Le climat, les élèves se l’apprennent eux-mêmes
Certains adultes osent le dire. Vrai qu’ils sont effrayants souvent les adultes. Effrayants de cynisme, ils ne se souviennent plus de la fraîcheur qui était la leur du temps de l’adolescence. Le temps où ils avaient confiance. Non, les élèves qui sont dans la rue pour le climat ne le font pas pour « sécher les cours ». Ils le font parce qu’ils ont compris la gravité de la situation. Ils le font parce que les adultes ne font rien, les adultes ne se rendent pas compte… Comme si, c’est renversant, les plus vieux étaient les plus immatures !
Les plus grands apprennent aux plus jeunes
Le 15 mars 2019 à Saint-Aubin d’Aubigné (35) au collège Saint-Michel, les élèves de 3ème de deux classes, une cinquantaine d’adolescents en tout, sont allés par groupes de 3 ou 4 dans les classes de 6ème, 5ème et 4ème pour animer un débat sur le climat. A l’invitation de Sophie Lambert leur professeure de SVT et de Véronique Arbid professeure d’allemand, ils se sont emparés de la méthode du débat mouvant et de la boule de neige, animation qu’ils avaient vécu en automne. En 50 minutes, 400 élèves avaient vécu une authentique expérience de sensibilisation à la crise climatique et à la transition écologique et en même temps une vraie expérience citoyenne. Le témoignage audio avec photos est instructif, il suffit de faire défiler et de cliquer sous l’image de Greta.
Les jeunes sont sérieux quand l’heure est grave.
Les retours de cette expérience inédite ont été très bons. Les professeurs « trouvent bien que les troisièmes se soient sentis responsables ». « Ils ont pris les choses à cœur et l’ont fait très sérieusement » disent-ils. « Ils se sont impliqués à fond d’une manière très sérieuse ». Oui les jeunes sont très sérieux quand l’heure est grave… et … l’heure est grave !
La vidéo de Greta
Puisque tous les grands de la Terre l’ont écouté lors de la COP 21 en Pologne puis à Davos aussi, il est juste que les élèves de collèges partout dans le monde l’entendent aussi. La vidéo de Greta c’est l’expression d’une force de la jeunesse, une jeunesse consciente des enjeux, déjà dans l’action et qui doit, tristesse, renoncer à l’innocence à la quelle elle devrait encore avoir droit. Puisque le capitaine du bateau est ivre, le mousse lucide qui évalue les choses, au lieu de rêver en regardant les oiseaux, sait qu’il doit se préparer à prendre la barre. Au moins nous avons ainsi une chance de nous en sortir. Si on laisse la barre aux adultes qui l’ont d’une main de plus en plus tremblante, c’est clair, il n’y en a pas une !
Les professeur.e.s
Elles et ils doivent d’abord être remercié ces professeur.e.s et toutes et tous doivent être remerciés parce qu’ils ont pris un risque – ils ont fait confiance à leurs élèves – ce qui est la règle en Finlande première de la classe au PISA et qui se passe d’un corps de l’inspection, mais n’existe que bien peu en France où ce qui règne c’est la peur que la situation leur échappe, alors que justement c’est quand les élèves sont dans le travail de groupe, en situation d’autonomie et qu’ils peuvent faire appel à leur créativité que leur implication est la plus forte. Les finlandais l’ont compris sans doute, les français, non. Les profs du collège Saint-Michel ont été très contents de cette expérience « très content de découvrir cette façon de faire un débat ». « Il y a des arguments amenés par des élèves de 6ème qui ont épatés les professeurs ». « C’était génial, très intéressant » ont dit à Sophie des profs qui souvent ont été surpris par la façon dont les 3ème ont pris les choses en mains.
Il a suffit d’une heure banalisée
Quoi de plus simple en fait que d’organiser des débats sur le climat dans tous les établissements de France, il suffit de faire confiance aux élèves. La direction du collège Saint-Michel a accordé cette confiance. Il suffit pendant 50 minutes de leur passer les clés du camion. Est-ce que ce n’est pas ça l’apprentissage ? Nous retrouvons ainsi les vertus de la pédagogie des écoles mutuelles évoquée dans le film : « Etre plutôt qu’avoir, une éducation autrement » D’Agnès Fouilleux. L’Education nationale n’a pratiquement rien à faire pour que tous les élèves de France vivent un débat sur le climat. Une prof m’a dit hier soir : « On nous a demandé le lundi d’organiser un débat pour le vendredi… impossible ! » Elle a raison ça ne s’improvise pas un débat, il fallait mieux laisser les élèves aller à la manif, ils y ont beaucoup plus appris. C’est sérieux un débat. Il n’y a peut-être rien de plus important dans une démocratie que le débat.
Relocaliser l’éducation.
Il apparait de plus en plus clairement qu’il en est de l’éducation comme de l’alimentation. Pour une alimentation saine on joue local, pour une éducation saine le projet éducatif doit lui aussi reposer sur la communauté locale. Mon maraicher bio ne va pas prendre ses ordres à Paris, il me fait de très bons légumes. Ce que nous pouvons souhaiter c’est que partout émergent des communautés éducatives locales qui se réapproprient complètement le fait éducatif. E Franc comme ailleurs les vieilles institutions éducatives nationales sont perdues, comme le capitaine du bateau qui est ivre sans doute... misons sur les mousses !
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