Le calcul risqué de la candidate utile

Une fois encore, la machine à forger l’opinion bat le fer pour nous convaicre que nous avons le choix entre le camp de la république et l’extrême droite, que de ce combat la démocratie ressortira belle et grande, que nous l’aurons sauvée. Ceux, confortés dans leur choix par les voies de la bien-pensance, certains d’être dans le camp du bien, se féliciteront d’avoir participé à cet élan.
Oui, mais voilà, si le scénario est pratique, crier aux loups peut s’avérer dangereux ! C’est la troisième fois qu’il se présente et il est objectif de constater qu’au fil de sa répétition la bien-pensance perd du terrain.
Le fait de gouverner appelle de vrais questionnements sur la vie de la population. Il ne s’agit pas de l’arroser d’aides au risque de lui faire perdre sa dignité ou son autonomie, de la manipuler ou de la mépriser. Il s’agit d’écouter et d’apporter des réponses à ses problématiques. Et aujourd’hui pour les plus modestes d’entre nous, le plus insupportable est que sans aide(s), le fruit de leur labeur ne leur permet plus de couvrir leurs besoins élémentaires. Alors il n’est pas sûr que ces gens malmenés durant ces 5 dernières années aient envie de participer à ce nouveau front républicain.
Aujourd’hui face à Mme Le Pen nous aurons donc M. Macron. En dehors du fait qu’il possède le talent particulier de travestir les mots au point de les vider de leur sens, il a par ses postures, ses petites phrases et sa pratique du pouvoir profondément heurté et divisé la population.
Quant à son projet c’est une succession de réformes agrémentées de mantras positifs empruntés au management et de mépris pour ceux qui ne veulent pas suivre aveuglément, c’est la destruction de notre modèle social, des services de l’état au profit d’organisme privé, tout ça sans jamais clairement définir le modèle de société qu’il propose.
Nous avons donc deux candidats l’un au passif très contreversé et l’autre que toute l’intelligentia médiatico-politique veut éliminer en lui prêtant les intentions les plus terribles. Par le passé, beaucoup de Français ont déjà choisi ce camp, certains par adhésion, d’autres par dépit. La morale et les discours ont réussi à retarder ce qui pourrait devenir inéluctable si rien ne change dans la pratique des gouvernants.
Beaucoup de ceux, qui aujourd’hui se scandalisent d’une possible élection démocratique de Marine Le Pen ont participé à en créer les conditions. Si l’élite gouvernante (Une élite incapable de gouverner sans cabinets privés…) oubliant qu’elle n’est que représentante, continue de trahir et de piétiner nos valeurs, l’esprit de notre constitution, la population, alors cette fois encore, d’autres basculeront parce qu’aujourd’hui la seule expression qui leur reste est un nom glissé dans une urne. Face à une demande de participation aux décisions grandissante et une démocratie plus attachée aux intérêts privés qu’à ceux de la population l’objet n’est plus de choisir un projet (d’ailleurs souvent travesti ) mais de contester.
Jusqu’au premier tour de cette campagne, nous avons vu une Mme Le Pen considérée comme respectable. Voici qu’arrivée au second tour elle constituerait le pire des poisons pour la démocratie tandis que son opposant, soudain à l’écoute, semblerait disposer à discuter de la réintégration des soignants et de l’âge de la retraite. Quelle comédie !
Alors oui, l’extrème droite est aux portes de l’Elysée. Beaucoup trouverons cela intolérable, mais ne sommes nous pas déjà dans une forme d’extrémisme avec l’actuel locataire ? Celui d’une extrême marchandisation, où progresse la tendance d’une existence humaine conditionnée au profit. La constitution affirme que nous exerçons notre souveraineté au travers de nos représentants, affirme que le peuple est au centre des préoccupations de la gouvernance. Alors à force de penser notre pays sans considérer sa population, rien de surprenant qu’un jour le pire se produise, c’est que ce jour là, la majorité pensera que le pire annoncé n’est pas pire que l’existant.
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