Le Best Seller de l’été !
Le Pays aux milles ruelles
Il était une fois, dans un continent très lointain, un petit royaume. Si petit était le pays qu’il s’appelait « Picoland » (de pico : petit et land : terre)
Les habitants, les « Picoleurs », étaient des gens heureux, paisibles et travailleurs. Il faut dire qu’ils avaient subi plusieurs guerres et n’aspiraient qu’à la joie de vivre dans leur enthousiasme pour tout reconstruire
Les Picoleurs étaient naïfs et donc assez crédules. Ils se laissèrent berner longtemps par 2 grandes familles de roitelets qui se partageaient alternativement le pouvoir. Ce fut une longue période que l’on appela l’ère du « serpent aux deux visages » : une famille tournait la tête vers la gauche, l’autre famille tournait la tête vers la droite ; chaque visage hypnotisait par de beaux discours, mais le même serpent mordait.
Les roitelets avaient créé une école spéciale : l’ENA (Ecole des Nouveautés Anciennes) appelée ainsi parce que les professeurs étaient toujours d’anciens élèves qui recyclaient à l’infini les veilles recettes, un peu comme la confiture de bonne maman est toujours meilleure que celle que fait sa bru. C’était parmi les élèves de l’ENA, les énarques, qu’étaient toujours et systématiquement choisis les conseillers des roitelets parce qu’ils parlaient le même langage et ce monde se comprenait.
La monnaie locale du Picoland était le « Picaillon ». Les Picoleurs n’en avaient pas beaucoup, mais la banque d’Etat, la BURP (Banque Unique du Royaume de Picoland) soutenait le développement du pays.
Pour ce faire, les grands travaux avaient été délégués à de riches mandarins.
Voyant l’efficacité du travail des Picoleurs et la tâche immense qu’ils accomplissaient, ces riches mandarins persuadèrent les roitelets de remplacer la BURP d’Etat par une banque privée : la PIP (Par Ici les Picaillons) dont ils seraient les gestionnaires. Ainsi les bénéfices de la banque n’allèrent plus au peuple, mais à ces mandarins possédants, qui devinrent chaque jour plus riches et plus puissants.
Les Picoleurs ne dirent rien car ils ne comprirent rien à cette transformation.
Ils continuèrent à remettre leur pays à flot, à travailler dur et, au bout de 30 années (appelés les 30 glou glou rieuses), les gros besoins étant satisfaits, le travail vint à manquer.
Comme les picoleurs étaient généreux, ils plaignirent ceux qui se trouvaient ainsi démunis et leur assurèrent un salaire minimum, le droit à la santé, 1 litre de vin par jour et d’autres facilités. Ils acceptèrent de bon gré de payer plus d’impôts pour aider leurs semblables. Malheureusement, augmenter les impôts pour aider les pauvres, rend plus pauvres ceux qui les payent et donc, en cascade, fait de plus en plus de pauvres assoiffés ! c’est un cercle vicieux ! Comme le dit le bon sens populaire : trop d’impôt tue les pots !
A cela s’ajoutait la ponction de la PIP qui limitait leur pouvoir d’achat.
Devant la détresse exprimée par les Picoleurs de plus en plus nombreux qui n’avaient plus de travail, les roitelets ne savaient trop que faire.
D‘abord, ils émaillèrent le pays de temples magiques au nom merveilleux : les « Coupoles-emploi » où ils obligèrent les picoleurs sans travail à venir puiser la bonne parole.
Malheureusement, les coupoles-emploi ne firent pas plus d’effet qu’un cautère sur une jambe de bois, aussi les roitelets demandèrent conseil à leurs énarques.
Le problème était que les énarques rêvaient tous de devenir monarques ! Ce qui les intéressait tait de savoir comment les roitelets étaient parvenus à devenir monarque. Autant dire que les aspirations du peuple qu’ils auraient du consulter pour conseiller les roitelets étaient à leurs soucis ce que l’orchidée est au glyphosate !
Ainsi quand les roitelets demandèrent aux énarques de chercher un remède pour calmer les picoleurs, ils ne firent rien d’autre que puiser dans les vieilles recettes de bonne Maman. Comme les mêmes causes produisent les mêmes effets, rien ne changea et les roitelets se retrouvèrent fort marris car les picoleurs commençaient à s’agiter sérieusement !
Alors, certains énarques allèrent plus loin dans leurs fouilles archéologiques et dénichèrent dans de vieux parchemins poussiéreux le remède de l’arrière-bonne-maman : le « ruissellement de la pluie d’or » : « si on donne aux mandarins plus d’argent, ils auront plus d’envies et de besoins que les picoleurs devront satisfaire par leur travail »
Et tout le monde serait gagnant : car si les pauvres savent faire de belles choses, des palais, des pagodes, des statues etc.. ce sont bien les riches qui ont passé commande et les ont payées ! Si les riches n’avaient pas ce goût et cette envie des belles choses, les pauvres n’auraient jamais appris à les faire ! CQFD
Les roitelets prélevèrent donc de l’argent du peuple, (ce qui fit plus de pauvres) pour le donner aux Mandarins possédants (ce qui les rendit encore plus riches) mais ce n’était, pour les picoleurs, qu’un mauvais moment à passer puisque l’or allait ruisseler incessamment sous peu !
Pour donner l’exemple, les conseillers des roitelets se mirent à la tâche et certains firent vraiment de gros efforts. Pensons à celui qui amputa le budget de son ministère de 1 200 Picaillons par mois en cigares. C’était un geste civique, mais voilà ! le Picoland ne produisait pas de cigare et cet argent, loin de ruisseler, partit en fumée. Ah c’eut été du pinard !!
Même des anciens roitelets à la retraite payèrent de leur personne, pensons au roitelet qui fit le bon choix d’employer 14 personnes à son service depuis 1981 plus 2 depuis 2012.
Quant aux Mandarins, puisque on leur donnait de l’argent sans aucune contrainte ni obligation d’un quelconque résultat, c’eut été travailler contre leur propre intérêt que de se bouger le croupion pour faire quelque chose. Toute leur activité se concentra à promettre aux roitelets que le ciel se lèverait bientôt et serait d’autant plus pur qu’on leur donnait encore plus d’argent.
Malheureusement, ça ne marcha pas comme prévu
Les Picoleurs payeurs commencèrent à douter. Devant l’impossibilité de couper la parole aux énarques pour exprimer la leur, ils décidèrent d’en avertir les roitelets par des manifestations.
En réaction, les roitelets demandèrent à des conseillers spéciaux, appelés « béni Bouy Bouygues » de calmer l’impatience des picoleurs en leur faisant prendre des Vinci pour de lanternes. Ce même modus operandi fut pratiqué jusqu’aux deux derniers roitelets à savoir : « le petit lutin sautillant » Sarkozizi et « le Panda mou à la fleur fanée » Moullande.
Cependant, le malaise s’aggravant chaque jour, les Picoleurs doutaient de plus en plus. Un énarque, sentant l’opportunité, évinça les familles du « serpent aux deux visages » et devint monarque à son tour sous le nom d’« empereur Micron » !
Il changea tous les conseillers par des nouveaux, ce qui fut accueilli chaleureusement par les Picoleurs qui espérèrent enfin pouvoir leur parler. Mais la promotion inespérée de ces nouveaux conseillers avait un prix : rapporter la parole de l’empereur Micron et uniquement la parole de l’empereur Micron ou se taire. Car l’empereur Micron n’avait besoin de personne pour prendre le pouls du pays.
Il descendit dans la rue et fit le constat détonnant suivant : beaucoup de Picoleurs sont des « illettrés », nombre « ne sont rien » et les autres sont tellement fainéants qu’ils refusent de « traverser les milles ruelles » du Picoland pour chercher du travail. Il lança alors l’ère du « Pognon de dingue-dong ». Il en était sûr, l’échec du « serpent aux deux visages » n’est pas le fait du ruissellement. Ce qui en est la cause, ce sont bien les Picoleurs eux même.
Et puis, ce nom - « Ruissellement de la pluie d’or »- contient en lui quelque chose de magique, un nom magnifique que nul ne peut ni refuser ni contredire. C’était sûr, l’empereur Micron redonnerait à l’empire le faste que les roitelets avaient saboté en restant trop timorés. Il accéléra le processus de ponction qui devait accélérer sans aucun doute le ruissellement de la pluie d’or car il avait peur que les Picoleurs, incultes, ne comprenant pas l’horizon magnifique promis, n’aient pas la patience nécessaire ou le désir de voir leur pays se couvrir de Porches conduites par des mandarins, la Rolex au poignet.
Car les Picoleurs, bien qu’insensibles à la beauté du mot, avaient bien une idée du ruissellement : une pluie d’or qui coule, glisse, roule jusqu’en bas, mais avait-on enlevé le bas ? car ils ne voyaient pas arriver la moindre goutte d’or !
Alors, puisque les picoleurs n’étaient pas au niveau de « la pensée complexe » de l’empereur Micron, ce dernier décida de leur parler par métaphores.
« Il faut suivre les premiers de cordée. Si l'on jette des cailloux sur les premiers de cordée c'est toute la cordée qui dégringole »
Les Picoleurs, simplistes, restèrent décontenancés. Ils contrôlèrent qu’ils n’avaient pas de cailloux dans leurs poches (ce qui fut rapide vu qu’il n’y avait pas de monnaie non plus), puis cherchèrent la corde pour s’y cramponner et ne la trouvant pas, se demandèrent si la corde n’était pas trop lisse et s’ils n’allaient pas rester les derniers de corvée !
Les Picoleurs se réunirent, mais trop benêts pour apprécier la profondeur de l’allégorie, ils se demandèrent si la corde n’était pas tout simplement une vieille ficelle ! ils répondirent bêtement par l’opération « citron jaune », une métaphore à eux pour dire qu’il y a une limite entre « être pressé » et « être pressurisé ».
Cette réponse inattendue des Picoleurs fut une nouvelle et grande déception pour l’empereur Micron. Cependant, son opération métaphorique commença à porter ses fruits : certains Picoleurs, au lieu de se plaindre bêtement, commencèrent à ouvrir des livres pour savoir ce qu’était cette théorie du « ruissellement de la pluie d’or ».
Ici et là, surgissaient des questions qu’utilisa opportunément une nouvelle famille qui montrait ses muscles à l’empereur Micron : la famille l’Epine « Marine L‘Epine »
Devant cette menace, l’empereur Micron prit alors plusieurs importantes décisions ; d’abord, pour assurer ses arrières et ne pas se battre sur deux fronts, il décida de supprimer l’ENA, sa propre école. De toute façon, il n’avait pas besoin de conseillers puisqu’il savait tout.
Ensuite, pour éviter que les questions des Picoleurs ne fassent tache d’huile, il lança l’opération dite du « firmament étoilé » : chaque étoile était une des milliers de questions exprimées par les Picoleurs et lui, l’empereur, en serait le firmament qui les recueillerait.
Car les questions fusaient en multitudes :
Elles allaient de la fermeture de la centrale atomique de PernodBill à l’augmentation des salaires (ce qui était hors sujet puisqu’il suffisait d’attendre la pluie d’or) en passant par le désir d’une vraie transition alcoologique !
Bien que l’empereur Micron et ses conseillers s’y attelassent illico presto, répondre à toutes ces questions était un vaste travail !! Il y en aurait pour plusieurs années ! et ainsi, plusieurs années d’espérance pour les picoleurs, car, comme l’amoureux, le meilleur moment n’est pas quand il serre sa maitresse dans ses bras, mais quand il monte l’escalier de sa chambre pour la rejoindre !
La Suite ?
La pluie d’or va-t-elle enfin ruisseller ?
Les picoleurs vont-ils enfin comprendre ce qu’il y a à comprendre ?
Les citrons jaunes vont-ils sécher sur place ?
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