Le commencement, l’avenir et la fin de l’homme...
Il n'y a que le politiquement incorrect (sans être vulgaire ni discriminatoire) qui pourrait donner des pistes pour tenter d'expliquer pourquoi la société actuelle a glissé dans les simulacres et les impostures...
Nous sommes passés, en quelques années, d’un système réel et limité (hiérarchique et manque fondateur, par le père) à un système illimité et irréel (sans place pour la négativité, avec la toute puissance du féminin et de la marchandise). Ce changement a modifié en profondeur les fondements symboliques de notre société. On assiste à une mutation provoquée par trois forces agissant de concert : le paradigme de la science, avec le simulacre du scientisme, surtout actif dans l’innovation commerciale (les jouets), la démocratie, avec le simulacre du démocratisme et de l'égalitarisme (le grand guignol du politique), et la toute puissance d'un libéralisme débridé, dans un délire consumériste (l’individu redevenant, littéralement, le simulacre d'un enfant dans un magasin de jouets). Ces mutations ont entraîné la suppression de ce qui fondait une possibilité d'articulation entre la société et l’individu, c'est-à-dire entre le pluriel et le singulier (le nombre), mais surtout entre le féminin et le masculin (le genre). En effet, l’élément agissant en sourdine c’est l'apparente suppression des genres masculin et féminin, dans un contexte féminisé et puérocentré, avec le discrédit du vieux par rapport au jeune ( neuf, innovation, puérocentrisme et jeunisme). Il en résulte une infantilisation de toute la société, dans un messianisme féministe. C’est l’utopie du féminisme de la contre société, dans le miroir enchanté des apparences de la société du spectacle , tel que ce dernier a été déconstruit par Julia Kristeva : "Plus radicaux, les courants féministes refusent le pouvoir existant et font du deuxième sexe une contre-société. Une société féminine se constitue, sorte d’alter ego de la société officielle, dans laquelle se réfugient les espoirs de plaisir et de fantasmes de la modernité. Contre le contrat socio-symbolique sacrificiel et frustrant, la contre-société imaginée est harmonieuse, sans interdit, libre et jouissive". Une contradiction, à commencer par le principe de réalité, sous tend le système, qui devient par la même occasion, simulacre, imposture et hystérie, et dont les manifestations délétères sont de plus en plus visibles.
La disparition du champ social de la violence féminine est une de ces impostures, où l’utopie se serait réfugiée dans le sein accueillant d’une féminité idéalisée. Par ailleurs, le refus d’envisager la violence féminine est le signe du succès définitif, dans les lois et les esprits, de l’idéologie initiée par un féminisme radical, se présentant sous le terme générique et rassurant du féminin. Une idéologie, dont l'expertise est basée sur le rejet d’une société qui aurait été fondée depuis la nuit des temps, sur le patriarcat, c’est à dire sur l’exploitation des femmes par les hommes, dans un monde désordonné et violent, symbolisé désormais par le masculin. L’enjeu politique, plus ou moins conscient mais jamais exprimé, est simple : la prise de pouvoir. Comme tout sophisme qui a réussi, le féminisme radical est, aujourd’hui, en situation d’imposer sa vision messianique du monde. Un succès favorisé par le désarroi idéologique des sociétés occidentales, et ce, au prix du retour d’un "normatisme" puissant (1). Un "normatisme" construit sur une féminité fantasmée, civilisatrice et normative , dans laquelle, le masculin dévalorisé jusqu’au plus profond de sa construction intime, est sommé de faire allégeance, sous peine d’excommunication : c'est le syndrome du faux bourdon mâle et inutile, dans la ruche des abeilles femelles et ouvrières, le mâle devenant ainsi un ennemi endogène.
Le féminisme radical est une utopie qui présente un grand avantage sur les utopies concurrentes. Réfugiée dans la modernité de l’état libéral, n’ayant jamais affronté, seule, le réel, l’utopie radicale n’a ni la couleur, ni la saveur, de ce qu’elle est pourtant : une idéologie en action.
C’est qu’en ces temps de méfiance généralisée pour les grandes idées, qu’espérer de mieux qu’une idéologie au crédo simple, parfaitement adaptée au catéchisme télévisuel et aux indignations politiques consensuelles, de la société de consommation et du spectacle (2). Ici avec le féminisme radical, pas de pensée compliquée et artificielle. Retour au naturel et au biologique, grâce à une utopie déjà faite chair dans le corps de la femme, par osmose avec l’amour maternel et l'éternel féminin, et ce, depuis la nuit des temps, les temps d’avant l’affaire de la pomme. En prônant la supériorité émotionnelle de la femme sur l’homme, le féminisme radical s’inscrit dans la pensée Rousseauiste d’un paradis perdu qui a été corrompu par les hommes. Un paradis qui est de nature biologique et génétique, simulacre contemporain à peine présentable, d'un paradis racialement féminin, qui est diffusé sous le discours chatoyant et enthousiaste de la modernité, mais aussi d'une imposture certaine, mais présentée comme le corollaire de cette modernité. La femme serait ainsi le commencement, l'avenir et la fin de l'homme...
(1) Néologisme construit sur norme et normatif
(2) La société du spectacle de Guy Debord
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