Le bombardement du Yémen par les Arabes absout de facto Israël de tout « crime contre l’humanité »
Faut-il pour autant assimiler les bombardements aveugles de l’armée israélienne sur Gaza ou la Cisjordanie à ceux de la coalition arabe sur le Yémen du Nord ? Même si une certaine homothétie de fait peut se profiler entre les deux images c’est un pas que je ne franchirai pas. Pour moult raisons évidentes, dont le fait que les rebelles chiites de Abdelmalek Al Houti et leurs alliés sunnites ou zaydites commandés par le colonel Ali Saleh ne se battent pas contre une puissance qu’ils estiment être « occupante », et le terrain de la guerre n’est pas non plus exigu et verrouillé que Gaza.
Le colonel Saleh devant les ruines de sa résidence supposée bombardée par les coalisés
Par le nombre des victimes civiles dont des enfants et même des handicapés qu’ils ont faits, les milliers de frappes aériennes, effectuées par les pilotes de la coalition de 10 pays arabes dont le royaume saoudien qui la commande, les opérations Tempête décisive et sa version « light » Restaurer l’espoir, sauf quelques détails, n’ont rien à envier aux bombardements israéliens sur Gaza ou le sud Liban. Autrement dit le bombardement du Yémen par les Arabes absout de facto Israël de toute accusation pour « crime contre l’humanité ». Lancée le 29 mars 2015, « Tempête décisive » est déclenchée par l'Arabie saoudite et une coalition de 9 pays arabes, à la demande du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, suite au coup d'Etat opéré par les milices d’Abdelmalek Al Houthi. Le général saoudien Ahmed Al-Assiri, porte-parole des coalisés, a annoncé, mardi 21 avril, la « fin de l'opération +Tempête décisive+à la demande du gouvernement et du président yéménites (…) Selon la télévision officielle saoudienne, le pays et ses alliés sunnites estiment avoir atteint leurs objectifs militaires et éliminé avec succès les menaces pesant sur l'Arabie saoudite et ses voisins grâce à leur intervention. » Fin mais pas cessez-le-feu ! Le 22 avril suivant sera celui du lancement de l’opération « Restaurer l’espoir ». Selon un communiqué de la coalition, relayé par l’agence de presse saoudienne, « l’opération + Restaurer l’espoir+ visera la reprise du processus politique conformément à la Résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies (2216), de l'initiative des pays du Golfe et les conclusions du dialogue national. Elle consistera aussi en la poursuite de la protection des civils et la lutte contre le terrorisme. » Seulement Restore Hope se révélera presque aussi meurtrière que Decisive Storm.
La montée de leur moral, les rebelles houthis le devraient
à la destruction le 10 mai dernier de la résidence du colonel
Saleh à Sanaa par les coalisés
Le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) « a tiré mardi [5 mai dernier] la sonnette d'alarme face aux nombre croissant de victimes civiles du conflit au Yémen et s'est dit particulièrement préoccupé par le sort des personnes handicapées dans le pays. Entre le 26 mars et le 3 mai 2015, 646 civils, dont 50 femmes et 131 enfants, ont trouvé la mort et 1.364 autres civils ont été blessés dans les combats au Yémen, a déploré l'agence de l'ONU lors d'un point de presse à Genève. Le HCDH a également fait état de nombreuses destructions de domiciles civils lors de frappes aériennes, en particulier ceux dont les propriétaires seraient affiliés aux Houthis. » En effet, rien que pour la journée du lendemain de la publication du communiqué alarmant du HDCH, à avoir le 6 mai, les combats de Restore Hope « ont encore fait 32 morts parmi les civils. » Et ce n’est guère fini ! Le sentiment d’être « agressés » par une coalition de 10 pays arabes donne de la force aux rebelles houtis et renforce leur détermination surtout qu’à leurs côtés il y a les milices l’ex président déchu le colonel Ali Abdallah Saleh et peut-être d’une façon moindre et discrète le Hezbollah libanais, la main de Téhéran. La montée de leur moral, les rebelles houthis le devraient à la destruction le 10 mai dernier de la résidence du colonel Saleh à Sanaa par les coalisés (photo ci-dessus). Le bombardement A aussi blessé un certain nombre de Yéménites. L’image de la télé yéménite qui a fait le tour des médias mondiaux montrant Ali Abdallah Saleh se lamentant devant les ruines de sa résidence n’est pas sans rappeler celle d’un Yasser Arafat posant devant les décombres de la Mouqataa (quartier général de la présidence palestinienne), détruite au bulldozer par l’armée israélienne en automne 2002, à Ramallah en Cisjordanie, renforce le sentiment de victime des rebelles houthis et de leurs alliés que sont les troupes du colonel Saleh qui est de rite zaydite (proche du chiisme). Les Zaydites représentent plus du tiers de la population du Yémen. Ali Abdallah Saleh a été obligé d'abandonner son poste en 2011 après ce qui semblait être une révolte yéménite influencée par les printemps arabes. En janvier 2015, son successeur - qui est aussi son ancien vice-président -, Abd Rabbo Mansour Hadi, a été contraint à son tour d’abdiquer sous la pression des Houthis et de militaires traîtres, et a présenté sa démission au parlement, qui l'a refusé. Il est toujours le président par défaut du Yémen ou de ce qui en reste… Faut-il pour autant assimiler les bombardements aveugles de l’armée israélienne sur Gaza ou la Cisjordanie à ceux de la coalition arabe sur le Yémen du Nord ? Même si une certaine homothétie de fait peut se profiler entre les deux images c’est un pas que je ne franchirai pas. Pour moult raisons évidentes, dont le fait que les rebelles chiites de Abdelmalek Al Houti et leurs alliés sunnites ou zaydites commandés par le colonel Ali Saleh ne se battent pas contre une puissance qu’ils estiment être « occupante », et le terrain de la guerre n’est pas non plus exigu et verrouillé que Gaza. Cependant, les frappes contre les rebelles houthis et leur alliés ont été dictées par un besoin d’éviter qu’un le voisin saoudien soit envahi un jour par des hordes de chiites hostiles. Un même sentiment de menace qu’ont les Israéliens face à leurs voisins de Gaza…. En tout cas une chose est sûre : après cette guerre arabe contre les yéménites houthis et ses importants dégâts humains parmi les civils dont des enfants et des handicapés, il sera indécent- du moins pour tout Arabe raisonnable- de critiquer les anciens- ou les futurs- bombardements israéliens sur Gaza ou le Liban sud. De même qu’il sera incongru de parler de poursuites pénales contre les généraux de Tsahal pour crimes contre l’humanité.
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