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#50 des Tendances

Le cinquième évangile

Les quatre premiers évangiles ont permis de constater que l'attrait du pouvoir faisait inévitablement passer de l'humanisme le plus achevé aux excommunications les plus féroces. Un cinquième est en cours d'écriture selon des modalités différentes, sans divin, sans figure tutélaire, sans doctrine mais avec une vigueur pour dominer qui n'a rien à envier aux habitudes du passé. La soif de pouvoir, et encore plus son exercice, conduit fatalement à tout sacrifier pour le bien de la Cause quelle que soit la nature des idées agitées.

On devrait se méfier de tout individu qui se pose en leader, mais ceux qui souhaitent changer l'âme de leurs proches, plutôt que de vouloir modifier leurs conditions de vie, sont de loin les plus dangereux car ils mènent aux limites extrêmes du totalitarisme. Les Chrétiens sont, dans cet ordre d'idée, les plus glorieux.

Une secte se distingua autrefois en ce qu'elle prônait l'Amour comme vertu essentielle car recouvrant toutes les autres. Pendant les premiers siècles de l'existence de cette nouvelle foi, l'humilité et la bonne parole animèrent seules les disciples. Ils deviendront cependant prosélytes contrairement à ce qu'enseignait leur foi originelle. Un individu peut s'exprimer à loisir sans inconvénients, il n'en est pas de même pour un groupe qui recherche toujours la puissance au détriment de ses propres préceptes. L'intelligence individuelle, qui varie en intensité et en qualité d'individu à individu, laisse la place à l'expression d'une meute toujours prête aux surenchères verbales et aux anathèmes pour défendre son pré carré. La porte est alors béante pour se débarrasser de tout déviant devenu gênant.

Paul de Tarse eut dès le premier siècle un rôle majeur dans la diffusion du christianisme hors des cercles originaux juifs et il créa pour ce faire plusieurs communautés en Asie mineure, en Grèce, à Rome. Une alliance étroite entre foi et politique ne s’affirma vraiment qu'avec Constantin au IVe siècle, maître de l'Empire Romain durant 13 ans. L'Empereur Constantin 1er fut un réformateur habile tant dans le domaine politique que religieux et il promulgua en particulier un édit de tolérance qui permettra l'essor du christianisme. Il se fera baptisé sur son lit de mort ce qui lui permettra de trépasser lavé de tout pêché. A compter de ce jour la foi en l'Amour sera toujours profondément imbriquée avec le pouvoir sans quelquefois on ne sache plus si on tuait par Amour ou par intérêt, une logique de groupe s'imposa. Les excommunications vont de fait frapper avec vigueur : Photios (863), Philippe 1er (1076), Jean d'Angleterre (1210), Savonarole (1497), Henri IV (1585), Talleyrand (1791), Napoléon (1809), Charles Maurras (1927). L'Inquisition, qui fut instituée au XIIIe siècle pour lutter contre les idées déviantes et les hérésies, ne fut supprimée qu'en 1908. L'église catholique se rapprocha très récemment de sa doctrine originelle non pas grâce à une repentance intellectuelle mais simplement parce qu'elle avait perdu une large partie de ses fidèles et quasiment tous ses pouvoirs temporels. Les recommandations ecclésiales faites durant des siècles avaient pour unique but de perpétuer l'espèce, seule finalité détectable de la Nature elle-même tout en changeant l’âme humaine trop impure.

L'Amour ne pouvait pas résister à l'esprit marchand. Peu à peu mais résolument il fut remplacé par un couple indissociable : le pognon et le cul qui guida tant la Droite que la Gauche, la première préférant toutefois quelque peu le premier tandis que la seconde mettait plutôt en avant le second. Les temps modernes s'installèrent dans le cocon construit par les énergies fossiles qui permettaient de se passer des efforts pour privilégier les jouissances devenues presque gratuites. L'Au-delà promis n'était dans l'ancien temps rien d'autre que le fait d'avoir des enfants, ce bonheur dans le futur n'était plus nécessaire puisque les délices terrestres étaient en abondance et à portée de main.L'Amour d'un dieu (ou d'un être suprême), d'un père, d'une mère, de frères, d'une famille, d'une Nation fut donc remplacé par l'amour de soi-même. Dieu est mort avec l'Amour ! Mais il n'est pas possible pour une société de survivre sans aucune illusion, le narcissisme s'ordonna donc sous forme de meutes permettant la formation d'un collectivisme nouveau non régulé par une instance supérieure d'ordre spirituel ou temporel, basée sur une foi ou un savoir. Le plus sage ou le plus savant ne serviront plus que de cibles pour les plus aptes à vociférer.

Le cinquième évangile sera donc écrit par les factions coalisées, diaboliquement puissantes dans l'espace virtuel construit pour elles grâce aux nouvelles technologies sans idée autre que de dominer autrui. Il manquait encore une chose suprême capable de trancher sans recours possible lorsque le celà était nécessaire.. Là encore les progrès techniques furent d'un grand secours. Après avoir montré que des ordinateurs pouvaient battre le plus grand des champions humains aux échecs, puis au jeu de Go, une nouvelle mouture algorithmique devint capable de répondre merveilleusement à toutes les questions même les plus insensées. Le Non-être Suprême était né. Constitutionnellement, le nouveau dieu mécanique ne pouvait que refléter l'air du temps, la plupart des fois donc celui des plus nombreux, et l'on savait modeler les opinions à coup de chocs émotionnels et d'images destructrices de l'entendement. Il ne restait plus qu'à neutraliser une minorité attachée aux forces de l'esprit, à la création, au Beau et au sentiment d'Honneur.

Maximiser les profits pour une infime minorité étant la seule route offerte par le système, il fallait faire oublier qu'il y avait beaucoup plus de pauvres que de riches. La maîtrise de la parole joua un rôle incontestable pour ce faire : le monde devint tellement pédant que les simples n'y comprirent plus rien, on parla d'investisseurs et de consommateurs, de taux actuariels bruts, nets, d'endettement productif ou stérile... mais cela se révéla insuffisant. Il fallait faire en sorte que les plus démunis se détestent les uns les autres. On les scinda donc en fragments irréductiblement ennemis les uns des autres : les hommes, les femmes, les minorités, les souchiens,, les racistes, les anti-racistes,les voyants, les mal-voyants, les fascistes, les antifas, les homophiles, les homophobes, les français, les pas-vraiment-français,... Chaque communauté se battait dorénavant pied à pied au profit des plus dominateurs au sein de chacune des catégories en laissant de côté les autres moins organisés et plus silencieux.

La Bien-pensance s'est évidemment emparée de toutes les vertus possibles pour afficher la pertinence de leur emprise sur la société. Mais celui qui sait ne parle pas, les paroles ne servent qu’à vider l'esprit du peuple pour le remplacer par des illusions. Le nouveau dieu algorithmique créé avec tant de soin se révéla beaucoup plus conciliant avec le pire de tous les vices : celui qui abaisse l'esprit plutôt que l'élever.

Un nouvel évangile s'écrivait, manquait encore des servants pour le glorifier.

Déjà au temps d'Euripide, soit bien longtemps avant les quatre premiers évangiles marqués par le patriarcat, certaines femmes se plaignaient de leur peu de notoriété et de leur peu de reconnaissance dans un monde façonné par les hommes. Le temps était venu après un si long combat infructueux d'obtenir des marques visibles de succès. Le vrai monde n'étant plus le monde naturel mais celui des médias, il fallut que les femmes s'emparent des ceux-ci. Le moyen le plus sûr est le tumulte, la furie, elles s'attachèrent à déboulonner de (fausses ou vraies) idôles, même déjà momifiés, pour se mettre au premier plan de la scène.

Les "Femmes Savantes" avaient bien compris qu'être libre c'est avoir le pouvoir. Elles décidèrent donc que "Nul n'aura d'esprit hors nous et nos amies". L'idéologie se transforma comme attendu en mépris des autres et d'horribles tourments attendirent tous ceux qui s'écartaient du dogme professé. 

Au-delà des rumeurs, des on-dits, des malveillances de toutes sortes, les moyens de communication modernes sont devenus les véritables lieux de décision : élus et parlementaires ne font plus rien qui pourrait écorner leur image sur les médias. L'intelligence artificielle s'est tellement améliorée qu'elle a rejoint la crétinerie naturelle couplée avec une beaucoup plus forte capacité de nuisance. Les savantes décorent les plateaux de télévision par leur charme et peuvent argumenter à l'infini sur les modifications sociétales qui auraient un bénéfice pour elles, en faisant abstraction d'une montée apparemment irrésistible des inégalités pour la grande majorité des autres, hommes et femmes mêlés.

Alors, Femmes savantes ou Führerinnen ? Une bourgeoise de Neuilly (sur Seine) est-elle plus malheureuse qu'un ouvrier de Nanterre ?

 


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1 réactions à cet article    


  • Le canal de la chèvre du mont des andouilles...

    Une horrible histoire vient de percuter l’espace restreint de mon âme.

    <<Les grandes phrases sur la philosophie, les droits de l’homme, la régénération de l’humanité qui, pendant les premières années de ce siècle, ont servi au Juif comme de paravent pour opérer à son aise, ne trompent plus personne ; c’est un vieux décor de papier qui se déchire et s’en va en lambeaux…

    Le Juif apparaît en maître ; il ne prend plus même la peine de dissimuler cette maîtrise ; il tient tous les peuples par la finance, il modifie selon les intérêts de ses syndicats les lois du travail ; il a acheté tous les hommes d’État qui étaient à vendre et éloigné de tout emploi ceux qu’il ne pouvait corrompre.

    Il est omniprésent et omnipotent partout où il est présent, si puissant qu’on n’ose même plus l’attaquer… Vous vous souvenez de l’émotion qui saisit cette Chambre servile lorsque Laure eut le courage de désigner le chef des accapareurs par son nom et de flétrir publiquement Rothschild.

    Tous ces prétendus hommes libres qui outragent perpétuellement tout ce qui est digne de respect, tout ce qui représente la foi, l’idéal, le dévouement : le Christ, le Pape, les prêtres, les Soeurs de Charité, avaient des frissonnements de valets pris en faute à la pensée qu’on se permît d’attaquer un banquier de Francfort qui pour eux revêt un caractère sacro-saint .......>>

    Horreur & damnation la vérité fut révélé par un immonde prête, issu de la multitude de clans qui s’agitent au travers l’église de tous les saints ( saint pierre, saint mortier, saint ciment, saint charpente, saint cathédrale, saint Notre Dame de Paris ....)  

     


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