Le départ d’Angèle
Une gentille grand mère qui Angèle de surcroît s'appelait, décède, pas toute seule et dans la dignité, dans un service hospitalier, d'une "rupture d'anévrisme cérébral" (un truc qui pardonne pas et dont il vaut mieux décéder que survivre.)
Une belle et longue vie elle avait eu, et, peu avant sa mort à l'âge honorable de quatre vingt quatre ans, elle fumait encore un certain nombre de gauloises sans filtre par jour. Bref, comme "Roberta" : elle profitait de la vie jusqu'au bout et cela lui réussissait assez bien.
Boum ! Couik ! Mamie casse sa pipe un soir d'automne 1991.
Désespoir et douleur dans la famille de subir la disparition de ce pilier qui les tenaient depuis si longtemps.
Douleur de cette amie pour laquelle cette "mémé" était autant grand-mère que deuxième maman et confidente.
Veillée funèbre sur son lit de mort (à l'ancienne : mort d'une aïeule... tradition).
Dilemme : Angèle souhaite reposer auprès de son époux bien loin dans le sud et passe l'arme à gauche au confins de l'Ile-de-France où la « famillia » avait immigré depuis bien longtemps déjà.
Pas assez de voitures pour transporter toute la grande tribu là bas en bas...
K... , dans sa légendaire grandeur d'âme, et surtout parce qu'il s'entendait très bien avec Angèle et sa petite-fille, propose d'emprunter la voiture de sa grand-mère à lui (qui est encore là, soit dit en passant. Chouette !).
Grand-mère de K… prête.
A cinq dans l'auto, nous partons sur la belle autoroute du soleil sous des trombes d'H2O d'un bout à l'autre du chemin nous menant au caveau familial, dans un sans-doute joli coin de Provence dont nous n'eûmes pas le loisir de profiter à ce moment tant la visibilité était réduite du fait des cordes tendues entre le ciel et la terre durant tout le trajet.
Je vous passe le vent de travers et les semi-remorque dépassant la deuche dans les descentes comme dans les côtes...
Bref et pour ne pas faire trop court : un temps de chien comme si Médor il pleurait la disparition de l'être chère, Angelle, la plus douce des grand mère, tout le long de la route.
On sort de la voiture avec dans la vue et le corps cette vague impression de tangage qui persiste après un long voyage en 2 CV.
Toujours sous des trombes, dans l'allée du cimetière, derrière le corbillard tout juste arrivé de Paris... lui aussi.
A mesure que le groupe s'approche de la tombe ouverte, la pluie s'amenuise en proportion. Elle finit par stopper au moment même où le cercueil de l'aïeule sort du carrosse sur les épaules de ses descendants.
Un beau rayon de soleil éclaire alors la cérémonie et réchauffe pour un temps les âmes en peine de ce difficile départ.
« Blablabli, blablabla…. Poussière tu retournera poussière… lalala », le curé du coin finit son speech…
Et la pluie de reprendre de plus belle au moment précis où la boite se retrouve en terre…
Je me suis demandé à ce moment là s'il n'y avait pas quelqu'un, son époux parti, lui, il y a bien longtemps ou quelque-chose comme l'Amour ou la Bienveillance qui mènerait tout ça...
Je me le suis encore plus demandé sur le trajet de retour qui fut tout aussi humide et encore plus dur puisque effectué de nuit...
…et je me le demande encore.
J'aurai peut-être la réponse un jour, comme nous tous ici bas. Ce sera quelque-chose ou rien... mais ce jour là, j'ai vraiment eu la conviction de… « quelque-chose ».
K...
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