Le Cri Final, cauchemar graduel
S'asseoir sur un banc public et regarder comme une vache les gens passés passer en marchant de plus en plus loin c'est dépassé. C'est fini. Plus de bancs publics en ville. Ça créait trop de problèmes avec les jeunes turbulents qui insultaient les gens, paraît-t-il. Et puis y en a marre de tous ces problèmes qui nous ennuient gravement, il faut bien le dire.
le Cri Final
Depuis que je suis né j'entends ça. Pas vous ? La même phrase ; C'était mieux avant, maintenant c'est fini.
Bien sûr que c'est fini Ani, les marchands de coco dans les squares et les 45 tours de Joni c'est fini aussi. Joni Mitchell, pas Eddy du Chmoll ou Johnny les Flots Bleus. Quoique pour eux c'est fini aussi, à supposer commencé un jour.
Mai'nant, t'as le mp3 avec 18 000 songs dedans. Faut encore connaître 18 000 chansons tu me diras, et des bonnes si possible, mais les goûts et les couleurs. Regarde, la coke coûte moins cher que le shit y paré, taka voir le progrès. Mais la pensée continue pareil, c'est toujours le même termisme ;
C'est la disparition du plaisir programmée. La fin de l'agrément quelconque utilisée en résonance permanente,
Terme est un mot de ceux qui ne veulent rien dire, ou bien le contraire. Le terme du loyer, le terme employé, le terme hors contexte, en terme de terme échu, vous me devez le terme. Votre femme arrive à terme. Au terme de sa vie arrivé.
Le court terme, le long terme. Comme si un mot pouvait s'allonger ou rétrécir.
Un mélange ancestral de menaces et de peur. C'est la culture de la FIN, c'est ça le TERMISME.
Philosophiquement, l'homme simplifié pratique la projection de petites fins comme mode de communication anticipatif. Amputé de son humanité par niaiserie millénariste, il menace.
Ça commence à bien faire, résistons.
NON AU TERMISME
Ça démarre au berceau. Si tu n'avales pas ta soupe, tu seras puni, privé de dessert, fini le plaisir sucré.
À l'école ça continue ; si tu ne fais pas bien tes devoirs, tu finiras clochard.
C'est le chantage encore ; tu as vu comme c'est bien le ski & les jolis habits ! Eh bien si tu n'est pas gentil (le), demain c'est fini,
À la place, je t'enverrai en tongs chez tatie Danielle.
Plus tard, le con joint (e) prend le relais ; Si tu n'es pas fidèle et gentil, tout est fini entre nous !
Viennent les télé menaces, si vous ne payez pas à temps vos impôts, vous serez rackettés comme dans les tontons flingueurs, 10% de plus. Tout est bon pour exacerber la culpabilisation du peuple moyen, cible privilégiée du pouvoir, le collectionneur de factures edf, le voteur mainstream.
Avant d'avoir commis quoi que ce soit, vous êtes déjà coupable. Si vous vous garez mal, vous serez ponctionnés en temps que délinquant routier. Des centaines de lois liberticides sont votées en cachette, parfois la nuit, dans notre belle démocratie.
Le monde du travail est impitoyable ;
Si vous n'accomplissez pas votre travail correctement*, Monsieur l'employé-ouvrier-cadre-esclave-, fini la vie de pavillon, de château faut pas rêver non plus, même pas en Espagne. Comment ferez vous lorsque vous n'aurez plus de quoi rembourser votre crédit ?
*phrase polie
Petit à petit, des hommes et des femmes terrorisés renoncent à vivre. Plutôt que d'entrer dans ce cercle infernal, ils préfèrent dormir ou ne rien faire. Demain n'est pas encore commencé qu'il est déjà fini pour ces dégoûtés de la vie, les terminés :
A quoi bon se lever ? Disent t-ils, c'est plus pratique de se dire que c'est déjà fini, au fond. Terminé. On sait déjà comment ça finira au moins pour ce soir ; au lit. Car tous les jours on se couche. Et bizarrement, c'est souvent le meilleur moment de la journée.
Ils n'ont pas tout à fait tort, hélas, et s'approchent de l'instant du cri final libérateur.
Le cri primal vous connaissez car tous vous l'avez poussé. Autrement sauriez vous lire ces quelques lignes ? Si vous aviez feutré ce hurlement fondamental à la naissance, vous seriez mort-né.
Fun la terre ; à peine à l'air libre, brûlés que nous sommes par l'oxygène dans nos poumons vierges, aveuglés par la lumière au néon nous hurlons, torturés d'office. Protégés petits poissons que nous étions, arrachés du fond du ventre de nos mères.
Le ''cri primal'', les décibels libérateurs, y en a même qui en ont fait des livres. La naissance ! l'appel de la vie ! Le bonheur engendré dans la souffrance !
La revendication syndicale enfantine.
J'existe, donc je crie.
Mais avez vous pensé au cri final, celui que vous pousserez une fois mort ?
Ou avant ça dépend. Un peu avant, tant que vous pourrez le pousser.
Mais aurez vous encore l'énergie pour crier ? La force de hurler ; coucou, je suis mort ?
Édenté, gorgé de comprimés, avachi, grabataire, vidé de votre substance inepte, la même que vous disséminâtes afin de vous clôner par infinie bêtise.
Nombre de croyants en n'importe quoi, en eux mêmes par exemple, d'athées et de mécréants, de grenouilles et crapauds de bénitier, arrivés au terme de leur ''vie'' sur terre, regrettent ces si bonnes années d'enfer.
Ils en redemandent même. Voici qu'ils regrettent leur ''jeunesse''. Ils se revoient dans leurs plus belles années, séduisant la copie femelle de leur vacuité transcendantale.
Partant dans un champ de luzerne virtuel auréolés d'insanité romantique à la mesure de leurs goûts glauques, ils s'imaginent au bord d'une immensité de navets blafards. Illuminés de niaiserie adolescente. Un coucher de lune compatissant leur donne gentiment l'occasion de procréer en rêve, afin d'atteindre le but ultime : fuck one more time.
Des notes de musique basique accompagnent parfois ces ébats irréels.
Un peu comme l'interlude de Soleil Vert en version Youporn, la dernière séance. Certains sont même prêts à appeler un curé d'office*, des fois qu'il leur file les clefs du paradis ; enfer à leur mesure imaginé, soap movie peuplé de crétinerie enjolivée.
Dire qu'il se trouve encore des naïfs qui se demandent encore si il y a ''quelque chose'' après la mort, car selon eux ils sont vivants !
Doutent de rien les mecs.T'inquiétez pas, tu mourras pas en entier ; z'avez fait les enfants, leur avez bien appris vos leçons bidons, les avez parfaitement zombifiés vivants. Maintenant ils sont largement aussi cons que vous, bravo ! Les baffes que vous leur avez octroyées afin qu'ils entrent dans le droit chemin ont fait leur effet, la continuité dans l'imbécillité est assurée.
Pérennisée la nullité. Juste updatée, mise au goût du jour.
Dolto peut aller se rhabiller, le fascisme gestuel seul fonctionne. Peut être même son fils obèse sénor météo concepteur de 45 tours gras serait il encore là, s'il ne s'était pas suicidé à la bouffe ? Cirrhosé par procuration d'une sagesse imaginaire innée lui ayant fait croire que ce qu'il désirait tel un chien sa boîte de Pal était bon pour lui.
Réalisez vous que chaque seconde vous rapproche de la fin ? Chaque nouveau repas équivaut à un de moins que vous avalerez. D'ailleurs vers la fin, les repas seront plutôt frugaux, une compote fade, avec un verre d'eau à la cuillère.
Déjà dans le brouillard, vous ne reconnaissez plus vos proches, il serait temps d'aller rejoindre le néant.
Alors profitez du feuilleton, du ballon rond, ovale, carré ou que sais-je. Identifiez vous à ces gladiateurs frelatés new age que sont ces clowns en pixels au cirque de vos écrans lcd. Admirez ces jolis ''sportifs'' décérébrés, benêts Déifiés à l'intelligence aussi molle que durs sont leurs muscles anabolisés.
Souvenez vous Lance Armstrong ; 7 ans imposé à vos yeux de veaux éblouis. Working class héros faisant. Et Star ''académie'' ; Top 50 d'eunuques vociférants, téléstarisés à la queue leu leu. Storyfiés comme du café en grain. Moulus à la hache.
Postérisez vos maisons avec ces peoples transfusés, retouchés, photoshopés.Tant que vous y êtes, prenez vous le bec, enflammez vous par ''conviction politique'', pendant que vos champions du bobard se goinfrent d'argent public, tous assis à la même table. L'addition c'est pour vous.
Romanciers de gare statufiés, chanteurs de salle de bain moisis génie-fiés. Cinéma insane, acteurs & scénarios proches de l'irrationnel involontaire. Atmosphère anxiogène, délétère, entretenue par ces horribles chiens de garde gavés de mépris, réseaux de l'extrême, Caroline Fouraie.
AAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!! !!*
Voila c'est fait. Ça va mieux ! Janov a raison, un bon cri ça fait du bien. Primal ou final peu importe.
*cri final
Gardons espoir un peu tout de même, Car heureusement demain n'est ni ne sera jamais commencé. Jusqu'à notre mort, c'est facile à dire, mais on ne saura jamais de quoi ce satané lendemain sera fait. Heureusement souvent.
Et si tu ne peux plus te lever demain matin, c'est que tu seras mort. Mais rassures toi c'est normal. C'est pas une raison pour mettre fin à tes jours tout de suite.
Avant de mourir, prépare bien ta valise toutefois, sans quoi tu seras bien dépourvu dans la bise venue, et peut être même croiras tu être encore vivant. Fantôme à cheval entre deux mondes, tu effaroucheras ton monde.
Et puis, si jamais tu voulais descendre de l'avion en marche, n'oublie pas ce que dit Régis Laspalès ; y en a qui ont essayé, ils ont eu des problèmes.
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