Le « Da Vinci Code » fait scandale aussi au Cameroun
« Jésus serait tombé amoureux de Marie de Magdala ». Faux, estime l’archevêque de Yaoundé. Juste une vaste entreprise du business du cinéma et de médias. Face aux allusions de la vie sexuelle de Jésus dans le film, le prélat oppose les « vérités bibliques ».

Après le film Stigmata, voici un autre film à scandale hérétique.
Sorti le 19 mai dernier dans les principales salles de cinéma dans le monde, l’arrivée en juin au Cameroun du film Da Vinci Code vient de faire sortir l’archevêque de Yaoundé, Mgr Victor Tonye Bakot, de sa réserve. Le film tiré du roman de Dan Brown, selon l’archevêque de Yaoundé, « allègue que Jésus serait tombé amoureux de Marie de Magdala, l’aurait épousée et aurait eu une progéniture avec elle ». Pour Victor Tonyé Bakot, cette vie de Jésus, inconnue des témoignages des évangélistes, a sa source dans les écrits apocryphes (Ndlr : douteux, non authentiques) pendant les premiers siècles de l’Eglise. On allègue, poursuit-il, que même Marie de Magdala était présente à la dernière cène et reposait sur la poitrine du Christ, que ce n’était pas Saint Jean ».
Face à ces allusions immergées du film comme un iceberg d’insanités religieusement pas correctes, il déclare que la tradition n’a jamais rien allégué sur la vie sexuelle de Jésus. Il conclut donc que Da Vinci Code n’apporte rien de neuf dans la connaissance de Jésus, que ce code est une légende et relève de l’imagination d’un cinéaste (Brian Grazer, américain, Ndlr) en mal de sensation. Il poursuit que le Code est « une vaste entreprise portée et véhiculée par la puissance du cinéma, des entreprises de médias qui utilisent des moyens financiers faramineux ». En somme, finalement, que du business hérétique, façon Hollywood.
Le film à Yaoundé a commencé à être vu par un public averti ou effectivement en mal de révélation sur de supposés « cachotteries » soigneusement gardées de l’Eglise à Rome, des casseroles bien conservées dans la sécularité de la curie romaine. Et d’ailleurs, des copies pirates en DVD du DVC se vendent à une poignée de francs CFA, comme Mission impossible 3...
A la sortie de la principale salle de cinéma de Yaoundé, le public, en général adulte, était partagé entre ahurissement et excitation d’avoir vu ce qu’il voulait voir, c’est-à-dire l’apologie d’un Christ humain jusqu’au bout. Encore que la chasteté, « rarissime » même chez les prêtres aujourd’hui, soit autant humaine (transcendance) que l’amour des plaisirs charnels. Les dévots catholiques et croyants ont donc crié au blasphème, alors que ceux qui ne croient en rien en sont sortis repus des allusions faites sur le personnage historique du Christ. Même à Yaoundé, les premiers succès prévisibles du film en Europe et aux Etats-Unis ne se sont pas dédit.
Le week-end de sa sortie, le film a généré 224 millions de dollars de recettes au box-office mondial, ce qui lui offre le second meilleur démarrage financier de l’histoire du cinéma, malgré des recettes plus modérées aux États-Unis : 80 millions de dollars, soit le second meilleur démarrage de l’année 2006, derrière L’Âge de glace 2.
Le thème central du Da Vinci Code est la lutte secrète entre les instances dirigeantes de l’Église catholique romaine et le Prieuré de Sion (les protecteurs de la supposée descendance de la supposée union entre Jésus et Marie de Magdala), une ancienne et puissante confrérie dont aurait notamment fait partie Léonard de Vinci. L’objet de cette lutte serait un secret connu des deux organisations, mais dont la divulgation menacerait le pouvoir de l’Église et risquerait d’ébranler les fondements de la civilisation occidentale.
Soucieuse de conserver son pouvoir, l’Église cherche donc à détruire quiconque à part elle détenant le fameux secret (dont le Prieuré). Le Prieuré de son côté lutte pour la préservation de celui-ci... Un des thèmes clés est que l’Eglise catholique, voulant acquérir et garder le pouvoir, s’est interposée et imposée comme intermédiaire entre l’homme et Dieu. Ainsi, typiquement, l’union sexuelle, qui laisse toute la place à l’altérité homme - femme, et qui est un moyen privilégié d’entrer en contact direct avec Dieu, est déclarée péché. Dans le film, notamment, est évoquée l’hiérogamie (du grec hieros = saint et gamos = mariage, accouplement) qui fait référence à une « union sacrée », à un accouplement (parfois mariage) entre deux divinités ou entre un dieu et un homme ou une femme, généralement dans un cadre symbolique, souvent un rite.
On est là en plein patch-work alliant bribes de vérités historiques, légende et mise en scène hollywoodienne. Face à ces spéculations hérétiques, censurées même dans des pays musulmans où le film DVC a été précédé d’une mise en garde contre la véracité des faits qu’il présente, l’archevêque de Yaoundé oppose les vérités bibliques, et ne voit dans le film qu’un produit commercial pour l’industrie du cinéma et de grands médias.
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