Le confinement est-il utile en zone rurale ?
Avec le retour des beaux jours, seuls les fous resteraient enfermés chez eux. Dans le nord de la Beauce où réside votre narrateur, la population disciplinée et conservatrice observe plus ou moins les règles du confinement face au coronavirus. Le "virus des parisiens" disent certains. Pourtant, la région parisienne est proche (Paris à 70 kms), beaucoup de jeunes beaucerons travaillent dans l'Essonne et dans les Yvelines.
Le risque sanitaire est donc réel. Cependant, les maisons individuelles, l'absence de transports en commun, la distance entre les gens, la faiblesse du réseau associatif, sont pour une fois des atouts et non des inconvénients. Si la campagne est triste l'hiver, elle resplendit au printemps. En temps de guerre, elle est un refuge. Ici, chacun mange à sa faim, les supermarchés sont livrés et on y trouve de tout. Pas de files d'attente à l'entrée, un passage assez rapide en caisse. L'après-midi, on fait de l'exercice. Cantonné au télétravail de garde, votre narrateur profite de la petite cour de sa longère pour y boire son café et lire à l'ombre de son cerisier. Une heure de vélo par jour, cela vous entretient. Comme mes voisins, je profite de virées par les chemins à Bicyclette (merci Yves Montand), j'avale les kilomètres que me permettent de m'entretenir.
Bref, on vit plutôt bien en ces temps de crise en zone rurale. Pas ou peu de contrôles de gendarmerie, pas de voisins contaminés par le virus. Dans la plaine, le bleu se voit de loin, de même que les passants. Il est vrai que nous avons peu de raisons de nous stresser, et d'arborer des masques bricolés et des foulards style Joe Dalton pour aller faire nos courses. Chacun a son ausweis plus ou moins rempli correctement, au cas où. Celui-ci est publié chaque jour en deux exemplaires dans le quotidien local l'écho républicain.
D'après Radio intensité, la station FM locale, nous sommes rendus à 50 victimes en un mois et demi de ce coronavirus à la noix pour l'Eure-et-Loir. Il y aurait 200 personnes en réanimation (résidents d'EHPAD inclus). Pour une population de 433000 habitants, c'est peu et très loin des ravages de la peste noire. D'où la question que chacun se pose chez nous : le confinement est-il vraiment utile en zone rurale ?
Il suffirait de confiner les plus de 60 ans, plus vulnérables, et rendre obligatoire le port d'un masque pour que la vie économique et sociale reprenne son cours. C'est un demi-tabou : le déconfinement n'aurait pas les mêmes conséquences en campagne que dans les grandes villes, où la marée humaine diffuse les épidémies, de même que la vie en appartements avec parties communes dans l'immeuble. On imagine les tensions qui doivent régner dans les grands ensembles, où des familles assignées à résidence doivent supporter leurs gosses et le bruit de leurs voisins 24h sur 24. Remarquons que les chaines TV-infos n'abordent pas la question, préférant nous montrer des couples bourgeois confinés dans leur confortable pavillon avec jardin et piscine, et les parties de scrabble entre enfants er grands-parents. Le sordide fait divers de Lens (62) est la partie visible d'un iceberg de lassitude apès trois semaines de désoeuvrement en milieu populaire urbain...
La logique serait donc de déconfiner au cas par cas. Mais comment éviter un rush vers les campagnes en cette période semi-estivale, si le gouvernement décrète la fin du cantonnement forcé ? La question même du confinement fait d'ailleurs jasée, puisque la fin de la pandémie n'est pas pour demain. Cela nous laisse le temps de nous entrainer pour les courses cyclistes amateurs de l'été prochain. A chacun ses divertissements, à chacun de profiter du soleil comme il le peut. Comme disait un célèbre maréchal, la terre ne ment pas en temps de crise...
Photo d'illustration du haut : Bonneval (28), la petite Venise
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