Le collectif Condorcet sur trois fronts
Rythmes scolaires à l'école, réforme du collège, réforme Chatel du lycée. Tout est à revoir et refaire. Il faut réinstituer l'école républicaine et retrouver les idéaux fondateurs d'un Condorcet. Il faut faire le pari de l'égalité, de la haute-culture, de la transmission. Il faut faire cesser la malbouffe scolaire et se donner les moyens de la qualité. L'enjeu est de civilisation. L'école de l"employabilité" ne passera pas par le collectif Condorcet.

Les Indomptés-Collectif Condorcet entendent lutter sur les trois fronts : école primaire, collège, lycée. Tout se tient en effet. On a affaire à travers les réformes successives, à tous les niveaux, à une liquidation de l'école républicaine et une baisse de l'offre publique d'instruction et d'éducation.
Sous couvert de « pédagogie », l'État ne fait que des économies au détriment des élèves et des professeurs. D'ici quelques années, par exemple, grâce à la fin totale du redoublement, l'État gagnera 2 milliards par an (pour mémoire le budget actuel est d'à peu près 64 milliards par an). Avec la suppression au collège de l'option découverte professionnelle, des sections bilangues et européennes, du latin-grec et la diminution des heures de cours, plus de 700 millions d'euros d'économies seront réalisés par an...
Les réformes (sous des gouvernements de droite ou de "gauche") sont menées de façon assez perverse, par tranches successives, de sorte que les enseignants ne soient pas soudés dans la révolte. Toutes sortes de fumigènes sont également épandues pour brouiller la vue ou faire diversion. Il s'agit évidemment de détourner l'attention de l'opinion publique vers des problèmes annexes (on ne va tout de même pas vous embêter avec la maîtrise de la langue ou des mathématiques par nos élèves), de faire du storytelling médiatique (stratégie de communication des entreprises en temps de crise...). Si vous voulez comprendre comment le marketing politique fonctionne désormais, lisez par exemple "storytelling" et "spin doctor" sur l'encyclopédie wikipédia. La démocratie ultra moderne, à l'américaine, suppose qu'on ballade la masse électorale avec les ficelles du spectacle.
L' « avantage » de la France, c'est qu'à la manipulation parfois grossière s'ajoute aussi l'idéologie un peu folle, l'absence totale de pragmatisme, la torsion des faits et le refus total de la prise en compte du réel... Sans parler du rejet par le mépris de ce que pense l'immense majorité des acteurs de terrain, sûrement insuffisamment « experts »...
Le professeur des écoles interrogé à la télévision sur les chaînes dominantes qui servent la soupe au pouvoir en place vous dira : "La réforme des rythmes scolaires, c'est fantastique, c'est merveilleux !" Que 80% de la profession s'accorde à trouver que c'est l'inverse est un point de détail qu'il conviendra d'escamoter, de même que la protestation des maires ou des contribuables locaux. Les "gilets jaunes" n'existent que dans la presse locale. On donne la parole à la partie acquiescante et enthousiaste pour leurrer les parents. Toute ressemblance avec ce qu'on a pu voir dans des pays totalitaires utilisant les méthodes de la propagande la plus vile... serait non seulement justifiée mais risquerait même de rester bien en-deçà de ce qu'on voit en regardant, interloqué, le journal d'un Pujadas.
Ce qui a eu lieu n'existe pas (ou si peu) et ce qui n'a pas eu lieu peut faire événement. Les enseignants n'intéressent personne et quand on en interroge un, il doit entrer dans la communication ministérielle le plus étroitement possible pour ne pas entraver la bonne marche des réformes ou réveiller l'esprit critique des parents, pourtant pleins de bon sens.
La réforme des rythmes scolaires à l'école primaire est à classer parmi les fumigènes (on cache des considérations pas forcément très nobles et on s'évite de traiter les vrais problèmes de l'école) mais de ceux qui risquent en plus de s'avérer hautement toxiques à inhaler. Les fumigènescancérigènes qui devraient très bien permettre à l'école d'aller encore un peu plus mal qu'elle ne va...
J'ai interrogé deux professeurs des écoles, Céline Fabre et Nicole Droitcourt (membres du collectif Condorcet) très en pointe dans la lutte contre la réforme des rythmes scolaires. Nicole Droitcourt a aussi été directrice d'école. Voici à peu près ce qu'elles m'ont expliqué :
Enseignants, parents, acteurs et observateurs de l’école publique et laïque, nous savions tous que la réforme des collèges allait faire « tousser » plus d’un prof du secondaire.
Et pour cause !
Tout ce qui se vit actuellement dans les collèges a déjà été expérimenté dans les lycées (sans améliorations) et rappelle étrangement les désagréments vécus dans le primaire.
En effet, depuis deux ans pour tous et même trois ans pour certains petits chanceux, nous vivons la fabuleuse aventure de la réforme des rythmes scolaires.
Afin de révolutionner les apprentissages et d'apporter l’égalité à tous les petits écoliers français, le ministre fraîchement débarqué à l’Education Nationale, M. Peillon, pensait qu’il fallait ABSOLUMENTchanger le rythme scolaire et mettre en place des Activités Périscolaires (appelées TAP puis NAP puis AP…) sur le temps dégagé.
Aussi le 24 janvier 2013, par décret (non débattu à l’Assemblée) et malgré l’avis négatif du Conseil Supérieur de l’Education, la réforme voit le jour.
Désormais nos petites têtes blondes étudieront moins longtemps l’après-midi et iront en classe le mercredi matin pour compenser.
Mais comme les parents n'ont pas de don d'ubiquité qui permettrait de travailler tout en venant chercher leur progéniture plus tôt dans la journée, les enfants resteront à l’école pour pratiquer desactivités, gérées et financées par les mairies (3 heures par semaine).
Soit un passage de 4 jours à 4,5 jours d’école par semaine pour un même nombre d’heures de cours (24 heures) auquel s’ajoutent des activités périscolaires de qualités variées en fonction des possibilités des collectivités.
Notons que cette mesure n’est obligatoire que pour les écoles publiques.
Les maires n’ont eu d’autre choix que d’appliquer la loi (plus précisément, le décret passé en force, sans la moindre concertation : tiens, tiens encore un décret) et se retrouvent aujourd’hui avec une facture d’un milliard d’euros pour des activités satisfaisantes dans quelques communes ayant les moyens et pour de la garderie dans toutes celles qui ne peuvent pas faire autrement (voire ni l'un ni l'autre puisque le décret le permet).
Nous passerons rapidement sur la mise en œuvre chaotique de cette nouvelle « expérimentation » dans l’urgence. Car, il fallait aller vite, très vite.
Nous allons donc passer directement au bilan de cette réforme (on attend avec impatience les rapports d’évaluation que Mme la Ministre nous a promis …) car la réalité est qu’elle n’atteint nullement ses objectifs : les enfants n’apprennent pas mieux et, en favorisant une territorialisation de l’Ecole, les inégalités augmentent.
Les enfants sont moins disponibles pour les apprentissages, ils sont fatigués, déboussolés, dans un contexte où se mélangent les repères, les intervenants, les règles…
Ne parlons pas des enfants de maternelle, pour qui cette réforme est complètement inadaptée et encore moins des élèves handicapés, qui eux ont été carrément exclus de la mise en œuvre de la réforme (leurs AVS ne restent pas sur les temps d'activités).
Les parents d’élèves subissent et font comme ils peuvent pour se débrouiller avec des horaires et des emplois du temps fluctuants d’une école à l’autre, d’un jour sur l’autre. Et, cerise sur le gâteau, ils doivent payer (directement ou via une augmentation des impôts locaux) pour des activités périscolaires qu’ils n’ont pas demandées.
Les enseignants (relayés par leurs syndicats ….ou pas !) expriment leur exaspération et n’arrivent toujours pas à apprécier le bien-fondé de cette réforme : 74% estiment qu’elle a un effet négatif sur les apprentissages !
Surdité de la ministre.
Les animateurs, les ATSEM , les aides-éducateurs, sous payés , pas ou peu formés, ne comprennent plus leur rôle au sein de la communauté éducative et ne peuvent exercer leur métier dans de bonnes conditions.
Surdité de la Ministre.
Des chronobiologistes, favorables au début, se rendent compte aujourd’hui que la réforme a été dévoyée de ses objectifs, en particulier lorsque l’on regroupe les activités sur le vendredi après-midi (possibilité offerte par le décret Hamon le 8 mai 2014 pour "assouplir" la réforme) et avec ce curieux découpage de l’année scolaire obéissant au lobbying de l’industrie du tourisme.
Surdité de la Ministre.
De plus, par un effet de vases communicants, les budgets alloués à cette réforme par les collectivités territoriales ne sont plus disponibles pour d’autres priorités (entretien des locaux, associations culturelles et sportives, voirie, sorties scolaires, festivals…).
Tout (ou presque) a été tenté pour faire comprendre que cette réforme était inégalitaire, inutile, coûteuse voire dangereuse : actions, manifestations, pétitions, courriers aux élus, à la Ministre … aucun résultat ! Madame la ministre n’a pas daigné recevoir ni même entendre tous ceux qui subissent cette réforme au quotidien.
Surdité de la ministre.
Ah non ! Erreur ! Madame la Ministre a reçu les syndicats et organisations de parents d’élèves (soi-disant majoritaires), mais qui, curieusement, sont favorables à la réforme. Elle s’est également appuyée sur des rapports des Inspecteurs d’Académie qui, étrangement, n’ont jamais envoyé d’enquêtes au sein des écoles.
Et pourtant, l’exaspération ne faiblit pas, elle s’accroît même avec la réforme des collèges qui poursuit les même lignes : territorialisation de l’Education, savoirs remplacés par des animations, nivellement par le bas...
Non, madame la Ministre, ne croyez pas que la partie soit gagnée !
Nous sommes de plus en plus nombreux à trouver que ce mot est le seul qui exprime notre ressentiment : ABROGATION !
Pour signer EN URGENCE la pétition et lire l'Appel national pour sauver l'école : ICI
Appel dans le Figaro
Appel dans l'Humanité
Agoravox
Parents, Étudiants, Enseignants, Citoyens,
Bienvenue sur le site qui décode la réforme du collège : Réforme du collège 2016 en clair
Contact Les Indomptés-Collectif Condorcet :
[email protected]
Page facebook
Quelques articles d’ A. Desjardins :
Figaro 9/11/2015 Réforme du collège, l'opposition doit continuer
Causeur 6/01/2016 Le latin, discipline de l'esprit
Causeur 1/02/2016 Reformatio delenda est
Marianne 10/6/15 "Les sciences de l'éducassion m'a tueR"
Marianne 28/5/15 Ce n'est pas l'élève qui est au centre, mais le vide !
Marianne 15/5/15 Et si un ministre de l'éducation
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