Le cas Macron, exemple d’illégitimité ?
Gouverner, gérer, diriger, autant d'actes qui ont pour vocation d'organiser au mieux des systèmes, économiques, commerçants, industriels mais aussi politiques, civilisationnels, sociétaux… Et selon qu'il s'agisse d'affaires du privé ou du public, les intérêts étant très distincts, nul doute que les modes de gestion ne peuvent être que différents de l'un à l'autre. Un seul point commun, les dirigeants qui postulent ont l'obligation, pour le moins, de la compétence relative à la fonction exercée.
Avant de prétendre exercer quelque fonction que ce soit, il semble évident de savoir en appréhender au mieux toutes les facettes, que ce soit pour effectuer un travail manuel ou intellectuel, il existe des règles, des manières de faire, lesquelles, issues non seulement de la théorie mais également du retour d'expériences au fil du temps. Ce qui distingue l'hominidé des autres espèces animales, c'est sa faculté de théoriser des principes avant d'en tester physiquement le résultat, lequel, si satisfaisant au but recherché, devient une règle ou une loi certifiée. De son enfance à son trépas, l'humain est soumis à cet ensemble de règles qui lui permet le comportement adéquat dans le cadre de la vie en société, que ce soit en qualité de personne ou d'acteur du monde professionnel. La maîtrise de cet ensemble de règles et lois en passe obligatoirement par un apprentissage et une adaptation permanente, que ce soit, dès son plus jeune âge, pour apprendre les civilités, à marcher, lire, écrire, compter, puis dans le temps, apprendre la bonne manipulation des outils permettant de créer, construire, négocier…
Dans tout système, il est évident que dès la phase d'apprentissage, il existe une chronologie et une hiérarchie nécessaires à la bonne intégration des principes à maîtriser. Il existe aussi un délai d'adaptation aux outils que l'humain devra utiliser, même si on connaît parfaitement le solfège, on ne sait jouer du piano qu'après un nombre incalculable d'heures de répétition et de gammes. C'est la même chose pour un soudeur, un automaticien ou un chirurgien, le temps d'apprentissage est donc un facteur déterminant et imposé dans tout type de cursus, sans exceptions. Il en va de même pour les activités intellectuelles, on ne devient pas écrivain, journaliste, philosophe économiste ou politicien sans avoir préalablement acquis l'ensemble des règles certifiées inhérentes aux dites activités. Ces cursus d'apprentissages en passent par différents paliers obligatoires qui permettent de valider la progression de la connaissance et de la maîtrise des moyens, le tout généralement sanctionné par un certificat ou diplôme final attestant du bon contrôle théorique du candidat dans l'activité dont il a étudié les grands principes.
L'autre volet de la reconnaissance d'une compétence est directement lié à l'expérimentation, à l'expérience qui ne peut elle aussi s'acquérir qu'au fil du temps, plus ou moins long selon l'habileté de chaque individu, à résoudre des problèmes auxquels il est confronté. Donc, outre le fait d'avoir obtenu un diplôme ou certificat validant une compétence à exercer une activité, sans une longue pratique sous tutelle de personnes aguerries, les réflexes ne sont pas acquis et peuvent donner source à quantité de risque d'erreur. Bien entendu, il faut rappeler qu'existent aussi et toutefois des autodidactes, qui, mus par un don inné spécifique peuvent aboutir à une certaine connaissance sans avoir à passer par les standards des cursus de formation classiques, valorisant souvent la formation "sur le tas" par l'expérimentation, et donnant des résultats tout aussi satisfaisant que ceux d'un diplômé, quoi que cantonnés à des activités où la demande en expertise n'est généralement pas d'un très haut niveau technique, il n'est pas rare de voir des cas réussis dans la médecine, par exemple, par des individus qui n'ont jamais franchi les portes d'une université et finalement interdits d'exercer au simple fait de n'avoir aucun diplôme, même si dans les fais, les compétences sont totalement acquises ; mais c'est un autre sujet.
Ce long préambule pour arriver enfin à parler de la politique, "l'organisation de la cité", et si chaque citoyen exerce cette activité, souvent sans s'en apercevoir, à petite échelle, dans sa vie quotidienne, il s'y adonne pourtant dans le simple fait de prévoir le remplacement du lave-linge, du canapé ou de la décoration de la chambre-à-coucher, par la mise en œuvre de solutions face aux contraintes budgétaires, de planning, d'approvisionnement ou simplement de goût. Cependant, la politique prend une autre tournure lorsqu'il s'agit de prévoir les bonnes orientations qui concernent tout un ensemble d'individus ou d'entités. C'est le cas dans les organisations privées autant que publiques, elles requièrent d'être dirigées et gérées dans le but d'atteindre certains objectifs déterminés. Et de la taille de ces organisations dépend le nombre de paliers de compétences requises en fonction du niveau de spécialisation et d'expertise de chaque palier. En tout cas, dans n'importe quelle entreprise privée de grosse taille, les actionnaires choisissent un directeur dont ils sont certains qu'il ait les compétences et l'expérience requise à faire correctement le job.
Pourquoi en serait-il alors autrement lorsqu'il s'agit de la gestion des affaires publiques, de l'encadrement d'administrations régaliennes ? Or, n'est-ce pas surprenant de voir que, du jour au lendemain, n'importe quel civil, Bébert le charcutier, le roi des paupiettes et de la saucisse fumée, par exemple, et bien que très aimé par l'ensemble de la population pour la saveur de son pied de cochon pané, puisse, après son élection municipale, devenir le Premier Magistrat de la ville, Officier d'État Civil et Officier de Police Judiciaire ? (Pareil avec Ghislaine Dufnu, vendeuse au rayon textiles du supermarché local, mais, je ne peux pas citer tout le monde, pardonnez m'en…). Ne faut-il pas une sacrée dose de compétences en administration publique pour prétendre décider du plan de circulation ou du maintien de crèches en milieu rural ? Et lui, Bébert, qu'est-ce qu'il en sait, sur le sujet ? Je veux donc tenter dans ce premier exemple de pointer l'incohérence qui existe entre le dogme de l'éducation nationale qui assène la propagande que plus on sacrifie sa jeunesse à de longues études, plus on a de chances de voir embrasser des carrières professionnelles gratifiantes et les faits, par l'exemple de Bébert, propulsé dans les arcanes du pouvoir suite à un "choix populaire" qui trouve que la cravate de sa photo électorale est plus jolie que le petit chapeau à fleur de sa concurrente, la perdante…
Sans du tout remettre en cause les vertus ou non du scrutin pour définir qui représente le mieux ou non la population, c'est un autre débat, mon avis est qu'il serait toutefois déjà souhaitable que, parmi tous les candidats prétendant à gérer nos existences soient avant tout des individus chevronnés et compétents en terme de gestion des affaires publiques. Ceci étant dit pour la politique locale, le niveau supérieur de la politique ne semble plus vraiment mieux loti depuis la dernière élection présidentielle. En effet, jusqu'à présent, on ressentait les résultats d'un certain respect du bon sens dans la mesure où, tout les prédécesseurs de notre actuel présidents, et sans ergoter sur le bilan de leurs mandats, étaient pour le moins nantis de compétences indéniables en termes d'administration publique, les uns, sortis diplômés de la fameuse ENA, tous, dans l'ensemble, ont accédé aux plus hautes fonctions de l'état après avoir fait leurs preuves durant de nombreuses années, soit en qualité de Maires, Députés, Sénateurs, Présidents de Régions etc. Ce sont des individus qui s'étaient déjà confronté au système électoral intermédiaire ou avaient passé de longues années à des postes à haute responsabilité publique avant d'affronter le scrutin pour le mandat présidentiel, ce qui pourrait faire office de cursus expérimental accréditant un minimum de compétences.
Et soudain… Soudain arriva M. Macron… Candidat aux présidentielles, énarque, avec pour seul bagage un début de carrière dans une banque privée et quelques mois en qualité de ministre, mais en tout cas, jamais candidat à aucun autre scrutin auparavant… Quelle expérience peut avoir ce personnage quant aux rouages de l'administration publique, hormis son beau diplôme théorique de l'ENA ? À quel type de problèmes locaux, départementaux, régionaux a-t-il eu pour habitude d'être confronté, et d'avoir résolus, pour pouvoir aujourd'hui prétendre résoudre les problèmes d'une nation entière ? Bref, un peu à l'image de Bébert, diplômé en charcuterie, mon sentiment est que M. Macron n'a pas encore du tout acquis les compétences requises, donc aucune légitimité, pour prétendre à diriger un pays tel la France. La constitution dit pourtant le contraire, dans le texte, du coup, n'est-ce pas le bon moment pour lancer le débat et, habitués aux réformes constitutionnelles, pourquoi en faire une supplémentaire mais pour une fois, à bon escient, en créant l'obligation de compétences pour candidater à une fonction publique ?
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