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Le château de Saumane et le marquis de Sade...

Le château de Saumane de Vaucluse réserve aux visiteurs bien des surprises... construit sur les hauteurs du village, ce château qui date du XIIème siècle a été maintes fois transformé : une bâtisse hétéroclite où se mêlent forteresse médiévale, bastion de style Renaissance, château remanié du XVIIème et du XVIIIème siècles.
 
Ce château est célèbre parce qu'il abrita le marquis de Sade durant son enfance : à l'intérieur du bâtiment, une exposition est dédiée à ce personnage sulfureux dont la vie tumultueuse défraya la chronique.
 
 Dans la montée qui mène à la forteresse, chacun peut admirer d'immenses pins sur l'escarpement : ils se détachent sur un ciel d'un bleu lapis-lazuli.
Le chant des cigales, les senteurs de pins s'exacerbent dans la chaleur de cette après-midi d'été.
 
Lorsque nous entrons dans l'enceinte, nous sommes immédiatement impressionnés par l'épaisseur des murs. Les fenêtres laissent entrevoir un paysage verdoyant d'arbres : pins, cyprès, cèdres.
 
Rigueur architecturale et raffinement libertin se côtoient dans cet édifice somptueux.
 
A l'intérieur, nous découvrons une cheminée artistiquement agrémentée de feuillages en reliefs, une chapelle richement décorée, des fresques : une fête galante représentant deux jeunes filles à la fontaine, une scène pastorale encadrée de gypseries aux motifs de roses, ou encore des nobles visitant un monument antique, d'autres scènes champêtres, des plafonds somptueusement décorés...
 
Un escalier voûté en caissons déroule des marches usées par le temps : nous sommes, alors, subjugués par l'architecture ordonnée et rigoureuse de la voûte...
La chambre du marquis de Sade, ornée de fresques aux teintes de rouilles sur des panneaux encadrés d'or, révèle luxe et élégance.
 
Une exposition nous fait, aussi, découvrir la vie et l'oeuvre du célèbre Marquis...
Donatien Alphonse François, marquis de Sade appartient à une vieille famille aristocratique provençale : il passe donc une partie de son enfance en Provence.
 
De quatre à dix ans, son éducation est confiée à son oncle, l’abbé Jacques-François de Sade, qui l’héberge dans ce château de Saumane, près de L'Isle-sur-la-Sorgue.
 
Adulte, il se livre au libertinage des gens de sa caste qui se croient au dessus des lois.
 Le 17 mai 1763, il épouse Renée Pélagie de Montreuil, de noblesse récente, mais fortunée. Il ne s' assagit pas pour autant et fait, dans la même année, son premier séjour en prison pour « débauches outrées ». En 1768, il est à nouveau incarcéré six mois pour avoir enlevé et torturé une passante. Il donne fêtes et bals dans son domaine provençal de La Coste, voyage en Italie, notamment avec sa belle-sœur, dont il s'est épris.
 
L'exposition évoque, notamment, le séjour que les deux amants firent à Venise.
En Juillet 1772, le marquis et sa maîtresse quittent la Provence, traversent les Alpes, se rendent à Venise, capitale de la peinture et de l'opéra.
La vie vénitienne est décrite grâce à des tableaux, des gravures : le carnaval, les gondoles, les courtisanes...
 
On peut, à loisir, admirer des reproductions de toiles de Pietro Longhi, Le Ridotto, de Canaletto, de Michele Marieschi, de Francesco Guardi : des vues du grand canal, des îles...
 
Chacun de ces tableaux est illustré par un extrait représentatif de l'oeuvre de Sade.
 
On découvre aussi l'arbre généalogique de la famille de Sade qui remonte au Moyen âge : on est étonné de voir que figure dans ce lignage Laure de Noves, jeune Avignonnaise dont s'est épris le poète italien Pétrarque et qu'il célèbre maintes fois dans ses poèmes.
L'abbé Jacques François de Sade s'était passionné pour cette aïeule prestigieuse : il avait réuni de nombreux documents qui prouvent ce lien familial et avait même composé des Mémoires pour la vie de François Pétrarque.
Cet abbé semble lui-même avoir mené une vie très libre : c'est ce qu'on appelait, à l'époque, un libertin éclairé et cultivé.
 
La biographie du marquis de Sade est longuement évoquée sur des panneaux illustrés, le libertinage sadien nous est présenté... le marquis se nourrit de philosophie matérialiste : "il n'existe, selon lui, que la nature qui n'est dirigée par aucune entité métaphysique. Nous sommes entraînés par une force irrésistible, sans jamais pouvoir choisir les goûts que la nature a mis en nous. Ainsi, la nature aime le crime et nous pousse à assouvir nos désirs."
 
On le voit : il s'agit de cautionner et de justifier la vie débridée, faite de débauches, à laquelle s'est livrée le marquis.
 
Les libertins peuvent, alors, expérimenter toutes les perversions, toutes les cruautés et commettre tous les crimes.
Des illustrations de ces tortures et de ces perversions sont visibles dans une petite salle réservée à un "public averti", annonce une pancarte.
 
Philosophe subversif de la liberté, débauché, libertin, le marquis de Sade continue à nous intriguer et à susciter fascination et interrogations.
Un personnage qui ne se soumet pas, un délinquant sexuel, un être épris de liberté, un poète : qui était vraiment le marquis de Sade ?
 
Le marquis garde une part de mystères, et dans tous les cas, le château de Saumane mérite qu'on s'y arrête et qu'on visite ce lieu riche d'histoires...
 

Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2017/08/le-chateau-de-saumane-et-le-marquis-de-sade.html

Pour mieux découvrir le marquis de Sade... une émission sur France Inter :
https://www.franceinter.fr/emissions/l-heure-des-reveurs/l-heure-des-reveurs-11-octobre-2013
 
 
Photos : rosemar

Documents joints à cet article

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3 réactions à cet article    


  • foufouille foufouille 11 septembre 2017 15:30

    est e que l’intimité était aussi bien que dans la voiture ?


    • Giordano Bruno - Non vacciné Giordano Bruno 12 septembre 2017 19:46

      Je vous trouve bien complaisante envers un personnage qui a écrit des choses aussi ignobles.


      • kalachnikov kalachnikov 13 septembre 2017 01:23

        J’ai lu tout Sade, naturellement, un auteur que j’apprécie, un homme que j’apprécie. Une sorte d’anarchiste radical, de nihiliste jusqu’auboutiste. Bon, le cul, la perversion, c’est bien mais c’est quoi la partouze au juste ? Sade défonce toutes les catégories, il a un ennemi : l’Ordre. Tous se mélangent ; la petite noble se fait troncher par le manant jardinier, la sainte Famille pulvérisée, Dieu est dézingué et ravalé à sa véritable nature, une pure imagination d’effroi, le clergé dévoilé dans sa perversité foncière, etc, etc. Entre deux scènes de cul bien trash, 15, 20 pages de philosophie pure et dure où Sade avec maestria cerne correctement le problème : l’individu écrasé par l’aliénation Société et ses instruments de torture, lois, ordre qui n’existent que par la force et pour garantir ce machin Société.

        Et c’est un mec courageux. Plutôt que faire le philosophe, il aurait dû se cantonner au jeu de boules.

        ’Parce que les lois ne sont pas faites pour le particulier, mais pour le général, ce qui les met dans une perpétuelle contradiction avec l’intérêt, attendu que l’intérêt personnel l’est toujours avec l’intérêt général.

        Mais les lois, bonnes pour la société, sont très mauvaises pour l’individu qui la compose ; car, pour une fois qu’elles le protègent ou le garantissent, elles le gênent et le captivent les trois quarts de sa vie ; aussi l’homme sage et plein de mépris pour elles les tolère-t-il, comme il fait des serpents et des vipères, qui, bien qu’ils blessent ou qu’ils empoisonnent, servent pourtant quelquefois dans la médecine ; il se garantira des lois comme il fera de ces bêtes venimeuses ; il s’en mettra à l’abri par des précautions, par des mystères, toutes choses faciles à la sagesse et à la prudence. ’ [Philosophie dans le boudoir]

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