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Le Bon, la Brute et le Truand
Les couteaux sont tirés, l’arène est bondée, l’été est chaud au PS.
Dans le rôle du Bon, nous avons un coquelet qui monte sur ses encore frêles ergots. Peut-être surestime-t-il ses capacités ? Toutefois il ne manque pas d’orgueil.
Nous avons ensuite la Brute, une dame de caractère bien à cheval sur des principes maintenant séculaires. De noble extraction, qui a réussi l’amalgame de l’autorité et du charme (c’est de Sardou) ; ce qui en fait une femme des années 80.
Enfin, nous avons le Truand, qui cherche dans cette bataille la volupté qui lui manquera sûrement dans l’autre combat qui l’attend... ...dans l’arène judiciaire. Les quelques banderilles qu’il a reçues en constituent le prologue.
Ce tableau serait incomplet si nous n’évoquions pas les spectateurs intéressés (au sens le plus vil de ce terme).
Nous avons tout d’abord un écrivain, essayiste de son état (tout au moins essaie-t-il d’être écrivain). Toujours prompt à livrer un oracle, surtout quand on ne lui demande rien et dont les indignations s’arrêtent brutalement aux abords de l’ancien Croissant fertile.
Ce monsieur s’est donc (auto) proclamé officier d’état civil pour déclarer la mort du PS, sans autre forme de procès. C’est en effet la mort du PS qu’il a connu du temps des potes et de Tonton, des fêtes et des paillettes.
Plutôt que de remettre en question sa « contribution » à la gauche française, il choisit donc de larguer les amarres pour une destination qui ne fait guère de doute.
Bon vent ! (Et ne reviens pas !).
Nous avons également un ancien ministre de la Culture (c’est d’ailleurs un éternel ancien quelque chose). Il trouve lui aussi que ce parti s’est asséché (« arbre sec »). Ce n’est pas le ru de sa pensée qui aurait pu irriguer seul ce vaste territoire. Mais ses initiatives personnelles au nom de sa liberté personnelle ont tout de même dévié son maigre filet d’eau vers des sillons contraires.
Nous avons enfin le bourgmestre de la Ville Lumière et du Vélib. Il se range souvent du côté des femmes en politique. Il connaît le PS et ce que l’engagement collectif signifie. Il est nostalgique du temps des conquêtes socialistes à Paris, faites avec des gens humbles et courageux.
Il n’a pas encore fait le deuil de ses ambitions supra municipales. Il ne peut être que légitimiste s’il veut un jour être légitime.
Ces protagonistes seraient parfaits pour un drame shakespearien, leonien (Sergio) ou encore tarantinien. Mais j’ai bien peur qu’il soit marxiste (les frères pas le barbu).
Car d’idées voire d’idéologie point de trace ni d’indice. Quel est donc l’enjeu ? Qu’y a-t-il dans la lumineuse valise de Pulp Fiction ?
L’héritage peut-être ?
Comme dirait mon notaire, c’est l’usufruit sans la nue propriété qui intéresse ces intrigants.
Le Bon voudrait jouir de la machine électorale PS pour le destin qu’il se voit en allant jusqu’à rebaptiser la maison.
Le Truand, en parfait Frankenstein, voudrait un parti à sa dévotion en sous-main, comme pour ses monstrueuses créations (de SOS à Ni P ni S).
La Brute, contre toute attente, est plus attachée à la nue propriété qu’à l’usufruit (elle passe néanmoins rue de Solferino de temps en temps pour mesurer l’évolution des fissures et des fuites).
Pourtant il y a du travail pour un(e) honnête homme (femme) de gauche, du PS en particulier.
Il y a des questions idéologiques à discuter puis trancher.
Il y a des batailles (non électorales) à mener.
Il y a des habitants qui souffrent dans ce pays et qu’il faut soutenir.
Il y a une opposition à faire vivre pour contrecarrer les funestes projets du petit homme.
Il y a un projet de gouvernement à proposer à ses concitoyens.
Il y a un espoir à redonner à tout un pan de la jeunesse.
Pour cette noble oeuvre, il faudrait une grande qualité en voie d’extinction : l’effacement.
Or nous vivons aussi dans l’époque de la célébration de l’ego.
Du triomphe du Je sur le Nous (qui est ringard)
De l’immédiateté.
Du petit bobo intime que l’humilité et la dignité ne parviennent plus à garder intime.
Du mélange orchestré de l’information et de la communication.
C’est une drôle d’époque, certes.
Mais les vraies valeurs n’ont pas d’époque.
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