Le Camp des Saints 1973 – 2011 Jean Raspail - Ecrivain ou Prophète ?
En publiant en 1973 « le Camp des Saints » Jean Raspail célèbre écrivain français était certainement loin de réaliser à quel point son œuvre ferait figure plus tard d’ouvrage prophétique :
- d’abord parce qu’elle serait alors impubliable en l’état, seule l’antériorité d’écriture lui permettant désormais d’échapper à la censure, en ce sens son ouvrage comme parole encore libre apparaît irremplaçable de nos jours ;
- ensuite parce que la réalité rattraperait la fiction, de telle sorte que le sujet de son livre n’apparaîtrait plus comme une œuvre romanesque mais comme un roman d’anticipation, une sorte d’ouvrage visionnaire avant l’heure ;
- enfin et surtout parce que les questions politiques et morales posées et longuement commentées dans le livre publié en 1973 sont désormais plus que jamais d’actualité : la conduite à adopter face à des foules d’immigrés venant du tiers monde, le discours des « élites », la réaction des autorités, le comportement des populations, etc.., nous sommes aujourd’hui en plein dedans !
Rien que pour ces raisons (mais il y en aurait d’autres encore) il convient sans hésitation de considérer le livre le plus célèbre de Jean Raspail comme une œuvre majeure de la littérature française de la fin du XX siècle, le titre de Camp des Saints est tiré du XXe chant de l’Apocalypse :
« Le temps des mille ans s’achève. Voilà que sortent les nations qui sont aux quatre coins de la terre et qui égalent en nombre le sable de la mer. Elles partiront en expédition sur la surface de la terre, elles investiront le camp des saints et la ville bien-aimée ». (Apocalypse 20, 8-9)
Sur l’histoire (a priori imaginaire) racontée dans cet ouvrage on peut se reporter ici à un bon résumé.
1) « le Camp des Saints » parole désormais interdite par la censure
Dans une tribune parue dans le Figaro magazine début février 2011 (en même temps que la réédition de l’ouvrage) Jean Raspail explique qu’après lecture attentive opérée par des juristes à l’aulne des lois Gayssot (1990), Lellouche (2001) et Pleben (2004), le Camp des Saints pourrait être poursuivi en justice pour pas moins de 87 motifs !
Effrayant recul de la liberté d’expression constatable depuis une quarantaine d’années, lorsque le livre sortait en librairie en 1973 la loi Pleven, ancêtre des lois « antiracistes » venait d’être promulguée, depuis la machine a acquis son rythme de croisière et s’est puissamment incrustée dans les esprits, suite à son interview le mois dernier à l’émission de Taddéi « ce soir ou jamais » (dont il était l’invité vedette) Raspail avouait en revisionnant son passage à la télévision qu’il était lui-même surpris de constater à quel point il hésitait devant chaque mot à prononcer, preuve que l’orwellisation des esprits est un phénomène réussi, on est bien loin de l’époque d’Apostrophes qu’on regarde aujourd’hui avec un brin de nostalgie comme une époque de libre pensée révolue !
Ce recul constant et régulier de la liberté d’expression est vrai à tel point qu’en publiant une tribune libre dans le Figaro de juin 2004 en réponse au débat « qu’est-ce qu’être français aujourd’hui » il a été l’objet d’une poursuite en justice par la Licra, laquelle fut déboutée.. mais mieux que de résumer son ouvrage, les paroles de cette tribune en expriment les profondeurs et même les transcendent, le moins que l’on puisse dire est que Raspail est un écrivain qui ne fait pas dans la demi-mesure, il énonce clairement sa pensée et la développe sans ambages, cette Tribune est tellement riche qu’elle peut servir de fil d’Ariane à toute l’analyse des implications de son œuvre, à lire en détail donc !
2) « le Camp des Saints » narration en accéléré d’un lent et inexorable processus
En 2001, sur la côte Varoise presqu’à l’endroit exact d’où chaque jour Jean Raspail observait la mer en écrivant le Camp des Saints s’est échoué un cargo transportant presqu’un millier de réfugiés kurdes (dont beaucoup de femmes et d’enfants) venant du proche orient, lesquels (réfugiés kurdes) ne tardèrent pas à obtenir l’asile politique en France, encore ne s’agissait-il là que d’une mini invasion (env. 900 personnes)
Puis en janvier 2010 c’est une sorte de piqure de rappel avec un cargo transportant plus d’une centaines de kurdes qui accoste en Corse près de Bonifacio, lesquels sont après une brève rétention rapidement relâchés par la justice pour vice de forme, douce France ..
Les évènements récents constitués par les révoltes survenues dans les pays arabes d’Afrique du nord et du Proche Orient font redouter des invasions d’une toute autre ampleur, depuis plusieurs jours court la rumeur que l’Europe pourrait être directement submergée suite à la « révolution » en Lybie d’une vague d’immigrants de plus de 1 million de personnes, du fait de l’instabilité en Tunisie, chaque jour voit débarquer son lot de réfugiés sur la petite ville italienne de Lampedusa, lesquels rescapés, Schengen aidant, se font fort pour beaucoup de gagner ensuite la France sans risquer aucune mesure de refoulement, le drame décrit dans le livre se précise .. tout récemment l’organisme européen de surveillance des frontières Frontex, suite aux troubles en Tunisie et aux menaces proférées par le leader libyen Kadhafi, va jusqu’à évoquer l’arrivée potentielle de 1,5 million de réfugiés sur les côtes italiennes, il est question d’exode biblique, c’est dire !
Mais il y a une nuance de taille que Raspail reconnaît lui-même dans les interviews qu’il a accordés, pour des raisons de construction littéraire il met en scène de façon théâtrale dans le Camp des Saints une invasion brusque et subite qui submergerait l’Europe, celle-ci ne s’est pas vraiment pas produite en tout cas pas sous cette forme, la réalité est une immigration rampante, régulière, continue, insidieuse et tenace, qui en chiffres globaux surpasse finalement bien largement le million de réfugiés soudain décrit dans le roman, c’est une invasion sur la durée, à peine perceptible au quotidien mais implacable dans ses effets !
3) « le Camp des Saints » exégèse des lâchetés et renoncements capitaux de notre époque
Le roman écrit en 1973 par Raspail est vraiment prophétique dans la description qu’il énonce des abandons et capitulations à répétition effectués par les différents responsables de la nation, pour relater ces faits décrits dans le roman, la Tribune publiée en 2004 dans le Figaro est plus qu’évocatrice, laquelle est d’ailleurs très justement intitulée Quand la patrie est trahie par la République, quelques morceaux choisis :
- .. je crois que les carottes sont cuites, car je suis persuadé que notre destin de Français est scellé, parce qu’« ils sont chez eux chez moi » (Mitterrand), au sein d’une « Europe dont les racines sont autant musulmanes que chrétiennes » (Chirac), parce que la situation est irréversible jusqu’au basculement définitif des années 2050 qui verra les « Français de souche » se compter seulement la moitié - la plus âgée - de la population du pays.
- Sans compter que les « Français de souche », matraqués par le tam-tam lancinant des droits de l’homme, de « l’accueil à l’autre », du « partage » cher à nos évêques, etc., encadrés par tout un arsenal répressif de lois dites « antiracistes », conditionnés dès la petite enfance au « métissage » culturel et comportemental, aux impératifs de la « France plurielle » et à toutes les dérives de l’antique charité chrétienne, n’auront plus d’autre ressource que de baisser les bras et de se fondre sans moufter dans le nouveau moule « citoyen » du Français de 2050.
- Ce que je ne parviens pas à comprendre et qui me plonge dans un abîme de perplexité navrée, c’est pourquoi et comment tant de Français avertis et tant d’hommes politiques français concourent sciemment, méthodiquement, je n’ose dire cyniquement, à l’immolation d’une certaine France (évitons le qualificatif d’éternelle qui révulse les belles consciences) sur l’autel de l’humanisme utopique exacerbé.
- Je me pose la même question à propos de toutes ces associations omniprésentes de droits à ceci, de droits à cela, et toutes ces ligues, ces sociétés de pensée, ces officines subventionnées, ces réseaux de manipulateurs infiltrés dans tous les rouages de l’État (éducation, magistrature, partis politiques, syndicats, etc.), ces pétitionnaires innombrables, ces médias correctement consensuels et tous ces « intelligents » qui jour après jour et impunément inoculent leur substance anesthésiante dans l’organisme encore sain de la nation française.
- Or la France est d’abord une patrie charnelle. En revanche, la République, qui n’est qu’une forme de gouvernement, est synonyme pour eux d’idéologie, idéologie avec un grand « I », l’idéologie majeure. Il me semble, en quelque sorte, qu’ils trahissent la première pour la seconde.
Quasi en même temps que la réédition de ce roman et comme un clin d’œil historique dont on se demande s’il est le fruit du hasard tellement la coïncidence est forte, l’actualité de ces derniers jours a offert l’occasion de plusieurs sorties au leader politique actuellement le plus commenté par les médias, à savoir la nouvelle présidente du Front national, dont on se demande si le Camp des Saints n’est pas son livre de chevet car elle est à peu près la seule qui contre tout l’establishment politique actuel ou Temple de la bien pensance, ose porter le fer dans la plaie de la lâcheté de nos politiques (à partir de 0’55’’) :
Puis Marine le Pen récidive encore plus concrètement dans son opposition frontale au renoncement par nos politiques à la défense des intérêts du pays sous couvert de « bons sentiments » en déclarant tout début mars au micro de RTL matin (à partir de 3’45’’) :
Et comme un fait obligé toutes les belles âmes se sont aussitôt empressées d’aller fustiger celle qui ose parler de mesures dures et autoritaires, lesquelles seraient pourtant les seules qui puissent éviter à la France et même à l’Europe entière de sombrer définitivement sous le poids des invasions, la seule parole de bon sens en fait, mais le poids de l’interdit est désormais trop fort, il est incrusté viscéralement dans la conscience de chaque citoyen de ce continent, nous ne sommes plus qu’un peuple castré, dont l’identité est un objet de mépris et qui se doit de constamment courber l’échine sous le poids des opprobres, car coupable, toujours coupable, définitivement coupable d’être ce qu’il est et d’avoir été à l’origine de cette civilisation sans précédent et de cette culture composite, à la fois tolérante et universelle, aussi doit-il payer cette réussite sans égale par un renoncement constant à toute tentative d’auto-défense envers ses adversaires et ce jusqu’à son ultime dissolution, à moins d’un sursaut ?
En tout cas ce qui est certain, c’est que nos fameuses "élites" feront tout pour que ce sursaut ne puisse advenir !
Hiéronymus mars 2011
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