve encore.

Sur les côtes au sud de l’Angleterre, de plus en plus de palmiers ont remplacé les platanes et les chênes. Le Gulf stream qui s’est renforcé en est peut-être la raison principale.

a2c6cdca1bab290807265cac2d0e89c1.jpgEn parlant de notre mer du Nord, c’est devenu dangereux de s’y baigner. Des énormes méduses ont envahi nos côtes. Papa, encore une fois, s’est rappelé ce genre de situation avec ces immondes bestioles dans les mers autour du Japon. La pêche en est devenue très problématique. L’eau en bouteille biodégradable a suivi le même chemin du côté prix.

Dans le sud de l’Europe, nous avons eu une invasion des criquets telle que l’on voyait dans des régions plus au sud encore.

Des espèces ont disparu de la surface de la terre. Serons-nous une des suivantes ? Certains se posent sérieusement la question.

Dans deux mois, la conférence du OECNU (Organisations pour l’Evolution du Climat aux Nations Unies) aura lieu à Montréal. Je me demande quelles seront les dernières découvertes scientifiques. Il paraît que les dernières idées penchent vers la déviation des rayons du soleil avec de grands réflecteurs, des miroirs géants. Une banquise artificielle a été écartée. Des pièges à carbone existent déjà un peu partout. Les budgets vont certainement être énormes.

Cette fois, il faut l’avouer, le monde entier avec tous ses citoyens s’y met de concert. Je suppose qu’ils se mettront en accord à l’échelle mondiale. Il le faut. Parmi la population, une peur s’est installée dans les esprits. Peurs que mi-scientifiques mi-philosophes essayent de contenir dans des normes raisonnables. "Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir" est un peu le mot d’ordre. Le catastrophisme n’a jamais été porteur de modernisme et de progrès. Les prédicateurs ou futurologues n’ont pas tout imaginé dans le passé. La nature s’autorégule toujours en fin de compte. Le malheur, c’est qu’on ne sait pas attendre.

9d4405a9a2b063d20ef252eb55c1a280.jpgEn parlant de concert, je me souviens qu’il y a une quarantaine d’années, encore jeune adolescent, j’ai vu à la télé un concert gigantesque pour la Terre, « Live Earth  ». Depuis lors, c’est devenue la fête annuelle de la renaissance comme si on voulait conjurer le sort. Je serai devant l’écran ce soir. Cela a toujours un effet bénéfique immédiat. C’est déjà cela de pris.b304be076bcd9da3eeb6d9c60af080d5.jpg

Les villes de cet événement médiatique changent. Mais le spectacle a eu lieu dans les plus grandes villes du monde pour donner le maximum de prestige et d’impact. Ces villes, on les appelait au début des mégapoles. Aujourd’hui, « gigapoles », serait plus approprié.

J’ai envie de me poser la question :

- "La science et l’homme en général vont-ils finir par nous sauver de tous nos problèmes ?"

La terre continuera à tourner, c’est sûr. Est-ce que sera avec nous ?

Papa le disait par une phrase dont je me souviendrai toujours :

- "La science et la nature, ce sont des choses beaucoup trop sérieuses pour laisser notre futur dans les mains des seuls politiques. L’écologie n’est pas affaire de parti. C’est bien au dessus. C’est un garde-fous, une idéologie pour la survivance de l’espèce humaine"

Il osait même se poser la question s’il y avait de véritables hommes à la tête des états au vu du faible potentiel de décisions drastiques devant les problèmes de notre avenir d’homme.

En y pensant après coup, je ne suis pas sûr qu’on ait trouvé la réponse aujourd’hui ? Amusé, j’imagine les photos devant les bureaux de votes avec têtes en forme de processeurs, de caisses enregistreuses toutes de mécaniques vêtues en maîtres du monde.

Du politique, nous en avons l’expérience. Rendre notre destin à César, on n’y pense plus depuis longtemps ! Nous l’avons, seulement, compris un peu tard. Mais on peut toujours rêver.

Les météorologistes disent que nous sommes sur la bonne voie de redressement et que certaines mesures ont déjà porté leurs fruits. Les effets durables et vraiment visibles, c’est pour plus tard.

Nous avons dans le passé réduit la consommation du superflu dans le principe de faire plus avec moins. En attendant, on s’impatiente et on espère voir revenir un jour à une période froide. Une période qui suit l’ère glacière par exemple.

ad64e303cd51af2028afd4d1b27a41aa.jpgDans le grenier, je viens de retrouver un recueil d’écrits par papa sur un site et à une adresse "Agoravox". J’ai essayé de retrouver ce mot avec le moteur de recherche, mais je n’ai pas trouvé. Cela doit avoir changé de nom !

Pas mal, le titre de cet article « Le bâton, plus... ». On pourrait dire qu’il serait considérablement raccourci aux deux premiers mots de nos jours.

Un billet qui glisse au sol. Un poème de papa :

 

"Notre terre ne vaudrait-elle pas une messe ?

J’ai huit, j’ai faim de plus de justesse

Dans vos résolutions pleines de finesses

Mal en rapport avec vos largesses

S’agissait-il d’une fausse grossesse ?

Ou comme toujours une grande mollesse

Ou pire encore, teintée de bassesses

Et pourtant il faut se grouiller les fesses

Quand on connaît notre faiblesse

Face à la nature dans sa rudesse

Que restera-il à offrir à notre jeunesse ?

Connaîtront-elles leur propre vieillesse ?

Il faudrait bien autre chose que des promesses

Car la vie de notre terre est la seule richesse."


Manifestement, papa était furieux. Mais de qui parlait-il ? « J’ai huit... quoi ? » Il doit y avoir un mot qui manque.

 

C’était vraiment un rêveur, papa. Amusant et troublant, à la fois. Fraîcheur innocente et humour caustique. Le monde changeait. Le progrès venait, parfois, en cherchant bien.

Papa n’avait jamais eu l’ambition de faire changer le monde, aucune prétention, mais il a essayé de le décrire simplement un peu plus critique que d’habitude.

Tout s’accélère, aujourd’hui. Les problèmes et certaines découvertes qui apportent des réponses.

Je m’en retourne à ma nostalgie. Retourner en arrière n’est encore qu’une affaire d’esprit. Et, lui, au moins, sera durable.

Mince, son pseudo...

L’Enfoiré,

Citations de l’époque d’avant :

  • "L’écologie est aussi et surtout un problème culturel. Le respect de l’environnement passe par un grand nombre de changements comportementaux","La planète, ça nous regarde", Nicolas Hulot

  • "Est-ce que c’est parce que la planète se réchauffe que les politiques font tout pour finir à l’ombre ?", Laurent Ruquier

  • "La nature apprend à l’homme à nager lorsqu’elle fait couler son bateau.", Saït Faïk Abasiyanik

  • "Avec la fonte des pôles, il y aura plus d’eau dans les mers et donc d’avantages de place pour les poissons. Le malheur des pingouins fait le bonheur de sardines", Philippe Geluck

  • "Chaque minute en Amazonie, on déboise l’équivalent de 60 terrains de football. C’est un peu idiot, il n’y aura jamais assez de joueurs", Philippe Geluck

  • "Quand la mer monte, j’ai honte, j’ai honte. Quand elle descend, je t’attends..."

Des images vertes ?


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25 réactions à cet article    


  • LE CHAT LE CHAT 7 juin 2007 12:39

    très bel article , on aura aussi les pieds dans l’eau en camargue et Martigues méritera aussi son nom de Venise provençale smiley


    • L'enfoiré L’enfoiré 7 juin 2007 12:51

      Salut Le Chat,

      Oui, c’est vrai j’ai entendu cela. La cata s’est pour beaucoup de monde.

      Dans mon article, j’ai essayé de tout rassembler. Problèmes et idées vus d’un autre temps futur.

      Pour la petite histoire, c’est un article que j’avais écrit depuis plusieurs mois, mais qu’au vu de ce qui est dit aujourd’hui, se devait de présenter les choses sous un angle original. Le message par le « reality fiction » me paraissait le plus efficace. smiley


    • L'enfoiré L’enfoiré 7 juin 2007 12:42

      Aux lecteurs,

      Il y a eu une erreur de parution non présente au départ. L’erreur commence à la phrase « Les raz de marées... ». Elle a été signalée à AV.

      La phrase à compléter aussi : « Une foule de langues rend les polyglottes presque honteux et ils y perdent leur latin. En parlant de latin,... »


      • L'enfoiré L’enfoiré 7 juin 2007 16:04

        @Au Commité, Corrigé. Merci.


      • Marsupilami Marsupilami 7 juin 2007 12:50

        Excellent article, l’enfoiré. Cette fiction semble très réaliste. Ça fait froid dans le dos, ce qui est plutôt agréable par temps de canicule...


        • Le Chacal Le Chacal 7 juin 2007 13:39

          Un très bon article, un bon travail de prospective.

          Personnellement, je trouve que c’est encore un peu optimiste, mais ça doit être sans doute moi qui suis trop pessimiste du coup smiley


          • L'enfoiré L’enfoiré 7 juin 2007 13:51

            @Chacal,

            J’ai un naturel « optimiste ». J’espère que les décideurs le resteront aussi. Rien ne vaut l’humour et le rire dans les situations les plus scabreuses. Et ça on l’oublie trop souvent de nos jours.

            Oui, c’est vrai, ce n’est pas un article qu’on écrit sur un coin de table pour le weekend suivant. Rester dans l’actualité pure et dure n’a jamais été mon fort. Les autres le font pour moi. C’est pour cela que beaucoup d’articles m’ont été renvoyés au rancard sur mon site.

             smiley


          • Marie Pierre 7 juin 2007 15:19

            Très bon article l’Enfoiré à envoyer d’urgence au G8 !


            • L'enfoiré L’enfoiré 7 juin 2007 15:21

              « Just in time » comme on dit à la table des négociations avec les petits plats dans les grands, bien sûr. smiley


            • maxim maxim 7 juin 2007 17:37

              Bruxelles ma belle /je te rejoins bientôt /aussitôt que Paris me trahit / et je sens mon amour aigrit et puis / elle me soupçonne d’être avec toi le soir /je reconnais c’est vrai tous les soirs dans ma tête / c’est la fête des anciens combattants d’une guerre / qui est toujours à faire ... Bruxelles attends moi j’arrive , bientôt je prends la dérive ...

              Michel te rappelles tu de la detresse de la kermesse /de la gare de midi/te rappelles tu de ta Sophie /qui ne t’avais mème pas reconnu /les néons ,les Léons,les nom de dieu /sublime décadence la danse des panses /ministère de la bière artère vers l’enfer / place de Brouckère .....

              Bruxelles attends moi, bientôt je prends la dérive .....

              cruel duel celui qui oppose /Paris névrose et Bruxelles abrutie /qui se dit que bientôt ce sera fini/l’ennui de l’ennui/tu vas me revoir Mademoiselle Bruxelles /mais je ne serai plus tel que tu m’as connu/je serai abattu,courbatu,combattu/mais je serai venu .....

              Bruxelles attends,j’arrive , bientôt je prends la dérive ,

              Paris je te laisse mon lit ....

              salut l’Enfoiré .......


              • L'enfoiré L’enfoiré 7 juin 2007 17:43

                Salut Maxim,

                Comme tu le vois, il ne restera peut-être qu’à diner ... « Chez Maxim ».

                33 ans depuis cette chanson de Dick Annegarn (URL). Elle n’a pas pris une ride. En lisant ton commntaire, je chantais mentalement.

                Merci, pour ce rappel. smiley


              • Pierre R. Chantelois Pierre R. - Montréal 7 juin 2007 18:57

                @ l’auteur

                Ma déception : que ce soit le fruit de l’imaginaire.

                Mon enthousiasme : une science-fiction hors du commun, résolument tourné vers l’écologie et le développement durable.

                Mon voeu le plus cher : que ce texte devienne une référence pédagogique dans toutes les écoles du monde.

                Conclusion : si notre avenir devait se fonder sur cette analyse, le paradis ne serait pas loin. L’auteur pourrait-il nous montrer le chemin de ce nouveau paradis ?

                Pierre R.

                Montréal (Québec)


                • L'enfoiré L’enfoiré 7 juin 2007 19:29

                  Salut Pierre,

                  Mon texte original n’était pas une fiction. Il était du style que l’on entend maintenant à peu prêt tous les jours depuis qu’Al Gore avait lancé sa croisade.

                  J’ai tout réécrit. La réalité dépasse souvent la fiction. On ne pense pas à tout quand fait de la futurologie.

                  Souvent, je me suis demandé « Vais-je être plus dur encore ? ».

                  Et puis, non, il faut laisser une chance au genre humain. J’ai confiance en son imagination. Nous serons de plus en plus nombreux sur terre. Statistiquement, cela donne aussi plus de chance à la découverte de « miracles ».

                  Le paradis, c’est dans la tête que cela se passe. Mais il faut en être convaincu.

                  Voilà, la clé du processus de renaissance. Nous avons eu le « Quattro Cento » vive le « Vinti cento ». smiley


                • ZEN ZEN 8 juin 2007 07:53

                  J’aime flâner dans Bruxelles, ville pleine de surprises et de charme...mais quel b...urbanistique !


                • L'enfoiré L’enfoiré 8 juin 2007 15:00

                  @Zen,

                  J’ai lu trop vite ton commentaire.

                  Oui, tu as raison. La « bruxellisation » comme on l’a appelée dès les années 58, n’est jamais arrivée à son terme. On démolit et on construit toujours. Tu devrais voir le chantir autour du Rond Point Schuman, là où fleurrissent les grands lobbies de Bruxelles ainsi que la Communauté Européenne.

                  Des bureaux dans un tel entourage, cela vit une vingtaine d’années et puis on considère que c’est à mettre à la poubelle. Bientôt le RER. Cela fait tourner la toupie. Non ? smiley


                • toto1701 7 juin 2007 23:29

                  anticipédia fait encore mieux en la matiere...


                  • L'enfoiré L’enfoiré 7 juin 2007 23:37

                    @Toto,

                    J’ai été voir. Pas vraiment de concurent actuellement du moins sous cette forme touche à tout.

                    Merci pour l’adresse, tout de même.


                  • toto1701 7 juin 2007 23:37

                    Alain Degrèves, 36 ans, amant de location de la société KilouNous a été tué par Franck Rieul, 37 ans alors qu’il sortait du domicile de son ex-épouse Nathalie Rieul, 34 ans. Lorsqu’il a compris que cet amant n’était qu’un imposteur destiné à calmer ses ardeurs amoureuses, il s’est exclamé : « Elle devait bien savoir que les hommes sont encore plus bêtes qu’elles ne croient. »

                    Le sociète KilouNous, spécialisé dans la location d’humains (copains d’avant, collègues de boulots, manifestants, gendres idéaux, parents parfaits...) a décidé de supprimé de son offre le pack amant.

                    ACP

                    C’est déjà demain :


                    • haddock 8 juin 2007 09:07

                      Le Degrèves n’ a guère eu de chance dans sa vie de travailleur . De la CGT s’ est fait jeter . Chez FO n ’a rien eu de juste .

                      Un amant de neurone.


                    • La Taverne des Poètes 8 juin 2007 08:01

                      L’Enfoiré, je crois que les carottes sont râpées et que l’on se passe le bâton merdeux...


                      • L'enfoiré L’enfoiré 8 juin 2007 09:17

                        Salut Taverne,

                        Vivement le temps où il y aura de vraies carottes et de vrais bâtons.

                        Quand on entend les échos de Suisse et en Allemagne, il y a des baffes qui se perdent. Mais de ces événements, j’ai confiance, il y aura bien des rédacteurs qui vont réagir sur AV.

                        Le CO2 va bientôt remplacé l’air qu’on respire. Espérons qu’on ne s’en étouffera pas avant 2050.

                        Bonne journée quand même et rêvons, mais... éveillés . smiley


                      • L'enfoiré L’enfoiré 8 juin 2007 12:07

                        Salut Parkway,

                        Merci, je dois avouer que j’ai pris beaucoup de plaisir à l’écrire, cet article.

                        Les phrases me sautaient dans la tête et j’en rigolais en moi-même. La « canne au cul » a été un bon moment, je t’assure.

                        Les choses trop sérieuses ne se supportent qu’avec l’humour. smiley smiley


                      • Vilain petit canard Vilain petit canard 8 juin 2007 14:12

                        Très sympa, ton article, on s’y croirait. Joli style. A bientôt, VPC.


                        • DominiqueBoscher DominiqueBoscher 8 juin 2007 17:08

                          Je suis très intéressé par l’autarcie et je me suis fixé 5 ans pour l’atteindre à titre personnel : voir www.autarcies.com Par contre j’ai le sentiment et l’intime conviction que cette description en 2050 est idylique et ne correspondra malheureusement pas à la réalité qui se profile. Si le pic de production du pétrole est fixé en moyenne pour 2012, il semble quasi certain qu’il n’y en aura pratiquement plus en 2050 et comme il n’existe aucune solution de substitution globale, il me semble impossible d’imaginer les futurs déplacement en avion, les vacances au Groenland, les équipements coûteux réalisés aujourd’hui avec un pétrole à bon marché... Ce n’est pas du pessimisme, c’est du réalisme.


                          • L'enfoiré L’enfoiré 8 juin 2007 17:49

                            Cher Dominique,

                            Si tu as un tant soi peu suivi mes écrits, j’ai eu un article qui parlait du livre d’Eric Laurent « La face cachée du pétrole ». Son interview y était.

                            http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=8409

                            Et une autre réponse de la Bergère au Berger :

                            http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=9074

                            Ca, c’est pour l’entrée en matière. Si tu as lu mon article de rêveries (je te le conçois), j’avançais des idées audacieuses d’« eau de mer ». Comment je la démontrais n’était par contre pas faux du tout au su jet de sa contenance. On n’a vraiment pas été très loin dans cette direction, il faut bien le dire.

                            Si on n’ira plus en vacances au Groenland, n’oublie pas qu’il y aura toujours la voile pour ceux qui voudront connaître le monde. Je l’ai dit le travail ne sera plus ce qu’il est aujourd’hui. Il faudra se le partager et trouver des palliatifs. Donc le temps n’aura plus beaucoup d’importance. Encore une fois, on vivra plus longtemps. Le réalisme bien compris est un peu d’optimisme. La vérité n’est jamais blanche ou noire.

                            Il faudra un peu moins de défaitisme à vous jeunes. Je vois que sur ton site tu as un tab avec la rubrique « Humour ». Tu n’as donc pas tout perdu. smiley

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