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Le collectivisme ploutocratique

Chacun s'interroge sur son futur propre et sur le devenir de la planète. Les défis sont connus et la réalité des désastres annoncés ne fait plus aucun doute. Mais qui, quelle institution, vont piloter les mutations nécessaires ? Chacun s'efforce de courir vers les canots de sauvetage les plus proches avant que le Titanic ne coule. C’est sûrement le plus raisonnable mais est-ce le plus intelligent.

Si vous vous fiez aux dires des dirigeants occidentaux pour comprendre où l'on va et surtout de quelle façon on s'y prend pour y aller, vous n'avez aucune chance de comprendre quoi que ce soit. Lorsqu'on examine une courbe, il est essentiel d'observer sa dérivée en un point pour déterminer son comportement général, c'est à dire sa forme. La dérivée en un point, si la courbe dépend du temps, c'est la variation d’une valeur durant un intervalle de temps donné. Appliquer au domaine politique, il faut examiner non pas ce que les politiciens affichent aujourd'hui mais considérer le chemin qu’ils ont suivi d'hier jusqu'à aujourd'hui.

Pour des raisons de clarté, on ne piochera les exemples que dans le cas français, mais la façon de faire est universelle et conduit très exactement au même point de chute pour tous les pays. Pour ne pas s'embarrasser de notions obsolètes, on distinguera entre les politiciens rouges et les autres bleus sans plus de précisions.

Les Rouges vifs proclament leur aversion pour l'organisation politique telle qu'elle existe (le capitalisme) mais recommandations après recommandations, ils réclament non-pas plus de Liberté politique, plus de temps pour vivre, des professions moins asservissantes, un respect de tous par tous, un meilleur accès aux instances de décision, le respect plein et entier des classes populaires... ils veulent plutôt des augmentations des salaires. Pourquoi pas, mais ceci ne peut s'obtenir qu'en augmentant la dépendance de tous (et surtout des plus démunis) aux milieux financiers. Ils proclament également leur attachement aux classes miséreuses, c'est à dire souvent des populations exogènes, c'est certainement un bon moyen de les rattacher aux valeurs politiques ambiantes mais le patronat est le principal bénéficiaire des transferts de population.

Les Roses voulaient changer le monde avec des principes, des valeurs, des bons sentiments et par étape, ils y parvinrent parfois mais ils perdirent leur âme ensevelie par les montagnes de bienfaits prodigués par le système financier. Désemparés, ils se consacrèrent quasi-exclusivement aux combats sociétaux (en fait toutes les préoccupations liées aux ébats intimes) en se posant comme des rebelles aux interdits d'une société qui n'interdisait plus grand-chose. Les Roses devinrent la Grande conscience des peuples en se posant comme guide pour leurs activités sexuelles. Les démunis avaient d’autres préoccupations plus immédiates que celles-là, ils perdirent donc leur importance : trop d'illettrés parmi eux, trop rustiques, trop insensibles aux charmes de la bourgeoisie.

Les Bleus clairs étaient délibérément libéraux : plus le champ du négoce était grand, plus libertés et profits s'accroissaient, pensaient-ils. Les Bleus clairs bâtirent un entrelacs de Nations riches de biens et pauvres d’esprit, pleines d'espoir de le rester par la force acquise par une union de tous les nantis de la Terre. Mais contrairement aux dires populaires, si l'Union fait dans un premier temps la force, elle conduit ensuite à l'avachissement. Pas un citoyen de cette Union n'était prêt à donner sa vie et encore moins son confort pour défendre des valeurs pourtant proclamées à tous vents. Les populations vieillies devinrent incapables même de survivre et se perdirent en gémissements et en lamentations.

Les Bleus foncés envahirent sournoisement la scène politique, scène où les spectacles devenaient de plus en plus angoissants, de moins en moins intelligibles, de plus en plus merveilleux, de moins en moins proches de la réalité. Les rustauds ayant été mis au ban de la politique, on s'efforça à force d'invectives et de provocations à les rassembler sous la coupe des Bleus foncés. La politique économique menée impliquait de gommer les frontières pour ne pas gêner la liberté du commerce et surtout celle des déplacements de capitaux, les populations autrefois colonisées n'eurent d’autre envie que de faire le voyage inverse. Les oubliés, pour ne pas écrire cocus, de la mondialisation, ceux qui ne possédaient que leurs mains et leur courage comme seules richesses, furent concurrencer par encore plus misérables qu'eux. Ne voyant pas contre qui ils devaient se dresser, ils s'en prirent aux nouveaux venus.

Du Rouge vif au Bleu foncé, tous ont contribué à détricoter les valeurs démocratiques.

Vers quelle société allons-nous maintenant ?

Un nouveau paradigme se met en place : les prises de décision collectives plutôt que personnalisées deviennent la règle. Les plus nombreux régnant, il y a toutes les chances qu'ils soient aussi les plus forts ; les plus réceptifs aussi à la consommation de tout et n'importe quoi. Si un individu solitaire est dur à convaincre, les foules mues uniquement par un pesant affectif peuvent être aisément influencées. L'intérêt pour le système, c'est qu'il n'y a plus de responsable, donc il ne faut pas de talent particulier pour occuper une fonction. Par exemple, pour chapeauter une transition écologique reconnue nécessaire par (presque) tous, on ne fera pas appel aux plus compétents mais à une multitude d'organismes étatiques ou privés dont on attendra une convergence des idées et une recommandation d'action. Expérimentalement, on peut constater la pertinence de l’approche. Les errements sont nombreux et la possibilité d'audace est exclue. Dans ce cadre, les "marchés" élimineront les uns et porteront les autres sans idée vraiment précise du but à atteindre l'essentiel étant de prospérer.

Les mouvements de population iront croissants causés à la fois par l'attrait des richesses pourtant de plus en plus résiduelles mais aussi pour fuir les diverses calamités engendrées par les excès inconsidérés des activités humaines. Les découpages nationaux existeront encore, non pas pour piloter l'économie ou sauvegarder les protections sociales, mais seulement pour faire régner l'ordre. La sécurité est d'autant plus difficile à assurer que la population est hétérogène et bigarrée, seule une autorité sans limites aidée d'un totalitarisme numérique perfectionné sera envisageable.

La pensée, apanage des savants antiques, est elle aussi devenue collective, elle se fera un devoir de déboulonner tout ce qui ressemble à un individu talentueux, inévitablement hors norme voire anormal ; surtout ceux qui s'obstinent à regarder la réalité sans l'aide de lunettes d'une quelconque idéologie même humaniste. Les plus nombreux sont les plus forts donc ils auront raison. Avec l'apport des techniques et du machinisme, les sociétés s’affadirent, sans gommer parfaitement, les processus de domination. Les esclaves n'existaient plus ou du moins ils étaient suffisamment loin des bonnes consciences pour que l'on n'ait pas à s'en préoccuper. Tous s'accordaient à penser que la volonté de puissance prend son origine dans la « mâlitude ». Il fallut donc gommer cette tare. Plus d'hommes, plus de femmes, plus d'hommes de couleur... mais il restera les classes sociales. Il y a beau jeu de parier que le fils d'un manager mondialisé ne deviendra pas éboueur, il est certain qu'une duchesse ne quittera pas son château pour cultiver la terre dans une fermette, il est plus que probable que les uns continueront à jouer au tennis et au bridge et que les autres en resteront à la belote.

Un nouvel apartheid sera en place moins visible que le précédent mais tout aussi inexorable.

 


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7 réactions à cet article    


  • rogal 18 novembre 16:05

    Dérivée en un point (taux de variation...) : on ne va pas loin avec ça.


    • Jacques-Robert SIMON Jacques-Robert SIMON 20 novembre 12:09

      @rogal
      Il y a aussi la dérivée seconde (entre autres)


    • chantecler chantecler 20 novembre 12:23

      @Jacques-Robert SIMON
      Oui l’accélération est dérivée seconde de la vitesse par exemple ....


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 20 novembre 12:31

      @chantecler
       
       ’’Oui l’accélération est dérivée seconde de la vitesse par exemple ....’’
      >
      je suppose que vous n’étiez pas prof de math.
       smiley


    • chantecler chantecler 20 novembre 16:37

      @Francis, agnotologue
      Non je préférais la physique , mais
      en calcul différentiel .
      Si j’ai écrit une connerie merci de m’éclairer .
      Ce fera gagner du temps ...


    • Francis, agnotologue Francis, agnotologue 21 novembre 11:32

      @chantecler
       
       ’’l’accélération est dérivée seconde de la vitesse ’’
        >
      Dérivée tout court : v = gt  > v’ = g


    • charlyposte charlyposte 20 novembre 12:28

      ET donc !

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