Le Coup d’Etat français : Quand la Chine fait basculer le monde dans l’autoritarisme

Le basculement autoritaire
En faisant adopter par un parlement aux ordres la loi promulguant l’Etat d’urgence sanitaire le 22 mars dernier, le tandem Macron-Philippe a réussi à écarter la totalité des contre-pouvoirs institutionnels du jeu démocratique. C’est un véritable Etat parallèle qui a été mis en place, concentrant la totalité des pouvoirs entre les mains de deux hommes. La crise sanitaire aurait parfaitement pu être gérée avec les institutions existantes. Notre vieille démocratie était bien assez solide pour cela. Mais en abolissant par un décret la plupart des libertés publiques et le droit encadrant ces libertés, en court circuitant de fait les institutions républicaines garantes de la démocratie, le premier ministre a mis au rebut notre pacte social et notre devise républicaine. Philippe, personnage obscur et ambitieux qui a été extrait de sa modeste mairie du Havre pour être propulsé à la tête de l’exécutif de la sixième puissance mondiale, sans transition ni apprentissage, se découvre soudain une vocation de dictateur. Le coup d’Etat touche à la perfection, car il a été réalisé de l’intérieur même du Pouvoir, sans renverser personne. Les institutions, les lois, la Constitution même ont été mises sous cloche sans qu’une seule tête ne tombe, ni même ne bouge. Le parlement, opposition comprise, est tétanisé. Il ne peut d’ailleurs plus se réunir, mesures autoritaires de confinement oblige. Le Conseil constitutionnel a disparu. Même le Haut Conseil de Santé publique, institution ad hoc dans cette crise, a été mis de côté, au profit d’un pseudo conseil scientifique nommé en dernière minute par Macron-Philippe, essentiellement composé de représentants plus ou moins assumés des grands laboratoires pharmaceutiques. « Du passé faisons table rase ». L’Etat nouveau institué par Macron-Philippe, en gouvernant par décrets et ordonnances, sans gouvernement (il ne reste plus du gouvernement que Castaner, homme clé du dispositif pour superviser le contrôle policier, toujours essentiel dans un coup d’Etat, et Véran, dont Philippe a encore besoin pour motiver ses Décrets) a purement et simplement renversé la démocratie républicaine. L’assemblée ayant été muselée, le gouvernement mis en congé, la voie est dégagée pour un régime autoritaire.
La guerre des chefs
Mais par nature, un régime autoritaire s’accommode mal d’un commandement bicéphale. Les deux chefs qui avaient besoin de s’allier pour réussir ce coup d’Etat vont devoir s’affronter dans une lutte fratricide, car à la fin, il ne devra en rester qu’un. C’est Macron qui a porté le premier coup en fixant de manière complètement arbitraire, et contre l’avis de son fameux Conseil scientifique, la date du 11 mai comme sortie du confinement. Le but de la manœuvre était de mettre Philippe sous pression en lui donnant quatre semaines pour mettre en œuvre les conditions d’une sortie réussie. Si cette sortie échoue, et qu’elle provoque une remontée des contaminations, Philippe sera désigné par Macron comme responsable du fiasco. Un à zéro pour Macron. Mais Philippe, en bon boxeur, a esquivé le coup et retourné l’attaque contre son auteur. Puisque Macron lui a donné la main pour élaborer les conditions de sortie du confinement, il s’est appliqué à fixer une série de conditions et de contraintes qui rendent de fait le déconfinement impossible. Que ce soit au niveau des écoles, où il a habilement reporté la responsabilité sur les autorités locales en sachant pertinemment que celles-ci ne prendraient aucun risque et refuseraient d’ouvrir ces écoles, au niveau des transports, en imposant le port du masque obligatoire quand ces masques manquent et manqueront durablement, en imposant un dispositif de tests de grande ampleur (500 000 voire 700 000 par jour pour faire comme l’Allemagne), alors que la capacité de traitement de ces tests, tous laboratoires réunis, est de 250 000 par jour, etc… . Le 28 avril, dans une tribune intitulée « Déconfinement, les conditions du succès ne sont pas encore réunies à ce jour », Philippe Juvin, Chef du service des Urgences de l’hopital Georges Pompidou, et Jean Rotner, président LR de la région Grand Est, apportaient indirectement leur soutien à Philippe. La stratégie de Philippe consiste à mettre Macron au pied du mur, et à renverser la responsabilité du déconfinement que Macron a un peu naïvement tenté de lui faire endosser.
C’était sans compter la personnalité de Philippe. Il faut garder à l’esprit que le professeur en politique de Philippe s’appelle Juppé quand celui de Macron se nomme Hollande. Certes, ces deux illustres prédécesseurs ont l’un comme l’autre connu le brillant destin que l’on sait, mais il est incontestable que la pugnacité d’un Juppé n’a rien à voir avec le dilettantisme d’un Hollande. Philippe est un fonctionnaire besogneux, il a goûté au pouvoir, et il n’entend plus le lâcher. Il s’y accrochera jusqu’à son dernier ongle. Macron est un véritable hollandais. Certes, le pouvoir politique lui plaît, il l’enivre, mais il l’amuse surtout. Contrairement à Philippe, il s’en lassera, et se tournera vers autre chose. Il est bien sûr prêt à se battre pour conserver sa place, davantage pour une question d’honneur et de fierté que par conviction politique, mais pas au point de s’y consacrer corps et âme. Ce qui se déroule sous nos yeux aujourd’hui est une réécriture de la fable du Lièvre et de la tortue. Sur le papier, le lièvre Macron écrase la tortue Philippe, mais la course ne fait que commencer, et nous pourrions être surpris du résultat.
L’Etat d’urgence permanent :
Quel que soit le vainqueur de ce combat, le régime politique désormais en vigueur dans notre pays, comme dans de nombreuses autres démocraties, ne changera plus. Ce que l’on peut désigner aujourd’hui par le terme de démocratie illibérale va s’installer durablement. Nous pouvons même craindre qu’a plus ou moins court terme, ce régime, en s’appuyant sur des technologies de contrôle et de répressions toujours plus performantes, évolue vers une dictature pure et simple.
Le coup d’Etat qui vient de se dérouler sous nos yeux ébahis a été rendu possible par une situation exceptionnelle qui a autorisé la proclamation de l’Etat d’Urgence. Après l’Etat d’Urgence sécuritaire de 2015, qui n’était qu’une répétition, un test pour mesurer le degré d’acceptation, de soumission des masses à des règles autoritaires, l’Etat d’Urgence sanitaire de 2020 marque une deuxième phase, décisive dans l’instauration de modes de gouvernements autoritaires en lieu et place des démocraties libérales qui prévalaient jusqu’ici en Occident. La Chine a sans doute joué un rôle essentiel dans ce basculement. Elle a affiché l’exemple insolent de sa réussite à la face du monde, forçant les décideurs occidentaux à admettre qu’un régime autoritaire adossé à une économie capitaliste est plus efficace que nos vieilles démocraties libérales, usées, paralysées par la lourdeur des débats, et empêchées d’agir par la critique des opposants de tout bord.
J’ose ici une hypothèse dont je sais qu’elle va en irriter plus d’un, et être qualifiée de complotiste (c’est désormais la coutume – et une technique de dictature – de disqualifier arbitrairement, sans argument, toute thèse qui remet en cause la doxa officielle). Mais j’assume, et pour reprendre l’idée de Nassim Nicholas Taleb, il faut savoir jouer sa peau. Pour les plus réticents, disons que ce qui suit n’est qu’une fable, qui aurait juste pu inspirer un roman de Pierre Boulle.
Cela ne sera probablement jamais démontré (ailleurs qu’au sein des services secrets des grandes nations), mais il est très possible que le virus à l’origine du bouleversement politique planétaire que nous vivons soit sorti (volontairement ?) d’un laboratoire de Wuhan. Ce virus (naturel, cela semble incontestable), est opportunément très contagieux, tout en étant assez peu mortel (on en est à peine à 250 000 morts après plus de trois mois d’épidémie, très loin des millions de morts redoutés, que l’on n’atteindra - heureusement - jamais). Observons maintenant comment les chinois ont géré l’épidémie. Ils ont d’abord laissé le virus agir dans toute la région de Wuhan, jusqu’à ce qu’une proportion significative de la population soit atteinte. Notons le choix délibéré (par le déni) de ne pas bloquer l’épidémie trop tôt (les médecins chinois qui ont tenté de le faire ont été vite rappelés à l’ordre). Au contraire, il fallait que l’épidémie puisse sortir de Chine, et qu’elle aille se répandre dans le reste du monde. Ce n’est qu’une fois cette certitude acquise que les autorités chinoises ont alors mis sous cloche l’épidémie afin de ne pas contaminer le reste du pays, ce qui aurait été particulièrement contre-productif pour les autorités chinoises. Grâce à ses moyens surpuissants de contrôle et de répression, le gouvernement chinois n’a eu aucune difficulté à contenir l’épidémie et à en limiter considérablement l’impact. Quel que soit le nombre réel de morts qu’elle aura provoqué en Chine, il reste dérisoire au regard de la population du pays. Pendant ce temps, le virus se répandait allègrement dans le reste du monde, et surtout dans les démocraties occidentales, cible privilégiée du régime chinois. En observant (l’exemple chinois) que le confinement des populations était la réponse la plus efficace pour contenir le virus, les dirigeants occidentaux, à court de solution, et pétrifiés par la panique qui s’était emparée d’eux, empêchés de réfléchir par la peur, se sont jetés avec zèle dans le piège chinois. Nous connaissons la suite : L’Etat d’Urgence prononcé partout, qui sonne le glas des régimes démocratiques de l’Occident.
Comme dans toute énigme, il convient toujours de se demander : A qui profite le crime ? Sous l’angle exclusivement économique, il n’est pas certain qu’il profite à la Chine. Tout au moins à court terme. En effet, la crise économique mondiale qui s’annonce aura des conséquences négatives importantes pour la Chine. Mais les pays plurimillénaires savent résister aux crises qui ne sont au final que des épiphénomènes qui ne résistent pas au temps. En revanche, sur le plan idéologique, la Chine remporte une victoire par KO sur le reste du monde. Les (nombreux) dirigeants chinois sont tous imprégnés de l’idéologie maoïste. Ils sont culturellement, viscéralement convaincu que leur système est le seul capable de garantir la stabilité et la sérénité du monde. Face aux attaques répétées des américains et à la frilosité permanente des européens, le régime chinois pourrait bien avoir tenté, par un coup de dés, de renverser les démocraties occidentales, et il pourrait bien avoir réussi.
Rien ne s’oppose à ce que l’Etat d’urgence sanitaire soit prolongé jusqu’à la in de l’année, ou au moins jusqu’à ce que la situation économique justifie la proclamation d’un Etat d’urgence économique. Les crises succédant aux crises, suivra, à n’en pas douter, l’Etat d’urgence climatique, puis l’Etat d’Urgence énergétique, et ainsi de suite. La Chine vient de rappeler au reste du monde que nous vivons dans un état de précarité et d’instabilité permanents, et que seul un gouvernement autoritaire de l’humanité peut répondre efficacement aux enjeux de notre survie au sein de ce monde. Les dirigeants de la planète semblent avoir entendu le message. Il reste à savoir si les peuples, les premiers concernés, sont prêts à accepter cette vision chinoise du monde.
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