Le choc de compétitivité : LE CHOC !!!
Saison 2 - Nous, Experts bénévoles, avions eu l'outrecuidance de livrer nos conclusions avant la parution du rapport de l'expert autorisé, Monsieur Louis Gallois. Nous attendions avec impatience ses recommandations et étions curieux de voir si nos analyses allaient se recouper !!! C'est donc avec une certaine fébrilité que nous avons pris connaissance du précieux document.

Pemière réaction : Nous nous sommes pliés en deux, non pas à cause de violentes brûlures gastriques provoquées par une quelconque sauce piquante, mais plutôt en raison d'une surpuissante crise d'hilarité. Sur les 22 mesures préconisées, 21 ressemblent à s'y méprendre à du foutage de gueule, eu égard au sujet traité, à l'urgence de la situation, au désastre en ferment, avec un sommet d'hypocrisie : "Au moins 4 représentants des salariés participeraient aux décisions dans les conseils d'administration ou de surveillance des entreprises de plus de 5000 salariés. Un représentant du personnel pourrait présider le C.E." Alors là, Jeannot, avec une mesure d'une telle puissance, d'un tel potentiel, les chinois, les coréens, les brésiliens ou bien les américains peuvent commencer à pétocher ! Nous, nous en pissons dans notre froc et c'est incontrôlable !
Reste la 22ième mesure, en réalité la 4ième proposition : le transfert de 30 milliards de charges. Visiblement Louis Gallois n'a pas lu notre contribution qui démontre qu'un transfert de 5 points de charges patronales vers de la TVA pour améliorer la compétitivité de nos entreprises ne constitue qu'une poussière de choc ; serait même contre productif puisqu'il plomberait encore un peu plus le pouvoir d'achat des salariés avec toutes les conséquences associées. Inutile de vous dire que nous ne fûmes guère surpris quand, le jour d'après, Jean-Mars Ayrault, notre éclairé et stimulant Premier Ministre, retenait l'idée agrémentée de l'habituelle usine à gaz : crédit d'impôt revu à 20 milliards, ajustement des 3 taux de TVA, le binz technocratique classique quoi, mais pour... 2014 ! Nous remarquons qu'il n'est fait aucune distinction entre les tailles d'entreprises ou bien qu'elles soient manufacturières, industrielles, de services ou de distribution. Comme si les situations et les enjeux étaient les mêmes ! Etrange....
De même si cette mesure est tellement géniale, pourquoi attendre 2014 ? Même le plus obtus fidèle de TF1 ou de France 2, nourrit au sein fanatique de la pensée unique, voit bien que le récif se rapproche à toute vitesse, que la collision est imminente ! Une longue année à patienter pour les passagers, chômeurs démoralisés, salariés angoissés et entreprises exsangues ; une longue année à attendre les prodigieux bénéfices et opportunités annoncés par l'Expert autorisé. Cette temporisation nous apparait particulièrement cynique. Etonnant...
Deuxième réaction : Nous, Experts bénévoles, approuvons l'idée du choc de compétitivité. Les marges de nos entreprises manufacturières et industrielles - hors CAC 40 qui depuis longtemps ont délocalisé leur production et pratiquent avec virtuosité le prix de transfert - ont en effet été laminées. L'Expert autorisé, sponsorisé par le MEDEF, nous affirme, sans vergogne, que ce sont les charges sociales excessives qui plombent leur rentabilité. On s'en doutait bien un peu, Loulou, qu'il y avait un loup ! C'est pourtant là que nos avis divergent. Et pas qu'un peu ! Mais nous ne sommes que "bénévoles" et, faut-il le rappeler, nos "travaux" s'appuient sur le bon sens.
L'érosion d'une marge, élément vital pour une entreprise, peut-être la conséquence de multiples facteurs dont l'un, pour nous cardinal, est volontairement méprisé, donc délibérément ignoré. Quel est donc cet élément ?... Le prix, Jeannot, le prix ! Afin de rester compétitives, tout simplement pour continuer à vendre, mais plombées par des prix surévalués d'au moins 30%, nos PME se sont adaptées en gelant voire en baissant leurs tarifs alors que parallèlement elles prenaient de plein fouet les hausses de matières premières. Nous entendions récemment un fabricant de système de freinage déclarer que son tarif n'avait pas bougé depuis... 10 ans ! Nos entreprises made in France ont donc, en partie, compensées et absorbées le différentiel quand d'autres, moins patriotes mais sûrement contraintes, ont choisi de délocaliser leur production (Airbus par exemple).
Nos belles PME ont donc subi trois chocs dévastateurs : une monnaie surévaluée, la spéculation et l'ouverture de nos frontières à tous les vents au nom de la concurrence libre et non faussée. Quant aux salaires, depuis au moins 10 ans, les hausses en sont particulièrement modestes, le salaire moyen net ayant progressé de 5% entre 2000 et 2009 selon l'INSEE. Les charges patronales quant à elles ont bénéficié de multiples subventions - 35 heures, allègement sur les bas salaires, heures supplémentaires etc... - autant de combines foireuses avec les résultats sur l'emploi que nous savons. Le "cout" du travail a donc été contenu et largement maîtrisé. En synthèse, çà n'est pas du côté des salaires et des charges qu'il faut chercher l'ouverture puisque déjà fait et refait, sans succès. L'erreur est humaine, persévérer est diabolique...
En conclusion, notre recommandation, nous avouons que la ténacité est l'une de nos qualités préférées, restera la même et n'identifions qu'une seule issue : une dévaluation de 20% minimum (1,04$ contre 1 franc au cours actuel de l'Euro). Quels en seraient les bénéficiaires ?
1 - Les entreprises produisant en France par une amélioration substantielle de leur compétitivité prix (élasticité de la demande au prix, élément fondamental pour les produits positionnés sur les marchés très concurrentiels) et par conséquent la croissance de leur chiffre d'affaires. D'autre part, l'entreprise pourrait rénover raisonnablement ses marges, débarrassée de la contrainte de compresser pour compenser, malgré une hausse mécanique des matières premières importées (nécessaire calcul de la part des matières premières dans le produit fini). La monnaie redevient un moyen (adaptation) et non une finalité.
2 - L'emploi, par la croissance des chiffres d'affaires, l'opportunité de relocaliser certaines activités, les faillites ou délocalisations évitées.
3 - L'Etat car c'est une "subvention" qui ne lui couterait rien, même si par ailleurs une sortie de l'Euro aurait un cout (voir l'analyse de Jacques Sapir qui démontre que de rester dans l'Euro nous coutera plus cher). Bien au contraire, nous sommes convaincus que ce serait très bénéfique pour les comptes publics, notamment pour les comptes sociaux : baisse du chômage et hausse mécanique de l'impôt sur les bénéfices.
La dévaluation n'est toutefois pas l'alpha et l'oméga pour sauver notre économie de la déconfiture. Des mesures complémentaires sont indispensables : protectionnisme ciblé (pays à bas couts), le contrôle de notre banque centrale, le contrôle du mouvement des capitaux (lutte contre l'évasion).
Voilà à quoi pourrait ressembler un vrai choc de compétitivité. Mais pour cela il faudrait que nos "élites" abandonnent tout dogmatisme, revisitent le principe de l'intérêt général et reviennent à une vertu cardinale : le bon sens. Nous sommes très pessimistes !! L'épitaphe est déjà rédigé : "Ici reposent les cendres d'un pays autrefois démocratique, libre et fier."
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