Le calvaire de l’hôpital continue ! Témoignage
Mon père, Bucur Cornel a été hospitalisé à l’hôpital d’Hautepierre à Strasbourg, le 19 décembre 2008 ! Il a une double fracture du péroné ! Il n’est toujours pas rentré de l’hôpital ! Il a vécu le calvaire ! Les aides soignantes, les infirmières, les médecins sont débordés ! Ils n’ont pas pu s’occuper correctement de lui ! On l’a fait attendre deux journées pour l’opération dans des douleurs atroces ! Ceci est mon témoignage ! Je veux qu’on prenne conscience qu’on ne peut pas faire des économies lorsqu’ est en jeu l’Etre Humain ! Il ne s’agit pas seulement d’une double fracture du péroné, mais surtout d’une double fracture morale !
![](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L300xH225/24122008047-b7af3.jpg)
Un urinal, un clin d’œil et une double fracture du péroné !
J’ai tant rêvé que ces muscles gonflent à nouveau !
19 décembre 2008
Mon père : « Je tombe ! Je tombe ! »
Mes yeux ont regardé son corps tomber ! Mon corps s’est pétrifié et mon esprit a crié : « Non, il n’a rien ! Il a l’habitude de tomber, il ne va rien se casser ! »
Mon papa « Ca y est ! Je ne peux plus ! C’est fini ! »
L’ambulance est arrivée et j’ai entendu ses cris lorsqu’on lui a remis en place ses os meurtris, à vif, aux urgences !
Je n’ai jamais entendu mon père hurler ! Je n’ai jamais vu cette détresse dans ses yeux ! Je ne me suis jamais sentie aussi nue, sans protection de l’âme et sans pouvoir apaiser ses douleurs !
Mon papa est handicapé. Ces muscles s’atrophient ! Et à fur à mesure qu’ils faiblissent, j’ai toujours eu l’impression que son moral et sa sagesse gonflaient !
Mais cette journée là, tout s’est effondré ! Double fracture du péroné !
C’est une chose de remettre sur pied un Homme. C’est difficile de remettre sur pied sa foi, une fois brisée !
On lui a mis un plâtre provisoire !
Pendant deux jours mes yeux ont regardé trembler ses muscles dans ce plâtre !
Pendant deux jours mes yeux ont regardé trembler ses yeux !
20 décembre 2008
A jeun, il attendait la délivrance, mais les urgences ont afflué à l’hôpital ! Il n’a pas pu être opéré ce samedi là !
Quand ses yeux m’ont dit : « Je suis un légume ! » Ma voix et mes mains lui ont répondu avec douceur : « Papa, tu sais, nous aussi on va être comme cela, tôt ou tard ! »
Dimanche, il a été opéré !
Et j’ai couru à l’hôpital tous les jours, pour mon papa mais pas seulement ! Pour elles, ces petites fourmis ! Les aides soignantes et les infirmières !
L’hôpital est une maison chaude, où l’on répare le corps de l’Homme ! Mais qui répare les blessures de l’âme ? Les médecins ?
La guérison physique est toujours accompagnée de la douceur de l’âme des personnes qui vous accompagne ! J’ai vu ces « petites fourmis » tristes, joyeuses, en larmes !
Je suis venue nettoyer l’urinal de papa et son bassin de chambre !
Agnès au sourire cotonneux, m’a interpellé : « Ce n’est pas à vous de le faire ! Vous n’avez pas à devoir affronter cela ! »
Bouleversée, je lui ai répondu tout naturellement : « Ah, cela ! Ce n’est rien, il l’a bien fait pour moi pendant des années ! » Son clin d’œil m’a flatté ! Je suis comme elle, une petite fourmi.
Je l’ai rasé, je l’ai enduit de crème, je l’ai écouté et je l’ai fait rire : « Papa, qui sait peut-être que tes gènes ont subi une mutation à nouveau et que tu vas retrouver tes muscles et tu pourras à nouveau marcher ! »
Pour papa, mais pas seulement, pour ces aides soignantes et ces infirmières qui n’ont pas le temps, qui n’ont plus le courage et ni la force de s’occuper de lui ! Lui, mais pas seulement lui, tous les patients ! J’ai essayé de les aider comme j’ai pu et j’ai cru au miracle qu’il puisse un jour remarcher !
29 décembre 2008
Et le miracle palpable est arrivé aujourd’hui !
Journée spéciale : Les docteurs ont défilé ! Des hommes savants, respectables et compétents, mais sans pouvoirs pour apaiser les blessures de l’âme ! Ce n’est pas leur boulot, certes ! Ce n’est pas le mien, non plus ! Mais c’est leur devoir, le mien, le votre le notre ! J’ai longé les couloirs marron de l’hôpital et j’ai croisé le regard plein de détresse, des gardiens de notre Mémoire (les personnes âgées) ! Seuls ! Avec mon sourire, j’ai caressé leurs mains et avec mes yeux, j’ai cherché aux alentours les petites fourmis !
Aujourd’hui, le médecin a annoncé le miracle !
« Votre père vient de loin ! L’opération est presque un miracle ! Il va retrouver sa jambe, si sa guérison se poursuit comme ces deux derniers jours ! »
Alors, il n’a pas eu une nouvelle mutation des gènes mais il a retrouvé sa jambe tout de même myopathe !
27 décembre 2008, SMS que j’ai envoyé à mon PAPA, Monsieur Bucur Cornel !
« Le soleil me sourit ! Et j’ai envie de partager ce moment serein avec toi ! Je t’aime ! Et nous aurons des jours heureux parce que nous savons aimer ! Et notre force c’est de savoir enduire les plaies de l’âme des autres ! Mon papa j’ai tellement besoin de toi comme tu es avec tes cicatrices. »
J’accepte enfin la maladie de mon papa, mon destin mais je me refuse d’enterrer mes petites fourmis dans l’indifférence, elles qui sont le noyau dur de la guérison ! Je ne veux plus voir leurs yeux livides et leurs petites mains pleurer !
Je ne veux pas qu’on laisse souffrir les Hommes dans leurs lits d’hôpital, seuls !
Je dédie ce texte à Agnès, au clin d’œil, soignant les plaies de mon âme.
4 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON