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Accueil du site > Tribune Libre > Le bonheur est dans l’achat

Le bonheur est dans l’achat

Séduisante comme idée, mais terriblement fausse

Consommez et vous serez heureux, proclament tonitruantes les enseignes de ces fards de l’humanité que sont les centres d’achats. Une fausseté répétée des millions de fois n’en devient pas vraie pour autant. Elle ne sera toujours que l’illusion de la vérité.

Calmons-nous, messieurs les marchands du temple. Je sais que vous faites l’autre plus vieux métier du monde avec en tête le très noble objectif de nous rendre heureux.

Je le sais parce que la publicité que vous soutenez à coup de milliards de dollars mise avec un succès déconcertant sur l’association bonheur/consommation.

Il y a toujours quelque part quelque économiste qui s’ingénie à nous faire sentir coupables de ne pas assez contribuer au bonheur collectif de l’homo consumerus.

...si l’on entrait dans un magasin seulement lorsqu’on a besoin d’acheter quelque chose et que l’on achetait effectivement uniquement ce produit et rien d’autre, il est probable que l’économie s’effondrerait.

Achetez ! Le bonheur est dans le supermarché.

Refuser de consommer au-delà de l’essentiel en est presque devenu un comportement déviant.

Sois pub et tais-toi

Dans cette civilisation où nous sommes aveuglés par l’image de la réussite matérielle, les publicitaires sont à la fois rois et prêtres.

...les idéaux de bonheur, de liberté, de fraternité, et plus généralement de réussite individuelle et collective sont véhiculés en permanence par la publicité avec plus d’efficacité que par les religions, la philosophie ou les programmes politiques.

Représentation et communication publicitaire.

L’humanité semble voguer allègrement vers l’unicité culturelle qu’entrevit Frédéric Beigbeder dans 99 Francs : « pour la première fois de l’histoire tous les humains semblent avoir le même but : gagner suffisamment d’argent pour ressembler à une publicité ! » ( page 31).

Le poids de ce fantasme est lourd à porter.

à la base de cette industrie du marketing et de la publicité se situe la nécessité de rendre les gens insatisfaits et malheureux...

Vincent Bouchard. Est-ce que le capitalisme est durable ?

Curieux paradoxe d’une économie reposant sur la quête du bonheur par une consommation soutenue dont la vigueur dépend du malheur.

Il en faut « de la mauvaise qualité pour assurer un taux de renouvellement des marchandises, et assurer ainsi la croissance du fameux PIB (Produit Intérieur Brut). »

Tant de pauvres à convertir

La croissance du bonheur menacée par les gens qui se contentent de peu ?

Je vous ai entendu, le cynique qui se tient dans l’ombre là-bas, dire que la preuve en est que les pays où vivent le plus grand nombre de ceux qui se contentent de peu ont les plus faibles PIB.

Mais ces pauvres sont-ils les plus malheureux pour autant ?

Ceux qui sont malades, qui souffrent de malnutrition, qui travaillent comme des forcenés pour une bouchée de pain, qui sont à la merci de la guerre ou de la traite, les abusés, les exploités, oui. Mais les autres. Les millions d’autres.

Comptez sur l’Église de la Très Sainte Consommation (TM) pour les persuader qu’ils sont dans l’erreur s’ils croient pouvoir être heureux hors la société de consommation.

Pourtant, il faudra bien résoudre cet autre paradoxe de cette quête du bonheur par l’achat : la consommation augmente, augmente... et le bonheur ?


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