Le bonheur, c’est de croiser
C'est en croisant que l'on peut trouver le bonheur, mais généralement pas en croisant les bras, ni les doigts ni encore moins en croisant le fer. C'est en croisant des êtres. Je dis "êtres" plutôt que "gens" car la fréquentation de celles-ci n'est pas toujours des plus appréciables ni fertiles. On parle de "gens" plutôt pour évoquer les individus enfermés dans leur personnages ou pressés par le temps (et donc superficiels) ou compris dans un groupe, une foule. Alors que le rapport à un autre être relève de la proximité et de l'intimité.
Croiser des êtres, croiser des vies, qui peuvent être des vies d'avant d'ailleurs, des vies très lointaines. Toujours est-il que j'ai, quant à moi, croisé une idée : "eurêka !" comme disait Archimède, dont j'ai un tout petit peu croisé la vie...Quelle est cette idée ? Elle est toute simple.
Eh bien voilà, je me suis aperçu qu'en créant deux listes de verbes correspondant à des actions essentielles à nos existences, on pouvait tirer des principes de vie pouvant nous aider à construire notre bonheur. Bah ! C'est tout simple. Voici la chose expliquée :
1ère liste de verbes : être, devenir, vivre, aimer, croître, penser, faire.
Cette première liste concerne l'être lui-même alors que la seconde est davantage tournée vers l'individu et l'action concrète.
2nde liste de verbes : connaître, savoir, apprendre, comprendre, construire
J'ai constaté que cette méthode (voilà une méthode qu'Aristote n'a pas trouvée !) est une sorte de levier d'Archimède qui permet de soulever de grosses notions pour en tirer des principes de vie utiles.
En croisant les termes des deux listes, on obtient par exemple :
(connaître et comprendre) + être : "connais-toi toi-même !"
savoir + vivre = savoir-vivre, savoir + faire = savoir-faire mais on peut y ajouter savoir-être et savoir aimer.
On peut aussi croiser deux verbes d'une même liste :
devenir + être : le "deviens ce que tu es !" qui n'a pas été inventée par Nietzsche mais dans l'Antiquité (voir ci-dessous)
aimer + faire : le "'aime et fais ce que tu veux !" de Saint Augustin
être + penser : "je pense, je suis" ou "je pense donc je suis" de Descartes.
La fameuse citation "deviens ce que tu es" est celle d'un poète lyrique du Ve siècle avant JC qui s'appelle Pindare. Il s'adresse à Hiéron, tyran de Syracuse, pour l'exhorter à réaliser sa véritable personnalité.
On oublie souvent la suite de cette citation qui est pourtant très éclairante : "quand tu l'auras appris". Epicure, pour qui se changer soi-même est le principal devoir, reprendra la première partie de cette citation, tandis que Socrate appuiera sur la deuxième avec son fameux "connais-toi toi-même", gravé sur le fronton du temple de Delphes. (Source l'Express)
Parfois même, un verbe seul est à l'origine d'un principe comme : "carpe diem", cueille le jour en français, autrement dit "jouis" comme disent les Anglo saxons ("enjoy yourself" ou "freuen sie sich !") mais, dans notre langue, cela comporte une ambiguïté (je ne vous fais pas un dessin). On pourrait dire "prends de la joie".
faire + faire = "Agis toujours de telle sorte que la maxime de ton action puisse être érigée en règle universelle » (Kant)
Le verbe "faire" à lui tout seul participe à notre bonheur. En effet, faire n'est pas toujours une chose agréable. Il s'agit souvent d'effecteur des tâches inévitables ou d'accomplir son devoir (on fait ses devoirs, on fait son service militaire) mais ô combien ce qui est "fait" nous soulage et nous contente : ce qui est fait n'est plus à faire, dit-on et cela ne nous rend-il pas heureux ? Tandis que la procrastination ne produit pas du bien-être. "Voilà, ça c'est fait !" veut bien dire "nous sommes heureux car soulagés d'une corvée".
Je suis persuadé que l'on peut découvrir d'autres principes de vie et de bonheur en opérant des croisements entre ces verbes essentiels. Mais, ces principes ne seront pas tous aussi explicites que ceux qui ont déjà été énoncés. Les trouvailles ne sont pas toujours évidentes.
Pour la quête du bonheur, on peut trouver aussi les correspondances suivantes : apprends à connaître, apprends à aimer, etc.
En attendant, pour vous permettre de poursuivre sur le thème de la définition du bonheur, je vous recommande une série d'articles parue dans Libération. J'ai retenu ces deux citations :
L'une de Patrick Chamoiseau, parle du bonheur comme une compétence de l'imaginaire et dit que le bonheur peut ne pas se ressentir : « Comme l’amour, le bonheur est une compétence de notre imaginaire que nous devons apprendre à développer en nous. Il rassemble nos perceptions, les soulève dans l’ordinaire d’un simple instant. Sa présence (étrangère aux joies grasses qui s’épuisent) peut ne pas se ressentir. Considérons alors cet art : retenir les épiphanies qui amplifient notre sensibilité au seul fait d’être en vie. »
L'autre citation est de Marlène Aumand ; elle nous dit que le bonheur en tant qu'idée construite par notre imagination ou par l'idéal ou la société, peut nous gâcher notre bonheur simple : « Y a-t-il quoi que ce soit qui rende plus malheureux que l’idée du bonheur ? C’est le propre d’une idée que d’être inadéquate à l’expérience. Mesurer ce qui nous arrive à l’aune de l’idée que l’on se fait du bonheur, c’est donc mesurer inévitablement un manque décevant. »
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