Le cauchemar de Macron
Mai 68, mouvement auquel j'ai participé activement côté ouvrier exclusivment, a ceci en commun avec la révolte actuelle qu'il s agissait d'une double manifestation de révolte contre une société très autoritaire et très inégalitaire -pourtant en situation de "plein emploi" alors .
Le monde étudiant concentrait ces deux caractères. On pouvait voir un proviseur gifler en public un élève de 18 ans pour je ne sais quel motif futile au lycée Rotrou de Dreux en 1963 ; les étudiants issus de classes populaires de proche province se trouvaient dans l'impossibilité matérielle de se loger à Paris pour suivre leurs études, à cause d'un nombre insuffisant de bourses et face à une sélection impitoyable à l’entrée de l'université. Le nouveau ministre de l'Education nationale Edgar Faure y mit fin très rapidement à la satisfaction des bénéficiaires, dont je fus, après la reprise en main par le pouvoir gaulliste et afin d apaiser les tensions.
On a beaucoup glosé sur lesdites "Trois glorieuses" qui pourtant n'ont guère fait sentir leur effet sur le pouvoir d'achat des classes laborieuses, sinon au bénéficie de la petite bourgeoisie plus favorisée alors qu'aujourd'hui. C'est pour cette raison que satisfaite des réformes, elle s'est vite désolidarisée des ouvriers au "meeting de Charléty" où ses représentants socio-démocrates ( les précurseurs du PS) adressèrent une fin de non recevoir à l'espérance d'un changement radical du PCF, basé sur l'alliance avec les ouvriers.
Les rapports de classes changent, la petite bourgeoisie est emportée de nos jours dans le maelstrom de la déréglementation ultra-libérale à la française. Le mouvement des gilets jaunes exprime les deux revendications des classes dominées par l'oligarchie des milliardaires : comme en 1968, arrêt de la dérive autoritaire ( referendum de 2005 volé) et relance d'un pouvoir d'achat dégradé depuis 15 ans, contemporain de la mise en place de l'Euro.
La grande différence aujourd'hui, la crainte d'un pouvoir aux abois, c'est la mise en mouvement de la petite bourgeoisie dont la condition se rapproche de celle des ouvriers et qui subissent les effets d'une immigration ( absente des luttes ! NB) de plus en plus envahissante, sur laquelle le pouvoir s'appuie depuis les années 80, pour diviser les masses populaires et accroître la rentabilité du capital.
Je me laisserai aller à une hypothèse que je dirais prometteuse : les classes "bourgeoises" petites et moyennes ont soutenu les gilets jaunes à 85%, jusqu'à la mise en scène des violences où elles se sont sinon arrêtées mais pour le moins divisées ; si le pouvoir attaque encore leur pouvoir d'achat pour "habiller Pierre", (sic) elles risquent alors d'accepter toutes les violences potentielles retenues des gilets jaunes les plus déterminés, en qui elles verront des champions de leur cause ! Amen !
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