Le contrôle ! le contrôle ! en sautant comme un cabri
L’autre jour, je me rendais en voiture au cabinet de mon expert comptable dans l’Essonne, longeant l’Yerres à Brunoy.
Ma voiture file, sans excès de vitesse, « pas un chat » sur cette route départementale D94. C'est l'heure du déjeuner.
Un policier ou gendarme ou douanier, que sais-je dans ces uniformes, arrête ma voiture, on aurait dit qu’il m’attendait. J’ouvre mon carreau et dis : « Vous m’avez fait peur » il me répond : « vous ne devriez pas avoir peur si vous êtes (étiez ?) en règle ». Belle entrée en matière.
Intérieurement, je crois que je ris, un rire ironique. Je ne relève pas.
Car, comme je le confie à ce personnage censé émettre un jugement sur la valeur de ma conscience en fonction de la réaction dont je fais état, j’ai dans mon sac que je prends rarement par prudence, l’original de mon Permis de Conduire, alors qu’habituellement, par prudence, je n’en prends qu’une photocopie.
« Par chance, j’ai l’original de mon Permis de Conduire » lui dis-je
« ... »
Voilà ce que le contrôle, (toujours) avec préjugé, enlève au citoyen dont la première des libertés est d’être en accord avec sa conscience.
Bientôt avec tous ces contrôles, ces 3 caméras de vidéosurveillance de mon quartier, qui préjugent de notre irresponsabilité, de notre potentielle culpabilité, d’une insuffisance de notre conscience d’adulte responsable, connaissant ses droits et ses devoirs, leur valeur, fera/fait naître : une attitude infantile dans un sens comme dans l’autre, bon ou mauvais élève, jamais reconnu comme un être humain qui peut même, dans certains cas, pratiquer la désobéissance civile (civilisée) en accord avec sa conscience.
Dans l’immense majorité les citoyens ne fraudent pas, sont en règle, sont en accord avec leur conscience.
Le fait même de les soupçonner peut induire des comportements infantiles et même provocateurs.
Nous basculons dans un monde qui n’a plus rien à voir avec l’élévation des consciences que permet l’éducation et la connaissance, la solidarité également.
Des contrôleurs, on en forme à tours de bras actuellement, qui devront justifier le bien-fondé de leur activité.
Nous basculons dans un monde tautologique, totalitaire à bien des égards, pente savonneuse où, en cherchant bien, vous êtes toujours (un peu, beaucoup, passionnément) coupable. Il suffit de bien chercher, d’encourager la dénonciation, pour trouver le « petit machin » qui, s’il n’entraîne pas une condamnation, va vous enfermer en stoppant votre progression vers la maturité par mille et un tracas, comme ce personnage planté au bord de nulle part sur la D94 qui n’attendait que vous.
« et toc ! Même pas mal ! » car il aurait pu me mettre en retard, j’aurais pu le gronder de n’être pas en train de déjeuner, de me soupçonner, de m’avoir fait une réflexion inappropriée, en bref, j’aurais pu m’énerver, rendre visible ma réprobation de ces contrôles à tout va qui nous enfoncent dans la glu. J’ai lâchement préféré ne rien dire et m’excuser auprès de mon expert-comptable pour ces quelques minutes de retard.
Certains disent qui se reconnaîtront : « la confiance, c’est bien, le contrôle c’est mieux » dans la sphère de la production. Est-ce de même dans la sphère de la conscience humaine, du propre de notre humanité ?
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