Le consommateur se soumet plus aux lois commerciales qu’aux règles éthiques

Volkswagen vient de publier ses résultats trimestriels, les premiers depuis le scandale des moteurs truqués. Même si le résultat net passe dans le rouge (-1,67 milliards d’euros pour ce 3^ème trimestre), les chiffres publiés sont étonnement bons. Le titre reprend déjà des couleurs en bourse. Les ventes progressent sensiblement… Sans les menaces juridiques qui pèsent sur la marque, on pourrait croire que ce mensonge planétaire d’une entreprise leader et sa tromperie en bande organisée auprès des administrations de tous les états du monde et de chacun de ses clients serait déjà de la vieille histoire, tout juste 1 mois après la divulgation du scandale.

Volkswagen connaît une perte d'exploitation de 3,48 milliards d'euros mais des ventes qui dépassent les objectifs en progressant de 5,3% par rapport à 2014. La marque a très intelligemment réagi en faisant tout pour que ses concessions ne soient pas boudées suite au scandale, sponsorisant des offres commerciales très attractives. La perte d’exploitation prouve en effet que Volkswagen « achète du client » à coup de promos. Mais cela signifie par la même occasion (sans jeu de mot !) que les clients sautent sur les bonnes affaires, capables pour cela d’effacer toute réticence vis à vis de produits truqués et d’une marque mensongère.

Je me suis rendu il y a 10 jours dans une concession Volkswagen en Belgique. Une foule dense emplissait le show room, les vendeurs ne savaient plus où donner de la tête face à une horde de clients qui, mi-renards mi-vautours, se disaient que c’était le bon moment pour négocier l’achat d’une Volkswagen !! Ils n’avaient pas tort, des réductions avantageuses et des offres de reprises jamais vues leur étaient en effet proposées.

Mon propos n’est pas de tirer sur l’ambulance et je reconnais aisément la qualité des produits Volkswagen. Mon étonnement vient plutôt de la réaction des clients. Certes, la crise pousse le consommateur à chasser les promos et à être opportuniste. Mais constater ainsi que les offres commerciales proposées par la marque relèguent aussi facilement au 2^ème plan les règles éthiques n’en finit pas de m’interpeller.

Car ce qu’a fait Volkswagen est grave. L’entreprise a préféré remplir ses ambitions commerciales et financières par la triche et le mensonge plutôt que par la performance de ses produits. En achetant aussi vite une Volkswagen, les clients offrent un signe de pardon à ces comportements voyous. Il renforcent le sentiment d’invulnérabilité des grands groupes, favorisent l’effacement du sens des responsabilités des dirigeants.

Si le consommateur ne punit pas l’absence d’éthique dans les affaires, il ne doit pas s’étonner ensuite de trouver de la viande de cheval dans ses lasagnes, du poison dans ses médicaments, des pesticides dans ses conserves, des plastiques toxiques dans les biberons, …

Jérôme Lanthiez