Le choc de simplification est trop simplifié, c’est choquant
L'avantage avec le président Hollande, c'est que la personne qui le critique en public est statistiquement sure de trouver un auditoire à son diapason.
Prenons le fameux "choc de simplification".
Déjà, première surprise, comment un homme, tout président qu'il soit, dont la renommée est le consensus, peut-il lancer un slogan qui comprend le mot "choc" ?
C'est aussi antinomique que si son prédécesseur avait psalmodié "zen à tous les étages".
Chacun a sa personnalité, chacun peut être performant dans son domaine, mais on sourcille comme si on entendait un capitaine de sous-marin se vanter de devenir bientôt champion d'alpinisme.
Deuxième surprise, le mot "simplification". Comment un homme formé dans cette école d'administration, l'ENA, peut-il comprendre le monde du travail, de l'efficacité, de la rapidité, de la réactivité, bref de ce qui demande à être simple ?
Si on m'avait posé la question : par qui, quand et où a été lancée l'expression "choc de simplification", j'aurai pu donner le nom de l'auteur, mais pas la date du 28 mars 2013 dans une émission de France 2.
François Hollande a demandé vendredi aux préfets et directeurs d'administration, réunis à l'Élysée, d'accélérer la mise en oeuvre des réformes pour la croissance et l'emploi, indiquant que "le choc de simplification" de l'administration serait engagé dès la fin avril.
...
Il a également "lancé le choc de simplification" qu'il avait annoncé la veille sur France 2, a-t-on ajouté. "Le gouvernement prendra, dès la fin avril, les premières mesures pour alléger les procédures administratives, diminuer les normes et raccourcir les délais des démarches au bénéfice des collectivités locales, des entreprises et des particuliers", a précisé la présidence de la République
http://www.lepoint.fr/politique/hollande-ou-le-choc-de-simplification-29-03-2013-1647636_20.php
Un an et demi après son départ, le train de réforme est-il toujours sur les rails ? Si oui, c'est un train de sénateur qui ne risque pas d'être flashé. Au fait, a-t-il une locomotive ? Connaissez-vous son responsable ?
Cela ressemble plus à un effet de communication chargé de donner à papoter aux journalistes et d'enfumer les badauds qui croient encore aux discours politiques. Bref, ça donne envie de donner des coups de pieds dans l'arrière-train pour le faire avancer.
L'administration s'est sans doute sentie perdue devant cette tâche à contre-nature qu'on lui assignait.
Elle en est venue à quémander de l'aide sur son site officiel.
Entreprises, aidez-nous, quelles démarches voudriez-vous voir simplifiées ?
Dites-nous quelles sont pour vous les démarches pour lesquelles vous trouvez que l'administration demande trop d'informations, les démarches vous paraissant inutiles ou pour lesquelles les délais de réponses vous semblent trop longs ou pénalisant
http://www.faire-simple.gouv.fr/entreprises
Cet appel au secours sans doute inspiré du "demander à un ami" et du "demander au public" n'a pas dû faire gagner des millions d'idées, puisqu'un an et demi après, la situation a continué son petit bonhomme de chemin à contre-sens : elle s'est empirée.
La situation s'aggrave d'ailleurs d'année en année. Environ un tiers des patrons interrogés estiment en effet que les activités RH, administratives et juridiques les occupent de plus en plus. Les raisons leur paraissent essentiellement externes, et non maîtrisables : 25% d'entre eux citent les lourdeurs administratives, 24% les évolutions juridiques, 11% les changements des mentalités et la crise économique.
Que l'administration simplifie, c'est comme demander à un boucher de faire du prosélytisme pour un régime végétarien !
Un haut fonctionnaire qui rédige un texte cherche d'abord les formules les plus compliquées, les tournures les plus ardues et les raisonnements les plus méandreux.
Quand les députés et les sénateurs l'auront voté sans trop y toucher de peur de tout casser, son texte sera appliqué et révèlera à l'usage toutes ses absurdités, mais ne sera pas simplifié. Bien au contraire, il sera complété d'un nouveau texte tout aussi compliqué, et l'ensemble des deux textes ajoutera un niveau de complication supplémentaire.
Le haut fonctionnaire n'a pas de mérite. Il a appris son métier ainsi, et c'est sur ces critères qu'il a été sélectionné.
Là où il faut lui reconnaitre un talent certain, c'est la manière qu'il a, sans y avoir l'air d'y toucher, de créer de nouveaux postes de fonctionnaires pour faire appliquer son texte. Il ne s'agit pas de perversité, mais d'une loi de sociologie qui veut que toute organisation tend à abandonner l'objectif pour laquelle elle a été créée pour se vouer à un objectif primordial : sa survie.
Georges Clémenceau avait dit il y a un siècle, et il a toujours raison,
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"La France est un pays extrêmement fertile : on y plante des fonctionnaires et il y pousse des impôts."
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"Les fonctionnaires sont un peu comme les livres d'une bibliothèque : ce sont les plus haut placés qui servent le moins."
Face à l'adminsitration qui perdure, que peuvent faire les élus qui valsent au gré des élections ?
Il leur reste des décisions qui feront date et qui changeront le cours de l'histoire, comme celle qu'a prise la présidente de séance quand elle a décidé dans la nuit de lundi à mardi de sanctionner le député UMP du Vaucluse et de lui infliger un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal. Cette sanction, précise le règlement de l'Assemblée nationale, entraîne la privation, pendant un mois, du quart de l'indemnité parlementaire allouée aux députés, soit quelque 1.300 euros.
Ainsi, le député UMP Julien Aubert perdra un quart de son prochain traitement mensuel pour avoir persisté à donner du "Madame le président" à sa collègue Sandrine Mazetier, présidente de séance, lundi 6 octobre.
La députée socialiste de Paris lui a pourtant demandé à plusieurs reprises de l'appeler "Madame la présidente" comme le prévoit le règlement de l'Assemblée, mais l'élu UMP a insisté.
Voilà des députées qui savent faire preuve d'autorité quand l'essentiel est abordé.
L'article dans leur titre est plus important qu'un article de loi.
Grâce à ce personnel politique, la France est sauvée, choc de simplification ou pas.
Et que les cadres et les petits patrons arrêtent de se plaindre. Ils ne sont pas insultés par des odieux "le".
Près de huit cadres sur dix (76%) pensent que le nombre de chômeurs augmentera d'ici un an, contre 55% en mai 2014.
06/10/2014, 12:11
Deux sondages, publiés aujourd'hui, le disent. Selon le baromètre Viavoice réalisé pour HEC, Le Figaro et France Inter, le moral des cadres atteint un plus bas depuis juin 2013 qui s'explique par les inquiétudes sur le niveau de vie et le chômage. ... Quant aux patrons de PME, selon une étude Ifop pour KPMG et la CGPME, ils n'ont jamais été autant à se dire "très inquiets" de la situation de l'économie française.
Les députées ont montré de quel bois elles se chauffaient. Tant mieux, tous les Français ne peuvent pas en dire autant.
Se chauffer et s'éclairer, une évidence au XXIe siècle en France ? Pas pour un Français sur cinq, affirme l'Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE) sur le fondement d'une évaluation récente. Selon cette institution, en France "l'ensemble des populations en situation de précarité énergétique dans leur logement serait de l'ordre de 5,1 millions de ménages (et 11,5 millions d'individus), soit environ 20% de la population totale".
Voilà au moins qui est clairement simple et qui choque.
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