Le chaman de Saint Mandé
J’ai croisé l’homme, en tenue étrangement chamarrée, un jour par hasard alors que je traversai le bois de Vincennes sur mon VTT.
Une dégaine pareille, c’est sûr, ça ne s’invente pas.

L’homme se tenait debout au pied de la route de la Tourelle, pointant un sceptre de bois en direction des encombrements d’un samedi ordinaire.
Imaginez un grand escogriffe en tenue de sorcier apache, avec peintures sur le visage et tout le toutim. Voilà assurément un genre qui ne courre pas les allées du bois d’ici.
Emporté par ma curiosité naturelle des étrangetés de ce monde, j’allai à sa rencontre.
- Désolé de me montrer si indiscret monsieur, mais je me demandai ce que vous faisiez là avec votre bâton ?
- C’est un rituel. Je suis ici pour faire une médiation entre l’esprit du bois et les humains qui le traversent dans leurs engins motorisés. Je facilite leur passage en les réconciliant avec la nature. Je leur rends l’énergie perdue, c’est mon travail de chaman.
Diable, un chaman, un vrai, mon premier !
Je n’y connais pas grand chose question chamanisme, sinon une vague réminiscence, un de ces albums de Blueberry où notre valeureux casse cou partait en transe dans un pénible voyage chamanique.
Tout juste en avais-je retenu que le travail chamanique ne se traduisait pas si facilement en mots.
L’homme étant en plein travail, et bien qu’aimable et probablement habitué à répondre aux interrogations simplettes des vététistes du Dimanche, je me limitai à quelques questions de bon aloi.
D’où venait-il, où allait-t-il, de quoi vivait-il ?
Originaire d’Amérique du Sud, l’homme est venu à Paris il y a quelques bonnes années. Il a fini par s’établir du côté de Saint Mandé.
Aujourd’hui, il réside dans une petite chambre et fait son job de chaman, subsistant des quelques offrandes des villageois et un peu de RMI.
En échange, il soigne les gens du quartiers, aide avec quelques mots, quelques signes dont lui seul connaît l’utilité.
Je lui ai demandé s’il venait là souvent. Puis j’ai enfourché mon vélo, et depuis ce jour, je ne l’ai plus revu.
Une belle rencontre, furtive, mais une belle rencontre, pour sûr...
Le chamanisme est la plus ancienne méthode permettant d’utiliser les états de conscience modifiés pour trouver des solutions à des problèmes et pour soigner. Les chamans furent les premiers guérisseurs ; ils étaient tout à la fois conseillers spirituels, sages et visionnaires. Le chamanisme traditionnel a trente mille ans d’âge. Il a survécu jusqu’à aujourd’hui dans des régions d’Amérique, d’Afrique, d’Australie, d’Europe du nord et de Sibérie restées à l’écart de la civilisation.
photo de Frédéric Desreumaux
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