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Accueil du site > Tribune Libre > Le dernier livre de Césaire

Le dernier livre de Césaire

Et comme s’il ne suffisait pas, pour un monde en émoi, un monde en panne d’accélérateur, le plus grand père de la négritude, le négrétissimement nègre négrétissime Césaire Aimé vient de commettre son dernier livre très bien-aimé. N’est-ce pas pour clôturer en beauté la Négritude ?

Celui-là sera considéré par tous les grands intellectuels de notre planète, en passant par les ténors de la Francophonie, à la tête de laquelle se hisse inexorablement le Sénégalais Abdou Diouf, comme le plus grand livre à succès jamais livré. Celui-là certainement sera couronné par la plus grande académie du monde, car un grand poète comme celui-ci ne peut jamais s’en aller sans la moindre reconnaissance universelle. Pour Nicolas Sarkozy, Césaire est en ce jour solennel, voire événementiel, « symbole d’espoir pour les peuples opprimés », ces derniers qui se retrouvent exactement dans les lagunes de l’incertitude et des fouets et des brimades et de toutes les peines de toute la terre.

Dès ses premiers textes, dans les années 1930, Aimé Césaire a chanté la « négritude », concept littéraire autant que sociologique prônant le retour à l’identité et à la culture noires, et dénoncé l’oppression colonialiste blanche. Dans ses poèmes : Cahier d’un retour au pays natal, Les Armes miraculeuses, Et les chiens se taisaient, Soleil cou coupé, Corps perdu, Cadastre ou dans ses essais, notamment le célèbre Discours sur le colonialisme, il aura défendu par les mots la fierté et le droit à l’égalité du peuple noir. Il n’est pas anodin de signaler que certains de ses livres avaient été repris en tout ou en partie par des éditeurs québécois. Cependant, ce n’était pas encore le chemin vers la gloire. Il fallait attendre et en attendre patiemment. Et hop ! C’est arrivé. Le livre tant attendu est enfin arrivé.

Ce dernier livre qui paraît ce matin 17 avril 2007 à 7 h 20 exactement aux Editions Les Hôpitaux de la mort reçoit présentement tous les hommages et les fleurs du monde des idées à jamais permises. On ne le dirait jamais assez, celui qui avec ses condisciples Senghor et Damas a permis l’éclosion du mouvement le plus humaniste Noir de la période coloniale de la Négritude se hisse sur les toitures de la vie. Le poète, notre père n’est pas décédé. Il reçoit les hommages de ses pairs. Il reçoit les hommages non de la Martinique, il reçoit concomitamment celui de l’Afrique, j’allais dire celui des Noirs, pardonnez-moi l’expression, c’est tout l’univers qui se met au garde-à-vous pour dire comme un seul homme que l’avenir est devant nous. Comment un si grand homme de la verve et de la trame de l’auteur du Cahier d’un retour au pays natal mourrait-il ? Accomplirait-il ce retour vers les joutes des immersions galopantes ? La veillée dédicace doit maintenant commencer au domicile d’Aimé Césaire. Cet après-midi, Le Grand Livre de toute une vie circulera à travers la ville de Fort-de-France pour un premier hommage des Martiniquais, suivi d’un grand rassemblement au stade Dillon où une grande veillée populaire devrait durer jusqu’à dimanche matin. Une cérémonie se tiendra dimanche après midi avant le décernement du Grand Prix Goncourt de l’Académie de la mort prévue en fin de journée au cimetière Joyaux de Fort-de-France.

Pour un pareil livre, nous poètes, enfants de Césaire disons :

Père sacré saint Césaire ! Apôtre de notre devenir humain bien-aimé Dans cette humanoïde tissée au fil des temps, Nous voici à toi, levant nos bras de fabrique de nourritures au clair des lunes Les lumières se taisaient, revenaient et se taisaient de plus belle, Comme les yeux des femmes sorcières qui brûlent sur l’arbre sauvage. Cependant il ne fallait pas en parler Parce que les soldats nous surveillent, surveillent le seul balancement de nos deux lèvres ! On doit se taire et pour mourir en silence, sans laisser couler le dernier soupir Qui nous ramènera vers la dernière nuit de notre dernier retranchement. Nous voici à toi cœur séminal, noyau dur, genèse de notre existence. De l’Est à l’Ouest et du Sud au Nord Nous pointerons notre cahier sur les parturitions de l’univers Nous dirons plus haut, ce que les lâches aimeront dire plus bas Et puis, on verra Et puis on attendra Sans jamais désespérer Nous signerons comme toi notre grand livre à succès Le grand livre qui nous hissera sur les toits du monde.

GABRIEL HAÏPAM, Poète


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8 réactions à cet article    


  • MagicBuster 22 avril 2008 12:29

    Concernant la "blanchitude" , j’en cause 2 mots à Ségo, ça sera sur son prochain programme smiley


    • GABRIEL HAÏPAM GABRIEL HAÏPAM 22 avril 2008 17:59

      Attendons de voir plus clair !


    • GABRIEL HAÏPAM GABRIEL HAÏPAM 22 avril 2008 13:36

      Ceux qui veulent à tort ou à raison cacher leurs identités sauront expliquer les mobiles de leurs actes. Nous ne sommes pas responsables ou mieux nous n’avons aucune raison de les amener au tribunal de la vérité. Mais ils auront à répondre devant l’histoire. Ne nous jetons pas dans les polémiques. La situation de fait, c’est que si Tous les Français se sentent Martiniquais dans leur cœur, comme l’a noté Nicolas Sarkozy, les Martiniquais se sentent Martiniquais et non Français, puisqu’ils le disent haut et fort. Le vieux Pierre Aliker l’a dit, ce qui a provoqué une salve d’acclamation. Il précise que Césaire et sa ville, Fort de France, ont été superbement ignorés par l’état français qui ne lui a presque rien donné comme aide pour développer Fort de France. Le maire offrait des terrains aux gens pauvres et la municipalité les aidait à construire. Et comme l’état français ne donnait aucune aide, c’étaient les impôts locaux des bourgeois des riches quartiers des hauteurs de Fort de France qui payaient n’est-ce pas ? Pour renchérir, Aimé Césaire ne s’était jamais senti Français. Il a été toujours et toujours Noir. Il l’a défendu avec hargne et méthode. Il était véridique en lui-même. Quand il se regardait, il voyait toujours le Noir d’Afrique. Tous ses livres ne revendiquent aucune identité française. Il était le rebelle. Il a été abandonné par la France, disons-le. C’est ainsi qu’il n’a jamais été couronné. Les obsèques ont révélé le vrai poète. Il n’est pas de ceux qui pensent qu’ils sont Noirs mais n’aiment pas le manioc. Il est rentré dans la Gloire. Que son âme repose en paix.


      • Martin sur AgoraVox Martin sur AgoraVox 22 avril 2008 21:49

        L’auteur dit "Il a été toujours et toujours Noir. Il l’a défendu avec hargne et méthode."

         

         

        Toutes les races ont-elles les mêmes droits ?

         

        Peut-on déduire qu’un Européen d’origine peut aussi être toujours et toujours Blanc, et qu’il a droit de le défendre avec hargne et méthode ?


        • gaiaol 22 avril 2008 23:51

          la voix de césaire était celle de la paix. et aussi celle de la tolérance. et celle de la fraternité.

          un peu malicieux aussi, il vous aurait surement répondu en poète :

          "Écoutez le monde blanc
          horriblement las de son effort immense
          ses articulations rebelles craquer sous les étoiles dures
          ses raideurs d’acier bleu transperçant la chair mystique
          écoute ses victoires proditoires trompeter ses défaites
          écoute aux alibis grandioses son piètre trébuchement
          Pitié pour nos vainqueurs omniscients et naïfs ! "

           

           


        • GABRIEL HAÏPAM GABRIEL HAÏPAM 23 avril 2008 12:15

          Chaque race a e privilège de se défendre. Mais pas avec un fouet. Cette défense c’est prouver qu’elle a quelque chose à donner à son alter ego.


        • barbouse, KECK Mickaël barbouse 23 avril 2008 08:28

          bonjour,

          monsieur césaire a démontré que la conscience d’un homme touche l’universel, et parce que dans son histoire, en son temps, on déniais a l’homme noir ce talent propre a tout humain, il a créer et revendiquer la négritude, dont il brille par l’exemplarité.

          Aujourdh’ui personne de censé ne doute qu’une couleur de peau n’empeche personne de s’instruire et de briller intellectuellement, scientifique ou littéraire, philosophe ou architecte, peu importe tout est accessible au dela de sa couleur, de l’héritage de son histoire collective, de sa situation familiale, pour qui affronte son ignorance et s’émancipe par le savoir.

          monsieur césaire a gagné son combat, il faut encore que chacun mesure l’importance de son et de notre victoire pour l’évolution de la france toute entière ;

          amicalement, barbouse.


          • dalat-1945 25 avril 2008 10:38

            @ l’auteur,

            Cà ne marche pas fort les Commentaires !

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