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Accueil du site > Tribune Libre > Le cadavre est à terre... mais l’Idée est debout (Victor (...)

Le cadavre est à terre... mais l’Idée est debout (Victor Hugo-1871)

À TOUS CES VISAGES USÉS COMME DES FANTÔMES DE LA LIBERTÉ ! Demain,141ème anniversaire de la Commune de Paris. Nous y passerons avant la place de la Nation. D'ailleurs où est-elle, ta place ? 

Le soleil saigne en se couchant sur le cimetière du Père- Lachaise, ce vieux jésuite confesseur de Louis XIV. On jurerait que le ciel s'est coupé les veines. On sent dans l'air la brève chaleur mordicante du sang.

Je marche le long du Mur des Fédérés. Derrière lui, des tombes de luxe, des gens célèbres, comme des galons sur le temps qui passe, avec ses noms fameux, ses particules, ses âges, ses parentés. La mort injuste ne partage pas non plus les richesses. Elle couche les riches dans des tombeaux de marbre rare, allonge ses pauvres dans les fosses communes grouillantes de vermines. Commune ?

Je m'assois, seul sur un banc face au Mur, juste ce crépuscule saignant au-dessus. Aucun, aucune marcheuse le long du Mur, aucun joggers passant sans voir. D'ailleurs, que reste-t-il à contempler ? Des piafs picorent les graviers secs devant un Mur abandonné aux saccages de notre reniement.

Je ferme les yeux, j'entends des balles de fusils métallisant la nuit et les pierres. Je vois un Peuple français avec une force d'âme audacieuse et généreuse ! J'entends les cris nobles et vaillant du Combat perdu contre les hordes de l'oppression. D'autant plus aujourd'hui, dédaigné ! Le vingt-huit mai 1871, cent quarante-sept Fédérés sont fusillés et jetés dans une fosse ouverte au pied du mur par les Versaillais. Je ne sais pourquoi, mais la toile universelle de Gustave Courbet, l'Origine du monde, s'étire dans mon cerveau. Sans doute parce qu'il faudrait en finir avec ce calendrier grégorien contraire à la laïcité et en instaurer un à partir de ce jour héroïque. Mais il n'est pas né l'an où l'humanité se débarrassera de dieu et glorifiera ses véritables démiurges.

Gustave Courbet refusa la Légion d'honneur proposée par Napoléon III et élu au Conseil de la Commune, fit abattre la Colonne Vendôme, symbole des boucheries napoléoniennes.

"Je me suis constamment occupé de la question sociale et des philosophies qui s'y rattachent, marchant dans ma voie parallèlement à mon camarade Proudhon. (...) J'ai lutté contre toutes les formes de gouvernement autoritaire et de droit divin, voulant que l'homme se gouverne lui-même selon ses besoins, à son profit direct et suivant sa conception propre".

"Loups de la Semaine Sanglante, Sachez-le, l’agneau se souvient.

Du peuple, la justice est lente, Elle est lente, mais elle vient !
Le fils fera comme le père ;
La vengeance vous guette au seuil ; Craignez de voir sortir de terre Les morts enterrés sans cercueil ! Tremblez ! Les lions qu’on courrouce Mordent quand ils sont réveillés ! Fleur rouge éclose dans la mousse, L’avenir pousse
Sur le tombeau des fusillés ! (bis)

Paroles de Jules Jouy sur l’air de « La chanson des Peupliers » de F. Doriat (30 mai 1887). Chant rendant hommage aux 147 communards fusillés au Père Lachaise le 28 mai 1871.

Un mur, entre les vivants et les morts. Des vivants qui ne respectent ni les morts, ni les vivants. Un mur, toujours le mur. De Berlin en Israël, de prison en prison, de Peuple entre Peuple, entre des hommes et des femmes, des hurlements au silence. Ce mur des Fédérés, délaissé, lâché, déserté, aux sculptures érodées, aux mousses vert-de-gris dans les cerveaux bétaillés. Seuls les escargots ont trouvé un semblant de paix dans les cavités des pierres creusées par le temps. L'avenir n'a pas poussé sur les fusillés enterrés sans cercueil. Aucun gouvernement n'a respecté ces morts sublimes de l'humanité des lumières. Juste l'oubli, ce renoncement, cette désertion, jusqu'à ce mur abandonné aux ravages, ces écritures aux lettres rongées. Comme si tous voulaient faire oublier ce moment de courage et d'honneur, tous ces hommes, ces femmes, ces enfants qui ont lutté pour une société plus juste et refusé de capituler devant l'ennemi. Alors qu'ils devraient être fêtés chaque jour, chaque année comme le 14 Juillet ou Noël !

Mais toutes les Républiques depuis ont suivi les ignominies de Thiers et non l'héroïsme politique des Communards. De règne en règne, le mur se délite comme se désagrège l'humaine pensée libertaire, égalitaire et fraternelle.

Aucune politique ne nous représente, mais nos lâchetés également ne représentent rien, si ce n'est la soumission et la résignation aux servitudes. Nous avons mal à l'humain, mais que nous reste-t-il d'humain ? Le lynchage de Kadhafi et les colonisations "modernes" de l'Afrique ? Les camps de concentrations sionistes pour Palestiniens à éradiquer ? La C.I.A, première organisation terroriste au service de l'autocratie et du fric à tous prix ?

Nous allons vers la robotisation de l'espèce, son uniformisation, son lissage, non pour supprimer les inégalités, mais pour installer la pensée unique, le lifting universel de la conscience, de l'abnégation, du renoncement. Allez, tous à vos smartphones, les déshumains ! Bientôt, vous leur ressemblerez, avec toutes les applications qu'il faut ! Avec le vibreur ! Des app pour vous aimer, des app pour réussir sa vie d'exploiteur ou de capitulard capon !

Des app pour supprimer tout ce qui dépasse de votre manque d'imaginaire et de volonté !

France, ma belle France quand te relèveras-tu avec l'intelligence ?

Patrick Piet.


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5 réactions à cet article    


  • jako jako 21 mars 2012 08:22

    Un grand merci pour ce cri qui redonne espoir. La Commune est effectivement un instant ou le pouvoir a failli enfin revenir au Peuple,


    • Gabriel Gabriel 21 mars 2012 09:06

      Le pouvoir par le peuple et pour le peuple au travers de représentants sous contrôle permanent de la société civile. Ces élus sont nos employés, et nous devrions pouvoir les licencier à tout instant. La Commune reste dans le cœur des hommes droits qui désirent un monde fait de justice et d’égalité… La France d’Hugo et non celle de Thiers qui a fait ouvrir le feu sur des femmes et des enfants.


      • CE TRIO DE CLOWNS « POUSSE AU MEURTRE »ET A LA HAINE RACIALE....

        a semé la haine et recolte des meurtres abominables.pourquoi attendre si longtemps pour la mise au vigipirate écarlate a TOULOUSE il faut qu’il y ait des meutrtres d’innocents pour faire réagir ce trio qui met en « scène » la haine raciale...

        tout cela pour piquer des voix au FN

        CES 3 COMPARSES SARKO...BUSSON...GUEANT ELECTIONS OU PAS DEVRONT ETRE JUGES PAR UN TRIBUNAL POPULAIRE


        • Pelletier Jean Pelletier Jean 21 mars 2012 17:23

          @l’auteur,

          Bel hommage de la Commune qui me va droit au coeur, moi qui suit « un enfant de la Commune ».

          Beaucoup d’émotion....merci ;
          http://jmpelletier52.over-blog.com/ 


          • Clavdio 21 mars 2012 18:58

            Le souvenir de ce mouvement de la commune né de la résistance spontanée du peuple parisien contre l’envahisseur Prussien lié à la collaboration de l’armée en déroute alliée elle même avec des bourgeois ayant donner une preuve de soumission larvée à l’ennemi. Cette réaction du peuple est parfaite autant dans notre esprit que dans notre ressenti, tout simplement parce qu’il a été éphémère et n’a pas eu le temps d’être infiltré par l’un de ces arrivistes qui faisaient légion à cette époque aussi. La chose étant allée tellement vite, obligeant chacun non pas à défendre son idéologie mais sa propre vie, et ce, contre des Français revanchards, à fait que cette coalition patriotique, voire communion d’âmes, servie par des gens aussi intègres que purs a été fédératrice pour ces gens. Que serait il advenu de ce mouvement au fil du temps ? D’autres villes ont eu aussi une commune(qui elles aussi ont été combattues.
            S’il n’y avait eu ce jusque boutisme et l’utilisation des canons contre de la chair, celui des Versaillais du aux nouvelles têtes politiques soumises aux ordres de l’insuffisance militaire dont certains chefs s’étaient rendus sans même combattre, de la noblesse d’empire perdant d’un coup ses avantages et craignant d’avoir des comptes à rendre a ce peuple parisien en effervescence, des banquiers flairant l’ère de la spéculation peut être que les choses se seraient passées autrement car n’oublions pas que sans cette entente faite à Versailles entre des gens véreux et sans scrupule, monsieur Thiers leur élu du moment, premier pourfendeur de la commune était en réalité une personne qui au début avait les faveurs des parisiens et plus, leur voix. Mais voilà, les hommes sont ce qu’ils sont et quand l’un est élu et que les intérêts des autres s’en mêlent....
            Claude SAINT ETIENNE

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