Le déclin américain
Il est indéniable de constater que les Etats-Unis traversent actuellement une crise sans précédent dans l’histoire de leur pays. Une grande crise qui comme toute grande crise concerne toutes les dimensions possibles : économique, morale, politique, culturelle, existentielle. Je ne développerai pas tous ces aspects, mais ils se rejoignent nécessairement.
Le symptôme principal est aujourd’hui bien entendu l’économie. Soyons clairs, les Etats-Unis sont le pays le plus endetté du monde et ils ne rembourseront jamais leurs dettes étant donné la crise actuelle de l’immobilier et l’état calamiteux du dollar face à toutes les autres monnaies du monde. La raison ? Principalement la guerre. En Irak. Donc les événements du 11 septembre 2001. Le tout associé à des catastrophes climatiques (Nouvelle Orléans, Californie ces jours-ci) et une politique globale consommatoire basée sur un endettement massif des ménages et une balance commerciale constamment ultra-déficitaire (beaucoup plus d’importations, donc d’achats en devises étrangères que d’exportations de produits américains).
Que cela signifie-t-il ? Tout d’abord, techniquement, nous sommes aujourd’hui dans une situation économique plus grave et plus aberrante que la crise de 1929. Les dettes sont projetées à l’infini avec la baisse des taux américains par la Fed, prolongeant l’échéance d’un krach massif. Que cela signifie-t-il ? Que le dollar devient une monnaie de plus en plus malsaine, volatile, qui s’autodétruit peu à peu... (Mes projections personnelles prévoyant que dans un siècle il n’y aurait que le dollar sur terre s’amenuisent peu à peu...) Les dollars se transforment en billets de Monopoly pour les Américains, sans équivalent en or, et billets dont plus personne ne voudra bientôt à l’étranger.
Cela signifie que les autres pays du monde financent aujourd’hui cette crise américaine (et là c’est nouveau, plus réellement mondiale étant donné le taux de croissance moyen de quasiment tous les pays du monde). Ici c’est un peu plus complexe : pourquoi finance-t-on cette crise ? Parce qu’en rendant le dollar plus faible, les produits américains sont moins chers à l’export face aux produits étrangers, européens notamment. D’où nos difficultés à l’exportation, et les remontrances en partie justifiées de Sarko vis-à-vis de la banque centrale européenne. Cela signifie aussi qu’une inflation massive menace les Etats-Unis puisque tous leurs produits étrangers, majoritairement consommés par les ménages, vont grimpés en flèche... A moins que le gouvernement ne fasse sas de décompression au prix d’encore beaucoup de dettes...
Alors quelle est la fin de cette situation ubuesque ? Avant de tenter une analyse je parlerai d’un autre aspect qui découle nécessairement de l’aspect économique : l’aspect culturel et donc existentiel des Etats-Unis. Aujourdhui les EU se renferment sur eux-mêmes, à l’image de leur politique consommatoire. La culture a de plus en plus de mal à se renouveler et cela peut s’avérer catastrophique en termes moraux à l’avenir. Je m’explique : les EU ont inventé, créé la culture moderne. Celle du XXe siècle, de la télévision, du cinéma, du rock, du rap et r’n’b, d’internet. Cette culture a été reprise par tous les autres pays, modernes en l’occurrence, et renouvelée. Dans les années 2000, s’est produit un phénomène de seuil faisant naître (selon moi) plus de nouveaux talents de culture moderne à l’étranger qu’aux EU mêmes. Etait-ce dû encore une fois au traumatisme du 11 Septembre ? Je ne sais pas mais je ne crois pas, je crois que les EU arrivaient à un cap, tout simplement. C’est à partir de ce moment-là que la culture américaine aurait dû se tourner vers l’extérieur pour aller s’inspirer, se divertir, s’ouvrir l’esprit vers l’avenir avec les talents d’ailleurs, comme nous l’avons fait (quoique en France... rires) à l’étranger durant la seconde moitié du XXe siècle. Ainsi les EU, ultra-protectionnistes sur toutes les lignes, se détachent actuellement du reste du monde.
Je vais donner un exemple banal. Dans les années 80 les EU produisaient Michaël Jackson et Madonna comme artistes pop mondiaux. Quid aujourd’hui ? Admettons que, dans ce domaine, des artistes leaders en termes d’inventivité et de créativité soient étrangers : au hasard Mika (Libanais) et Lily Allen (Anglaise). Et admettons et je crois que c’est le cas, que ces artistes ne soient quasiment pas reconnus aux EU, quel est l’effet ? Eh bien l’effet est que les EU, plutôt que de se nourrir du meilleur, du plus moderne et avant-gardiste, se nourriront de médiocre et finiront par tourner en rond.
Projetons maintenant ce phénomène à tous les pans de la société : politique, philosophique, moral : cela peut tout simplement amener les EU à une régression de la société sans précédent, tout simplement à une autodestruction de leur civilisation... Tandis que d’autres pays, européens en l’occurrence continueront de progresser sur leurs bases en s’imprégnant de toutes les cultures possibles : en s’imprégnant du meilleur du monde (i.e. les meilleurs produits culturels, artistiques et intellectuels mondiaux...).
Globalement, c’est une situation extrêmement grave. La raison principale en est donc bien la politique des conservateurs républicains depuis les événements du 11 Septembre ayant plus que bouleversé la donne mentale et existentielle américaine : renfermement et guerre à crédit. Ou peut-être aussi la volonté continuelle de faire tourner la plus grande armée du monde (au moins 10 fois plus puissante que la seconde) afin de ne pas "perdre la main"...
La situation n’est pas désespérée, elle est tout simplement insensée. Aujourd’hui l’économie américaine et le dollar ne tiennent plus que par les ajustements ponctuels de la Fed.
Alors quelle solution ? Selon moi en premier lieu, un revirement massif de la politique extérieure actuelle américaine : fin de l’expansion militaro-colonialiste, réduction massive de leur budget de l’armée (hum), se mettre à fond sur le remboursement des dettes, assainissement des finances nationales, fin de la politique ultralibérale (oui je n’aime pas le mot capitalisme sauvage, insensé selon moi, mais un prêt immobilier sur 50 ans à une famille pauvre c’est pour moi un peu extrême, je l’avoue). Revirement intégral, ouverture au monde. Faire éclater la bulle libérale, expansionniste et égotique des EU. Trop tard ? Je n’en sais rien, pour moi, c’est le seul moyen.
Finalement, à l’instar de la France, sauf en un temps beaucoup plus court, les EU n’ont aujourd’hui plus les moyens de leurs idéaux philosophiques, à savoir être les leaders mondiaux à la fois économiques, culturels, militaires et financiers. Ils sont encore la première puissance économique, mais à quel prix et pour combien de temps ? Combien d’entreprises saines et compétitives risquent d’exploser en vol à cause de la seule monnaie : le dollar ? Si je suis chef d’entreprise aux EU aujourd’hui je tente par tous les moyens de changer mes devises et d’investir à l’étranger...
Nota bene : Aux aficionados de l’antilibéralisme que ce texte aura sans doute réjouis. Face aux Etats Unis, nous pourrions être assimilés à un pays communiste. Ils sont d’un côté, nous sommes d’un autre. La seule voie est celle du juste milieu et nous restons à un extrême. Nous sommes définitivement trop étatistes (cf. les grèves actuelles aberrantes, plus oligarchiques que démocratiques) et pas assez libéraux, malgré notre monnaie saine et forte actuellement (merci l’Europe). Pour résumer, nous sommes 10 fois moins endettés que les Etats-Unis, mais pour nous le problème n’est pas le temps, mais l’argent qui ne rentre pas, figés que nous sommes dans notre système archaïque...
90 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON