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Le combat contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes ou les errances de l’écologie

Le samedi 24 mars 2012, une manifestation d’opposants à la construction d’un aéroport international à Notre-Dame-des-Landes a réuni environ 6.000 personnes dans le centre de Nantes. Ce projet avait été, on s’en souvient, un des points de contention entre Europe-Ecologie-Les-Verts et le PS lors des négociations. Comme toujours dans de telles circonstances, des heurts ont opposé, en fin de journée, les forces de l’ordre à des jeunes radicalisés.

Ce qui a le plus marqué les esprits, cependant, ce sont les 200 tracteurs amenés par des agriculteurs du cru pour soutenir les manifestants, et à dire vrai on ne saurait trouver meilleur symbole de l’émasculation de la pensée écologiste. Personne, en effet, ne semble s’être demandé avec quoi roulaient ces tracteurs ni quel rôle l’agriculture mécanisée jouait dans l’épuisement programmé de nos ressources.

Lorsque l’écologie politique a émergé dans les années 70 autour du Club de Rome et de la candidature de René Dumont, elle posait clairement la question des contraintes que les lois de la nature imposent à une civilisation industrielle. Si Halte à la Croissance, reprenait le discours de pionniers de l’économie comme John Stuarts Mill ou Adam Smith sur le caractère limité dans le temps de la croissance économique, il l’assortissait d’un avertissement : laissée à elle-même, la croissance n’aboutissait pas à une stabilisation progressive, mais à un effondrement simultané et global de la production, du niveau de vie et de la population. Ni le progrès technique ni un accès accru aux ressources ne permettaient d’éviter l’effondrement, seulement de le retarder. Le seul moyen d’arriver à une prospérité durable était d’arrêter la machine infernale de la croissance, tant économique que démographique.

On s’en doute, cela n’a fait plaisir ni aux défenseurs de l’ordre établi – qui avaient besoin d’une croissance continue pour continuer à faire des affaires – ni aux marxistes qui avaient besoin d’une croissance continue pour réaliser leur paradis prolétarien. Halte à la Croissance s’est donc heurté à un véritable tir de barrage idéologique avec des arguments souvent malhonnêtes. Il y a même eu des théories du complot qui faisaient de l’ouvrage un instrument visant à imposer une austérité forcée au monde, dans l’intérêt d’une élite mal identifiée dont on se demande d’ailleurs pourquoi elle jouerait à ce genre de jeu. Le thème est d’ailleurs toujours populaire


Quarante ans après, cependant, les conclusions du Club de Rome tiennent toujours, au point que le scientifique australien Graham Turner a pu récemment démontrer que le "scénario standard" de Halte à la Croissance décrivait de manière adéquate l’évolution des quatre dernières décennies – est-il utile de préciser que ce n’est pas une bonne nouvelle ?

L’écologie politique, elle, n’a cessé de s’éloigner du chemin tracé par le Club de Rome, et cela non plus n’est pas une bonne nouvelle.

En se taillant un électorat, d’ailleurs volatile, au sein des classes moyennes supérieures, l’écologie politique a fait sienne l’idéologie et les intérêts de ces même classes moyennes supérieures. Celles-ci ne veulent certainement pas d’un monde plus frugal, et plus égalitaire mais tiennent à montrer qu’elles appartiennent au camp des progressistes. Elles sont fermement attachées à leur statut et aux privilèges qu’il leur apporte mais tiennent à se distinguer moralement des élites traditionnelles, sans doute parce que leur origine est différente. Les " bourgeois-bohèmes" ne tirent en effet pas leur position de la maîtrise des outils de production mais de leur position dans certaines institutions, publiques ou privées – institutions qui ne peuvent exister que dans le type de société complexe que permet l’exploitation intensive des combustibles fossiles.

De cette fusion idéologique découle le choix de la "croissance verte" et des "emplois écolos", et une part belle faite à l’hédonisme et à l’individualisme, alors que ce que Kurt Cobb appelle les "verts fondés en écologie" mettent la frugalité, y compris personnelle, et la communauté, au sens communautarien du terme, au centre de la transition vers un monde soutenable. Dans la vision de Cobb ou Greer, qui est aussi, sur ce point, celle d’un Christopher Lasch, un grand nombre de fonctions sociales aujourd’hui assumée par des entreprises ou par l’Etat, doivent, dans un monde soutenable, retourner à la sphère domestique ou communautaire. Cela implique de diminuer le nombre d’emplois rémunérés tout en créant les conditions pour qu’à terme le maximum de personne puissent vivre en dehors de l’économie monétaire. C’est évidement totalement contradictoire avec la logique de "croissance verte" et des "emplois écolos", qui ont une forte chance de devenir assez vite des emplois (bien payés) pour les écolos.


En découle également le choix de leurs combats. Comme le faisait remarquer l’essayiste américain John Michael Greer :
L'histoire du changement climatique, si vous la réduisez à ses fondamentaux, est le genre d'histoire que notre culture aime raconter - un récit sur la puissance humaine. Regardez-nous, dit-il, nous sommes tellement puissants que nous pouvons détruire le monde ! L'histoire du pic pétrolier, en revanche, est le genre d'histoire que nous n'aimons pas - une histoire sur les limites naturelles qui s'appliquent, oui, même à nous. Du point de vue du pic pétrolier, notre statut auto-proclamé d’enfant chéri de l’évolution commence à ressembler à l'illusion qu'il est sans doute en réalité, et il devient difficile de ne pas se mettre à penser que nous pouvons avoir à nous contenter du rôle un peu moins flatteur d’une espèce qui, après avoir dépassé les capacités d’accueil de son environnement, en subit les conséquences.

L’histoire du combat contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes est, elle aussi, une histoire que les classes moyennes supérieures aiment se raconter. On peut discuter de la pertinence du projet et une argumentation décroissante visant à abandonner progressivement le transport aérien a sa cohérence, surtout dans le monde où nous vivons, d’autant plus que ceux qui la tiennent commence par s’appliquer leurs idées à eux-mêmes.

Ce n’est pas ce que font la plupart des opposants : ils entendent bien conserver la société actuelle, et donc les aéroports, mais n’entendent pas en payer le prix en termes de bonne conscience. Ils projettent donc cette bonne conscience sur un seul aéroport afin de pouvoir utiliser les autres, ou des trains à grande vitesse qui sont bien plus énergivores qu’un avion de ligne moderne.

Jung pourrait parler d’ombre.

Que l’on construise ou non l’aéroport ne changera rien à l’avenir de la civilisation ou du climat. Le nombre d’avions dans le ciel ne changera pas – ils décolleront seulement de Roissy, dont les récentes extensions n’émeuvent curieusement personne – et pas une seule molécule de gaz carbonique ne sera ajoutée, ou enlevée, à l’atmosphère. En revanche défiler dans les rues de Nantes, derrière des tracteurs aussi polluants qu’emblématique d’une agriculture totalement insoutenable, permet aux bourgeois bohèmes de se donner des airs de contestataires sans renoncer en rien à leur statut ni modifier leur mode de vie, lui aussi totalement insoutenable.

Car le drame dans cette histoire c'est qu'au cours des quarante dernières années nous n'avons rien fait pour infléchir la courbe décrite par le "scénario standard" et subissons aujourd'hui les premiers symptômes de la crise qu'il prédisait.

Il y aura certainement un monde soutenable de l'autre côté, mais il est douteux qu'il laisse beaucoup de place à nos classes moyennes supérieures, à leur mode de vie hédoniste, à leur idéologie individualiste et aux bureaucraties dont elles dépendent. En fait, les bourgeois – bohèmes et les organisations politiques qu’ils inspirent et animent (en gros les Verts, le Modem et une partie de l’extrême-gauche) figureront en bonne place parmi les perdants de la transition.

C'est une réalité à laquelle, on le comprend, elles n'ont guère envie de faire face, et il faut avouer que ce futur tarmac au nord de Nantes fait un excellent dérivatif.

http://vudesruines.blogspot.fr/

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14 réactions à cet article    


  • mbdx33 mbdx33 11 avril 2012 17:15

    @Damien Perrotin

    Je ne connais pas bien le projet de Notre Dame des Landes. En revanche je connais celui du projet de nouvel aéroport toulousain et l’opposition à celui ci.
    Ce qui a marché à Toulouse n’est pas forcément transposable à Nantes. Car à Toulouse c’est la CCI qui étéiat derrière le projet et les cabinets d’expertise engagés ont pipoté les études. Heureusement, nombres d’élus et de citoyens ( certains sont des experts en aéronautique, en urbanisme, en écologie, etc) se sont engagés contre ce projet qui s’avérait totalement inutile.
    Alors Toulouse et Nantes me semblent être des contextes différents, je partage votre anlyse, on ne peut s’opporser à un projet et vouloir qu’il se fasse ailleurs ou proposer des fausses « bonnes » solutions.
    Il est vrai que les arguments de l’écologie politique peinent à convaincre, on ne peut pas à la fois prôner la décroissance et continuer à vouloir vivre de la même façon, et à l’inverse on ne peut pas prôner le progrès et ne retenir que ds arguments économiques fallacieux. Notre pays a besoin de se développer en infrastructures diverses et construire veut dire déplacer ou créer des nuisances. Mais le bien public doit toujours se placer avant le profit et l’intérêt personnel.


    • Damien Perrotin Damien Perrotin 11 avril 2012 19:25

      En fait, c’est sans doute le projet le plus défendable car il s’agit de transférer l’aéroport du sud de la Loire au Nord, car dans la perspective d’une croissance à long terme, celui du sud ne peut pas être facilement étendu (zones urbaine, réserve naturelle proche...) et pose des problèmes de sécurité (survol de Nantes).

      Maintenant la question est : peut-on se placer dans la perspective d’une croissance à long terme ? Le problème c’est que peu d’opposants apprécieraient les conséquences d’une réponse négative.


    • Emmanuel Aguéra LeManu 12 avril 2012 10:42

      A priori d’accord. Il paraît que l’éroport actuel est devenu un non-sens en termes de sécurité. Je l’avais écrit un jour après l’article d’un(e) opposant(e) : Le challenge c’est plutôt : « quoi à la place du vieil aéroport » ? J’epère que les écolos nantais s’organisent.
      Des projets, des défis, du boulot... et j’en passe...


    • c.d.g. 11 avril 2012 18:33

      Je n habite pas Nantes mais il se peut que dans la manif en questions vous ayez des gens d opinions differentes sur quasiment tout mais qui sont d accord sur un point : contre cet aeroport

      Par ex on peut avoir un agriculteur UMP qui est contre car c est le sacrifice de terre agricole, un liberal qui est contre car c est de l argent public foutu en l air (c est le cas de le dire smiley) et un ecolo contre car contre le transport aerien
      Tous 3 sont contre mais pas pour les memes raisons ce qui ne les empechent pas de defiler cote a cote

      Sinon d apres ce que j en ai lu, cet aeroport est le symbole de la gabegie de nos petits marquis des regions. On va faire comme en Espagne : plein d aeroport qui ne servent a rien


      • Damien Perrotin Damien Perrotin 11 avril 2012 19:27

        En fait l’UMP est pour et les considérations égoistes des agriculteurs sont légitimes ce qui ne signifie pas qu’elles doivent l’emporter. Elles sont d’ailleurs banales et peu intéressantes.


      • Jean-Pierre Jean-Pierre 11 avril 2012 18:45

        C’est quoi les écolos ? Pour les représenter ils ont hésité entre deux vedettes médiatiques. En cela ils s’inscrivent dans la culture dominante avec tout ce qui va avec. Classes moyennes supérieures ?

        Mais il y a sûrement dans la mouvance écologiste des gens qui cherchent autre chose que d’aménager cette société de consommation et qui par un long travail (personne n’a envie d’un long travail aujourd’hui) pourraient réunir toutes sortes de gens et accoucher d’un embryon de société.


        Je ne suis pas certain que le refus de l’aéroport soit le fait des classes moyennes supérieures. C’est sans doute beaucoup plus complexe que ça.

        Qu’on y trouve des classes moyennes inférieures c’est certain. On en trouve partout. C’est un milieu flou qui a pris la place laissée par les populations de culture populaire détruites par la société de consommation, agglomérées en masses dont on peut facilement extraire de la monnaie.

        Ce sont souvent des gens qui défendent leur petit confort personnel parce qu’ils sont proches du néant de la masse qui fait tourner la société dans laquelle nous vivons et qu’ils ont peur de ce qui les attend. 

        C’est peut-être ce néant qui engendre les suicides, actes de violence, manifestations et autres actes d’exorcisme ou de désespoir.

        On ne peut pas demander à de telles réactions d’être rationnelles. Elles sont affectives. Mais qu’importe, elles ne sont jamais prisent en compte, analysées. Les babillards des médias se contentent de les ranger dans des cases pré-étiquettées. Alors ? Faut voir.


        • Damien Perrotin Damien Perrotin 11 avril 2012 19:30

          Tout cela est vrai, mais personne ne leur a mis un pistolet sur la tempe pour adhérer à la société de consommation. Il y a des écologistes cohérents, y compris chez les Verts, mais manifestement Hulot et Duflot n’en font pas partie (ou alors c’est une autre forme de cohérence : celle de la bonne conscience).


        • Radix Radix 11 avril 2012 18:52

          Bonjour

          Visiblement vous manquez d’information sur ce problème.

          Simplement deux problèmes que vous soulevez dans votre article sont inexact :

          Les agriculteurs ne sont pas venus « soutenir » les manifestants : ils manifestaient car ils sont expulsés de leurs terres par tes « gentils navions ».

          Ensuite déclarer que la construction de ce nouvel aéroport ne rajoutera pas un avion dans le ciel est un gros mensonge ! C’est justement pour faire face à l’afflux de ces avions à château Bougon qu’on le construit. A tel point qu’il n’est même plus question de mettre Château Bougon en sommeil !

          Question subsidiaire : combien de tracteurs fait-on rouler avec un plein d’avion ?

          Et quand il n’y aura plus de pétrole il vont voler avec du jus de gazon tes avions ?

          Radix


          • Damien Perrotin Damien Perrotin 11 avril 2012 19:40

            Pour les agriculteurs vous jouez sur les mots, et il n’y a rien de scandaleux à ce que des terres agricoles soient expropriées pour un projet d’utilité publique, tant qu’on suit la procédure et que le projet est bien d’utilité publique.

            Par ailleurs dire que c’est pour faire face à un afflux d’avions qu’on construit le nouvel aéroport revient à dire que ces avions existent de toute façon, et s’ils n’attérissent pas à Nantes ils le feront ailleurs, créant la même quantité de CO2. D’ailleurs, si un plein de tracteur est plus petit qu’un plein d’avion, il y a beaucoup plus de tracteurs, et la participation de l’agriculture à la pollution et à la perte de biodiversité est largement supérieure à celle de l’aéronautique.

            Par contre la question du carburant est la bonne question à poser, mais il faut aller jusqu’au bout : si il n’y a plus de pétrole pour les avions - et c’est trés possible - il n’y en aura plus pour les tracteurs, les camions et les bateaux qui approvisionnent les magasins, les serres chauffées, le plastique et les médicaments, les bougies, votre voiture, les insecticides et les engrais, etc, etc... et nombres de nos amis bobo devront se mettre au binage des pommes de terre. Je ne suis pas sûr que ça enthousiasme beaucoup en dehors des cercles décroissant


          • Radix Radix 11 avril 2012 20:14

            Donc si j’ai bien compris les écolos détestent les paysans et adorent les avions !

            Normal qu’ils soient dans les choux aux élections avec un tel « discernement » !

            Radix


          • joelim joelim 12 avril 2012 08:44

            Ce qui a le plus marqué les esprits, cependant, ce sont les 200 tracteurs amenés par des agriculteurs du cru pour soutenir les manifestants, et à dire vrai on ne saurait trouver meilleur symbole de l’émasculation de la pensée écologiste. Personne, en effet, ne semble s’être demandé avec quoi roulaient ces tracteurs ni quel rôle l’agriculture mécanisée jouait dans l’épuisement programmé de nos ressources.


            Oui. Et d’ailleurs, manifester en respirant c’est pô bien, ça produit du CO2.

            • Al West 12 avril 2012 10:01

              Grosse erreur de logique de l’auteur. Construire l’aéroport, ce n’est pas simplement faire atterrir un avion à Nantes plutôt qu’à Paris, c’est permettre un trafic plus important. C’est comme les gens qui me disent : « Que tu prennes l’avion ou pas, il décollera ! » Sauf que si je ne le prends pas, la demande globale baisse et la compagnie prévoit moins de vols à long terme. Merci la logique de bistrot.

              Sinon, concernant les agriculteurs, je suis plutôt d’accord. Je suis en effet contre la mécanisation de l’agriculture et pour un retour à l’agriculture paysanne biologique et de proximité. En plus d’avoir un meilleur rendement que l’agriculture intensive, elle permet de redonner vie aux sols et de les dépolluer progressivement. Les agriculteurs devraient se poser ces questions à long terme, car même pour eux c’est plus intéressant (financièrement, s’entend.)


              • Damien Perrotin Damien Perrotin 12 avril 2012 10:23

                Pour la demande d’avions c’est entièrement exact, sauf que nos amis bobo-green ne veulent pas arrêter de prendre l’avion (les Maldives en voilier, c’est un peu long). Ils veulent que les avions partent d’ailleurs que de leur environnement immédiat - et donc ne gênent pas leur bonne conscience. Il n’y a eu aucune opposition à l’aggrandissement de Roissy et j’ai entendu une élue verte dire que les voyageurs devraient prendre le TGV (fonctionnant indirectement à l’uranium du Niger) pour aller à Roissy... d’où décolleraient le même nombre d’avions.

                Ce n’est pas la logique décroissante, mais si les bob-greens des centre-villes voulaient décroître, nous l’aurions tous remarqué.


              • bernard29 bernard29 12 avril 2012 13:18

                1) ça m’étonnerait qu’il y ait 200 agriculteurs sur les terrains prévus. J’ai vu que les indemnisations sont déjà faites et qu’il ne restait que quelque agriculteurs ( 2 ou 3 en activité.)

                2) la question est de savoir qu’elle va être la croissance du transport aérien ?, et si le projet de cinquième aéroport parisien est entérré ou non ? . Si celui-ci n’est pas abandonné, alors il vaut mieux répartir la charge internationale sur les grands aéroports régionaux et dans ce cadre là, Notre Dame des landes a aussi une justification.

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