Le couac de Marine Le Pen
Marine Le Pen a (presque) réussi son coup. Le jour de la libération des 4 otages français, il a été plus question de ses déclarations à leur propos que de leur libération ! Que de la joie de leur retour pour eux-mêmes et leur famille. Que de l'unanimisme qui prévaut, habituellement, dans ces situations. Elle a même fait oublier la question rançon ou pas rançon qui pouvait être embarrassante pour le gouvernement.
Mais pourquoi presque ? Parce que Madame Le Pen a fait des déclarations dans la droite logique de Jean-Marie Le Pen ce qui lui a valu un recadrage rapide par Marine LP.
Jean-Marie Le Pen se posait aussi « un certain nombre de questions » sur l'existence des chambres à gaz, sur le nombre de victimes juives durant la seconde guerre mondiale... Contestant le nombre et le fait spécifique, qu'ils avaient été tués parce que juifs. Et rien d'autre. Clin d’œil à tous les négationnistes, à tous les antisémites, à tous les collaborateurs...
Marine Le Pen s'étonne beaucoup : « Ces images me laissent dubitatives. J'ai trouvé ces images étonnantes, cette extrême réserve étonnante, leur habillement étonnant... une barbe taillée de manière étonnante... » Ainsi donc, des otages revenant de trois ans de captivité, dans le désert, devraient répondre immédiatement aux questions que se pose Marine Le Pen. Pas une parole de compassion. Ces « revenants » sont sommés de s'expliquer, non sur leur survie, sur ce qu'ils viennent de vivre, sur leur souffrance non, ils doivent répondre aux questions qu'elle se pose. Sur leurs vêtement, sur leur barbe...
Et le journaliste compréhensif, essaie de traduire la pensée de Marine Le Pen. « Pense-t-elle qu'ils ont été islamisés pendant la détention ? » Et les voilà transformés de victime en suspects. Séance tenante. Doit-on les soumettre à la question ? Avant qu'ils aient eu le temps de respirer ?
Seraient-ils victimes du syndrome de Stockholm, comme d'autres otages ont pu l'être, que la question ne serait pas plus d'actualité. Pour le moment, la question est de permettre à ces hommes de revenir à une vie normale si c'est possible. De se reconstruire. Quelles que soient les conséquences de cette longue captivité.
Mais Marine Le Pen a cédé à sa passion anti-musulmane au moment où seule la compassion avait sa place. Sa nature profonde a resurgi.
Ce que le père qui ne voulait pas le pouvoir pouvait dire pour mobiliser les extrêmes derrière lui, Marine Le Pen qui croit arriver un jour au pouvoir ne peut le faire. La situation, par sa volonté a changé. C'est le sens de la dédiabolisation qu'elle a entreprise.
Ce que Marine Le Pen, ses partisans peuvent penser ou dire en privé, ils ne peuvent le dire en public. C'est pourquoi elle se désolidarise de ses partisans quand ils prennent des positions trop évidemment racistes, contre les arabes, les musulmans ou les juifs. C'est pourquoi Marine a dû désavouer les propos indécents de Madame Le Pen. Ces propos contre des otages français que les Français ne pouvaient entendre à ce moment là.
Jean-François Copé qui lui court après a bien compris cela. Bonne occasion pour lui de se démarquer. C'était le pont trop loin à ne pas franchir.
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